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Channel: Des oiseaux sur ma route
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Des oiseaux en mai 2016

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Le mois de mai, mon mois préféré. Non seulement parce qu'il m'a accueilli sur cette belle planète, il y a de cela 65 ans, mais surtout parce qu'il représente vraiment pour moi la période où la nature sort définitivement du carcan imposé par la saison hivernale. Finies les tempêtes de neige, finis les grands froids, finis les rayons de soleil timides qui n'apportent que trop peu de chaleur. Au même moment où les sous-bois de nos forêts se parent des plus belles fleurs sauvages, les lilas embaument nos jardins et nos parcs. À la faveur des jours qui allongent et des saules qui accouchent de leurs chatons, les cris stridents des Rainettes crucifères envahissent les champs et la terre humide exsudent des odeurs qui nous rapprochent de cette nature si belle et si généreuse.

La première moitié de ce mois de mai 2016 se passera pour Anne et moi dans le sud du Mexique en compagnie de notre ami Eric Antonio Martinez. Je vous en reparlerai dans un prochain billet qui ne saurait trop tarder. Aujourd'hui, je vous présente des images prises au Québec à partir du 21 mai 2016. Ce qui ne nous laissait en fin de compte qu'une fin de semaine, car nous travaillons encore tous les deux.

Après avoir répertorié 380 espèces en 13 jours d'observation au Mexique, nous devons maintenant nous concentrer sur notre liste annuelle québécoise. Notre quête nous mène à choisir deux régions privilégiées pour nous.


21 mai 2016


La  Réserve nationale de faune du Cap Tourmente nous semble le meilleur endroit pour investir nos premiers efforts en terre québécoise. Et nous ne sommes pas déçus. Les passereaux sont au rendez-vous. Voici quelques images volées en cette journée.


Paruline jaune (mâle) / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler



Paruline des ruisseaux (mâle) / Parkesia noveboracensis / Northern Waterthrush



Paruline noir et blanc (mâle) / Mniotilta varia  / Black-and-white Warbler



Paruline tigrée (mâle) / Setophaga tigrina / Cape May Warbler





22 mai 2016

Une randonnée dans le comté de Lotbinère nous ravit tout à fait. C'est une région où nous connaissons tous les recoins. Ce qui facilite d'autant plus l'observation des espèces ciblées.
Notre première rencontre est prometteuse pour la suite, car il s'agit d'une Grue du Canada en vol alors que nous quittons l'autoroute 20 ouest pour nous rendre vers Plessisville. Pas de photo pour étayer l'observation, mais un pur bonheur pour nous deux.


Notre deuxième rencontre est tout aussi exceptionnelle. Alors que nous scrutons à faible vitesse les champs environnants, voilà qu'un oiseau perché sur un fil électrique attire notre attention. Quelques secondes suffisent à identifier l'espèce: une Maubèche des champs / Bartramia longicauda / Upland Sandpiper. Alors que je diminue progressivement la vitesse de mon véhicule, je vois s'approcher un cycliste. Je suis certain qu'il va faire s'envoler l'oiseau. Mais non. Il passe sous l'oiseau, bien perché sur le fil électrique le plus bas, et ce dernier ne bouge pas. Ceci me rassure et je décide de m'approcher davantage de l'oiseau. Arrêté sous l'oiseau, et toujours à l'intérieur du véhicule, je peux réaliser quelques photos. L'oiseau émet un trille très faible, jamais encore entendu de ma part et très différent de son cri habituel.


Maubèche des champs / Bartramia longicauda / Upland Sandpiper



Le trille faible émis par cet individu ne pouvait s'adresser qu'à une possible partenaire présente dans le champs en contre-bas. Mais impossible à repérer.


Après quelques minutes, nous décidons de ne pas déranger davantage l'oiseau et nous continuons notre parcours. L'endroit privilégié pour nous dans ce secteur est la tourbière de Villeroy où des espèces comme les Paruline à couronne rousse, Bruant de Lincoln et Paruline du Canada sont communes et assez faciles à observer. Pour Anne et moi, c'est un rendez-vous annuel obligé.


L'une des 5 Parulines du Canada / Cardellina canadensis / Canada Warbler observées en une trentaine de minutes le long de la route menant à la tourbière. Cette paruline, malgré son nom de "du Canada", passe plus de temps sous les climats tropicaux que sous nos climats tempérés. Au cours des années, je l'ai observée aussi au sud qu'en Équateur durant le mois de novembre. Ils arrivent sous nos climats en mai et ils nous quittent en septembre. Malgré les noms que l'on peut leur attribuer, les oiseaux sont davantage internationaux que locaux. 
 


Cette Grive solitaire / Catharus guttatus faxoni / Hermit Thrush est surprise en pleine construction de nid. La très grande majorité des espèces nicheuses au Québec sont des espèces néo-tropicales qui ne passent en moyenne que cinq mois au Québec. Le reste de l'année, ils partagent les habitats tropicaux avec les espèces non migratrices. Le temps alloué à la reproduction est très limité, d'où l'urgence pour les migrateurs de trouver un territoire et de s'apparier à un partenaire idoine afin de perpétuer la pérennité de l'espèce.


Sur notre chemin de retour, nous faisons un crochet par Sainte-Croix-de-Lotbinière où se trouve la colonie d'Hirondelle noire / Progne subis subis / Purple Martin reconnue comme située la plus à l'est au Québec. Notre arrêt ne nous permet d'observer qu'une seule femelle sur le site. Du jamais vu pour moi. Une trentaine d'individus étant plus la norme pour l'endroit depuis des décennies.



Une seule femelle d'Hirondelle noire / Progne subis subis / Purple Martin est présente lors de notre passage au site.



Heureusement, un autre arrêt fait une quinzaine de jours plus tard nous a permis de constater que la colonie de Sainte-Croix comptait encore au moins une vingtaine d'individus. Ouf !!!  Il ne faudrait pas perdre ce joyau dans Lotbinière.


@ bientôt.





Des oiseaux endémiques au Mexique (mai 2016)

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Dans mon dernier billet, je soulignais que Anne et moi avions passé les 14 premiers jours de mai 2016 dans le sud ouest du Mexique. Ce pays est immense et il abrite beaucoup d'espèces d'oiseaux endémiques. Une espèce endémique a ceci de particulier qu'elle ne se retrouve que dans un pays donné, dans un habitat donné et même dans une localité donnée. Sa féodalité n'a rien de patriotique, mais elle dépend plutôt de la nécessité d'occuper un certain type d'habitat ou de trouver des sources alimentaires très spécifiques. L'endémicité peut également découler de l'isolement millénaire d'une espèce donnée qui a mené à une différenciation de l'espèce originelle. Cette différence est suffisante pour empêcher l'hybridation de l'espèce originelle avec l'espèce nouvellement créée. Les exemples les plus connus se situent du côté des Îles Galapagos, situées au large de l'Équateur en Amérique du Sud, et où l'on retrouve les bruants et les tortues qui ont été à l'origine de la théorie de l'évolution de Charles Darwin.


Finie maintenant pour la théorie. Du 2 au 14 mai 2016, nous avons réservé les services d'un jeune biologiste, Eric Antonio Martinez, un guide professionnel exceptionnel que nous avions eu la chance de connaître en 2014 lors d'un voyage précédent dans la région de Huatulco, au Mexique. Ce sont nos amis grands voyageurs, Marcelle Lagacé et Camille Tremblay, qui nous avaient dirigé vers lui. Il nous avait accompagné pendant seulement trois jours, mais ses compétences m'avaient grandement impressionné. Si vous désirez vivre l'expérience, vous n'avez qu'à inscrire son nom sur Google et vous aurez le moyen de le contacter. Il n'est pas intéressé par de gros groupes et il préfère accompagner de 1 à 4 participants. Avec lui, le stress est exclus. Il connaît les oiseaux et où nous pouvons les trouver. Sa patience et sa passion n'ont d'égale que son habilité à repérer les oiseaux dans une végétation touffue. Il est également photographe, mais il s'occupe davantage des désirs du client que des siens. Il s'adapte très bien à nos attentes.


Eric Antonio Martinez parle un anglais parfait, facilement compréhensible pour des personnes moins habituées à cette langue.


Malgré que nous soyons des observateurs avertis, nous privilégions tous deux la nécessité d'être accompagnés par un ornithologue local lors de nos voyages à l'étranger. Nous sommes restreints dans le temps et nous aimons couvrir du terrain afin de multiplier les habitats différents et ainsi accroître la liste des espèces potentielles. Durant nos 13 journées complètes d'observation, nous avons pu rencontrer 380 espèces différentes. D'après Eric, nous avons parcouru environ 3 000 kilomètres. C'est bien différent d'un voyage tout inclus dans un hôtel donné  ;-) . Mais je tiens à le préciser, je ne dénigre pas les personnes qui favorisent ces voyages. J'en ai déjà fait et je les ai aimés. Voici donc des photos d'espèces spéciales, rencontrées seulement ou presque dans ces coins de pays mexicains. Comme un blog se doit avant tout d'être bref, je ne vous présenterai que les espèces les plus colorées ou les plus spectaculaires.



Voici le plus beau représentant de la famille des viréonidés que j'ai eu le bonheur d'observer jusqu'ici. Espèce endémique au Mexique, le Viréo ardoisé / Vireo brevipennis brevipennis / Slaty Vireo s'entend plus facilement qu'il ne se voit. Avec de la patience, un individu s'est finalement présenté à faible distance. Son oeil clair est quelque chose à voir.



Un autre viréonidé au plumage plutôt modeste celui-là, le Viréo nain / Vireo nelsoni / Dwarf Vireo est une autre espèce endémique observable seulement au Mexique. Par cette photo, je veux juste démontrer que la recherche à l'endémique n'a rien à voir avec la beauté ou non de l'espèce. Souvent, si ce n'est pour la majorité du temps, les différences entre les espèces originelles et les nouvelles espèces sont vraiment minimes. Il peut même s'agir d'un chant différent qui fait que l'espèce d'origine ne reconnaîtra pas un possible partenaire et ne s'accouplera jamais avec le nouveau taxon.  



Qu'elle est belle cette Paruline à croissant / Oreothlypis superciliosa superciliosa / Crescent-chested Warbler ! Autre espèce endémique, son trille facilement reconnaissable trahit sa présence et elle est abondante dès que l'on traverse son habitat.



Wow !  La Paruline à sourcils dorés / Basileuterus belli scitulus / Golden-browed Warbler est d'une grande beauté. Comme les autres espèces du genre Basileuterus, elle évolue très près du sol. Elle cherche sa nourriture au sol et elle se farfouille dans la végétation jusqu'à un mètre du sol.


Très localisé, et logeant à haute altitude, l'endémique Moqueur ocellé / Toxostoma ocellatum villai / Ocellated Thrasher est loin d'être facile à repérer. Mais quand nous avons cette chance, il constitue un candidat idéal pour une observation prolongée ou une occasion de photographie.


Oh ! que nous l'avons cherché ce Moucherolle ceinturé / Xenotriccus callizonus / Belted Flycatcher !  Il s'est finalement présenté in extremis en présence d'une colonie de fourmis légionnaires. Autre endémique.


Granatelle multicolore / Granatellus venustus venustus / Red-breasted Chat. Espèce endémique.



Ptilogon cendré / Ptilogonys cinereus molybdophanes / Gray Silky-flycatcher. Espèce endémique.



Paruline à tête rose / Cardellina versicolor / Pink-headed Warbler. Espèce endémique.



Junco aux yeux jaunes / Junco phaeonotus phaeonotus / Yellow-eyed Junco. Espèce endémique.


Paruline rouge / Cardellina rubra rowleyi / Red Warbler. Espèce endémique.



Géocoucou véloce / Geococcyx velox melanchima / Lesser Roadrunner. Espèce endémique.



Passerin à ventre rose / Passerina rositae / Rose-bellied Bunting. Espèce endémique.



Voici maintenant une espèce que l'on retrouve également au Québec, soit la Buse à queue rousse, mais dont la sous espèce kemsiesi ne s'observe que dans les hautes montagnes de la province du Chiapas, au Mexique. Son plumage est très foncé et la queue rousse est très apparente. Pour un ornithologue international, il est important de noter les sous-espèces observées aux différents coins de la planète, car l'isolement peut mener un jour à ce qu'un taxon devienne une espèce à part entière.



Ce Percefleur cannelle / Diglossa baritula montana / Cinnamon-bellied Flowerpiercer porte le statut de quasi endémique au Mexique, car il s'observe également en haute altitude au Guatemala et au El Salvador. Les oiseaux ne connaissent pas les limites géographiques établies par l'homme. De sorte qu'une chaîne de montagnes s'étirant sur quelques pays peut abriter une même espèce. Souvent les taxonomistes vont attribuer des sous-espèces différentes selon les pays hôtes. Reste à voir si les décennies ou les siècles à venir vont suffire à en faire des espèces à part entière. 


Et maintenant, pour terminer ce billet. Une espèce d'une grande beauté. Pas une espèce endémique au Mexique puisque je l'ai découverte pour la première fois à Monteverde au Costa Rica, un 3 juillet 1991, en compagnie de mon ami Mario Grégoire. Et oui, il y a de cela 25 ans, un quart de siècle. La vie passe vite, il ne faut pas reporter les rêves qui nous tentent.


Manakin fastueux / Chiroxiphia linearis linearis / Long-tailed Manakin




@ bientôt.




Des oiseaux en juin 2016

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Et oui, le temps passe vite. Juin 2016 est maintenant derrière nous. Au Québec, le mois de juin est le mois le plus fébrile pour les oiseaux nicheurs. Nombre d'espèces néo-tropicales atteignent leurs quartiers de reproduction nordiques seulement en début juin et ils les quittent en août ou septembre. Ceci donne le temps à certaines espèces de rendre à terme une deuxième nichée... qui se fera en juillet... et même une troisième selon des conditions exceptionnelles de température et d'accessibilité à des sources alimentaires. Les troisièmes nichées sont plus normalement observées pour les espèces qui nous reviennent au début d'avril comme le Merle d'Amérique ou celles qui restent au Québec toute l'année comme la Tourterelle triste. Des espèces dont nous pouvons observer des immatures assez tard à la fin de l'été.


Anne et moi avons profité de ce mois de juin 2016 en nous échappant à chaque fin de semaine pour explorer différents coins de la province. Ceci dans le but de lister le plus d'espèces possibles dans une même année. Cette activité se répercute d'année en année et elle est l'apanage de bien des ornithologues Québécois(es) un peu plus passionné(e)s que la moyenne. Les endroits visités sont en majorité les mêmes à chaque année, car ils accueillent les mêmes espèces selon des habitats particuliers, et nous ajoutons les spécialités annuelles dont nous obtenons la présence en consultant la plateforme informatique Ebird pour le Québec. Je mentionne régulièrement cet outil dans mes billets, car il est de plus en plus utilisé par les ornithologues amateurs actifs qui y téléchargent leurs observations très rapidement. Ceci aide grandement à la diffusion de l'information et j'en remercie tous les observateurs d'oiseaux désireux de partager la bonne nouvelle avec leurs pairs.


Voici par ordre chronologique un bref compte-rendu photographique de nos sorties.


4 Juin 2016:  Port-Saint-François et Baie-du-Febvre


Le Port-Saint-François se situe près de Nicolet et c'est un site de plus en plus visité par les ornithologues. Une longue passerelle surélevée traverse un milieu marécageux et l'observation de la gente ailée s'en trouve grandement facilitée. Au fil des années, ce lieu a accueilli des espèces pour le moins spéciales et 2016 s'avérera (du moins jusqu'ici) comme l'année de la Paruline orangée / Protonotaria citrea / Prothonotary Warbler. Une paruline dont l'aire de distribution se retrouve à partir du sud-ouest de l'Ontario vers le sud. Elle migre jusqu'au nord de l'Amérique du Sud. Personnellement, je l'ai observée au parc de Rondeau (près de Pointe Pelée en Ontario) et souvent au Costa Rica où il hiverne en bon nombre. L'individu du Port-Saint-François est considéré comme un égaré qui ne s'accouplera probablement pas en 2016. La seule pensée qu'une femelle de la même espèce se soit égarée au même endroit relève de la plus pure fiction. Ce mâle chante sans arrêt et il va même jusqu'à creuser un tronc pourri pour y préparer un nid bien douillet, tout comme il le ferait sur son terrain de reproduction normal.



Paruline orangée / Protonotaria citrea / Prothonotary Warbler



Paruline orangée / Protonotaria citrea / Prothonotary Warbler


Alors que nous suivons des yeux la paruline, un photographe me dit qu'un couple de Marouette de Caroline / Porzana carolina / Sora est occupé à construire un nid et que le tout s'observe très bien à partir de la passerelle. Une occasion à ne pas manquer.


Marouette de Caroline / Porzana carolina / Sora

Un autre site qui agit comme un véritable aimant pour les oiseaux est Baie-du-Febvre, aussi situé près de Nicolet. Un grand marais, des plans d'eau, des champs ouverts, un peu de forêt et la proximité du fleuve: tout ce qu'il faut pour inciter nos amis ailés à y faire une pause. Pour Anne et moi, c'est l'endroit où nous ajoutons annuellement la Guifette noire / Chlidonias niger surinamensis / Black Tern qui y niche en très grand nombre.


Guifette noire / Chlidonias niger surinamensis / Black Tern


En passant, j'observe ce Tyran tritri / Tyrannus tyrannus / Eastern Kingbird qui garde l'oeil bien ouvert sur son territoire. Gare à l'oiseau qui osera passer trop près.


Tyran tritri / Tyrannus tyrannus / Eastern Kingbird




5 Juin 2016:  Marais Léon Provancher à Neuville



Un autre incontournable près de la ville de Québec est le Marais Léon Provancher. Un endroit qui réserve souvent de belles surprises ornithologiques. Un des joyaux de l'endroit est le Petit Blongios / Ixobrychus exilis exilis / Least Bittern qui y niche depuis quelques années. Avec un peu de chance et beaucoup de patience, il est possible de voir évoluer le plus petit des ardéidés québécois à quelques mètres de nous. Lorsqu'il est en mode nourriture, il vaque à ses occupations sans tenir compte de notre présence, à condition bien évidemment que nous restions silencieux et immobiles.


Petit Blongios / Ixobrychus exilis exilis / Least Bittern



Petit Blongios / Ixobrychus exilis exilis / Least Bittern


En juin, l'eau libre du marais voit apparaître plusieurs petites familles d'anatidés. Une femelle de Canard colvert / Anas platyrhynchos platyrhynchos / Mallard passe tout près avec sa petite famille de canetons duveteux. Trop mignon pour que je résiste à l'envie de prendre quelques photos.



Caneton de Canard colvert / Anas platyrhynchos platyrhynchos / Mallard




11 Juin 2016  Gros-Cacouna et St-Fabien-sur-mer



La découverte d'une Aigrette neigeuse / Egretta thula brewsteri / Snowy Egret dans le petit marais du port de Gros-Cacouna nous attire aujourd'hui vers le Bas-Saint-Laurent. Dès notre arrivée au site, nous l'observons alors qu'elle se nourrit près de la végétation. 



Aigrette neigeuse / Egretta thula brewsteri / Snowy Egret


Nous poursuivons notre route jusqu'à Saint-Fabien-sur-mer où une autre belle surprise nous attend. Tout près de la rive, un mâle d'Eider à tête grise / Somateria spectabilis / King Eider accompagne quelques Eiders à duvet. Cette photo ne rend pas hommage à la beauté de cet eider qui s'appelait autrefois l'Eider remarquable. Malgré le fait que cette espèce se retrouve sur la liste annuelle des ornithologues actifs, il est rare d'en observer plus d'un individu à la fois et la région du Bas-Saint-Laurent est l'endroit pour l'observer.



Eider à tête grise / Somateria spectabilis / King Eider



12 Juin 2016:  Baie-du-Febvre



Et oui, nous voilà de retour à cet endroit puisqu'une observation plutôt étonnante y a été rapportée dans les derniers jours. Une espèce d'oiseau qui s'observe habituellement au large des côtes et que je n'avais pas encore eu la chance de croiser au Québec. Un Labbe à longue queue / Stercorarius longicaudus  / Long-tailed Jaeger se tient dans un champs en culture où il se nourrit d'insectes au sol. C'est bien le dernier endroit où j'aurais pensé trouver cette espèce pélagique.




Labbe à longue queue / Stercorarius longicaudus  / Long-tailed Jaeger



Alors qu'il commence à pleuvoir, nous nous dirigeons vers la Halte Sarcelle où un plan d'eau héberge des Érismatures rousses et un Canard siffleur. Nous les observons, mais le manque de lumière et la distance rendent impossible la prise de photo. Par contre, une rencontre plutôt spéciale sur la digue surprend autant ce Cerf de Virginie / Odocoileus virginianus / White-tailed Deer que nous-mêmes.




