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Que c'est beau... la beauté des sciuridés !

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Je ne sais pas pour vous, mais pour moi il est impossible de rester insensible en voyant un écureuil ou un tamia. Je ne me lasse pas de regarder ces boules d'énergie se déplacer à une vitesse déroutante tout en exécutant des acrobaties et des contorsions souvent époustouflantes.


On affuble souvent les écureuils du nom peu flatteur de "rats déguisés". À bien y penser, il y a un peu de vérité là-dedans. Les deux appartiennent à l'ordre des rongeurs et ils partagent certains points. Ces animaux sont des mammifères végétariens ou omnivores dont la denture caractéristique est dépourvue de canines et comporte une seule paire d'incisives supérieures et inférieures, à croissance continue, taillées en biseau et tranchantes.


Dessin d'un crane en coupe longitudinale
Les rongeurs ont une articulation de la mâchoire qui permet à celle-ci de se mouvoir dans le sens vertical comme chez les carnassiers mais aussi dans un mouvement horizontal d'arrière en avant, propre à limer les substances dures entre les incisives et à les broyer entre les molaires.

C'est au niveau de la famille que les rats et les écureuils diffèrent. Le rat appartient à la famille des muridés alors que l'écureuil appartient aux sciuridés. Et ce sont les membres de cette dernière famille que je trouve intéressants à observer.


Mon espèce de sciuridé préférée est l'Écureuil roux nord-américain / Tamiasciurus hudsonicus / North American Red Squirrel. Je l'observe régulièrement car il est présent dans ma cour. C'est certain que je n'apprécie pas toujours sa présence. Surtout lorsqu'il s'installe à une mangeoire et qu'il empêche les oiseaux de s'alimenter. Mais nous avons trouvé un compromis en installant plusieurs postes d'alimentation. Il a fini par adopter une mangeoire en particulier, laissant les autres pour les oiseaux. Encore ce matin, je l'observais courir sur les branches des arbres sans feuille ou sauter d'un tronc à l'autre comme si de rien n'était. J'admire son agilité, la précision dont il fait preuve lors des multiples sauts qu'il fait en cascade et son manque total d'appréhension lorsqu'il poursuit un Écureuil gris qui a le malheur de s'approcher trop près de SA mangeoire. C'est un rongeur arboricole, pourvu d'une longue queue touffue qui lui permet de garder son équilibre lors de ses courses folles parmi la végétation des arbres.



Réalisée le 03 janvier 2015 sur le chemin Aubin, secteur St-Nicolas, ville de Lévis, Québec.


Réalisée le 8 mars 2014 à la Base de Plein Air de Sainte-Foy, ville de Québec, Québec.



Réalisée le 16 juin 2014 le long de la route Chouayen, Sainte-Croix, Comté de Lotbinière, Québec.


Un autre sciuridé que j'aime particulièrement se retrouve également dans ma cour, mais il n'y est que depuis environ trois ans. C'est une espèce qui se tient un peu plus en forêt que l'Écureuil roux. Il s'agit du Tamia rayé / Tamias striatus / Eastern Chipmunk . Sa queue est plus courte et plus mince. Plus petit que l'Écureuil roux, il est facilement reconnaissable aux cinq rayures brun foncé ou noires et aux bandes chamois ornant son dos. Son nom anglais réfère au cri qu'il émet répétitivement pendant quelques fois de longues minutes. Son nom vernaculaire de "suisse" vient de la similitude du pelage avec la tenue à rayures des gardes suisses du Vatican.



Contrairement à l'écureuil roux, il passe la majorité de sa vie au sol où il niche dans un terrier creusé dans un sol qui se draine bien. L'entrée de ce terrier est très bien dissimulée sous un amas de roches, dans un tas de bûches ou dans la végétation dense. Le petit rongeur peut l'occuper pendant plusieurs années et même l'agrandir en y ajoutant des pièces pour entreposer la nourriture pour passer l'hiver ou loger les petits après la naissance.



Réalisée le 25 octobre 2014 dans ma cour à Sillery, ville de Québec, Québec.


Réalisée le 25 octobre 2014 dans ma cour à Sillery, ville de Québec, Québec.