Cerf de Virginie / Odocoileus virginianus / White-tailed Deer




18 Juin 2016:  Montérégie (de Huntingdon à Dundee)



Notre sortie annuelle en Montérégie nous permet d'aller observer des espèces habituellement absentes ou peu fréquentes près de la ville de Québec: Bruant des champs, Tohi à flancs roux, Viréo à gorge jaune, Grive des bois, Troglodyte à bec court, Paruline à ailes bleues, Paruline à ailes dorées, Paruline de Brewster, Bruant vespéral...


La montée Biggar, près de Huntingdon, est l'endroit idéal pour observer la Paruline à ailes bleues / Vermivora cyanoptera / Blue-winged Warbler, la Paruline à ailes dorées / Vermivora chrysoptera / Golden-winged Warbler et la Paruline de Brewster /  Brewster's Warbler. Cette dernière espèce n'en est pas une à part entière parce qu'elle est le fruit de l'hybridation des deux premières. 

 

Paruline à ailes bleues / Vermivora cyanoptera / Blue-winged Warbler




Paruline de Brewster /  Brewster's Warbler


C'est sur le chemin Shearer que nous entendons le Viréo à gorge jaune / Vireo flavifrons / Yellow-throated Vireo. Comme les autres membres de la famille, ce viréonidé préfère le sommet des arbres où il se nourrit dans le feuillage dense. Il est très vocal, mais il doit descendre vers nous si nous voulons l'observer. Quelques chuintements l'attirent et il descend presque à notre niveau. 



Viréo à gorge jaune / Vireo flavifrons / Yellow-throated Vireo


C'est à la montée Gordon de Dundee que nous trouvons l'habitat idéal recherché par le Troglodyte à bec court / Cistothorus platensis stellaris / Sedge Wren. Ce chemin est en fait un cul-de-sac qui mène à quelques maisons. Il est très important d'y aller avec beaucoup de respect autant pour les gens qui y vivent que pour l'habitat bien particulier. Il n'est pas question de s'aventurer dans les champs pour s'approcher des oiseaux. Toute observation ou photographie doit se faire à partir du chemin. 




Troglodyte à bec court / Cistothorus platensis stellaris / Sedge Wren



26 juin 2016:  Saint-Édouard-de-Lotbinière



Une tournée dans le comté de Lotbinière est un circuit que nous aimons faire régulièrement. Nos cibles de la journée sont un Bruant des plaines / Spizella pallida / Clay-colored Sparrow rapporté à Saint-Antoine-de-Tilly, une Tourterelle turque / Streptopelia decaocto decaocto / Eurasian Collared-Dove rapportée dans le village de Saint-Édouard-de-Lotbinière et un Moucherolle à côtés olive / Contopus cooperi / Olive-sided Flycatcher possiblement nicheur le long du rang Juliaville, toujours à Saint-Édouard. Si nous sommes chanceux pour la première espèce, les deux autres éludent nos recherches. Cependant, chaque sortie apportant son lot de belles rencontres non planifiées, voici une belle Bécassine de Wilson / Gallinago delicata /Wilson's Snipe perchée sur un piquet de cèdre en bordure du rang des Plaines, à Saint-Antoine-de-Tilly.




Bécassine de Wilson / Gallinago delicata /Wilson's Snipe



Bécassine de Wilson / Gallinago delicata /Wilson's Snipe


Alors que nous sommes à la recherche du Moucherolle à côtés olive, voilà qu'apparaît une Paruline à couronne rousse / Setophaga palmarum hypochrysea / Palm Warbler. Cet individu est de la race hypochrysea, celle qui a les dessous très jaunes et dont la distribution est attribuée à la province de Québec. Pourtant, sur leur aire de reproduction, elle est rencontrée beaucoup moins fréquemment que la race palmarum qui, elle, est attribuée plus à l'ouest du Québec (Ontario vers l'ouest du pays). Parmi les centaines d'individus de cette espèce répertoriés sur leur terrain de nidification au-dessus du 49ième parallèle dans le nord du Québec, je n'ai jamais rencontré la race hypochrysea, mais toujours la race palmarum. Ce fait m'a toujours troublé. Pourtant, au cours des migrations, les deux races sont observables. Si vous avez de l'information supplémentaire à ce sujet, j'apprécierais beaucoup la lire. N'hésitez pas à laisser un commentaire.



Paruline à couronne rousse / Setophaga palmarum hypochrysea / Palm Warbler





@ bientôt.




Les poussins du début juillet

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Les premiers jours de juillet offrent les meilleures chances pour observer les poussins des galliformes qui habitent les forêts québécoises. Des espèces de la famille des tétraonidés, il n'en existe pas des tonnes au Québec. En fait, il y en a trois.  Les travaux réalisés dans le cadre des deux Atlas des oiseaux nicheurs du Québec de 1984 à 1989 et de 2010 à 2015, ont permis de mieux délimiter les aires de distribution de chacune des espèces. J'ai eu la chance de participer à ces deux Atlas et c'est le dernier qui m'a amené en forêt boréale sur la Côte Nord, en Abitibi et au Lac Saint-Jean. Ceci m'a permis de côtoyer les trois espèces.


L'espèce la plus commune et la plus répandue est la Gélinotte huppée / Bonasa umbellus togata / Ruffed Grouse. Elle habite principalement les peuplements feuillus et mixtes. L'hiver, elle s'abrite dans les conifères pour se protéger des intempéries. Sédentaire et plutôt solitaire, la gélinotte passe toute sa vie dans un domaine habituellement inférieur à 100 hectares. Ainsi, la présence d'un individu dans un lieu donné indique qu'il y niche probablement. Sauf en hiver, elle se tient généralement au sol et s'envole surtout pour fuir et se percher dans les arbres. Son vol est bref et rapide.



Gélinotte huppée se nourrissant de bourgeons. Photo réalisée le 14 février 2016 sur le rang Petrée, Lévis, Québec.




Le deuxième rang en terme d'abondance revient au Tétras du Canada / Falcipennis canadensis canadensis / Spruce Grouse. On le retrouve dans les forêts de conifères et dans les tourbières. Associé à la forêt boréale, les habitats fréquentés varient selon les saisons. Au Québec, il préfère les peuplements forestiers dominés par l'Épinette noire et le Sapin baumier. En période de pré-reproduction, il choisira un habitat un peu moins dense où il pourra accomplir les rituels liés à la formation des couples. Il optera ensuite pour un habitat plus dense où la femelle pourra nicher et élever sa couvée en toute sécurité, et où le mâle sera protégé des prédateurs lors de la mue.




Cette femelle de Tétras du Canada se nourrit au sol parmi la mousse, les lichens et la végétation basse, éléments propres à la forêt boréale. Photo réalisée 03 juillet 2016 le long du chemin de la Pinède, Parc des Grands Jardins, Québec.


Et voici maintenant le troisième et le plus rare des représentants, le Tétras à queue fine / Tympanuchus phasianellus phasianellus / Sharp-tailed Grouse. Il fréquente les tourbières dégagées, les brûlés et les coupes forestières en régénération, parfois aussi les champs abandonnés du nord et de l'ouest du Québec méridional. Il est le seul de nos gallinacés à constituer des arènes (leks) lors de l'accouplement. Les mâles se regroupent sur des terrains, utilisés dans certains cas depuis des générations, où ils exécutent des danses destinées à gagner la faveur des femelles. Cet oiseau est considéré encore aujourd'hui comme un nicheur résident rare dans le nord du Québec méridional, comme le signalait Normand David dès 1980.



Femelle de Tétras à queue fine photographiée le 6 juillet 2012 près de Matagami, en Jamésie, dans la région administrative du Nord-du-Québec.


L'espoir de rencontrer une petite famille de Tétras du Canada, nous amène, Anne et moi, à nous rendre dans le Parc des Grands Jardins où la forêt boréale règne en maîtresse absolue. Nous sommes le 3 juillet, donc en pleine période où les femelles sont accompagnées de leurs poussins nouvellement nés. Pour ce faire, il s'agit tout simplement de se promener très lentement en empruntant les chemins forestiers. Les femelles aiment amener les poussins le long des chemins où la nourriture est plus variée qu'en pleine forêt. Dans un délai de deux heures, nous rencontrons deux petites familles de tétras. Les deux sont composées d'une femelle et de deux poussins. Les nichées comptent généralement de six à huit poussins, mais il arrive que le nombre atteigne la dizaine. La prédation sur les poussins est très grande et il est normal que seulement un faible pourcentage de la nichée survive à cette première étape de leur vie.



Poussin de Tétras du Canada.  Réalisé le 03 juillet 2016 dans le sentier de la Pinède, Château Beaumont, Parc des Grands Jardins, Québec.




Les poussins sont d'une grande beauté et nous pouvons les approcher à condition bien sûr d'y aller avec patience et respect. Alors que les poussins pépient sans arrêt, la femelle glousse faiblement afin de leur faire connaître où elle se trouve. Elle ne se tient jamais très loin et elle se montre assez ostensiblement afin d'attirer notre attention plus sur elle que sur les petits. Si nous restons vraiment immobile, elle peut même continuer à se nourrir comme si nous n'y étions plus. Ceci m'a amené à réussir ce portrait de la femelle.



Portrait d'une femelle de Tétras du Canada réalisé le 03 juillet 2016 dans le sentier de la Pinède, Château Beaumont, Parc des Grands Jardins, Québec.



Ce poussin de Tétras du Canada est juste assez âgé (environ une semaine) pour s'envoler à  partir du sol afin d'atteindre les branches basses d'un conifère. D'instinct, il sait qu'il doit rester immobile pour échapper à l'attention d'un prédateur potentiel. Quoi demander de mieux pour un photographe ?  Réalisé le 11 juillet 2012 en Abitibi, Québec.


Voici maintenant un poussin de Gélinotte huppée rencontré le 06 juillet 2012 en Abitibi.



Même en très bas âge, une petite crête de plumes orne le front du poussin de la gélinotte.


Il est plus difficile d'approcher un poussin de gélinotte, car la mère les force à rejoindre la végétation aussitôt qu'elle note la présence d'un prédateur potentiel. Ensuite, elle vient vers nous pour nous attirer le plus loin possible de l'endroit où se trouve sa progéniture.


Il en est de même pour le Tétras à queue fine. En fait, je n'ai la chance d'une rencontre avec une petite famille qu'une seule fois. La femelle accompagne six à huit poussins. Ça se passe le 06 juillet 2012, à Matagami, et je suis accompagné du biologiste François Gagnon. Ça se fait très vite. D'abord, nous apercevons la femelle en bordure du chemin. Nous ne réalisons pas qu'elle puisse accompagner des poussins. Dès qu'elle nous aperçoit, elle entrouvre les ailes et se met à courir dans notre direction. Je crois qu'elle agit alors comme une femelle de gélinotte. Mais voilà qu'à mi-distance entre nous et elle, trois ou quatre petits oiseaux s'envolent sur une courte distance. Elle change alors de direction et fait s'envoler environ le même nombre d'oiseaux. Nous comprenons alors qu'elle vient de chasser ses poussins du site. Je n'ai donc pas eu la chance d'observer un poussin de ce rare tétras.






Si vous désirez observer de visu des beaux poussins de gallinacés forestiers, je vous invite à ne pas trop tarder à partir à leur recherche. Dans quelques semaines, la période magique sera passée. Si vous vous décidez à y aller, je vous exhorte à le faire de façon très respectueuse.


@ bientôt.





Voyage voyage (partie 2)

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«Partir, c'est quitter son cocon, ouvrir ses ailes et s'envoler. C'est s'apercevoir qu'on n'est pas les seuls sur la planète, qu'on ne sait pas tout comme on le pensait. On devient plus humble, plus tolérant, un peu plus intelligent.»

P. Fillit


Me revoici à l'âge de 33 ans (1984). Marié depuis 8 ans et père d'une adorable fillette de 3 ans, je suis toujours aussi passionné d'oiseaux et de nature. Je vis maintenant davantage en campagne, i.e. en dehors du village de 3 000 habitants qui m'a vu grandir. La petite famille possède une maison stratégiquement bien située en bordure du grand fleuve Saint-Laurent. Un peu pas mal maniaque, j'organise mon environnement immédiat pour accueillir et même retenir le plus d'espèces différentes d'oiseaux possible. Et ça fonctionne au-delà de mes espérances puisque je cumulerai une liste de cour comptant 192 espèces différentes en 29 ans. Des espèces aperçues ou entendues alors que j'ai les deux pieds bien plantés dans les limites de mon terrain de 2 500 mètres carrés. Quelques unes font notre bonheur en nichant dans notre environnement immédiat, d'autres le font en se perchant bien en vue ou en survolant notre demeure.

C'est ainsi qu'un certain soir d'août 1984, nous accrochons un drap blanc sur un grand mur non encore peinturé, dans une pièce que nous venons de faire bâtir et qui deviendra notre futur salon. Les meubles neufs ne sont même pas encore livrés et nous déposons le projecteur à diapositives sur une boite de carton vide. Assis par terre, nous éteignons les lumières et le show commence. Notre ami Dom commente les diapositives de son dernier voyage fait à la Péninsule de Valdès, dans le sud de l'Argentine. Il profite de la présence de l'une de ses soeurs à Buenos Aires pour y séjourner quelques jours. Il planifie ensuite de continuer sur le pouce vers cette péninsule où il compte camper pour revenir avec des photos des éléphants de mer qui y mettent bas.  Dès la première photo montrant un oiseau, je lui demande d'arrêter et je cours chercher un guide que je viens de me procurer et qui traite des oiseaux d'Amérique du Sud. Pas question que les oiseaux projetés sur l'écran ne passent sous mes yeux sans être identifiés. Dom est un mordu de nature en général, de photographie et d'activités de plein air, mais il n'est pas un ferré en ornithologie. Et comme il s'agit d'oiseaux exotiques, inconnus encore pour nous tous, c'est ensemble que nous tentons d'identifier ce qu'il a réussi à immortaliser sur la pellicule. Le premier oiseau présenté est un Tyran quiquivi / Pitangus sulphuratus argentinus / Great Kiskadee, une  photo prise dans la cour même où sa soeur habite à Buenos Aires.


Le Tyran quiquivi est l'un des oiseaux colorés les plus faciles à observer à partir du Mexique, au nord, jusqu'en Argentine, au sud. Il est très vocal et le cri fort qu'il émet est facilement interprété par les francophones sous la forme d'un "Qu'est-ce-qui-dit !" ou par un "kiskadee" par les anglophones. Photo prise le 15 février 2014 à Huatulco, Mexique.


Il est suivi d'autres photographies prises dans la pampa de la Patagonie ou sur le bord de l'Atlantique.

Au gré des diapositives, des espèces toutes aussi exotiques les unes que les autres apparaissent et s'évanouissent devant mes yeux ébahis: Cygne à cou noir, Tinamou élégant, Manchot de Magellan... Mon degré d'excitation est à son comble. Je sais maintenant, au fond de moi-même, que j'irai un jour dans ces endroits et que je les verrai, à mon tour, tous ces oiseaux d'ailleurs. Dom vient d'ouvrir mon esprit à la planète des oiseaux. Je lui en serai toujours redevable.

Jeter sur papier, en quelques lignes, les étapes de toute une vie n'est certainement pas la chose la plus facile à faire. J'essaierai donc d'être le plus concis possible. Vous me pardonnerez si je déborde un peu. La passion est tellement difficile à contrôler.

Le voyage qui a littéralement changé ma perception des voyages a lieu en mars 1987 alors que nous nous rendons à Cuba, une destination très populaire et l'une des plus économiques à l'époque. C'est un voyage de famille et je suis accompagné de mon épouse et de ses parents, de ma fille de 6 ans, de mon frère Clodin, de ma soeur Sylvaine et d'un ami ornithologue, Louis-Sarto Carrier. Nous sommes logés à Playa Giron, près de la péninsule du Zapata. Il s'agit d'un tout inclus où nous côtoyons beaucoup de russes. Cuba constitue en effet l'endroit "dans le sud" de la Russie puisque les deux sont des pays communistes et qu'ils obéissent aux mêmes règles.  Après quelques jours, Louis-Sarto apprend qu'un groupe d'une dizaine d'Ontariens logent à Playa Larga (à 20 minutes de route) et que nous pouvons nous joindre à eux pour quelques jours. C'est ainsi que pour la somme dérisoire de $50.00 US par personne, mon frère, notre ami et moi-même, nous nous joignons au groupe pour les deux journées qui suivront. Je n'ai jamais compris ce bout-là, mais il faut croire que ma bonne étoile brillait déjà dans mon firmament de voyageur en devenir. C'est là que je découvre l'existence des voyages de groupe et je veux en savoir davantage. Le leader du groupe n'est nul autre que Tom Hince, le directeur du centre d'administration de Pointe Pelée, dans le sud ouest de l'Ontario. Sa grande amabilité n'a d'égale que sa générosité. Il me dit comment procéder si je veux organiser un groupe de Québécois.

Un an plus tard, en mars 1988, je reprends l'avion pour Cuba, mais je ne suis pas seul. Je suis accompagné de 15 autres personnes qui ont répondu à mon offre d'un voyage de groupe sur cette île populaire des Caraïbes. Je n'ai malheureusement pas de photos personnelles potables d'oiseaux de toutes ces années entre 1988 et 2010. Mais je peux quand même vous donner une idée des voyages de groupes ou personnels faits à partir de 1989.


Costa Rica: mars 1989, mars 1990,  juin 1991, décembre 1991, mars 1993, décembre 1993, mars 1994, mars 1995, mars 1996, mars 1997, mars 1998, mars 1999,  mars 2000, mars 2001, février 2005, mars 2009, mars 2010.

Cuba: mars 1987, mars 1988, mars 2008.

Floride: décembre 1989, mai 2015.

Californie: décembre 1990.

Vénézuéla: juillet 1992,  décembre 1994, novembre 2008.

Colombie:  juillet 1991, décembre 1993. 

Jamaïque: avril 1993, mars 2007.

Mexique:  décembre 1995, février 2014, mai 2016.

Équateur /Galapagos: août 2000, novembre 2005, novembre 2010.

Espagne: mai 2001.

Panama: mars 2002, mars 2003, mars 2004.

Kénya / Tanzanie: novembre 2003.

Thaïlande: novembre 2004, février 2013.

Bélize: mars 2006.

Argentine: octobre 2006.

Afrique du sud: novembre 2007.

Pérou: décembre 2009, novembre 2010.

Brézil:août 2011.

Australie / Tasmanie: octobre 2011.

Madagascar: septembre 2012.

Sud de l'Inde / Sri Lanka: novembre 2014.

Ghana: novembre 2015.


Des Québécois(e)s à Cuba en avril 2008. Seriez-vous capable de reconnaître Jean Dubé, Jacques Pépin, Richard Yank, Richard Alan Jones, Leah Den Besten, André Charbonneau, Daniel Barrette, Johanne Barrette et Laval Roy ?
   

«Un bon voyageur ne doit pas se produire, s'affirmer, s'expliquer, mais se taire, écouter et comprendre.»
Paul Morand



Les îles Galapagos constituent des paradis abritant des espèces endémiques qu'elles soient minérales, végétales ou animales. Poser les pieds sur le sable blanc de quelques unes des différentes îles relève du fantasme. Nous voyons ici Anne en compagnie d'un Moqueur des Galapagos / Mimus parvulus / Galapagos Mockingbird et d'Otaries / Otaria flavescens / Eared seal. Comme pour bien des endroits à travers le monde, il est impossible de revenir tout à fait la même personne de ces lieux mythiques. Photo prise sur l'île de Floreana, le 23 novembre 2005.



«On voyage pour changer, non de lieu, mais d'idées.»
H. Taine




La passion des oiseaux amène ces Québécois(e)s à Bueng Boraphet, la plus grande zone humide du centre de la Thaïlande, avec une superficie de 224 km2.  Nous sommes le 13 février 2013.



«La vie est un long champ à cultiver. Voyager, c'est y semer la diversité de la Terre. Voyager, c'est l'embellir des couleurs du monde.»
L. Lesven



Il faut se rendre à un autre endroit mythique, l'île de Madagascar, pour espérer rencontrer le plus petit caméléon du monde, Brookesia minima. J'ai eu la chance de le tenir sur l'index de ma main gauche le  17 octobre 2012 au parc national de Masoala. Photo prise par mon ami Jean Jacques Gozard.


Je vous souhaite bien des voyages sur la route des oiseaux.


@ bientôt.

 


Les dindonneaux de la mi-juillet

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Après notre rencontre, le 3 juillet dernier, de quelques poussins de Tétras du Canada / Spruce Grouse, voici que notre bonne fortune nous fait croiser aujourd'hui la route de 18 rejetons du plus gros de nos galliformes québécois, le Dindon sauvage / Meleagris gallopavo gallopavo / Wild Turkey. C'est la première fois de notre vie qu'Anne et moi observons dans la nature une portée de dindonneaux sauvages. Il faut dire d'entrée de jeu que la présence aussi abondante du Dindon sauvage sous les cieux québécois, et surtout aussi largement distribuée, est très très récente.


Au Québec, les premières observations datent de 1976 et la nidification du dindon fut pour la première fois confirmée en 1984. Imaginez que ce poids lourd de la faune aviaire nord-américaine n'a osé traverser les frontières américaines que depuis 40 années. C'est très peu. Pour avoir la chance d'observer en nature cet oiseau très farouche, il fallait nous diriger au sud de Montréal, le long de la frontière étasunienne. Et c'est ce que je fis le 13 avril 1991 en allant observer sept dindons dans le rang Fisher, à Saint-Bernard-de-Lacolle. Le printemps est le moment idéal de l'année pour ce faire puisque le mâle émet de puissants "glouglou" qui s'entendent à plus d'un kilomètre et demi. Il est alors possible d'observer un mâle qui se pavane devant quelques femelles médusées par autant d'artifices.



Mâle de Dindon sauvage en captivité. Photo réalisée le 6 juillet 2013 au zoo de St-Félicien, Lac-St-Jean, Québec.



Le mâle ne ménage rien pour assurer sa descendance. Polygyne, il peut accoupler de 4 à 5 femelles. Il laissera ensuite les femelles construire le nid, couver et s'occuper d'élever la marmaille. Plusieurs femelles et leurs rejetons s'attroupent au cours de la saison estivale, mais dès la fin de l'automne, les mâles et les femelles se séparent et forment des groupes distincts jusqu'au printemps suivant. C'est un tel attroupement de quatre femelles et de 18 dindonneaux qui croise notre route. Nous sommes alors sur la route 273, au niveau de Saint-Apollinaire, en direction nord.



Cette femelle se tient à une dizaine de mètres de la route 273. Elle est accompagnée de trois autres. Je n'ai encore jamais réussi à m'approcher de cette espèce. Je demeure dans mon auto et je prends quelques clichés.



Et voilà que j'aperçois deux dindonneaux qui se fraient un chemin dans l'herbe longue. Ils se dirigent vers les adultes.



Ils vont rejoindre une femelle qui est déjà entourée de huit autres dindonneaux.



En Amérique du Nord, les milieux où l'on rencontre le Dindon sauvage ne sont pas entièrement forestiers. Par exemple, les champs cultivés, notamment les champs de maïs, les champs de foin et les pâturages occupent près de la moitié du territoire fréquenté par l'espèce dans le sud-ouest de la province. Les dindons occupent ces milieux ouverts au cours de l'été et de l'automne: adultes et jeunes y trouvent abri et nourriture. Ils y séjournent en hiver, car ils semblent y trouver plus aisément leur pitance.




Dindons sauvages dans un champ en hiver. Photo réalisée le 24 janvier 2016 à Saint-Gilles, comté de Lotbinière, Québec.



Dindons sauvages dans un champs à la fin de l'hiver. Réalisée le 27 mars 2016 à Saint-Édouard, comté de Lotbinière, Québec.


À la fin de l'Atlas de 1984-1989, les biologistes estiment qu'à cause de la rigueur des hivers québécois et de la barrière que constitue la vallée du Saint-Laurent, il est peu probable que l'aire de répartition du Dindon sauvage s'étende de façon appréciable vers le nord. Les décades subséquentes ont cependant dévoilé un autre scénario, une tendance imprévue. La régénération forestière et la popularité sans cesse grandissante de la culture du maïs ont été combinées à une réintroduction massive d'un cheptel provenant d'individus sauvages. Pas question de lâcher en liberté des dindons d'élevage qui s'accoupleraient et dénatureraient l'espèce sauvage originelle. Ces relâches connaissent un taux de succès effarant un peu partout dans la province. Les hivers moins froids et surtout moins neigeux peuvent contribuer au soutien d'une population en bonne santé.


Il est maintenant possible d'observer l'espèce un peu partout le long de la vallée du Saint-Laurent jusque dans la région de Québec. Cette réintroduction, tout comme celle du Cerf de Virginie, a pour but premier l'établissement d'une chasse sportive viable au Québec.



 



Je vous inscite à garder l'oeil bien ouvert lors de vos promenades dans les campagnes.



@ bientôt.





Les limicoles en migration.

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Nous voici au début d'une vague migratoire qui mettra en vedette les limicoles. Cette appellation de limicole vient dulatin limus qui peut être traduit par limon ou par vase. En effet, la majorité des espèces d'oiseaux appartenant à cette catégorie consomme des petits invertébrés vivant dans la vase ou dans l'humus. Nous les retrouvons surtout en bordure de mer, de lac ou de rivière, mais quelques espèces préfèrent les lieux humides comme les marécages ou, tout simplement, les endroits inondés par les pluies automnales dans les champs. Quelques autres privilégient les milieux ouverts où l'herbe est très courte, comme dans leurs lieux de nidification, ou lorsque la terre a été chamboulée sous l'action de la machinerie agricole.


J'ai déjà écrit plusieurs billets sur ces oiseaux fascinants et, si je le fais encore, c'est juste pour attirer votre attention sur ce phénomène qui se déroule présentement et qui atteindra son apogée dans quelques semaines. Quand nous nous mettons plus sérieusement à l'ornithologie, nous nous apercevons très vite qu'il existe des temps forts dans une année pour l'observation de différentes espèces. Les migrations, printanière et automnale, figurent parmi les temps forts. Nous voici présentement à l'aube de la migration automnale. Si pour les passereaux le tout commence en septembre, les limicoles ont terminé leur saison de nidification plus au nord et ils entreprennent un périple qui les mènera, aussi loin que la Terre de Feu, au sud de l'Argentine, du moins pour certaines espèces comme le Bécasseau roussâtre / Tryngites subruficollis / Buff-breasted Sandpiper.



L'élégant et coloré  Bécasseau roussâtre se rend aussi loin que la Terre de Feu, à l'extrême sud de l'Argentine, pour y passer notre hiver.



Pour les intéressé(e)s, voici les endroits où doit se porter votre attention si vous désirez en observer.



Mais d'abord, avant de vous déplacer vers ces lieux, il est important de vérifier s'il n'y aurait pas dans votre région rapprochée un endroit propice aux regroupements d'oiseaux de rivage en migration. Les sites les plus "payants" sont ceux où les décharges des rivières rejoignent le fleuve. À marée basse, l'eau douce apportée par ces rivières contient beaucoup de nouveaux nutriments qui font sûrement l'affaire des oiseaux avides de retrouver des forces en gobant tout ce qui se présente sous leur bec.


Pour ma part, dans le comté de Lotbinière, j'ai repéré deux endroits propices. Au niveau de Leclercville, la rivière du Chêne se déverse dans le fleuve Saint-Laurent et j'y ai observé plusieurs espèces de limicoles au fil des ans. La même chose à Sainte-Croix où l'eau s'écoulant de la Rivière du Petit Saut aboutit à une belle chute d'une quinzaine de mètres et s'écoule en un filet plus ou moins mince dans la zone intertidale du grand fleuve. Ce lieu permet la concentration de petits groupes d'oiseaux de rivages en migration. Qu'en est-il pour vous ?  Une recherche sur Google Map pourrait vous aider à faire le point.



Mais une fois que les endroits sont définis, il reste un facteur très important: le niveau des marées. À marée très haute, les oiseaux ne sont pas là. Ils s'éparpillent dans les lieux humides où la nourriture est plus abondante et surtout accessible plus facilement. À marée très basse, les oiseaux sont là, mais les zones de nourrissage sont tellement répandues qu'il n'y a pas une grande concentration d'individus au même endroit. L'heure idéale est deux heures avant la marée haute. En envahissant progressivement la zone intertidale, l'eau pousse les oiseaux vers le rivage. Les zones de nourrissage s'amenuisant, les différents groupes se rejoignent et peuvent former une bande de centaines, voire de milliers d'individus. Quand vous découvrez de tels lieux, c'est le bonheur total. Suffit d'une bonne lunette d'observation et de la patience pour identifier les différentes espèces qui s'activent devant vous.


D'autres endroits qui attirent les limicoles sont les décharges d'eaux usées des villes et villages dans les cours d'eau ou dans les bassins de rétention d'eaux usées. Plusieurs villes et villages utilisent de tels bassins. 


Pour ma part, voici mes places préférées où je fais des visites fréquentes dans ma quête de limicoles.


La baie de Saint-Vallier et la décharge de la Rivière Boyer sont visités régulièrement pour ne pas dire religieusement par une horde d'ornithologues en manque de limicoles. Le niveau d'adrénaline peut augmenter de façon significative lorsque les espèces vedettes sont aux rendez-vous: Bécasseau de Baird, Bécasseau roussâtre, Barge marbrée, Barge hudsonienne...



Le Bécasseau de Baird passe souvent inaperçu. Plus furtif que les autres petits limicoles, il se dissimule plus fréquemment dans la végétation riparienne.



Le quai Boulanger à Montmagny est un endroit idyllique pour observer de très bons rassemblements de limicoles. Situé tout près des chutes de la Rivière-du-Sud, ce quai a été aménagé de belle façon et les oiseaux sont très près des observateurs. C'est l'endroit de prédilection pour y retrouver les espèces suivantes:



Alors que le Bécassin à long bec volète d'un rocher à l'autre, un Bécasseau à échasses se dresse bien droit, alarmé par un Faucon émerillon qui passe en vol. Le bécasseau est à l'extrême gauche avec une couronne très foncée, un trait sourcilier blanc et un bec mince et recourbé vers le bas. Sa poitrine est plus colorée que les autres (légèrement beige). Photo réalisée le 29 août 2015 à partir du quai Boulanger, Montmagny.



Le Bécassin roux est une espèce sûre au quai Boulanger de Montmagny.



Bécasseau minuscule (en vol) et Bécasseau variable.



Phalarope de Wilson au centre, Bécasseau à échasseà gauche et Grand Chevalierà droite. Prise réalisée en digiscopie, au quai Boulanger, Montmagny, le 15 août 2010.



Le Phalarope à bec étroit est un des fidèles au quai de Montmagny. Il passe cependant très vite. Réalisé en digiscopie le 12 septembre 2009 au quai Boulanger.



Le Bécasseau semipalmé forme des groupes pouvant atteindre la centaine d'individus. Photo réalisée le 08 septembre 2007 à partir du quai Boulanger à Montmagny.


Les rivages du Saint-Laurent au niveau de Kamouraska sont reconnus également pour héberger les limicoles en migration. Voici quelques autres espèces observables à ces endroits.



Bécassin roux et Petit Chevalier. Saint-Denis-de-la-bouteillerie, le 30 août 2015.



Bécasseau minuscule. Saint-Denis-de-la-bouteillerie, le 30 août 2015.



Bécasseau roussâtre. Kamouraska, le 30 août 2015.



Dans la région de Trois-Pistoles, les trois lieux pouvant permettre de belles trouvailles sont: la rivière Trois-Pistoles, la grève Morency et la grève Leclerc. Une recherche sur Google Map vous permettra de les localiser rapidement. Il est bon de se retrouver deux heures avant la marée haute à la décharge de la rivière Trois-Pistoles. J'y étais encore dimanche dernier pour observer la Mouette atricille qui s'y tient depuis une semaine. L'an dernier, c'était un rare Chevalier semipalmé qui y a passé quelques jours.



Chevalier semipalmé photographié le 04 mai 2015 en Floride.


Mon endroit préféré restera toujours l'Île-aux-Basques, petite île sympathique flottant au large de Trois-Pistoles. Il faut obligatoirement y passer au moins quelques jours si nous voulons apprécier toutes les richesses naturelles présentes en ce lieu accueillant et unique au monde. La longue pointe de sable qui se dégage au sud à marée basse, les rives sablonneuses à l'ouest, la zone rocheuse à l'est et les sites d'observation vers le nord constituent un amalgame incroyable pour y faire des découvertes intéressantes. Aucun séjour n'est semblable aux précédents et c'est ce qui nous attire, Anne et moi, année après année. Le fait d'occuper un chalet sur place nous permet de profiter des meilleures heures d'observation que ce soit pour les oiseaux marins ou pour les oiseaux forestiers.




Bécasseau sanderling. Prise le 19 septembre 2015 sur l'Île-aux-Basques.



Bécasseau variable. Prise le 19 septembre 2015.



Le Bécasseau violet est une spécialité de l'île, mais il ne s'observe que tôt ou tard durant l'année. Ici, je l'ai photographié le 22 mai 2011. Il faut attendre à la mi-octobre pour son passage automnal à l'île.



Le Bécasseau à croupion blanc passe souvent inaperçu à cause de sa ressemblance avec le Bécasseau semipalmé, mais sa plus grande taille, son sourcil blanc prononcé et le bout des ailes dépassant la queue sont des traits caractéristiques si nous ne pouvons voir le croupion parfaitement blanc. Photographié le 08 octobre 2011.



Si le Tournepierre à collier arbore des couleurs éclatantes au printemps (ici, en Floride le 6 mai 2015)...


il en est bien autrement à l'automne où l'espèce exhibe un plumage internuptial et où la présence d'oiseaux immatures est abondante. Photo réalisée le 31 août 2013, à l'Île-aux-Basques.


Dans quelques semaines, un séjour de 4 jours est prévu sur l'île magique. Peut-être y retrouverons nous encore notre espèce fétiche, le Bécasseau roussâtre ? Nous y avons déjà observé trois individus en même temps.  Je le laisse vous saluer.






@ bientôt.


 

Île-aux-Basques: du 02 au 05 septembre 2016

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02 septembre 2016



Nous accostons sur l'île vers les 14h45. Le temps de déposer nos bagages et de placer les victuailles dans le réfrigérateur au propane ou dans les armoires, nous partons vers le pré une quarantaine de minutes plus tard. La température est tout à fait exceptionnelle. Un soleil réconfortant, aucun vent et une grande abondance de laridés qui sont occupés à gober le plus de fourmis volantes possible.





À la fin août / début septembre de chaque année, nous assistons à des envols massifs de fourmis volantes. Des milliers de ces insectes s'offrent alors en pâture aux goélands, mouettes et engoulevents qui profitent de cette manne. Les prédateurs ne ménagent aucune acrobatie pour saisir ces sources de protéines providentielles. Ici, un Goéland à bec cerclé / Larus delawarensis /  Ring-billed Gull est concentré sur une proie volante que l'on peut apercevoir un peu plus à droite de l'image.


Nous passons une bonne trentaine de minutes à observer ce ballet aérien de haut voltige. Nous nous dirigeons ensuite vers la pointe rocheuse qui s'étire au bout du pré, c'est l'endroit idoine pour y trouver les bandes de limicoles à marée haute. Sans grande surprise nous y retrouvons un groupe d'environ 150 Bécasseaux semipalmés / Calidris pusilla / Semipalmated Sandpipers essaimés parmi des petites roches rondes. Ces oiseaux sont au repos, la tête rejetée vers l'arrière, le bec enfoui entre les deux ailes. Ils forment des petites boules compactes qui se confondent parfaitement avec les roches environnantes. En fait, il faut porter très attention à leur présence avant de s'approcher trop près de l'eau.



Lorsqu'au repos, les limicoles se dissimulent facilement parmi les roches et la végétation en bordure de l'eau. Les motifs et les couleurs de leur manteau se marient tellement bien à l'environnement. On parle alors de plumage cryptique.



Cette première découverte fait vite place à une autre activité, celle de trouver l'individu différent présent à travers tout ce groupe de sosies. Couleur des pattes, longueur et forme du bec, subtilités dans le colorie du manteau, rayures ou non sur les dessous, grosseur et forme générale de l'oiseau: tout est scruté en profondeur au télescope et deux fois plus qu'une. Plus il y a d'individus et plus la tâche (lire le plaisir) est grande.



La comparaison de grosseur entre les individus nous permet de vite repérer ce Bécasseau sanderling / Calidris alba / Sanderling qui est plus gros que les autres présents à ce moment-là. La blancheur du plumage est également plus frappante dès le premier coup d'oeil.



Cet oiseau un peu plus gros que les bécasseaux avoisinants, au plumage plus sombre et au bec allongé et courbé vers le bas nous dirige vers une autre espèce de limicole, le Bécasseau variable / Calidris alpina hudsonia / Dunlin.



Le Pluvier semipalmé / Charadrius semipalmatus / Semipalmated Plover est habituellement présent en nombre plus ou moins grand parmi les limicoles qui occupent les vasières lors des migrations.




Dans le but de profiter des derniers rayons du soleil près de notre chalet, nous nous y rendons directement. Dès notre arrivée, notre attention se porte vers une famille très bruyante de Jaseurs d'Amérique / Bombycilla cedrorum / Cedar Waxwings. Un parent est affairé à essayer de remplir le gosier de quelques jeunes affamés.



Le Jaseur d'Amérique est l'une des dernières espèces à nous revenir au printemps. Il est habituel de rencontrer des jaseurs qui se font nourrir encore au début de septembre. Comme c'est d'ailleurs le cas ici. Il est impossible de ne pas entendre ces jeunes alors qu'ils quémandent de la nourriture.




Lorsque le parent s'est éloigné à la recherche de nourriture, je me suis approché des jeunes qui étaient encore perchés sur la même branche. En fait, ils étaient quatre. Ils ne se sont jamais envolés. Même si nous ne connaissions pas l'identité de ces oiseaux, il est facile de reconnaître que ce sont des jeunes à la commissure jaune du bec. Tous les jeunes oiseaux partagent cette caractéristique.



Et pour finir cette journée, ce magnifique Viréo à tête bleue / Vireo solitarius alticola / Blue-headed Vireo vient nous saluer.




03 septembre 2016



Fidèles à notre habitude, les premières heures d'observation se font du côté nord de l'île. Nous pointons nos télescopes vers le large afin de commenter l'activité qui s'y déroule. Ces heures peuvent tout aussi bien être d'une grande intensité que d'une grande tranquillité. Ce n'est jamais pareil. La température est encore fantastique aujourd'hui et c'est sous des rayons de soleil prometteurs que nous nous dirigeons vers le lieu d'observation. Chemin faisant, nous rencontrons un jeune Renard roux / Vulpes vulpes / Red Fox. Baigné dans le soleil bas de début du jour, il est tout simplement magnifique.




Il s'agit en fait de l'un des deux renardeaux présents sur l'île en 2016. Une mère Orignal / Alces alces / Moose et son veau résident également sur l'île. Nous ne les avons pas rencontrés de visu, mais les traces fraîches sont visibles à chaque jour. Nous les avons même entendu un soir à partir de la galerie de notre chalet. Il faut dire qu'ils sont actifs durant la nuit. L'an dernier, c'étaient trois jeunes orignaux âgés de plus d'un an qui ont passé l'été à l'île.


Près de la rive, un Eider à duvet / Somateria mollissima dresseri / Common Eider nous montre comment il se nourrit. Il se saisit d'un oursin





et, après quelques manipulations du bec, il l'avale tout rond.... Ayoye !!!






Tel que mentionné plus tôt, il y a des matins où l'activité au large est très calme et c'est le cas ce matin. Nous nous rabattons sur les oiseaux des milieux ouverts ou forestiers. Nous rencontrons des petits groupes d'oiseaux à quelques endroits sur l'île. Quelques espèces de parulines, de moucherolles, de viréos, de bruants...



Les viréonidés sont bien représentés sur l'île avec le Viréo à tête bleue, le Viréo aux yeux rouges et ce Viréo de Philadelphie / Vireo philadelphicus / Philadelphia Vireo. Nous avons observé les trois espèces, près l'une de l'autre.



La Paruline flamboyante / Setophaga ruticilla / American Redstart



Je ne sais pas s'il m'a reconnu, mais ce jeune Jaseur d'Amérique sort de l'obscurité du feuillage et il se perche tout près de moi en me scrutant attentivement pendant de longues secondes.

Il n'y a pas que des oiseaux sur l'île. Voilà que nous rencontrons un superbe Morio / Nymphalis antiopa. Non content d'estiver, le Morio est l'un des rares papillons diurnes à hiverner à l'état adulte. Concrètement, l'adulte naît en juillet, puis il va très vite estiver, i.e.fuir les fortes chaleurs en se réfugiant dans la relative fraîcheur de zones plus ou moins ombragées (sous-bois, surplomb rocheux, feuillus, dessous d'arbre tombé) où il restera tapi jusqu'au début de l'automne

Octobre venu, le Morio se réactive brièvement pour reconstituer ses réserves graisseuses, avant de se mettre en quête d'un abri pour hiverner (tas de bois, coin de vieille bâtisse, arbre creux, cavité rocheuse). Suivant les régions, il refera surface début mars, voire fin février, pour reprendre des forces, mais cette fois en vue de la reproduction. Les pontes s'ensuivront, puis les chenilles et les éclosions de juillet viendront boucler la bouche.