Lors de mes trois voyages en Asie, j'ai été surpris d'observer des espèces qui ressemblaient beaucoup à notre "suisse" national. Autant par les dimensions que par les lignes qui ornent son dos. On croit généralement que notre tamia origine d'Asie et il aurait migré vers l'Amérique du Nord en passant par le détroit de Béring, situé entre l'Alaska et la Russie, à une époque où une bande de terre plus ou moins importante rejoignait les deux continents. Je n'ai malheureusement pas trouver les noms français pour chacune de ces espèces. Si vous les connaissez, j'apprécierais les connaître.


Écureuil rayé de l'Himalaya / Tamiops macclellandii / Himalayan Striped Squirrel. Réalisée le 7 février 2013 à Kaeng Krachan, Thaïlande. Ce sciuridé nous faisait beaucoup penser à notre Tamia rayé. Autant par le manteau que par sa nervosité et son énergie. Il me semblait cependant un tout petit peu plus gros que le nôtre, ceci dit sous toute réserve.



Funambulus obscurus / Dusky Palm Squirrel. Réalisée le 20 novembre 2014 dans la forêt de Lunugamwehera près de Udawalawe, Sri Lanka. Espèce endémique au Sri Lanka.




Funambulus palmarum / Three-striped Palm Squirrel. Réalisée le 12 Novembre 2014 au Jungle Hut Lodge, situé au pied des Nilgiri Hills, près de Mysore, Inde du sud.


Passons maintenant au plus gros de nos écureuils nord-américains, l'Écureuil gris / Sciurus carolinensis / Eastern Gray Squirrel. J'en ai trois ou quatre exemplaires qui visitent ma cour à tour de rôle ou ensemble selon les journées. On les observe partout en ville dans les parcs urbains, dans les jardins et autour des maisons. Ce sont de véritables pestes. L'Écureuil gris tend à éradiquer l'Écureuil roux et provoque d'importants dégâts en écorçant les arbres. Il a apporté un virus relativement bénin pour lui, mais fatal pour son cousin. Il détruit également l'habitat de ce dernier.


Écureuil gris / Sciurus carolinensis / Eastern Gray Squirrel. Réalisée  le 19 janvier 2012 au Domaine de Maizerets, ville de Québec, Québec.

Au Mexique, j'ai rencontré une espèce lui ressemblant.


Le Sciurus aureogaster / Red-bellied Squirrel ou Mexican Gray Squirrel a les mêmes dimensions que notre Écureuil gris. Réalisée le 16 février 2014 à Huatulco, Mexique.



Oui, il est impressionnant ce gros écureuil, mais ce n'est rien à comparé à l'Écureuil géant de l'Inde / Ratufa indica / Malabar Giant Squirrel. Ce dernier est une espèce d'écureuils qui se rencontre dans toute l'Inde péninsulaire. Il est caractérisé par une grande taille (40 cm pour le corps et 50 cm pour la queue), un pelage dorsal noir ou marron, une bande claire nettement visible entre les oreilles ; les parties inférieures du corps sont chamois ou jaune-brun ; il possède des pinceaux de poils sur les oreilles bien développés.


Cette photo de l'Écureuil géant de l'Inde a été réalisée le 4 novembre 2014 près du Hornbill camp, Western Ghats, sud de l'Inde.



Deux jours plus tard, j'ai la chance d'en avoir eu plus près de moi. Pas évident, car il ne se laisse observer normalement que de très loin.

La forme de sa grosse tête nous fait penser à une autre espèce de sciuridé que nous nous ne sommes pas portés à associer de prime abord à la même famille que les écureuils.



Marmotte d'Amérique / Marmota monax / Groundhog. Réalisée le 19 avril 2012 au Domaine de Maizerets, ville de Québec, Québec.

Aussi connue sous le nom de Marmotte commune, elle est le type de marmotte le plus répandu en Amérique du Nord. Elle est communément surnommée "siffleux"à cause de son cri. Son nom anglais de "groundhog "peut être traduit par "cochon de terre", car les marmottes sont toujours occupées à fouir le sol. On la désigne aussi couramment en anglais sous le nom de  "Woodchuck", une déformation de l'algonquien "wuchak". C'est la plus solitaire des marmottes. Elle est observée habituellement au sol et elle creuse des terriers, comme le tamia. Il lui arrive de grimper sur des piquets de clôture ou sur les branches très basses des grands arbres. Lorsqu'elle est surprise par notre présence ou lorsqu'on s'approche trop près de son terrier, elle émet des cris très stridents qui nous font sursauter à tout coup.