C'est au sortir de l'hiver que le Morio s'observe le plus fréquemment. À cette époque, il est attiré par les chatons des saules et il est d'autant plus repérable que ces arbres sont encore très peu feuillus.


Un superbe Morio / Nymphalis antiopa adulte.



04 septembre 2016



Une autre belle surprise tôt le matin. Il est 07h00 et nous nous préparons pour aller observer au large quand j'aperçois un renard qui apparaît à l'arrière de notre chalet. Ma caméra n'étant jamais loin, je prends quelques photos au travers la grande baie vitrée de la salle à manger.


Ce Renard roux nous fait tout un cadeau en venant passer en arrière de notre chalet. Wow !



Et ça continue avec la présence de cet adulte et cet immature de Jaseur d'Amérique tout près de notre site d'observation des pélagiques.


Le large accepte enfin de partager quelques trésors en accueillant une plus grand quantité de Mouettes tridactyles, de Plongeons catmarin, de Plongeons huart et de Labbes parasites. À deux reprises, nous observons même deux labbes qui s'acharnent sur la même mouette. Ça finit toujours de la même façon, la mouette laisse tomber son poisson que le labbe récolte aussitôt. Le spectacle est trop éloigné pour permettre quelque photo que ce soit.



Voici ma paruline préférée, la Paruline à tête cendrée / Setophaga magnolia / Magnolia Warbler. Même en plumage automnal, elle est tout simplement irrésistible.



Les plumages automnaux de nos parulines peuvent nous causer bien des maux de tête. Cette Paruline obscure / Oreothlypis peregrina / Tennessee Warbler est un bon exemple.


Les moucherolles du genre Empidonax sont extrêmement difficiles à reconnaître à l'automne. En cas de trop grande ambigüité, leur cri de contact est la même façon de confirmer leur identité. Certains autres caractères sont utilisables et fiables, comme la longueur du bec et l'extension des primaires par rapport aux secondaires. L'habitat joue pour beaucoup, mais en période migratoire tout est possible. Dans ce cas précis, c'est au niveau du bec et de l'extension des primaires que j'ai pu identifier ce Moucherolle tchébec / Empidonax minimus / Least Flycatcher.



Quelques minutes auparavant, j'étais en présence de cet autre moucherolle. Heureusement pour moi, il était vocal en émettant son cri de contact. Et même qu'il nous gratifie de son chant complet. Il s'agit cette fois d'un Moucherolle des aulnes / Empidonax alnorum / Alder Flycatcher


05 septembre 2016



Température toujours aussi clémente. Quel séjour fantastique sur notre île magique !  Voici quelques images prises ce jour là.



À l'anse d'en bas, cette Paruline masquée / Geothlypis trichas trichas / Common Yellowthroat nous salue au passage.



Ce parent Jaseur d'Amérique semble vraiment dire à son jeune ado qu'il est temps maintenant de chercher lui-même sa pitance. Et c'est vrai que l'adulte n'était vraiment pas en mode recherche de nourriture ce jour-là.



Cet immature de Busard Saint-Martin / Circus cyaneus hudsonius / Northern Harrier n'a pas cessé de marauder au-dessus du pré et tout le long du rivage de l'île, autant du côté nord que du côté sud. Nous l'avons également observé à l'est de l'île.



L'Île-aux-Basques est également synonyme de petits fruits, de champignons et d'une flore maritime. Il y a tellement à découvrir.



Je termine ce billet avec cette photo de Anne qui compile assidûment toutes nos observations sur la plateforme électronique Ebird. Elle est d'une fidélité et d'une rigueur qui sont toutes à son honneur.







@ bientôt.





Jasons jaseurs !

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J'ai fait une belle rencontre dernièrement à l'Île-aux-Basques alors que ma route croise celle d'une petite famille de Jaseurs d'Amérique / Bombycilla cedrorum cedrorum / Cedar Waxwing. Ce sont les cris stridents et incessants d'oiseaux immatures qui attirent d'abord mon attention. Je repère sans trop de difficulté une femelle qui nourrit deux jeunes très affamés, en régurgitant fruits ou insectes présents dans son jabot. Ces derniers sont déjà capables d'un vol bref qui leur permet de changer de perchoirs, mais sur de courtes distances.






Et c'est ce qui me permet de retrouver nos deux amis sur une branche un peu plus basse, plus à mon niveau. Ils attendent patiemment le retour du parent parti cueillir des fruits ou attraper des insectes. Maintenant silencieux, ils suivent les allés et venus de leur mère. Lorsqu'elle revient pour les nourrir, ils recommencent ce tapage qui permet au parent nourrisseur de les retracer dans la végétation. Vous remarquerez sur cette photo le jaune à la commissure du bec. Un trait commun aux jeunes oiseaux immatures au stade du nourrissage.






Les jaseurs appartiennent à la famille des bombycillidés qui regroupe un genre (Bombycilla), trois espèces (d'Amérique, boréal et du Japon) et 6 sous-espèces 

Bombycilla garrulus garrulus
Bombycilla garrulus centralasiae
Bombycilla garrulus pallidiceps
Bombycilla japonica
Bombycilla cedrorum cedrorum
Bombycilla cedrorum larifuga


Voici les trois espèces illustrées dans le volume 10 du Handbook of the Birds of the World.






Bien que les jaseurs soient trapus et dodus, tous s'accordent pour leur accorder une élégance peu commune. Cette impression est accentuée par une huppe érectile, un plumage dense, soyeux et coloré, un masque et un menton noirs bien délimités et des ailes longues aux primaires foncées et décorées de marques jaunes ou blanches selon l'espèce. La queue courte porte une bande terminale colorée. Elle est rouge pour le Jaseur du Japon, jaune ou orange pour les deux autres espèces. Chez les adultes des deux espèces américaines, les bouts des rachis des plumes secondaires sont aplatis et d'un rouge brillant qui fait penser à de la cire (wax), d'où la provenance de leur nom anglais.



Des appendices en forme de gouttelettes de cire rouges ornent les plumes secondaires des adultes des deux espèces américaines. Ici, un Jaseur boréal adulte photographié le long d'une rue très achalandée à Sillery, ville de Québec.
 


Et voici un adulte de Jaseur d'Amérique arborant ces mêmes gouttelettes cireuses. Photographié le 8 septembre 2013 au Cap Tourmente, près de Saint-Joachim, Québec



Chez les jeunes qui en sont à leur première année de reproduction, ces appendices cireux sont rarement présents ou sont moins développés et moins nombreux. Leur présence permettrait aux adultes, plus expérimentés et plus âgés, de se reconnaître plus facilement à l'intérieur des groupes et de former des couples plus productifs.



Dès que nous sommes en mesure d'associer les sons émis par le jaseur avec l'oiseau lui-même, il est facile de comprendre l'origine de leur nom français. Que ce soit au repos ou en vol, le jaseur émet très souvent un trille bref, doux et faible. Ce son peut même s'avérer inaudible chez les personnes qui ne sont pas dotées d'une ouïe excellente. Cette incapacité d'émettre un chant fort et audible de loin est assez inhabituelle chez la majorité de nos passereaux. Mais leurs habitudes de vie expliquent ce caractère. L'esprit de territorialité n'est pas très élevé chez les jaseurs qui passent la majorité de l'année en groupes dans lesquels les mâles et les femelles sont déjà en contact étroit dès le début de la période de reproduction. Dès que les groupes se défont, les couples n'ont pas à proclamer leur présence.


Aux oreilles du profane, l'oiseau semble toujours émettre le même son, mais des études prouvent qu'il en est autrement. Le répertoire vocal du Jaseur d'Amérique est peut-être le plus connu des trois espèces et il peut servir de référence pour comprendre celui des deux autres espèces. Le son émis le plus fréquemment peut être traduit par un "bzeeee", une structure de base à la naissance d'une large catégorie de sons. C'est ainsi que le "bzee call" de base peut se transformer en "social call", "location call", "contact call", "warbling call" ou "courtship call". Oui, on peut dire que le jaseur aime jaser.



Plusieurs aspects de la morphologie et des comportements du jaseur sont induits par le fait qu'il est frugivore. L'ouverture du bec est très grande et lui permet d'avaler tout rond les petits fruits. 






En hiver, ces derniers ont une haute teneur en sucre, mais peu en eau et en éléments nutritifs. Ceci oblige les oiseaux à boire souvent et à gober une énorme quantité de baies s'ils veulent survivre à la saison froide. Sur une base annuelle, le régime alimentaire du Jaseur d'Amérique est constitué à 84% de fruits. Mais en décortiquant les différentes périodes de l'année, nous arrivons à des pourcentages plus réels. Entre octobre et avril, la proportion de fruits côtoie les 100%, mais en mai, elle peut descendre en bas du 50%. À la fin du printemps, les bourgeons et les fleurs ont la faveur des jaseurs alors que les insectes s'ajoutent de mai à juillet. Quand ils consomment des fleurs, ils se concentrent sur les pétales et les étamines alors qu'ils capturent les insectes en vol ou en inspectant la végétation. 



Sous nos cieux, le Jaseur d'Amérique débute la nidification à la fin mai et il peut nourrir jusqu'en octobre. La très grande majorité de la population migre vers le sud l'hiver, aussi loin qu'au Costa Rica. Quelques individus demeurent au Québec l'hiver et ils se joignent fréquemment à des groupes de Jaseurs boréaux.



Le Jaseur boréal ne niche pas sous nos latitudes et sa présence en saison froide n'est pas certaine d'une année à l'autre. Son ancien nom de Jaseur de bohème lui allait comme un gant. Il peut former des groupes impressionnants pouvant aller à 3 000 individus. Ces groupes sont continuellement à la recherche d'arbres fruitiers qu'ils vident littéralement de leurs fruits avant de quitter.



Le 16 janvier 2016, un groupe de Jaseurs boréaux,évalué à 750 individus, s'est présenté pendant quelques jours devant notre maison à Sillery, ville de Québec. Nous pouvons passer tout un hiver sans en voir un seul. Nous apprécions toujours ces visites impossibles à prévoir.



En espérant que cette petite "jasette" vous fera mieux connaître cette famille spectaculaire.



@ bientôt.

 



Des oiseaux en septembre 2016.

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Après un très beau séjour sur l'Île-aux-Basques au début de septembre, le reste du mois a été plutôt tranquille. Nous avons fait quelques sorties à nos endroits fétiches. Même si nos recherches de nouveautés pour l'année ont été peu fructueuses, nous avons quand même vécu de beaux moments.


Le 10 septembre, nous partons tôt pour nous rendre jusqu'à Saint-Denis-de-la-Bouteillerie afin d'y trouver le Bécassin à long bec qui y est présent depuis quelques jours. Il est réputé se tenir avec un petit groupe de Bécassins roux et nous comptons bien le repérer. Dès notre arrivée, notre attention est portée vers des limicoles posés sur des rochers tout près de la rive. Nous identifions rapidement les Bécasseaux maubèche, sanderling, semipalmé et Pluvier argenté. Et oups ! voilà 5 Bécassins roux en repos avec le bec dans le dos pour la plupart d'entre eux. Une étude très minutieuse nous permet d'écarter le Bécassin à long bec. Après environ 30 minutes, nous décidons de partir. Un groupe d'observateurs, mené par Mireille Poulin, est encore sur place. Nous apprendrons par la suite que le fameux bécassin est arrivé en vol après notre départ. Il y a des journées comme ça. Un arrêt sur les battures de Kamouraska nous fait rencontrer un oiseau que je n'espérais pas photographier de si près. Il se tient également sur les rochers. Il les parcoure en marchant et, à cause des dénivellations, il arrive que nous le perdions de vue. Si nous ne le voyons, il ne nous voit pas. Profitant de chaque instant où je le perds de vue, je finis par m'approcher à moins de quatre mètres de lui.



Le Pipit d'Amérique / Anthius rubescens rubescens / American Pipit s'observe le plus souvent en groupes et dans les champs.



Cette espèce fréquente les milieux ouverts et on le retrouve souvent dans les milieux agricoles où le sol a été chamboulé depuis peu par la machinerie agricole. Elle accompagne souvent les alouettes et des limicoles comme les Pluvier bronzé, Pluvier kildir, Bécasseau de Baird, Bécasseau roussâtre et Bécasseau à poitrine cendrée.


Notre prochaine destination est Cacouna où un Pélican d'Amérique / Pelecanus erythrorhynchos / American White Pelican pourrait bien nous y attendre. Et oui, il est là, bien occupé à se nourrir dans la grande étendue d'eau formant le bassin principal.


Le Pélican d'Amérique est rarement observé au Québec. Au Canada, cette espèce se reproduit sur les plans d'eau des grandes plaines s'étendant au centre du pays (Manitoba, Alberta, Saskatchewan). Sa distribution est beaucoup plus grande aux États-Unis alors qu'il occupe les deux tiers du territoire à partir du Pacifique vers l'est. Par contre, il s'observe sur les côtes de la "pan handle" floridienne. Il est difficile de déterminer avec certitude d'où proviennent exactement les pélicans qui atteignent le Québec.


Enchantés de cette belle trouvaille, nous prenons le chemin du retour vers Québec avec un arrêt incontournable au quai Boulanger de Montmagny. Des fois que le Bécassin à long bec s'y trouverait. Après tout, c'est l'endroit où nous l'avons observé le plus souvent au Québec. La marée est plutôt basse, mais une belle surprise nous attend. Nous estimons à environ un millier le nombre de Bécasseaux semipalmés / Calidris pusilla / Semipalmated Sandpipers agglomérés sur les rochers jouxtant le quai. 



Un mouvement continuel anime tous ces groupes d'oiseaux. Des individus s'envolent, d'autres atterrissent. Tout se fait très rapidement. Vu le grand nombre, les oiseaux doivent se serrer s'ils veulent avoir une place pour se reposer ou faire leur toilette. La promiscuité fait partie de leur mode de vie.



Cette photo montre un oiseau arrivant en vol et qui, faute de place disponible, ne peut faire autrement que de se poser sur le dos d'un oiseau déjà installé. Il n'y restera qu'une fraction de seconde, dès que l'oiseau harassé se tassera. Une vie plutôt stressante pour d'aussi petits oiseaux. Comme on dit, il n'y a pas de lunch gratuit.



Et voilà qu'un Faucon émerillon passe en vol et TOUS les bécasseaux s'envolent simultanément, tout en formant un groupe très serré. Ce comportement inné est essentiel à leur survie lorsqu'ils sont en présence d'un prédateur. Le faucon ne réussit sa chasse que lorsqu'il peut se concentrer sur un seul individu. Il le poursuit alors sans relâche. Devant plusieurs individus, il ne sait lequel choisir et son hésitation permet à ses proies potentiels d'échapper à son attaque.




En solo, cet individu constitue une bien belle proie pour un virtuose de l'attaque en vitesse, tel le Faucon émerillon ou le Faucon pèlerin.


Et, pour terminer, voici une autre espèce abondante en migration, mais que l'on retrouve en plus petit nombre à cet endroit.




Ce Pluvier semipalmé / Charadrius semipalmatus / Semipalmated Plover se pose sur un rocher dénudé d'autres limicoles. Bien sûr, il n'y rencontre aucune opposition i.e. qu'il n'a pas à se débattre pour trouver un lieu paisible, mais qu'en serait-il lors du prochain passage d'un prédateur ailé ?



@ bientôt,





Le peuple sauteur.

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Il faut se rendre à l'autre bout du monde pour rencontrer ce peuple. Et même pour le grand rêveur que je suis, je n'imaginais pas le jour où je me rendrais en Australie, le pays des kangourous. Comme pour bien des gens, l'émission télévisée Skippy le kangourou a sûrement contribué à me faire connaître et apprécier cette espèce animale des plus singulières. Ce marsupial figure dans la liste des animaux exotiques qui hantent souvent le cerveau des enfants. Il cohabite très bien à côté des lion, éléphant, hippopotame, girafe, singe ou zèbre.


C'est en octobre 2011 que je me rends au pays d'Oz, du côté est de la grande île. J'ai bien des attentes, mais toutes seront éclipsées par la réalité australienne. Un pays fantastique à visiter, riche à tous les points de vue. Le but principal de ce voyage est l'observation des oiseaux, mais il est impossible de ne pas s'extasier devant les autres richesses naturelles que nous rencontrons. Et l'une de ces richesses est même devenu l'un des emblèmes animaliers du pays, le kangourou. J'écris "LE" kangourou et ça me fait sourire, car il y a vraiment plus d'une espèce de kangourou en Australasie (i.e. en Australie, Nouvelle-Guinée et les îles adjacentes). Le 5ième livre de la série Handbook of the Mammals of the World dévoile que la famille des macropodidés recèle 13 genres, 59 espèces et 88 taxons différents. En Australie, un kangourou mâle est appelé « Boomer », une femelle « Flyer » et un jeune kangourou « Joey ».


Et voici Skippy qui bondit littéralement vers sa mère. C'est une photo inestimable puisque Skippy était orphelin dans la série télévisée portant son nom et qui a été présentée au Québec et en France à partir de 1968.  En France, elle a été rediffusée en 1970 et en 2005. La Belgique l'a présentée à partir de 2011. Il s'agissait de 91 épisodes tournées à 25 km au nord de Sidney, dans le parc national Ku-ring-gai Chase et dans le parc contiguë de Waratah Park (devenu depuis le Waratah Park Earth Sanctuary). Ces épisodes ont été étalés sur 3 saisons et il aura fallu 9 Skippys différents pour réaliser tous ces tournages. Vous désirez connaître le nom de l'espèce interprétant Skippy ? Il s'agit du Kangourou géant / Macropus giganteus / Eastern Grey Kangaroo.


Le succès du kangourou sur le continent australien si aride dans l'ensemble, s'explique par ses capacités exceptionnelles de reproduction et d’adaptation aux conditions difficiles du bush. Les kangourous se sont adaptés aux conditions très variées de l'Australie et la naissance d'un kangourou est un processus totalement sous le contrôle de la mère, en fonction des conditions de nourriture et des conditions climatiques
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Après un accouplement, si les conditions sont difficiles, en cas de sécheresse par exemple, la femelle peut retarder sa gestation pendant un maximum de 12 mois, alors que la durée normale est de 35 jours. De la même manière, une femelle peut remplacer immédiatement un jeune qui meurt prématurément dans la poche.

Le kangourou nouvellement né mesure environ 25 mm. Sans aide extérieure, il doit s'accrocher au poil du bas ventre de sa mère afin de gagner l'intérieur de la poche où il ira s'accrocher à l'une des 4 tétines. Plus il croîtra et plus il quittera de plus en plus longtemps sa tétine pour s'aventurer hors de la poche. Si pendant cette période, un autre nouveau-né partage la poche, chacun aura sa tétine et la mère produira 2 laits différents en fonction de l'âge du bébé.


La poche des macropodidés agit comme un asile réconfortant pour le jeune. Ici, nous en voyons un bien installé dans la poche protectrice maternelle et broutant l'herbe au même rythme que sa mère. Le tout se passe sur le terrain de golf de Mareeba, le 25 octobre 2011.


Quand le kangourou se dépense, il transpire pour évacuer son trop-plein de chaleur, rien de très original, mais contrairement à tous les mammifères qui une fois l'effort physique terminé suent et halètent, le kangourou stoppe immédiatement sa transpiration et n'évacue la chaleur qu'en haletant à un rythme soutenu 300 fois par minute. Le kangourou est le seul animal à posséder un réseau très fin de vaisseaux sanguins à la surface de ses avant-bras, qu'il lèche pour évacuer la chaleur de son corps.

  

J'ai dû me cacher derrière un tronc d'arbre pour capter cette scène d'une bataille entre deux mâles de Kangourus géants. Les antagonistes ne ménagent aucune tactique pour venir à bout de l'autre. Lorsque deux mâles se battent pour une femelle, il leur arrive de s'empoigner et de se boxer, mais si le combat devient encore plus violent, ils se mettent à sauter vers l'avant en se donnant des coups de pied qui peuvent atteindre des points très sensibles.


Plus nous nous déplaçons sur le territoire australien, plus nous traversons des habitats nouveaux et plus nous découvrons des espèces différentes de "kangourous". À travers les siècles, ces marsupiaux se sont adaptés à toutes les conditions climatiques, souvent extrêmes, retrouvées sur ce continent. Ma plus grosse surprise a été de découvrir autant d'espèces différentes, aux moeurs tout aussi disparates. J'aimerais vous en présenter quelques unes, juste pour vous donner le goût d'en découvrir davantage soit par des lectures, soit par l'idée folle de vous rendre vous aussi en Australie. Pourquoi pas ?


Alors que vous venez de découvrir le Kangouru géant, je vous présente ici le plus gros des marsupiaux, soit le Kangourou roux / Osphranter rufus / Red Kangoroo.



Je capte cette image à Hay Plains, Australie, alors que le soleil finit sa course en ce 29 octobre 2011. Une femelle de Kangourou roux se dresse après avoir constaté notre présence. Au début, nous ne voyons pas le jeune kangourou. Après quelques minutes, il sort sa tête et nous découvrons que c'est une femelle. Ce n'est pas toujours évident de le percevoir lorsque nous sommes à une certaine distance. Normalement, c'est le mâle de cette espèce qui est roux. Il est également plus massif que la femelle qui est normalement, elle, de couleur grise. Cependant, une femelle peut être rousse et un mâle peut être gris à l'occasion. Le dimorphisme sexuel est plutôt inhabituel dans la famille des macropodidés. Il fréquente les habitats ouverts arides et semi-arides. Son aire de distribution est vaste et elle se situe de l'intérieur des terres de l'est jusqu'à l'ouest du pays.


Alors que j'imaginais le kangourou comme étant un animal fréquentant les milieux herbeux ouverts, j'ai été surpris en découvrant cette espèce inféodée aux milieux plus rocheux. le Pétrogale de Mareeba / Petrogale mareeba / Mareeba Rock-Wallaby.



 Parmi les adaptations de saut dans les milieux rocailleux, le Pétrogale de Mareeba possède des extenseurs du talon plus volumineux que les autres espèces de pétrogales. Ces extenseurs sont moins sujets à se blesser lors de sauts périlleux alors que nous les comparons à d'autres espèces le faisant sur des sols plus réguliers. De plus, ils se servent de leur queue pour contrôler leur vol aérien.


Cette femelle de Pétrogale de Mareeba abrite un jeune dans sa poche ventrale. Chez cette espèce, les femelles engendrent un seul jeune à la fois et il semble qu'elles peuvent le faire n'importe quand durant l'année. Le jeune peut passer un peu plus de 6 mois dans la poche et il est sevré 2 à 3 mois plus tard. Le mâle atteint sa maturité sexuel entre 20 à 24 mois.




Le Pademelon à cou rouge / Thylogale thetis / Red-necked Pademelon est brun-gris avec le ventre crème et le cou et les épaules roux. Il vit dans les forêts des régions côtières de l'est de l'Australie. Principalement nocturne, il est très craintif et habite généralement les forêts tempérées à proximité de prairies, se cachant dans la forêt le jour et sortant dans la prairie le soir au crépuscule pour se nourrir. Il se reproduit à l'automne et au printemps dans le nord, en été dans le sud. Ses prédateurs comprennent le Dingo et le Renard roux. Cependant la destruction de son habitat, notamment par le défrichement des terres, est actuellement la plus grande menace pour l'espèce. Il n'est pas actuellement inscrit comme espèce en voie de disparition.




Le Wallaby de Parry / Macropus parryi / Whiptail Wallaby est aussi connu sous le nom anglais de Pretty-faced Wallaby. On  le trouve dans l'est de l'Australie depuis Cooktown, au Queensland, jusqu'à Grafton, en Nouvelle-Galles du Sud. Il se distingue par sa coloration plus pâle et une bande blanche sous son visage. La fourrure de ce visage est brun-chocolat et elle couvre son museau. On le rencontre dans les prairies et les forêts, en particulier sur des collines ou des pentes. Dans les prairies, ce wallaby broute principalement de l'herbe. Il mange aussi des monocotylédones dans les ruisseaux à proximité. Il s'agit principalement d'une espèce diurne. Il est actif le matin et tard dans l'après-midi, mais il peut continuer dans une mesure indéterminée pendant la nuit.



Le Kangourou-rat musqué / Hypsiprymnodon moschatus / Musky Rat-Kangaroo est le plus petit macropodiforme à être quadrupède et diurne. Il est le seul représentant de la famille des Hypsiprymnodontidés et il se rencontre dans les forêts humides du nord-est australien et en Nouvelle-Guinée. Malgré son nom, il ne saute pas quand il se déplace, il le fait en utilisant ses quatre pattes.


En incluant les espèces présentement éteintes, la famille des macropodidés comprendraient 63 espèces. 43 sont endémiques à l'Australie, 17 le sont à la Nouvelle Guinée et seulement 3 espèces se retrouvent sur les deux îles. Étant donné que l'expression de différences génétiques et/ou morphologiques sont présentes au sein de certaines espèces actuellement reconnues, il est probable que plus d'échantillonnage et de recherche donneront lieu à la reconnaissance d'espèces supplémentaires. Des taxons non reconnus actuellement peuvent exister aussi au sein du genre australien petrogale, dont les membres présentent un schéma complexe de différenciation et de diversification qui a longtemps intrigué et rendu perplexes les chercheurs. Ce genre a été le centre de beaucoup de recherches récentes, avec quatre nouveaux taxons décrits depuis les années 1990 et trois autres élevés au rang d'espèce.


@ bientôt.





Des oiseaux de lumière.

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J'ai toujours été fasciné par les colibris. Fasciné d'abord par leur taille lilliputienne. Je me souviens très bien de ce jour où, encore adolescent, j'en trouve un par terre, inerte, tout près de la maison familiale. Son plumage est parfait et son petit corps est encore souple. Du sang à la commissure de son bec me fait croire qu'il a dû se frapper depuis peu contre une des fenêtres de la maison.  Je le dépose dans le creux de la main gauche et je la ferme délicatement. Ma main l'englobe complètement. J'aperçois alors l'une des filles de mon frère qui habite dans la maison d'à côté. Je lui fais deviner ce que je peux avoir dans ma main et jamais elle ne peut se douter qu'il puisse s'agir d'un oiseau. Après lui avoir dit " c'est un oiseau-mouche", elle m'avoue n'en avoir jamais vu. Rien de surprenant quand on considère leur vitesse de déplacement et leur petitesse. Et il faut mentionner aussi qu'à l'époque, au milieu des années 1960, les abreuvoirs à colibri étaient inexistants et les aménagements floraux autour des maisons n'étaient pas encore "à la mode du jour". Pour tout dire, c'est une première pour moi aussi. J'avais étudié le Colibri à gorge rubis / Archilochus colubris / Ruby-throated Hummingbird dans mon premier guide d'oiseaux, mais jamais je ne l'avais observé en nature. 



Dans l'univers des colibris, notre Colibri à gorge rubis fait partie de ceux de taille moyenne. Du bout du bec au bout de la queue, il fait entre 9 et 10 cm. Chez les trochilidés, la femelle est un peu plus grande que le mâle. Le colibri le plus petit au monde, le Colibri d'Hélène /Mellisuga helenae / Bee Hummingbird, endémique à l'île de Cuba, mesure entre 5 et 6 cm. Quant au plus gros, le Colibri géant / Patagona gigas gigas /Giant Hummingbird, il fait entre 20 et 23 cm de longueur.


Il existe entre 330 et 360 espèces (dépendant des différentes taxonomies) de colibris dans le monde et elles sont toutes confinées aux trois Amériques. Pour vous donner une idée de la distribution de ces espèces au niveau mondial, voici une liste indiquant le nombre d'espèces normalement rencontrées dans chacun des pays. En employant le terme "normalement", je veux faire abstraction des espèces égarées qui peuvent apparaître à un moment donné en un endroit tout à fait insoupçonné.


Canada (9), États-Unis (24), Mexique (58), Cuba (3), Jamaïque (5), République dominicaine (4), Haiti (4), les Petites Antilles (19), Bélize (26), Guatemala (39), El Salvador (23), Honduras (42), Nicaragua (34), Costa Rica (54), Panama (59), Colombie (158), Venezuela (103), Guyane (38), Suriname (33), Guyane française (30), Brésil (78), Équateur (129), Pérou (126), Chili (12), Bolivie (78), Paraguay (20), Argentine (32), Uruguay (8).


Cette liste indique bien que les membres des trochilidés atteignent leur plus grande diversité dans les forêts tropicales humides et, toujours dans ces mêmes habitats, encore plus dans les régions montagneuses. Le peu d'espèces rencontrées dans les Petites et les Grandes Antilles montre également que les colibris, malgré leurs prouesses de vol, préfèrent de beaucoup survoler la terre ferme que les vastes plans d'eau. Vu leur métabolisme élevé, ils doivent se nourrir de façon régulière et les envolées au-dessus de longues étendues d'eau comporte toujours son lot de danger.


Si la structure squelettique est similaire d'une espèce à l'autre, il en est autrement de la diversité impressionnante notée au niveau de l'irisation de leur plumage. Et cette explosion de couleurs est quelquefois doublée d'ornements plumeux, qu'il s'agisse de huppes ou d'appendices au niveau de la gorge, des oreilles ou de la queue.



Le mâle du Colibri d'Anaïs / Colibri coruscans coruscans / Sparkling Violetear peut exhiber des plumes colorées au niveau auriculaire lorsqu'il veut impressionner soit un rival lors d'une confrontation ou soit une femelle lors d'une pariade liée à la reproduction.  



Son cousin, le Colibri de Delphine / Colibri delphinae / Brown Violetear, possède les mêmes attributs. Ici, il veut chasser les autres colibris qui viennent au même abreuvoir rempli d'eau sucrée.



Le mâle du Haut-de-chausses à palettes / Ocreatus underwoodii incommodus / Booted Racket-tail arbore une longue queue qui se termine par deux palettes plumeuses. Des plumes blanches très duveteuses au niveau des cuisses pourraient ajouter un autre attrait bien particulier auprès d'une femelle de cette espèce.



Et voici l'un de mes colibris préférés, l'éblouissante Coquette chalybée / Lophornis chalybeus chalybeus / Festive Coquette qui vous accueille sur ce blog à chacune de vos visites. Ce colibri sud-américain, avec ses 7.5 à 9 cm, est un peu plus petit que le Colibri à gorge rubis. Il se nourrit habituellement dans le faîte des arbres, mais il lui arrive de descendre à notre niveau. Les plumes érectiles qui ornent sa gorge sont tout à fait spectaculaires.



Légère, forte, renouvelable et réparable, la plume des oiseaux est à son apogée évolutive. Et les colibris utilisent cet outil performant mieux que toutes les autres espèces d'oiseaux.  Ils sont devenus les maîtres incontestés du vol sur place, du vol de côté et ils sont les seuls à reculer en vol avec une aisance déconcertante. Les ailes battent en formant un 8 et les plus petites espèces le font de 80 à 90 fois par seconde.



Le Colibri de Mitchell / Calliphlox mitchellii / Purple-throated Woodstar mesure de 7 à 7.5 cm et le nombre de battements d'ailes par seconde est élevé. L'angle de prise de vue permet de voir le pourpre de la gorge.



Par contre les plus grosses espèces de colibris effectuent de 10 à 15 battements par seconde.



Avec ses 15 cm, l'Ermite tacheté / Ramphodon naevius / Saw-billed Hermit a un vol beaucoup plus lent que les plus petites espèces.



Cette photo d'un mâle de Mango à cravate noire / Anthracothorax nigricollis / Black-throated Mango montre toutes les contorsions qu'un colibri peut imposer à son corps pour exécuter un changement de direction rapide, imprévisible pour un prédateur ou un autre colibri.




Les couleurs des plumes peuvent être de deux ordres, pigmentaire et structurale.


Origine pigmentaire




Les pigments des plumes sont de deux types, les mélanines (noir) et les caroténoïdes (jaune au rouge). Les pigments obtenus à partir des mélanines (pigment le plus abondant chez les oiseaux) peuvent aller du noir au brun clair voire au jaune comme pour certaines espèces de corvidés. Ces pigments mélaniques sont directement synthétisés par l’oiseau. Il n’en est pas de même pour les pigments caroténoïdes qui peuvent, suivant les espèces, être soit synthétisés ou soit plus généralement être obtenus par la nourriture. Les psittacidés synthétisent la psittacine tandis que les flamants trouvent ces pigments dans leur alimentation. Dans ce dernier cas, les caroténoïdes ne subissent pas ou peu de transformations chimiques avant de se déposer dans les plumes. En effet, chez les flamants, dont la principale source de nourriture est la crevette Artemia saline, le pigment initial est produit par des algues unicellulaires, transformés en canthaxantine par la crevette qui s’en nourrit, et il est finalement fixé dans les plumes des flamants. Le couleur peut alors varier en fonction de l’alimentation et de la saison.


Origine structurale




Certaines couleurs, dites structurales, ne sont pas dues à la pigmentation. Ainsi, bien que de nombreux oiseaux exposent des plumes vertes ou bleues, comme chez les psittacidés, ils ne synthétisent pas de pigments de ces couleurs. De nombreuses espèces ont des plumes blanches (aigrettes, mouettes, spatules...). Le blanc résulte de l’absence de pigmentation, mais également de la réflexion totale du spectre lumineux. C'est grâce au phénomène optique de diffusion Rayleigh (décomposition de la lumière par les micro structures des barbes) que des couleurs peuvent apparaître par décomposition de la lumière blanche. Ce phénomène est identique à celui qui permet la coloration des yeux chez l’homme, ou mieux la coloration des bulles de savon et l’arc-en-ciel. Chez les psittacidés, le bleu naît dans des barbes renfermant une couche structurale riche en micro granules de mélanine noire. Si à cela s’ajoute un caroténoïde jaune, on obtient du vert. Les micro granules renvoient les radiations bleues (les plus courtes), les autres sont absorbées par une moelle centrale noire. Chez les paons et les colibris, la couleur structurale est due à l’interférence de la lumière. Les barbules renferment des plages de micro lamelles qui décomposent la lumière et l’écartement de ces micro lamelles induit des couleurs différentes. Dans ce cas, en inclinant la plume pour faire varier l’incidence de la lumière, on voit les couleurs se déplacer.


La combinaison des différents pigments et de ces phénomènes optiques permettent une très grande variété de couleurs.



Irisation



Certaines espèces sont reconnues pour avoir des plumes iridescentes, comme les colibris, mais aussi les guêpiers, les paons, quelques canards, les étourneaux, etc. Les irisations sont produites par les barbules renfermant des réseaux de micro lamelles. Une barbule à micro lamelles reposant sur une barbule riche en mélanine noire; cette dernière absorbant les radiations parasites. Les micro lamelles ont l’avantage sur les micro granules de mélanine de pouvoir produire toutes les couleurs du spectre solaire, alors que les micro granules ne peuvent produire que du bleu.


Le plumage du Quiscale bronzé / Quiscalus quiscula versicolor / Common Grackle parait noir lorsqu'on le voit de loin ou à l'ombre. Dans des conditions de lumière meilleures, les barbules à micro lamelles et les micro granules de mélanine s'allient pour faire apparaître une myriade de couleurs et de teintes.


Bien que ce soit moins connu, plusieurs oiseaux tropicaux, en plus des colibris, ont des plumages iridescents. L’iridescence, qui est rendu possible non par la pigmentation mais par la structure particulière des plumes, est responsable des reflets vert bouteille des trogons, des reflets dorés et cuivrés des jacamars et des myriades de couleurs sur certains tangaras. Les couleurs iridescentes ne sont observables qu’à partir d’angles très restreints. En d’autres mots, l’observateur doit être le plus possible au même niveau que la source de lumière afin de profiter pleinement de l’effet.   


Voici quelques photos réalisées lors de notre dernier voyage en Colombie, du 14 novembre au 4 décembre 2016. Nous avons eu la chance d'observer 65 espèces différentes de colibris.



Colibri jacobin / Florisuga mellivora mellivora / White-necked Jacobin


Colibri de Delphine / Colibri delphinae / Brown Violetear



Colibri d'Anaïs / Colibri coruscans coruscans / Sparkling Violetear



Sylphe à queue d'azur / Aglaiocercus kingi emmae / Long-tailed Sylph




Sylphe à queue violette / Aglaiocercus coelestis coelestis / Violet-tailed Sylph



Inca à gemme bleue / Coeligena lutetiae / Buff-winged Starfrontlet


Inca porphyre / Coeligena helianthea helianthea / Blue-throated Starfrontlet


Colibri de Jardine / Boissonneaua jardini / Velvet-purple Coronet


Colibri flavescent / Boissonneaua flavescens flavescens / Buff-tailed Coronet


Brillant fer-de-lance / Heliodoxa jacula jacula / Green-crowned Brilliant


Ariane de Francia / Amazilia franciae franciae / Andean Emerald


Ariane de Rosenberg / Amazilia rosenbergi / Purple-chested Hummingbird


Dryade couronnée / Thalurania colombica colombica / Crowned Woodnymph



@ bientôt.



Voir toutes les espèces d'oiseaux du monde.

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Wow ! Pouvoir voir tous les oiseaux du monde ! Toute une quête me direz-vous. Pourtant, c'est aujourd'hui rendu possible grâce à la collection "Handbook of the Birds of the World" (souvent abrégé en HBW) . J'ai bien écrit "voir" et non pas "observer". Pas tout à fait pareil  😉.

Cette collection est une série de 17 volumes, éditée par une maison d'édition espagnole de Barcelone: Lynx Edicions.

Cette série est dirigée par Joseph del Hoyo, Andrew Elliott et Jordi Sargatal des volumes 1 à 7, puis par Josep del Hoyo, Andrew Elliott et David Christie des volumes 8 à 16. Un volume spécial édité par Josep del Hoyo, Andrew Elliott, Jordi Sargatal et David Christie paraît en 2013 pour recenser les 69 espèces nouvellement décrites depuis la parution des anciens volumes.

C'est la première encyclopédie qui vise à couvrir la totalité des espèces vivantes d'oiseaux. Le premier volume a été publié en 1992 et le dernier est paru en 2013.

À l'instar de plusieurs connaissances, j'ai eu la chance de me payer les 16 livres tout au cours des 21 années de publication. À raison d'une moyenne de $225.00 CDN par livre, c'est bien que le montant total ait été réparti sur 2 décennies. Cette collection fabuleuse est l'ouvrage le plus complet fait à ce jour dans le monde de l'ornithologie. En plus d'illustrations de grande qualité, des photos impressionnantes accompagnent des textes élaborés, remplis d'informations souvent inédites. Cette collection est cependant en anglais et elle coûte cher pour quelqu'un qui voudrait se la procurer au complet aujourd'hui. Mais, il y a une bonne nouvelle.

Voilà que vient de paraitre le deuxième et dernier volume de la "Liste illustrée des oiseaux du monde" (Illustrated checklist of the Birds of the World), toujours édité par Lynx Edicions. Cette série de 2 livres illustre TOUTES les espèces d'oiseaux du monde et même la majorité des SOUS-ESPÈCES. Pour qui voyage à l'extérieur du Québec, c'est tout à fait génial.










Ces deux volumes aux couvercles rigides sont de grandes dimensions (31 cm X 24 cm) et contiennent une moyenne de 1,000 pages. Le volume 1 (non passerines) est en vente au prix de 185 euros et le volume 2 (passerines) coûte 225 euros. Une vente est présentement en place pour obtenir les 2 volumes pour 350 euros. Vous n'avez qu'à vous rendre sur le site de HBW à cette adresse pour passer la commande.


Il est intéressant de savoir que des espèces observées ici, au Québec, peuvent l'être également dans d'autres parties du monde. Cependant, les individus nichant au Québec peuvent être légèrement différents de ceux rencontrés dans d'autres pays ou sur d'autres continents. Je vous présente ici le cas de l'Alouette hausse-col / Eremophila alpestris / Horned Lark,



La carte de distribution montre bien les différents continents où s'observe l'Alouette hausse-col. De subtiles différences de couleurs au niveau de la gorge ou du front, ainsi que le dessin formé par le collier et la moustache peuvent servir à confirmer à laquelle de ces sous-espèces appartient l'individu se présentant devant nous.


la Sturnelle des prés / Sturnella magna / Eastern Meadowlark



C'est intéressant de savoir que la Sturnelle des prés observée au Québec est de la sous-espèce magna, celle observée dans le sud ouest du Mexique est saundersis et celle de Colombie est meridionalis.


ou le Bruant chanteur / Melospiza melodia / Song Sparrow.






Ces deux volumes sont indispensables à tout ornithologue amateur désireux d'en connaitre toujours davantage sur ses amis ailés.


 @ bientôt.





Des oiseaux de l'hiver 2017

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L'hiver 2017 n'a pas été très propice pour nous pour les sorties ornithologiques. En plus de différentes obligations familiales ou sociales successives, les chutes de neige fréquentes durant les fins de semaine ont beaucoup freiné notre intérêt à prendre la route. Mais nous nous sommes échappés à quelques reprises et voici des endroits visités et des images prises sur le vif.