Pour le dernier des représentants de la famille, il a fallu que je me rende au Zoo de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean, pour pouvoir le photographier. Il ne se retrouve pas au Québec, mais plutôt dans les grandes prairies au centre de l'Amérique. J'ai pu prendre ce cliché à bord du petit train du parc zoologique qui nous permet de parcourir les différents habitats en dérangeant le moins possible les animaux qui peuplent l'endroit. Il est impossible d'arrêter dans le parc. Donc, j'ai fait ce que j'ai pu.



Un Chien de prairie à queue noire / Cynomys ludovicianus / Black-tailed Prairie Dog se tient tout près de l'entrée de son terrier. Réalisée le 6 juillet 2013 au zoo de St-Félicien, Lac-St-Jean, Québec.


Le Chien de prairieà queue noire n'a rien d'un canidé, c'est un écureuil plutôt grand et trapu. Contrairement aux autres sciuridés nord-américains il vit par petits groupes dans de vastes terriers. Chacun de ces groupes est en fait un genre de harem où un mâle défend de deux à huit femelles. Il est strictement diurne, connaissant des pics d'activité le matin et le soir. Ils habitent typiquement les prairies à herbe basse.



@ bientôt.







Beautés d'ailleurs... en 2012

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En attendant que la diversité aviaire ne s'installe dans la région de Québec (lire la ville et non la province), je me permets un moment de nostalgie en revenant sur l'année 2012 alors que notre voyage international nous a amené, Anne et moi, à un endroit mythique: l'île de Madagascar.

J'espère que ces photos vous feront rêver et vous donneront le goût de partir vers des destinations nouvelles pour vous. Il n'y a pas de destination idéale quand on commence à voyager. Il y a la première, un point c'est tout. La deuxième vient instinctivement. Une fois qu'on a goûté le dépaysement, la découverte quotidienne de la nouveauté, on est cuit. On sait qu'on aura besoin de l'adrénaline que la situation provoque pour la continuité de notre vie. C'est ce que je vous souhaite de ressentir de tout coeur.

J'ai écrit quelques billets sur Madagascar, alors je n'en rajouterai pas plus (je vous invite à les lire si ce n'est déjà fait). Je vous présente ici seulement des images inédites qui valent mille mots.

Maintenant, laissons les parler.


Les brachyptérolles sont des oiseaux qui se déplacent majoritairement au sol, d'où leur nom anglais de "ground-rollers".Leur nom scientifique vient du grec "brakhupteros" qui signifie "aux ailes courtes".  C'est donc sans surprise que ces oiseaux sont incapables d'un long vol soutenu et qu'ils n'utilisent leurs ailes que sur de courtes distances. Il existe 5 espèces de brachyptérolles qui ne se retrouvent uniquement qu'à Madagascar. Ils appartiennent à l'ordre des coraciiformes et à la famille des brachyptéraciidés. Le dimorphisme sexuel dans cette famille semble la règle puisque le mâle est plus gros que la femelle, mais il n'est vraiment remarquable que chez l'espèce photographiée ci-haut: le Brachyptérolle à longue queue / Uratelornis chimaera / Long-tailed Ground-Roller. C'est la seule espèce qui ne s'observe pas du côté est de l'île. Elle préfère la forêt tropicale sèche à la forêt tropicale humide. Cette femelle a été photographiée près de Mangily, à la Mosa Spiny Forest, le 8 octobre 2012.


Ce sont des oiseaux au corps compact, de 25 à 47 cm en longueur, avec une grosse tête, des yeux volumineux, un bec court et  fort, des ailes courtes et de longues pattes adaptées à leur mode de vie en sous-bois. Leur langue est proportionnellement longue et est dotée à son bout d'une espèce de brosse qui l'aide sans doute à saisir les insectes qui constituent la majeure partie de la nourriture pour chacune des 5 espèces.


À cause de ses moeurs plus arboricoles, le Brachyptérolle leptosome / Brachypteracias leptosomus / Short-legged Ground-Roller est l'espèce de la famille qui possède les plus longues ailes et les plus courtes pattes. C'est tout à fait particulier de chercher un brachyptérolle perché souvent très haut en forêt, alors que toutes les autres espèces collent au sol.