Saint-Antoine-de-Tilly

Le chemin Boisclair est un rang parallèle à la route 132 et au sud de cette dernière. En hiver, cette route tranquille vaut la peine d'être parcourue lentement. Les espèces d'intérêt fréquemment rencontrées: Plectrophane des neiges, Dindon sauvage et Perdrix grise. Des mangeoires privées distribuées le long de cette route peuvent apporter leur lot de surprises. Selon la quantité de neige dans les champs, des groupes d'Alouettes hausse-col sont occasionnellement rapportés et ils peuvent dissimuler un rare Plectrophane lapon. Lors de notre passage, nous croisons un groupe de Jaseurs boréaux qui se nourrissent dans trois pommiers à quelques mètres seulement de la route. Dans ma jeunesse, nous appelions ces grosses pommes des pommes d'hiver. La chair de cette variété de pommes est tellement dure que les frugivores ne peuvent s'en nourrir avant les grands froids. Il faut que le fruit gèle complètement pour que sa chair devienne assez molle pour que les becs des frugivores puissent la pénétrer.


 



 




Quand il n'y a pas d'eau liquide disponible, les oiseaux mangent de la neige, mais ils le font toujours avec parcimonie. Ingurgiter trop de neige refroidirait leur chaleur interne, chose à ne pas faire en période hivernale où toute perte de chaleur corporelle pourrait mener à l'hypothermie et à la mort.




 Tewkesbury


La rue Jacques Cartier Sud à Tewesbury est une autre route à parcourir lentement en période hivernale. Elle longe la rivière Jacques Cartier et traverse des boisés intéressants. C'est l'endroit idéal pour y observer le Gros-bec errant. La présence des fringillidés est toujours un coup de dé selon les années. En 2016, c'était l'euphorie. En 2017, c'est la pénurie totale. Aucun sizerin, chardonneret, tarin ou bec-croisé. Quelques durbecs sont venus sauver l'honneur de la famille. Par contre le gros-bec est encore présent, mais en petit nombre. Un Pic chevelu me permet quelques photos.



Cette femelle de Pic chevelu fait s'envoler des brins de neige lorsqu'elle tambourine l'écorce de cet arbre.



 
Son mâle est également à la recherche active de nourriture.



 Comté de Lotbinière



Le comté de Lotbinière agit sur moi comme un aimant puisque j'y ai passé la majeure partie de ma vie. Pour l'avoir parcouru maintes et maintes fois, j'en connais presque tous les recoins. Mais il est tellement riche en découvertes que j'y retourne encore toujours avec un intérêt renouvelé. C'est dans le village de Saint-Édouard que nous faisons la rencontre d'une magnifique femelle d'Épervier de Cooper. Elle est bien installée sur la structure d'une meunerie, en plein milieu du village. Un ami m'a demandé comment je pouvais dire que c'était une femelle puisque les adultes ont le même plumage. J'y suis allé par l'évaluation de la grosseur de l'individu. L'oiseau observé était assez gros pour que j'imagine d'abord avoir affaire à l'Autour des palombes. Dès le premier coup de jumelle, j'ai vite identifié un Épervier de Cooper. Seule une femelle de Cooper peut avoir cette grosseur. Je vous la livre maintenant.







L'épervier est un rapace doté d'une longue queue et d'ailes plutôt courtes et arrondies. Alors que les ailes courtes sont un atout pour se faufiler entre les arbres et les branches à l'intérieur de la forêt, la queue longue et flexible l'aide à assurer un équilibre parfait lors de changements rapides de direction. Le vol de l'épervier est également facilement reconnaissable puisqu'il consiste à de rapides battements des ailes suivis d'une longue glissade.


 Saint-Mathieu-de-Rioux


Ce petit village se situe dans le Bas-Saint-Laurent à une vingtaine de kilomètres de Saint-Simon, à l'intérieur des terres. Il est reconnu pour la quantité phénoménale de nids de Balbuzards pêcheurs
accrochés aux pylônes d'Hydro Québec, tout près d'un lac de bonne envergure. En 2017, une espèce occasionnellement observée au Québec, en provenance de l'ouest canadien, est présente à une mangeoire depuis quelques semaines. Comme Anne n'a jamais coché cette espèce au Québec, nous nous y rendons le 22 janvier 2017. Voici quelques photos rapportées de cette rencontre.


Ce magnifique mâle de Tohi tacheté / Pipilo maculatus / Spotted Towhee a élu domicile, dans son errance hivernale, dans la cour arrière dotée d'un bon système d'alimentation.




Un milieu naturel propice à attirer les oiseaux d'hiver contribue à retenir des oiseaux granivores et frugivores.






Domaine de Maizerets



Un parc urbain de la ville de Québec qui n'a plus besoin de présentation. Ce site peut contenir de magnifiques trouvailles une journée donnée et être non productif dès le lendemain. Il est bien situé en bordure du fleuve et, à vol d'oiseau, il peut constituer un relais facilement accessible entre les différents boisés de la région. Une bonne diversité d'habitats amène toujours une bonne diversité d'espèces d'oiseaux. Notre visite du 18 février 2017 vise le Merle d'Amérique et le Grand-duc d'Amérique. Nous trouvons facilement les espèces anticipées et voici quelques photos du grand-duc.



Quel regard intimidant !  Le hibou est perché à environ 6 mètres de hauteur et je me place juste en dessous du strigidé. Je suis bien content de ne pas être une proie potentielle.



Bien qu'en période de repos, ce grand-duc est concentré sur deux Écureuils gris qui s'ébattent tout autour de lui. Le parc abrite un bon nombre d'écureuils et leur présence explique celle du plus gros de nos strigidés.


Forêt Montmorency


Un autre incontournable auprès des ornithologues de la région de Québec. Réputé pour sa forêt boréale et les spécialités qui y sont associées: Mésangeai du Canada, Mésange à tête brune, Sittelle à poitrine rousse et Tétras du Canada. Il y a bien sûr les pics boréaux et les fringillidés, mais ces derniers répondent à des conditions particulières qui fluctuent selon les années. Et comme l'hiver 2017 est très avare pour la présence des fringillidés, un seul Tarin des pins, trois Durbecs des sapins et quelques Sizerins flammés ont été aperçus. Par contre, exception faite du tétras, nous avons fait de belles rencontres.



C'est difficile de prédire d'avance le comportement de la plus belle de nos mésanges, la Mésange à tête brune / Poecile hudsonicus littoralis / Boreal Chickadee. Plus souvent qu'autrement, elle se tient bien cachée dans le sapinage. Cette fois-ci, elle était hyper active, mais elle s'approchait sans cesse tout près de nous. Donc, avec de la patience, il m'a été possible de réussir quelques belles prises.


Si j'ai toujours eu un faible pour la Mésange à tête noire, je fonds littéralement lorsque je rencontre une Mésange à tête brune. Son "chick-a-dee-dee" plus lent et plus enroué permet de connaitre sa présence, car elle est tellement moins démonstrative que sa cousine.



Et que dire de la mignonne et acrobatique Sittelle à poitrine rousse / Sitta canadensis / Red-breasted Nuthatch qui n'est jamais très éloignée des petits groupes de mésanges. Une simple imitation de son cri nasillard et la voici à quelques mètres de l'objectif.







Et que dire maintenant de l'élégant et gracieux Mésangeai du Canada / Perisoreus canadensis nigricapillus / Gray Jay qui s'approche de nous en toute confiance. Il est tellement silencieux dans son approche qu'il peut être tout près de nous sans que l'on ne le sache.


Et le voici posant à la distance minimale permise par ma lentille de caméra. Un oiseau exceptionnel et fascinant.



Avant de quitter la forêt boréale, je ne peux m'empêcher de capter une image d'un Ecureuil roux nord-américain / Tamiasciurus hudsonicus / North American Red Squirrel.




Rue Courcy, Sainte-Foy


Une autre espèce rare au Québec, également en provenance de l'ouest canadien, est présente dans la ville de Québec. Il s'agit d'un Solitaire de Townsend / Myadestes townsendi townsendi / Townsend's Solitaire, une espèce rapportée presqu'annuellement en hiver au Québec.



Espèce frugivore, le Solitaire de Townsend est parfaitement à l'aise lorsqu'il se retrouve dans un environnement où les arbres produisant de petits fruits en quantité sont présents.


Le mois de mars est à nos portes et il signifie l'arrivée prochaine des premiers migrateurs en provenance de sud. Tout dépendamment de l'endroit où nous nous trouvons dans la province de Québec, nous verrons bientôt apparaître les premiers "oiseaux noirs" (quiscale, carouge et vacher) arrivant du sud et d'autres espèces hâtives. Nous ne commençons que d'aller de surprise en surprise.


@ bientôt.


 

Des oiseaux en mars et avril 2017

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Oh que le printemps tarde à s'installer au Québec en ce mois de mars 2017 ! De longues journées ennuagées, de la neige presque quotidienne et un soleil poussif d'où émane une chaleur mitigée. La chaufferette centrale de notre système solaire ne l'a pas trouvé facile elle non plus, trop de nuages à traverser. Même si nous n'avons pas battu de record de neige, il reste que la couche neigeuse est demeurée, tout au long du mois, très épaisse dans les champs. Tellement épaisse que nous avons cru, Anne et moi, que ça affecterait les troupes de Dindons sauvages au point de voir le cheptel diminuer à cause de la difficulté à trouver de la nourriture. On sait que ces gros gallinacés trouvent leur nourriture en grattant le sol et une couche de neige trop épaisse peut s'avérer un obstacle potentiellement insurmontable. Mais c'était compter sans la capacité d'adaptation des créatures sauvages. Même les espèces les plus spécialistes dans leur alimentation peuvent devenir opportunistes lorsque la nécessité l'oblige. À preuve, ces trois rencontres effectuées en mars et qui démontrent que les dindons n'hésitent pas à s'approcher de l'humain lorsqu'ils n'en ont pas le choix.


Cette femelle de Dindon sauvage / Meleagris gallopavo silvestris / Wild Turkey visite à tous les jours un plateau de graines réservé aux petits oiseaux. Les propriétaires de la maison m'ont dit qu'elle était seule i.e. ne faisant pas partie d'un groupe de dindons comme ça se produit habituellement durant la saison froide. J'ai pris cette photo alors que l'oiseau était en face de la maison, près de la mangeoire et à environ 3 mètres d'une route de campagne.
  

Et voilà que nous surprenons, sur un autre rang, un petit groupe de 5 Dindons sauvages accompagnant une cinquantaine de Corneilles d'Amérique et une vingtaine de Plectrophanes des neiges. À tous les hivers, les propriétaires de l'endroit épandent des graines sur la neige afin d'attirer des plectrophanes. Et voilà que cette année, les dindons opportunistes n'hésitent pas à se mêler au groupe afin de profiter de la manne. Mais avouons qu'un grain de tournesol ne doit pas assouvir l'appétit de ces poules format géant.


Et un troisième groupe d'une trentaine de dindons s'approchent à quelques mètres seulement de la route 132 près de Pointe-aux-platons pour farfouiller dans un tas de végétaux laissé là par un cultivateur. Ces oiseaux ne sont également qu'à quelques mètres de la maison principale.


À Saint-Apollinaire, deux motoneigistes sont surpris de voir traverser devant eux un bon groupe de dindons. Ils ne s'envolent même pas, ils ne font que hâter le pas.


Et les voilà qui s'éloignent en se glougloutant les dernières nouvelles.


L'activité aux postes d'alimentation est réduite au minimum en ce mois de mars. Mais où sont donc tous nos oiseaux ? Alors qu'à l'hiver 2015-2016, les fringillidés étaient partout et en grand nombre, c'est la disette totale pour celui de 2016-2017. Même nos chardonneret, mésange, sittelle et cardinal, fidèles habitués à nous visiter régulièrement, nous ignorent presque totalement. Une visite chez mon mentor ornitho Gabriel Allaire vient me revigorer un peu. Situé dans un cadre plus intimiste que le nôtre, son poste d'alimentation est fréquenté par un magnifique couple de cardinaux. Il est même possible de prendre quelques photos à travers les grandes baies vitrées de la salle à manger.



Peu fréquent dans la ville de Québec dans les années 1980, le Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal est maintenant bien implanté dans la région. La popularité toujours grandissante des postes d'alimentation est la principale cause de sa venue au Québec, en provenance des états du nord des États-Unis. Le mâle est d'une grande beauté...


... de même que sa femelle. Même si le coloris de sa robe est plus modeste, elle n'a pas grand chose à lui envier.


Arrive enfin le mois d'avril avec ses promesses d'un ensoleillement plus soutenu, qui devrait venir à bout de toute cette neige. Mais malgré les jours qui passent, la chaleur n'est pas au rendez-vous. Il devient vite évident que le printemps sera en retard d'au moins une semaine en 2017.  Et ça se vérifie par les dates d'arrivée des espèces migratrices. Historiquement, je vois mes premiers quiscales aux alentours du 15 mars. Cette année, c'est le 2 avril.


Quiscale bronzé / Quiscalus quiscula versicolor / Common Grackle.


La Perdrix grise / Perdix perdix / Gray Partridge est une espèce grégaire 7 à 8 mois par année alors qu'elle se tient en groupes de 6 à 25 individus comprenant une ou plusieurs familles accompagnées ou non d'oiseaux solitaires. Il faut attendre la mi-avril avant de voir se scinder ces groupes en couples qui s'affairent aussitôt à la reproduction. Le 2 avril, nous rencontrons ce groupe de 5 individus le long d'une route fréquentée à Saint-Apollinaire, dans le comté de Lotbinière.



C'est grâce à la perdrix de gauche que je me suis arrêté pour finalement m'apercevoir qu'il y en avait 4 autres bien camouflées dans les herbes. Ce phasianidé vit surtout dans des prés où l'herbe n'est guère plus haute que sa tête et où se trouvent des haies-refuges et des espaces dénudés à proximité. Il faut avoir l'oeil affûté pour la repérer alors qu'elle s'écrase dans la végétation courte au printemps.


Et voilà que je repère un couple le 10 avril. Cette fois-ci, je suis dans le rang Petit-village, à Sainte-Croix-de-Lotbinière.


Ce mâle se croit bien à l'abri de tout regard, mais il n'échappe pas à celui du daltonien que je suis.


Alors que d'aucuns proclament que l'hirondelle fait le printemps, pour moi c'est le cri strident du Pluvier kildir / Charadrius vociferus vociferus / Killdeer qui me le confirme. Dès son arrivée en sol québécois, cet élégant limicole fait remarquer sa présence par son babillage incessant. De nature très peu sociable en période de nidification, il ne tarde pas à se frotter à ses congénères en des confrontations où les courbettes n'ont d'égales que les cris tonitruants qui lui ont sans doute valu son épithète latin de "vociferus".  C'est dans le village de Saint-Édouard-de-Lotbinière que, le 9 avril, je capte cette image d'un membre d'un couple déjà à la recherche d'un endroit pour nicher.





Ce même jour, nous nous dirigeons vers Leclercville où je suis certain de trouver une autre espèce phare annonçant le printemps: la Bécasse d'Amérique / Scolopax minor / American Woodcock. Elle arrive habituellement au début d'avril. Lorsque le couvert neigeux laisse place à des bonnes plaques herbeuses ou boueuses, cette espèce entreprend une parade nuptiale assez complexe. Elle le fait juste après le coucher du soleil alors que la nuit reprend ses droits. Elle commence d'abord par émettre au sol un "pîntt" nasillard à un intervalle plus ou moins long selon le degré d'excitation de l'individu. Suit alors une envolée épique où l'oiseau part de biais pour s'élever en ligne droite à une hauteur que j'estime à environ 30 mètres. À l'azimut de sa montée, elle se laisse tomber comme une feuille morte en émettant des sons rappelant une clochette. À environ 10 mètres du sol, elle redevient muette et elle vient se poser sur le sol en émettant aussitôt un "pîntt" bien senti. J'ai noté qu'elle revient souvent se poser près du lieu du lâcher. Encore adolescent, j'ai fait une expérience. Dès que l'oiseau s'est envolé, je suis allé m'étendre au sol, sur le dos afin de voir l'oiseau redescendre. Les yeux bien ouverts, je l'ai vu descendre sur moi pour m'éviter à la dernière seconde. Il s'est posé à moins de 2 mètres de moi. Wow !


C'est dans un boisé de Leclercville que je découvre cette bécasse immobile sur une plaque de végétation. Je suis bien heureux de voir qu'elle est revenue.


Chemin faisant, une belle rencontre: un petit groupe de Jaseurs boréaux / Bombycilla garrulus pallidiceps / Bohemian Waxwings occupés à s'empiffrer dans un arbre porteur de petits fruits.



Non, il n'y a rien de tendre dans cette pose. Les deux protagonistes ne s'échangent pas un doux et langoureux baiser, mais plutôt luttent pour savoir qui pourra bouffer les fruits juteux.


Le 10 avril, je suis accompagné par un photographe émérite de Cap Rouge, Simon Théberge. Ce biologiste à la retraite et passionné de photographie vient d'écrire un livre très intéressant et informatif. "Ces animaux qui ne craignent pas l'homme" est édité par les Presses Inter Universitaires et est disponible chez Renaud-Bray. L'auteur nous partage ses plus belles photos et révèle des talents de vulgarisateur scientifique à travers un texte simple et imagé. Ses buts lors de cette sortie réfèrent à deux espèces mythiques pour lui: la Bécasse d'Amérique et la Perdrix grise. Il ne les a jamais vues, encore moins photographiées. Confiant que je peux l'aider dans cette quête, je lui offre cette excursion. Nous sommes bénis et par les oiseaux et par la température qui atteint les 20° C en après-midi.


Et voici immortalisée sa première rencontre avec la bécasse.



Simon est un guerrier. Il n'hésite aucunement à ramper au sol pour approcher cette bécasse bien installée et figée le long d'un fossé dans le chemin Demers à Bernières.



Et voici "la bête" que je photographie en m'approchant également très lentement. C'est la première fois que j'ai la chance d'en photographier une sous une lumière aussi parfaite.


Nos recherches s'orientent maintenant vers la Perdrix grise. Je repère les deux premières dans le rang Petit-village à Sainte-Croix et la photo est présentée ci-avant dans ce billet. Un autre couple est aperçu sur le chemin Saint-Jean-Baptiste à Lotbinière. Simon ne fera pas de photos satisfaisantes de cette espèce, mais il l'a au moins observée et il a appris sur son comportement et sur son habitat.

De mon côté, cette sortie me permet de photographier une espèce nouvelle sur ma liste mondiale et québécoise. Un magnifique adulte Autour des palombes / Accipiter gentilis atricapillus / Northern Goshawk vient provoquer tout un émoi parmi les pluviers, tourterelles et autres bestioles emplumées du coin. Il arrive en vol et il se perche dans un arbre à une bonne centaine de mètres nous. Pas la photo du siècle, mais c'est une première pour moi. J'avais déjà observé cette espèce sur cette même route, mais je ne prenais pas de photo à cette époque.


Autour des palombes / Accipiter gentilis atricapillus / Northern Goshawk.

Pour ajouter un côté plus exotique à ce billet, voici la photo d'une espèce encore rarement observée dans la région de Québec, mais qui pourrait bien connaître une augmentation de mentions dans les années qui viennent. Comme dans le cas du cardinal, de la tourterelle et du Troglodyte de Caroline, l'abondance des postes d'alimentation pourrait s'avérer un facteur important. C'est à Neuville, le 9 avril 2017, que nous nous rendons pour observer ce mâle de Pic à ventre roux / Melanerpes carolinus / Red-bellied Woodpecker.









Et autre signe du printemps, l'arrivée de la très belle Sturnelle des prés / Sturnella magna magna / Eastern Meadowlark sonne le glas de l'hiver. Son chant a été interprété par le grand Roger Tory Peterson comme "Spring is here again". Je suis bien d'accord avec lui, c'est bien ce qu'elle me glisse à l'oreille à moi aussi.


Sturnelle des prés / Sturnella magna magna / Eastern Meadowlark.



Je vous souhaite le plus beau des printemps.


@ bientôt.





La Paruline de Kirtland: une survivante...

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La Paruline de Kirtland / Setophaga kirtlandii / Kirtland's Warbler fait partie des oiseaux chanteurs les plus rares en Amérique. En fait, elle n'a jamais été abondante et son statut a toujours été très préoccupant. Sa population semble avoir commencé à baisser sérieusement dans les années 1960. Le nombre de mâles chanteurs est passé de 502 en 1961 à seulement 201 en 1971. Dans la décennie 1970-1980, le nombre annuel moyen tournait autour de 200 et il est descendu à 167 à deux reprises. Depuis 1990, le nombre a progressivement augmenté. Le décompte des mâles chanteurs a dépassé 1,000 pour la première fois en 2001, a augmenté à 1,700 en 2007 et a atteint les 2,000 en 2012. Bien que ces chiffres soient encore trop peu pour un oiseau chanteur, la tendance est encourageante *.


 
C'est le 10 mai 2017 que ce mâle de Paruline de Kirtland a fait se déplacer des centaines d'observateurs le long de la West Beach à Pointe Pelée, Ontario. Ma deuxième observation à vie avec 37 ans séparant les deux trouvailles. C'est dire toute la rareté de cette espèce.



A l'heure actuelle, la Paruline de Kirtland ne semble nicher régulièrement qu'au Michigan. Le recensement de l'espèce de 1986 a dénombré 210 mâles chanteurs, tous dans le centre du Michigan. Celui de 2006 a révélé 1,457 mâles chanteurs dans le centre du Michigan et 21 dans le nord de l'état, quatre au Wisconsin et trois près de Petawawa, en Ontario *. Elle niche uniquement dans les jeunes peuplements de Pin gris / Pinus banksiana / jack pine mesurant de deux à sept mètres de hauteur. Le nid est placé au sol, près d'un pin, et il est construit seulement par la femelle. Il est fait d'herbe, de carex, d'aiguilles de pin et de feuilles de chêne. Il est bordé de radicelles, de poils d'animaux, de mousse et de fibres. Afin d'assurer la sécurité du nid, le sol doit être couvert d'herbes longues, de fougères et de plants de bleuets. Cet habitat particulier se forme rapidement après un feu de forêt. Lorsque l'arbre dépasse les sept mètres, l'oiseau abandonne les lieux car le sous-bois, dépourvu de lumière, se dégage de la couverture végétale essentielle à la protection du nid **.


Les pins gris ont ceci de particulier qu'ils ne libèrent leurs graines de semence que lors de chaleur très intense, provoquée par les incendies de forêt. La membrane recouvrant les écales des cônes est si dure que seule une telle chaleur peut la faire ouvrir, libérant ainsi la semence qui assure la pérennité de l'espèce. Cette préférence de la paruline pour les jeunes peuplements s'avère primordial dans son choix de terrain de nidification. La forte augmentation de la population de la Kirtland au cours des vingt dernières années est attribuable au doublement de la superficie de pinède à Pin gris au Michigan. Ceci est dû à l'accroissement des efforts de reboisement et à la régénération naturelle dans une zone forestière de 10,000 ha dévastée par le feu en 1980, ainsi qu'à un programme de lutte contre les populations locales de Vacher à tête brune / Molothrus ater ater / Brown-headed Cowbird *.




Le Vacher à tête brune est une espèce parasite qui ne construit pas de nid. La femelle pond dans le nid d'autres espèces d'oiseaux et elle leur laisse la tâche d'élever son petit. Ici, un mâle affronte un autre mâle afin de lui montrer que c'est lui qui fécondera l'oeuf que la femelle pondra plus tard. Photo prise à Pointe Pelée, Ontario, le 12 mai 2017. 



Voici sa femelle occupée à repérer un nid qui accueillera son oeuf. Afin de leurrer le couple adoptif, elle va même jusqu'à imiter les marques sur les oeufs qui sont déjà pondus par l'autre espèce. Dès qu'il sort de l'oeuf, le jeune vacher quémande de façon impérative une énorme quantité de nourriture. Ces soins particuliers causeront de forts préjudices aux autres oisillons qui auront peu de chance de survivre. N'eût été de l'éradication des vachers par les naturalistes sur le site principal de nidification de la Paruline de Kirtland, sa survie aurait été encore plus incertaine. Photo prise à Pointe Pelée, Ontario, le 12 mai 2017.


Vu sa faible population, cette paruline est rarement observée en période migratoire. Son aire d'hivernage est aussi restreint que son aire de reproduction. Elle passe l'hiver dans les Bahamas. C'est d'ailleurs là que je l'observe pour la première fois. Je suis à West End, sur l'île Grand Bahamas, le 25 avril 1980. Une paruline très costaude se tient près du sol, dans les fourrés. Après quelques longues secondes, elle se présente à découvert. Toujours occupée à se nourrir, elle fait peu de cas de ma présence. Il s'agit d'un mâle qui se déplace lentement, tout en hochant la queue. Pas de doute, il s'agit bien de la Kirtland. Je m'étais rendu quelques jours auparavant au Rand Memorial Nature Center à Freeport où cette espèce est réputée s'observer alors qu'elle vient se nourrir de vers de farine (Ténébrion meunier) à une mangeoire. C'est une attraction de l'endroit. Mais lors de ma visite, le Dr Rand lui-même me dit qu'elle avait déjà quitté pour entreprendre sa migration vers le Michigan. Depuis 1992, ce parc appartient au Bahamas National Trust et je ne saurais confirmer si les oiseaux continuent d'être nourris comme ils l'étaient en 1980.
   

Les mâles arrivent sur les sites de reproduction à la mi-mai, quelques jours avant les femelles, afin de s'établir sur un vaste territoire. Ils ont tendance à être vaguement colonial (les paires sont rares) et les mâles reviennent souvent à la même colonie où ils ont déjà niché. Les mâles peuvent avoir plus d'une femelle. Ils quittent vers leur site d'hivernage aux Bahamas en août-septembre.



Sur la photo qui suit, la paruline quitte un perchoir pour en atteindre un autre. Elle réussit ce saut avant avec succès. J'espère que l'espèce réussira encore longtemps ce saut vers le futur. La perte d'une telle beauté serait un drame en soi.



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@ bientôt.




* Aird, Paul. (2010).<Paruline de Kirtland>, p.632-633 dans Cadman, M.D., D.A. Sutherland, G.G. Beck, D. Lepage et A.R. Couturier (dir), Atlas des oiseaux nicheurs de l'Ontario, 2001-2005. Environnement Canada, Études d'Oiseaux Canada, le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario, Ontario Field Ornithologists, et Ontario Nature, Toronto, xxii + 706 p.

**  Curson, J.M. (2010). Family Parulidae (New World Warblers). Pp. 666-800 in: del Hoyo, J., Elliott, A. & Christie, D.A. eds. (2010). Handbook of the Birds of the World. Vol. 15. Weavers to New World Warblers. Lynx Edicions, Barcelona.




Le retour remarqué du Dindon Sauvage à Pointe Pelée

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C'est à partir du 9 décembre 2013 que je commence à pouvoir photographier le Dindon Sauvage / Meleagris gallopavo gallopavo / Wild Turkey lors de mes sorties dans la région de Québec. Au Québec, les premières observations datent de 1976 et la nidification du dindon fut pour la première fois confirmée en 1984. Imaginez que ce poids lourd de la faune aviaire nord-américaine n'a osé traverser les frontières américaines que depuis 40 années. C'est très peu. Pour avoir la chance d'observer en nature cet oiseau très farouche, il fallait nous diriger au sud de Montréal, le long de la frontière étasunienne. Et c'est ce que je fis le 13 avril 1991 en allant observer sept dindons sur le rang Fisher, à Saint-Bernard-de-Lacolle. Le printemps est le moment idéal de l'année pour ce faire puisque le mâle émet de puissants "glouglous" qui s'entendent à plus d'un kilomètre et demi. Il est alors possible d'observer un mâle qui se pavane devant quelques femelles médusées par autant d'artifices.


Ce Dindon sauvage mâle est en possession de tous ses moyens pour impressionner une femelle ou faire fuir un intrus. Photo réalisée le 12 mai 2017 dans le parc national de Pointe-Pelée.

Mais comment faire pour s'approcher assez d'un site de pariade sans faire fuir les oiseaux ? Malgré leurs dimensions impressionnantes, ils sont plutôt peureux, voire même furtifs. Je n'aurais jamais cru qu'un jour je réussirais à les approcher et encore moins que ça se réaliserait à Pointe Pelée, en Ontario. Avant mon voyage de cette année, j'avais fait cinq voyages printaniers dans ce parc national, dans les années 1970-1980. Et le Dindon Sauvage ne s'observait pas dans ces années là. En fait, il avait quitté le parc national depuis une bonne soixantaine d'années. Par contre, je me souviens très bien qu'un autre gros oiseau, le Faisan de Colchide / Phasianus colchicus / Ring-necked Pheasant occupait les lieux et il était au moins entendu à chacune de mes visites. Je ne l'ai pas entendu en mai 2017.


C'est donc avec une grande surprise que je constate la présence très ostentatoire du dindon en 2017. Dès ma première présence sur le site, à bord du train de 06h00 qui se dirige vers la pointe, j'en repère un perché très haut dans les grands arbres sans feuille. Il faut savoir que les dindons se perchent souvent dans les arbres pour passer la nuit à l'abri des prédateurs terrestres que sont les renards, les coyotes et autres. Par la suite, ce sont leurs glouglous retentissants qui nous permettent de savoir qu'ils sont bien là, éparpillés le long de la route asphaltée qui fait environ huit kilomètres de longueur, partant de l'entrée du parc et allant jusqu'à l'extrémité de la pointe. J'apprends sur un panneau dans le centre d'interprétation du parc que le dindon est de retour après une absence d'une centaine d'années.


Trois Dindons sauvages déambulent le long de l'unique route asphaltée menant de l'entrée du parc jusqu'à la station située à la pointe. Difficile de les manquer en ces lieux. Par contre, en forêt, lorsqu'ils sont silencieux, c'est une autre paire de manches. Photo réalisée le 11 mai 2017 au parc national de Pointe Pelée, Ontario.


Connaissant peu les moeurs de cette espèce, je croyais que le mâle ne faisait plus de pariade au début de mai. Mais une rencontre inespérée, faite le matin du 12 mai 2017, le dernier jour de mon séjour à Pointe-Pelée, se concrétise de façon inattendue.


Anne et moi parcourons le sentier non aménagé Parcelle de l'oponce (cactus) à la recherche de quelques espèces qui nous ont échappé jusque là. À la fin de la boucle, voilà que j'entends des glouglous et je vois alors apparaître une femelle se déplaçant lentement à quelques mètres de distance. 




 
 Elle passe tout près, me permettant cette photo de sa tête.






Elle continue lentement sa route en suivant le même et unique sentier que le nôtre. Nous la perdons de vue à un détour. Et voilà qu'un glouglou pénétrant me fait tourner la tête pour apercevoir, cette fois ci, un mâle qui fait la roue. Wow !  Il provient du même endroit que la femelle et il semble très probable qu'il empruntera exactement le même chemin que sa dulcinée. Et c'est ce qu'il fait.


 


J'hésite un peu à rester sur son chemin, car je ne sais pas quel sera le comportement d'un mâle protégeant sa femelle. Je m'écarte un peu du chemin et je reste sans bouger, ma caméra dirigée vers lui. Après une brève hésitation, il se dirige vers moi. Il passe encore plus près que ne l'a fait la femelle. Ce qui me frappe le plus, c'est cet appendice qui part du front et qui se prolonge au-dessus du bec pour le recouvrir tout à fait selon l'excitation de l'oiseau. Et cette transformation se produit très rapidement et peut nous permettre de juger du degré de dangerosité de l'oiseau envers nous.
















Je suis vraiment comblé par toute cette démonstration. Il est bien clair maintenant que la "roue" ne sert pas seulement qu'à attirer les femelles, mais aussi à écarter de l'élue les autres mâles ou les possibles prédateurs, dont je pourrais faire partie (du point de vue de l'oiseau, bien évidemment).


Le mâle continue donc son chemin et nous le suivons très lentement. C'est alors que nous observons la femelle alors qu'elle prend un bain de sable, toujours sous la surveillance bienveillante du mâle.






Toute une démonstration comportementale vécue en cette belle journée, dans ce site exceptionnel qu'est le parc national de Pointe-Pelée.


@ bientôt.





La Paruline orangée, princesse des forêts marécageuses

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L'une des espèces-cibles recherchées par les ornithologues qui se dirigent vers Pointe-Pelée, en Ontario, est sans aucun doute la très belle Paruline orangée / Protonotaria citrea / Prothonotary Warbler. Elle tient son nom anglais des greffiers de l’Église catholique, appelés « protonotaires », qui portent parfois un capuchon doré et une cape bleue. Son ancien nom anglais de Golden Swamp Warbler était peut-être un peu plus approprié.



Ce magnifique mâle pose quelques secondes dans sa recherche incessante d'insectes et d'araignées le long des troncs d'arbres dans une partie inondée du parc national de Pointe Pelée. Photo prise le 12 mai 2017. 



La Paruline orangée est un oiseau chanteur d’une beauté saisissante dont la tête et la poitrine sont d’un jaune doré vif. Son dos est vert olive et ses ailes, sa croupe et sa queue, gris-bleu foncé; la queue présente de larges taches blanches lorsqu’elle est ouverte. Les femelles et les juvéniles sont semblables aux mâles, mais leurs couleurs sont moins vives.


Cette paruline est considérée comme l’un des oiseaux les plus éblouissants de l’Amérique du Nord en raison de ses couleurs vives et de son habitude de s’alimenter sur les bords des étangs où elle voit constamment sa réflexion, ce qui double sa superbe apparence.



Cette femelle a capturé une araignée et elle la tient fermement dans un bec inhabituellement gros si on le compare à celui des autres parulines. Photo prise le 12 mai 2017 dans le parc national de Pointe Pelée, Ontario.


Elle niche principalement dans le sud-est des États-Unis, où on la trouve couramment dans les forêts feuillues marécageuses parvenues à maturité et les plaines inondables boisées. Au nord des États américains du golfe du Mexique et des Carolines, les nicheurs se font de plus en plus rares et épars. La limite nord de l'aire de nidification de cette paruline atteint tout juste le sud de l'Ontario. L'un des passereaux les plus rares au Canada, la Paruline orangée a été désignée espèce en voie de disparition tant au Canada qu'en Ontario.






L'espèce a probablement toujours été très rare dans le sud-ouest de l'Ontario, où on ne la trouve que dans des îlots d'habitat propice près de la rive nord du lac Érié (le plus régulièrement dans la zone de conservation Holiday Beach, le parc provincial Rondeau et le secteur de la pointe Long) et à l'extrémité ouest du lac Ontario (marais Dundas). Malgré l'existence de milieux convenables à l'intérieur des terres, surtout dans la région de Lac Simcoe-Rideau, la Paruline orangée s'éloigne très rarement de plus de 30 km environ des rives des Grand Lacs.


En Ontario, on la trouve sous le climat plus chaud des forêts carolinienne caduques. Elle fait son nid dans des petites cavités peu profondes d’arbres morts ou mourants debout dans des forêts inondées ou des marais, ou près de ceux-ci.


Ils utilisent aussi des nichoirs artificiels posés de façon appropriée. L’érable argenté, le frêne et le bouleau jaune sont des arbres communs de ces habitats. La Paruline orangée est la seule paruline de l’est de l’Amérique du Nord à construire son nid dans une cavité d’arbre, dans laquelle elle pond généralement de quatre à six œufs sur un coussin de mousse, de feuilles et de fibres de plantes.




Cette photo démontre bien le bec épais qui constitue l'outil idoine pour creuser un nid dans du bois pourri. Elle partage ce comportement inhabituel chez les parulines nord-américaines avec la Paruline de Lucy / Leiothlypis luciae / Lucy's Warbler.



Les travaux effectués dans le cadre de l'Atlas des oiseaux nicheurs de l'Ontario (2001-2005) portent à croire que la population actuelle ne compte pas plus de 10 à 25 couples (McCracken et al., 2006), estimation beaucoup plus faible que celle d'au plus 80 couples avancée dans le premier atlas réalisé entre 1981 et 1985 (McCracken dans Cadman et al., 1987).


Le déclin de l'espèce a été particulièrement marqué dans le parc provincial Rondeau. La présence de la Paruline orangée en Ontario dépend fortement de l'immigration d'individus en provenance de populations des États-Unis qui doivent bien se maintenir (Tischendorf, 2003). Par conséquent, à moins d'un renversement du grave déclin observé au coeur de l'aire de l'espèce aux États-Unis, la Paruline orangée pourrait bien disparaître en Ontario.






Et pour compliquer les choses, la Paruline orangée passe l’hiver sous le climat tropical chaud de l’Amérique centrale et du Sud; les mangroves côtières qu’elle privilégie sont l’un des habitats les plus menacés au monde. C'est le 5 mai 1974, dans le parc provincial de Rondeau, que j'observe ma première orangée. Je retourne sur le même site 43 ans plus tard et elle y niche encore. Entre temps, j'ai la chance de l'observer à maintes reprises sur ses sites d'hivernage que ce soit au Costa Rica, au Panama ou en Colombie. Elle est toujours aussi belle et aussi vivace sous d'autres cieux. En mai 2017, nous pouvons observer au moins 4 individus différents au parc national de Pointe Pelée et seulement 2 au parc provincial de Rondeau.


La population de la Paruline orangée suit malheureusement la tendance générale des populations animales à travers le monde. Elle décline peu à peu à cause principalement de la destruction des habitats propices au nourrissage sur les sites d'hivernage. Si vous désirez observer cette espèce au Canada, dirigez vous vers Pointe Pelée au printemps 2018. N'attendez pas trop.


@ bientôt.




Les oiseaux se cachent pour mourir... ou pour dormir ?

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Certains d'entre vous se rappelleront sans doute de la mini-série américaine Les oiseaux se cachent pour mourir (The Thorn Birds),  présentée en cinq épisodes de 120 minutes et réalisée par Daryl Duke d'après le roman best-seller de Colleen McCullough. Elle a d'abord été diffusée du 27 mars au 30 mars 1983 sur le réseau ABC, mais c'est la version française que j'ai visionnée.





Le titre m'a d'abord intrigué et, comme je n'avais aucune idée de ce qui serait présenté au petit écran, j'ai décidé de m'y intéresser. J'ai adoré cette série même s'il n'était aucunement question d'oiseaux. L'histoire se déroulant en Australie et en Nouvelle-Zélande, c'était déjà un élément qui m'intéressait énormément. 





Dans ce billet, je fais aujourd'hui un clin d'oeil au titre de ce film qui avait alors capté toute mon attention. À bien y penser, comment se fait-il, considérant l'abondance des oiseaux dans la nature, que nous ne trouvions pas plus souvent des carcasses d'oiseaux morts ? Après tout, se cachent-ils vraiment pour mourir ? Bien sûr que non !!! Je serais porté à croire que la fragilité de leur squelette et leur faible masse corporelle font que leurs corps se dégradent très vite lorsqu'ils meurent. Ce qui expliquerait d'ailleurs l'abondance comparative des squelettes d'animaux préhistoriques versus les artefacts des oiseaux qui ont pourtant été contemporains à ces gros animaux.



Voici l'artefact le plus vieux de ce qui a longtemps été considéré comme l'ancêtre des oiseaux, l'Archéoptéryx / Archaeopteryx. Découvert en 1861, seulement deux années après que Charles Darwin ait publié son " Origine des Espèces", plusieurs éléments portent à croire qu'il s'agirait plutôt d'un petit dinosaure affublé de plumes. Il a vécu à l'aire du Jurassique, il y a de cela environ 150 millions d'années. Les restes aussi bien conservés sont rarissimes. Photo Jason Edwards/Getty Images.



D'un autre côté, je me suis déjà fait poser la question à savoir où dorment les oiseaux. Une question intrigante qui ne se répond pas aussi facilement. Une réponse exhaustive qui exige l'accumulation de faits émanant de recensements et d'études étalés sur de longues années. J'ai trouvé ces informations dans un des livres de ma bibliothèque, "Encyclopedia of North American Birds"édité par la société Audubon. 


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ROOST (dortoir d'oiseaux): terme pour indiquer l'endroit où des volées de quiscales, d'étourneaux, de carouges, de merles, et autres espèces, dorment ensemble dans les arbres, les buissons, les joncs ou les autres herbes hautes des marécages. Voir aussi ROOSTING.

ROOSTING: défini par Cullen (1964) comme le sommeil et le repos d'un oiseau, même si à demi-éveillé, mais ne s'applique pas aux courts moments de repos d'une durée de quelques minutes seulement entre les périodes actives. La plupart des biologistes s'accordent pour dire que la vraie période de repos a lieu dans les dortoirs d'oiseaux, peu importe où ces derniers sont situés.


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OÙ LES OISEAUX SE REPOSENT-ILS ?


En général, les oiseaux dorment dans le même habitat où ils nichent:


---  les 3 espèces de moqueurs et les cardinaux vont le faire dans les arbres, les arbutes, les vignes ou dans les buissons denses.

--- les hiboux, les tourterelles, les geais, les corneilles et plusieurs petits oiseaux comme les bruants, les parulines et les gros-becs, dans les feuillus, souvent dans les conifères.


--- les aigles, les grands faucons, les corbeaux, les hiboux et les plus grosses buses se reposent dans les arbres ou sur les falaises.