Le plumage des brachyptérolles est plutôt cryptique, surtout sur les parties supérieures qui sont alors brunâtres ou d'un vert bronzé. Cependant, quelques couleurs plus éclatantes sont exhibées, particulièrement au niveau de la tête, des plumes de vol et des rectrices externes de la queue.  


Tous les brachyptéraciidés arborent un patron caractéristique à la tête, mais le plus spectaculaire est sans doute le Brachyptérolle pittoïde / Atelornis pittoides /  Pitta-like Ground-Roller.


Nous avons également observé les 2 autres espèces, soient les Brachyptérolle écaillé / Geobiastes squamiger / Scaly Ground-Roller et Brachyptérolle de Crossley / Atelornis crossleyi /  Rufous-headed Ground-Roller, mais il a été impossible pour moi de prendre des photos.


@ bientôt,




Code CN pour la mésange.

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Suite à la lecture d'un billet précédent et écrit le 9 avril 2013 sur la Mésange à tête noire / Poecile atricapillus atricapillus / Black-capped Chickadee (lire http://desoiseauxsurmaroute.blogspot.ca/2013/04/9-1-1-mesange.html ), vous connaissez maintenant les liens privilégiés que j'entretiens avec cette dynamique petite boule de plumes.  Pour ceux qui ne l'auraient déjà fait, je vous invite à le lire d'abord et à revenir au présent billet.

Et bien, en 19 mai 2014, elle me partage encore un peu plus de son intimité alors qu'elle me montre comment elle s'occupe à creuser une cavité pour y nicher. J'avais déjà observé cette activité à quelques reprises, dont dans ma propre cour en ville, mais je ne faisais pas de photo à ces moments là.

Ça se passe au cap Tourmente et je suis en compagnie de ma belle Anne. Fidèles à notre habitude, nous marchons lentement, à l'affût de tout mouvement ou de tout son en provenance du sous-bois ou d'ailleurs. Alors que j'ouvre la marche, un mouvement vif attire mon attention à environ cinq mètres du sol. J'aperçois une mésange qui se montre dans un trou, le bec rempli de sciure (peut-être que le terme de copeaux serait plus approprié) de bois. Elle sort rapidement pour aller déverser sa becquée un peu plus loin et elle revient pour continuer le travail entrepris.

Je profite de cette occasion pour réaliser quelques clichés que je vous offre aujourd'hui.

D'abord, il est bon de faire remarquer que la mésange ne possède absolument pas les attributs physiques nécessaires comme les ont les pics pour excaver les arbres sains. Il faut donc que la branche de l'arbre choisie par la mésange comme lieu de nidification soit déjà morte et que son intérieur soit pourri. Voici, en gros plan, le bec minuscule de la mésange comparé ensuite à celui du Grand Pic / Dryocopus pileatus abieticola / Pileated Woodpecker.








Comme dirait mon ami Français Jean-Jacques Gozard, il n'y a pas photo. La mésange est vraiment désavantagée versus le pic. Mais qu'à cela ne tienne, elle ne semble pas le savoir et elle s'active à sa tâche sans trop raisonner.

Voici donc comment notre amie s'y prend pour construire une cavité douillette d'où sortira bientôt une nichée bien en santé.



















Comme la mésange vit près de nos demeures, en ville comme en campagne, elle y niche nécessairement et il s'agit d'avoir l'oeil ouvert pour détecter des possibles lieux de nidification qu'elle pourrait adopter. Et ceci ramène à mon esprit la notion adoptée par bien des gens que les arbres morts sont inutiles en forêt, aussi bien que dans notre cour, et qu'il faut s'en débarrasser à tous prix. Les chicots attirent les insectes qui attirent les pics, les sittelles, les grimpereaux et autres insectivores. Dans la nature, la mort succède à la vie et la vie succède à la mort. Un principe difficile à concevoir pour nous, pauvres humains, qui ne voyons pas plus loin que le bout de notre nez.



@ bientôt.










Que c'est beau... la beauté des paridés !