--- ceux qui nichent dans les cavités, comme les pics, les crécerelles, les petit-ducs, les nyctales et les merlebleux vont emprunter d'autres cavités dans les arbres ou les poteaux, ainsi que les nichoirs artificiels construits pour eux.




Ce Petit-duc maculé / Megascops asio naevius / Eastern Screech-Owl de forme rousse dort dans un feuillu dépourvu de feuilles dans le parc national de Pointe Pelée, en Ontario. Photo prise le 10 mai 2017).




Celui-ci, photographié le 08 mai 2017 au Ottawa National Wildlife Refuge en Ohio, se sert d'un nichoir mis à la disposition de Canard branchu  / Aix sponsa / Wood Duck pour y passer la journée où y nicher.



--- de même agiront les mésanges qui utiliseront les abris artificiels ou les trous qu'elles auront elles-mêmes excavés




Cette Mésange à tête noire / Poecile atricapillus atricapillus / Black-capped Chickadee creuse un trou dans un tronc d'arbre pourri. Il pourra lui servir de nichoir ou de dortoir. Photo prise au cap Tourmente, près de Québec, le 19 mai 2014.


Quelques unes de ces espèces utiliseront le même dortoir, nuit après nuit, aussi longtemps qu'elles ne seront pas dérangées par l'homme ou par un prédateur. Le Grimpereau brun / Certhia americana / Brown Creeper dort dans des crevasses d'écorce ou, occasionnellement, il va s'agripper verticalement, la tête vers le haut, au revêtement extérieur des bâtisses, près des pignons.






Les martinets vont dormir dans des cheminées et des volées d'hirondelles en migration, dans les herbes des marécages. Les grosses hirondelles, les carouges, les quiscales et les merles, vont le faire dans des arbres.


Durant l'été, un des parents peut dormir sur le nid alors qu'il incube les oeufs ou élève les jeunes.



Cet adulte de Tyran tritri / Tyrannus tyrannus / Eastern Kingbird passe la nuit bien assis sur son nid. Photo prise le 6 juin 2015 à Baie-du-Febvre, Québec


Les Pic mineur / Picoides pubescens / Downy Woodpecker, Pic chevelu / Picoides villosus / Hairy Woodpecker et Pic à joues blanches / Picoides borealis / Red-cockaded Woodpecker creusent des cavités spécifiquement pour servir de dortoir et des troglodytes construisent des nids aussi pour cette seule fonction. Ils adoptent aussi des vieux nids de Merle d'Amérique / Turdus migratorius / American Robin et autres oiseaux, et aussi des cavités dans des arbres, des souches, des bâtiments, dans des cabanes d'oiseaux, et même dans des nids abandonnés de frelons.


Les oiseaux de rivages, les pélicans, les canards, les oies, les cygnes, les goélands, les becs-en-ciseaux et les sternes dorment souvent sur le sable des îles, où ils se sentent à l'abri des ratons-laveurs, des chats, des chiens, des renards, des hermines et des mouffettes. Durant le jour, ils dorment sur des plages dégagées où ils peuvent attendre la marée qui leur apportera de la nourriture renouvelée. Cependant, certains trouvent leur nourriture largement au toucher de leur bec dans la vase et ils peuvent ainsi se nourrir de nuit.



Un petit groupe de Bécasseaux violets / Calidris maritima / Purple Sandpiper se repose à quelques mètres de l'eau et à travers les roches afin de passer inaperçus. Photo prise le 22 mai 2011 à l'Île-aux-Basques, Bas-Saint-Laurent, Québec.


En hiver, la Gélinotte huppée / Bonasa umbellus / Ruffed Grouse plonge dans la neige molle pour s'abriter du froid et du vent et elle s'établit ainsi un dortoir très chaud et protecteur. Le Martinet noir / Apus apus / Common Swift dort en plein vol alors qu'il se laisse porter par l'air.



Le Martinet noir / Apus apus apus / Common Swift intrigue par son habilité à dormir en plein vol. Photo prise le 6 novembre 2015 dans la forêt Nsutu, au Ghana, Afrique de l'ouest.



Plusieurs espèces océaniques, comme les pétrels et les albatros, peuvent dormir sur l'eau, mais la Frégate superbe / Fregata magnificens / Magnificent Frigatebird ne le peut pas à cause de son plumage qui n'est pas imperméable. Elles se rassemblent donc en grands nombres dans le haut des palétuviers et d'autres espèces d'arbres qui poussent aux abords des îles ou le long des côtes.


 
La Frégate superbe est un voilier ainsi qu'un pirate hors-pairs. À l'instar des labbes, elle harcèle en vol les goélands, les mouettes et les sternes afin de leur   voler leurs prises. Photo prise le 19 février 2014 à Puerto Angel, au Mexique.


Les goélands, les sternes, les canards et les pélicans peuvent dormir en flottant sur l'eau, mais à leurs risques et périls.





LES OISEAUX QUI DORMENT AU SOL.



Le Colin de Virginie / Colinus virginianus / Northern Bobwhite, la Perdrix choukar / Alectoris shukar / Chukar et la Perdrix grise / Perdix perdix / Gray Partdrige sommeillent en formant un cercle serré sur le sol, leurs corps pressés les uns contre les autres et les têtes dirigées vers l'extérieur.



Un petit groupe de Perdrix grises se repose au sol. Photo prise le 2 avril 2017 à St-Apollinaire, comté de Lotbinière, Québec.


L'Alouette hausse-col / Eremopila alpestris / Horned Lark, dans le désert de Mojave et à Warner Springs, dans le comté de San Diego en Californie, creusent à l'aide de leur bec de petites dénivellations au sol où ils pourront s'installer pour la nuit (Trost,1972); le Busard Saint-Martin / Circus cyaneus / Northern Harrier dort au sol fréquemment au même endroit, nuit après nuit, et  forme souvent des groupes allant de 2 à 30 individus, habituellement dans des champs d'herbes du genre Andropogon. Chaque oiseau occupe un endroit précis où l'herbe est bien battue et le lieu bien délimité par des fientes et des boulettes de régurgitation.



Le Hibou des marais / Asio flammeus / Short-eared Owl, en plus de dormir dans les conifères, va parfois le faire au sol. Weller et alies (1955) a reporté plus d'une douzaine de ces chouettes qui dormaient dans le même habitat que les Busards Saint-Martin dans des champs au Montana en 1952. Les chouettes se tenaient près des busards dans des herbes hautes de plus de 20 cm et le plus souvent dans des touffes denses de ces herbes.





LES POSITIONS LORS DU SOMMEIL.


Ceci peut varier beaucoup, mais habituellement, les oiseaux vont dormir avec la tête et le cou rejetés sur le dos et le bec enfoui dans les plumes scapulaires, mais non avec la tête sous l'aile. Dans cette position, les muscles du cou peuvent relaxer et les yeux de l'oiseau sont protégés du froid (Kendeigh, 1934). Quelques espèces -- les pigeons, les tourterelles, certains pluviers, les tantales et les grèbes, par exemple --- vont dormir avec la tête calée entre les épaules et le bec pointant vers l'avant.


Lorsqu'ils dorment sur le sol, la plupart des oiseaux reposent sur le ventre, comme les canards. Cependant, les passereaux se tiennent où s'assoient sur la branche en "barrant" les doigts qui retiennent très fermement la branche, grâce à un jeu des tendons des muscles des cuisses. Les engoulevents dorment sur une branche en se tenant dans le sens de la branche et non perpendiculairement à cette branche.




Comme les autres espèces d'engoulevent, cet Engoulevent de la jungle / Caprimulgus indicus indicus / Jungle Nightjar peut passer la journée perché et couché sur une branche d'un grand arbre. Il le fait parallèlement à la branche et son plumage épouse tellement bien les motifs de l'écorce qu'il est facile de ne pas le repérer. Photo réalisée le 10 Novembre 2014 près du Jungle Hut Lodge, situé au pied de Nilgiri Hills, près de Mysore, sud de l'Inde.



 
Le Podarge gris / Podargus strigoides phalaenoides / Tawny Frogmouth, un autre oiseau nocturne, passe également la journée perché sur une branche d'un arbre, mais il le fait perpendiculairement à celle-ci. Photo réalisée le 24 octobre 2011 à Granite Gorge, région de Cairns, Australie.


Les pics s'accrochent à une surface verticale, habituellement à l'intérieur de la cavité. Les canards et les oiseaux de mer dorment habituellement sur l'eau avec la tête et le bec enfouis dans les scapulaires.





LE SOMMEIL DES OISEAUX EST-IL PROFOND ?


En Europe, des expériences ont été conduites sur des oiseaux en cage. Et la conclusion a été que les oiseaux qui sont très actifs le jour ont tendance à dormir plus longtemps et plus profondément, alors que les oiseaux qui sont actifs de façon irrégulière vont avoir le même comportement au repos. Cette irrégularité se rencontre entre autre durant la période migratoire. Le temps critique où le sommeil serait le plus profond a lieu entre 1/2 et 3 heures à partir de l'instant où l'oiseau s'endort vraiment.



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C'est toujours une expérience inoubliable quand nous avons l'occasion d'observer de visu des oiseaux alors qu'ils sont au repos, en pleine nuit. J'ai eu cette chance à quelques reprises lors de mes voyages, alors que nous faisions des sorties de nuit avec des guides locaux.


Au Venezuela, dans le nord-est du pays, nous revenions d'une randonnée en pleine campagne quand le guide arrête le véhicule et nous invite à regarder juste au-dessus du halo de lumière formé par sa lampe de poche. Il éclaire la base d'un gros arbre dans lequel des centaines de petits perroquets verts, genre inséparables, se tiennent en rang d'oignons, tous collées les uns contre les autres. Il s'agissait en fait du Toui été / Forpus passerinus / Green-rumped Parrotlet.





Peu importe l'espèce, tous les touis partagent ce comportement spécial de se coller les uns contre les autres lorsqu'ils se perchent pour se reposer. Ici, voici le Toui de Spix / Forpus xanthopterygius vividus / Blue-winged Parrotlet. Photo prise le 28 juillet 2011 sur la côte est du Brésil.



Un spectacle incroyable et fascinant. Et je ne parle pas des colonies d'Ibis rouges / Eudocimus ruber / Scarlet Ibis que nous avions observées la veille sur la côte alors que des centaines d'individus regagnaient leur dortoir dans les palétuviers.


Au Costa Rica, notre guide au Rancho Naturalista, Jay Vandergaast, nous amène lors d'une sortie nocturne observer le dortoir du Troglodyte rossignol / Microcerculus luscinia / Northern Whistling-Wren. Ce dernier avait adopté le trou abandonné d'un Motmot roux / Baryphthengus martii / Rufous Motmot. Quelques années précédentes, à la fin juin, j'avais eu l'occasion d'observer le motmot qui s'engouffrait dans ce trou creusé dans la falaise pour aller rejoindre sa nichée. Et voilà que le trou inoccupé servait maintenant de dortoir improvisé au troglodyte. L'observation était facilitée par le fait que ce trou était situé à un peu plus d'un mètre du sol. Avec une lampe de poche, il était très facile d'observer l'oiseau qui se trouvait à environ 20 cm à l'intérieur du corridor. Il se tenait sur ses pattes, l'arrière-train vers nous. Il semblait figé sur place. Probablement qu'à l'instar de plusieurs espèces tropicales (dont les colibris), il se plaçait dans une espèce de torpeur en abaissant son rythme cardiaque. Toujours est-il qu'il ne bougeait absolument pas et nous avons d'ailleurs fait très attention pour ne pas le déranger.


En une autre occasion sur la côte Pacifique du Costa Rica, j'ai eu la chance d'observer la façon dont le Toucan à carène / Ramphastos sulfuratus / Keel-billed Toucan s'y prenait pour dormir. Il tenait son immense bec rejeté sur le dos avec la queue retroussée vers le haut. Ceci dégageait les sous-caudales rouges. J'ai tout-de-suite fait le lien avec le rôle avertisseur de danger que le rouge peut représenter pour ses prédateurs potentiels. On n'a qu'à penser aux bandes rouges du Serpent corail ou aux cuisses rouges des petites grenouilles du genre Anabates. Ce qui est rouge est synonyme de danger et même de mort.



Toujours au Costa Rica, Lisa Erb m'a raconté une très belle trouvaille faite par des américains. Lors d'une sortie nocturne dans les sentiers du Rancho Naturalista, un ornithologue plus futé ou plus expérimenté que la moyenne passait son temps à fouiller en dessous des replis formés par les herbes qui coiffent le haut des petites falaises. Sa recherche a été récompensée par la trouvaille d'un Sclérure à gorge rousse / Sclerurus mexicanus / Tawny-throated Leaftosser. C'était la première fois que cette espèce était observée au Rancho. Sa façon de dormir était très spéciale. Cet oiseau se tenait accroché par les pattes, la tête en bas, comme une chauve-souris. Et il semblait en était d'hibernation. Il n'a montré aucune réaction à la lumière des projecteurs qui l'éclairaient ou à la présence des humains. Lisa est retournée par la suite au même endroit et l'oiseau ne s'y tenait plus.

C'est dire tous les mystères qui se cachent dans la nature. On pense à découvrir d'autres planètes et on ne connait qu'une infime partie des êtres qui composent la nôtre. Mais c'est à force d'être sur le terrain, à fouiller continuellement, que nous allons finir par en savoir davantage.


@ bientôt.


Des oiseaux autour du Lac Érié.

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Dame Nature n'est vraiment pas dans son assiette durant une bonne partie du mois de mai 2017. Au Québec, le début du mois est synonyme de pluies et d'inondations pour quelques régions de la belle province. Je ne sais par quel heureux hasard, Anne et moi avions planifié dès l'automne 2016 une petite virée autour du Lac Érié du 3 au 15 mai. C'est donc sur le web que nous avons suivi les déboires de nos compatriotes. C'est certain que nous compatissions avec eux, mais nous avons profité de la chance que nous avions d'échapper à cette fâcheuse réalité. Il faut ajouter que ce n'était pas l'El dorado de notre côté non plus. Les températures étaient plutôt fraîches et la migration printanière en a été grandement affectée. Notre cédule impliquait que nous passions d'abord en longeant le sud du Lac Érié afin d'observer les oiseaux migrateurs qui s'arrêtent d'abord dans les parcs du côté étasunien avant d'entreprendre la  traversée du grand lac Érié. Ce faisant, ils atteignent la première langue de terre qui se présente à eux, soit la Pointe Pelée qui s'avance dans le lac. Si la vague migratoire rencontre des conditions de température adverses, les oiseaux vont toucher terre dans le parc de Pointe Pelée. Si la température est idéale, ils vont tout simplement continuer leur route. La présence en abondance des oiseaux à Pointe Pelée n'est donc pas assurée à toutes les années, mais la visite en vaut toujours la peine.


En six séjours à cet endroit au cours des trente dernières année, je n'ai vécu qu'une seule fois un "fall out", i.e. cet atterrissage en vague massive de milliers d'oiseaux qui arrivent exténués d'avoir dû combattre des conditions de température exécrables: vents, pluies, froid. Au printemps 2017, il n'y a pas eu de "fall out". Ceci m'a été confirmé par des Québécois qui ont été présents quelques jours après notre départ.


Voici, en quelques photos, la chronologie de notre escapade aux États-Unis et en Ontario. Première nuitée à Henrietta (NY), suivie de quatre nuitées à Port Clinton (OH), de cinq nuitées à Leamington (ON) et de deux nuitées à Port Dover (ON).



Le 4 mai, cette Mésange bicolore / Baeolophus bicolor / Tufted Titmouse nous attendait dans un parc à Henrietta (NY). Après avoir consulté le site Ebird, Anne a repéré le Mendon Ponds Park, situé à quelques kilomètres seulement de notre hôtel. Nous y observons 48 espèces entre 8h00 et 10h00. C'est la façon moderne de voyager tout en s'assurant de ne pas passer à côté de beaux endroits riches en nature.


Femelle de Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal à Henrietta (NY).
 

Bruant familier / Spizella passerina passerina / Chipping Sparrow à Henrietta (NY).
 

Un mâle de Carouge à épaulettes / Agelaius phoeniceus phoeniceus / Red-winged Blackbird en train de parader devant une femelle au Magee Marsh (OH), le 06 mai 2017.

 
Mâle de Gobemoucheron gris-bleu / Polioptila caerulea caerulea / Blue-gray Gnatcatcher. Une espèce abondante tout autour du Lac Érié. Photographié le 06 mai 2017 au Magee Marsh (OH).
 
 
Extrêmement rare et localisé au Québec, le Cygne trompette / Cygnus buccinator / Trumpeter Swan niche dans les parcs autour du Lac Érié. Voici une paire qui s'accouple près de leur nid. Nous sommes au Ottawa National Wildlife Refuge, juste à côté de Magee Marsh (OH).
  

Le mâle parade devant la femelle après l'acte. La pérennité de l'espèce est assurée pour au moins encore une génération.
 

Cette Grande Aigrette / Ardea alba egretta / American Great Egret revient sur le quai après avoir attrapé un petit poisson. Photo réalisée le 6 mai 2017 au Metzger Marsh Wildlife Refuge (OH).
 
 
Un autre exemple de l'utilité de consulter Ebird est cette observation de cette Barge marbrée / Limosa fedoa fedoa / Marbled Godwit le long de la route entre notre hôtel et Magee Marsh (OH). Cette espèce est régulière dans cette région, année après année, lors de la migration printanière, mais elle ne demeure que quelques jours.
 

Le Pygargue à tête blanche / Haliaeetus leucocephalus washingtoniensis / Bald Eagle est l'emblème des États-Unis. Il y est donc abondant. Cet immature âgé d'environ trois ans fait ses ablutions matinales tout près de notre hôtel. J'ai la chance de prendre cette unique photo avant qu'il ne déguerpisse. Réalisé le 8 mai 2017 à Port Clinton (OH).


Le Ottawa National Wildlife Refuge est un parc que nous avons très apprécié, il vaut la peine d'y passer plusieurs heures. Une belle surprise nous y attendait, soit ce Petit-duc maculé / Megascops asio naevius / Eastern Screech-Owl de forme rousse qui a adopté ce nichoir artificiel de Canard branchu pour y nicher ou pour y dormir durant le jour.

  
Une autre consultation sur Ebird nous permet de connaître la présence de la Sterne de Forster / Sterna forsteri / Forster's Tern dans le parc de Pointe Mouillee (MI). C'est sur notre route vers Pointe Pelée, en Ontario. Photographié le 09 mai 2017. Un autre site qui vaut un arrêt. Nous y observons, entre autres, les six espèces d'hirondelles communes dans l'est de l'Amérique du Nord.

 
Au moins deux couples de Cygne tuberculé / Cygnus olor / Mute Swan nichent à Pointe Mouillee (MI). Voici un adulte qui passe devant nous.
 

Et une belle surprise avant notre départ, un Pélican d'Amérique / Pelecanus erythrorhynchos / American White Pelican tournoie dans une thermale haut au-dessus de nous. Notre seule observation de l'espèce autour du lac.



Dans la tête des ornithologues, Pointe Pelée égale parulines, beaucoup d'espèces différentes de parulines. Ça n'a pas manqué en 2017, même si les nombres n'étaient pas effarants. Voici quelques images.



Paruline jaune (mâle) / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler
 

Paruline à poitrine baie (mâle) / Setophaga castanea / Bay-breasted Warbler

  
Paruline orangée / Protonotaria citrea / Prothonotary Warbler
 
 
Paruline couronnée / Seiurus aurocapilla aurocapilla / Ovenbird
 
 
La très rare et recherchée Paruline de Kirtland / Setophaga kirtlandii / Kirtland's Warbler


 Et il n'y a pas que des parulines



Piranga écarlate / Piranga olivacea / Scarlet Tanager

  
Piranga écarlate / Piranga olivacea / Scarlet Tanager

  
Oriole de Baltimore / Icterus galbula / Baltimore Oriole

 
Pic à tête rouge / Melanerpes erythrocephalus / Red-headed Woodpecker


Grive des bois / Hylocichla mustelina / Wood Thrush


Grive fauve / Catharus fuscescens fuscescens / Veery


Un autre cadeau de Ebird. La présence d'une Tourterelle à ailes blanches / Zenaida asiatica mearnsi / White-winged Dove à Rondeau y est signalée. Il n'en fallait pas plus pour que nous nous y rendions. Photo réalisée le 13 mai 2017 au parc provincial de Rondeau, Ontario.


Dindon sauvage (mâle) / Meleagris gallopavo silvestris / Wild Turkey


Hirondelle noire (femelle) / Progne subis subis / Purple Martin


J'aurais pu ajouter encore une bonne quantité de photos, mais la modération a bien meilleur goût. La tournée du lac vaut le coup que ce soit de ce côté-ci de la frontière ou de l'autre. Une belle expérience que nous pourrions bien répéter un jour.


@ bientôt.


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