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La famille des paridés est constituée de 8 genres et de 59 à 61 espèces (selon les différents taxonomistes) de passereaux portant tous le nom de mésange. On les retrouve principalement dans l'hémisphère Nord et en Afrique.

Au Québec, qui ne connaît pas au Québec l'omniprésente Mésange à tête noire / Poecile atricapillus atricapillus / Black-capped Chickadee ? Pour tous les Québécois, elle est l'icône même du courage incroyable qu'il faut pour survivre aux trop longs hivers qui recouvrent le Québec durant presque la moitié de l'année. Comme je l'ai déjà mentionné dans des billets antérieurs, elle est mon espèce préférée, celle qui m'accompagne dans mes sorties sous tous les cieux et sous toutes les températures, dans l'univers nord-américain s'entend.  Elle est dynamique, acrobatique et elle dégage cette vitalité qui ne peut faire que nous stimuler à lutter nous-mêmes contre les conditions adverses du climat qui prévaut sous nos régions en saison froide.


Elle est belle, attachante et elle est prodigue de cette fougue qui nous stimule lors de nos rencontres en saison froide. Merci à toi, Mésange à tête noire, pour la constance dont tu fais preuve, peu importe les conditions de température adverses.


Sa cousine Québécoise, la Mésange à tête brunePoecile hudsonicus littoralis / Boreal Chickadee est encore plus coriace puisqu'elle se retrouve encore plus au nord où elle habite et se reproduit. Cependant, nous avons la chance de la retrouver aussi près de la vallée du Saint-Laurent. dans des forêts où prédominent les conifères. La forêt Montmorency, au nord de la ville de Québec, est sans aucun doute l'endroit le plus certain pour l'observer. Malgré qu'elle ne soit pas assurée à toutes les visites, la seule tentative de la trouver vaut le déplacement.


La Mésange à tête brune a les flancs plus colorés et cette calotte brune qui la caractérise. Son chant est plus enrhumé et plus faible que celui de la calotte noire et il se reconnaît assez facilement.


Elle est habituellement plus difficile à observer car elle se tient dans les conifères et elle est moins vocale que sa cousine à tête noire. Mais avec de la patience, et un peu de chance, elle peut venir se percher à seulement quelques mètres de nous. Mais elle n'y reste pas longtemps. J'ai attiré celle-ci en chuintant faiblement pendant une vingtaine de secondes. Et c'est la curiosité qui l'a attirée à découvert. Honnêtement, j'ai eu environ 3 secondes pour prendre cette photo.



La Mésange bicolore / Baeolophus bicolor / Tufted Titmouse est la plus rare des trois espèces de mésanges pouvant s'observer au Québec. Dans le volume du premier Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec (1984-1989), il est mentionné que depuis l'hiver 1978-1979, on a pu l'observer en petit nombre presque chaque hiver (sauf pendant les hivers 1983-1984 à 1985-1986) dans le sud du Québec, surtout dans la région comprise entre le Richelieu et le lac Memphrémagog (R.Yank, comm.pers. ; Aubry et al, 1991a). Aujourd'hui, selon les données du deuxième Atlas (2010-1015), elle s'observe à l'année et est même nicheuse dans le sud ouest du Québec. Des rapports ponctuels sur sa présence sont signalés jusque dans la région de la ville de Québec. 



À la fin d'octobre 2014, Anne et moi avons accepté l'invitation de notre grand ami Jean-Jacques Gozard d'aller passer quelques jours à sa maison de Gif-sur-Yvette, située à environ 25 kilomètres de Paris, en France. Nous avons été en mesure de voir à quoi pouvait ressembler une cour dotée d'une de mangeoires de l'autre côté de l'Atlantique. Nous étions vraiment excités et nous n'avons pas été déçus. Les mésanges européennes sont beaucoup plus colorées que les nord-américaines et  elles sont facilement attirées aux postes d'alimentation mis à leur disposition. Elles sont tout aussi actives et acrobates que les nôtres et leur présence est toujours souhaitée et spectaculaire. Voici donc quelques espèces que j'ai eu la chance de photographier durant le court laps de temps que nous pouvions accorder à l'observation dans le jardin de Jean-Jacques.



La Mésange huppée / Lophophanes cristatus mitratus / Crested Tit est la première beauté à se présenter à la mangeoire de Jean-Jacques. Elle relève souvent sa huppe bien en avant, ce qui lui donne une allure bien particulière. Elle est la seule espèce de passereau européen, hormis le Jaseur boréal, à être affublée d'une huppe. Petite anecdote, notre Mésange bicolore a déjà porté le nom de Mésange huppée, mais c'était il y a quelques décades.



En moyenne légèrement plus petite que notre Mésange à tête noire, elle est tout aussi hyper active. Elle fréquente assidûment les mangeoires et elle n'hésite pas à se poser au sol pour aller chercher les graines de tournesol qui y sont tombées.



La deuxième espèce à se présenter est la très jolie Mésange bleue / Cyanistes caeruleus caeruleus / Blue Tit. Elle est de la même taille que la huppée.




Et voici que lui succède la costaude Mésange charbonnière / Parus major / Great Tit. Un peu plus grosse que notre Mésange à tête noire, elle annonce son arrivée au poste d'alimentation par un sifflement court. Moins farouche que ses consoeurs européennes, elle peut pousser l'audace jusqu'à venir cueillir des graines dans une main tendue.



C'est en janvier 2010 que je photographie cette Mésange charbonnière dans une arrière cour dans le comté de Lotbinière, au Québec. Cet individu est présent depuis le début de novembre 2009 à un poste d'alimentation en bordure du fleuve St-Laurent. On présume que l'oiseau est soit un échappé de cage, soit un individu qui a traversé l'océan dans la cale d'un navire. Il se déplacera quelques semaines plus tard vers l'est, alors qu'il est observé à un autre poste d'alimentation, toujours en bordure du fleuve, à environ huit kilomètres de là. Une seule observation rapportée et aucune nouvelle par la suite.


Et voici la lilliputienne Mésange à longue queue / Aegithalos caudatus europaeus / Long-tailed Tit. J'adore cette petite boule d'énergie qui m'a autant donné de problème à la prendre en photo. Elle se tient en petits groupes et elle a le même comportement que les roitelets qui ne restent malheureusement que quelques secondes au même endroit. Même si étroitement apparentée aux autres mésanges, elle appartient à une autre famille, celle des aegithalidés. Je n'ai pu m'empêcher d'ajouter cette photo malgré sa non appartenance aux paridés. Après tout, elle est, elle aussi, une mésange.


Voici maintenant la Mésange nonnette / Poecile palustris palustris / Marsh Tit qui ne fréquente pas l'arrière cour de Jean-Jacques, mais une autre située aussi à Gif-sur-Yvette, dans un milieu plus forestier. Son manteau ressemble plus à notre Mésange à tête noire. Sa bavette est cependant plus petite, restreinte à une petite zone juste en bas du bec.


C'est le 24 novembre 2014 au parc Victoria, dans la ville de Nuwara Eliya au Sri Lanka, que je rencontre une espèce qui ressemble beaucoup à la Mésange charbonnière, mais en plus terne: la Mésange indienne / Parus cinereus mahrattarum / Cinereous Tit.


Et que dire de cette autre beauté qu'est la Mésange à dos tacheté / Parus spilonotus subviridis / Yellow-cheeked Tit photographiée le 15 février 2013 au sommet du Doi Inthanon, dans le nord ouest de la Thaïlande.


Toute aussi belle, même si ce n'est pas évident sur cette photo, cette Mésange jaune (des Ghâts) / Parus aplonotus tranvancoreensis / Indian Tit a croisé ma route le 7 novembre 2014 près de Munnar, dans les Western Ghats, dans le sud ouest de l'Inde.


Et la diminutive et furtive Mésange modeste / Sylviparus modestus modestus / Yellow-browed Tit porte bien son nom d'abord par sa robe très sobre et aussi par ses apparitions presque fantomatiques. On l'entend, on la repère à la jumelle et Oups !, elle est disparue. C'est tout ce que j'ai pu capter de sa trop brève apparition au sommet du Doi Inthanon, en Thaïlande, en ce 14 février 2013.


La famille des paridés recèlent encore bien d'autres trésors qu'il me reste encore à découvrir. Et c'est ce qui me motive à continuer à parcourir cette belle planète bleue.


@ bientôt.




Printemps 2014

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On se souviendra du printemps 2014 principalement à cause de l'arrivée tardive des migrateurs provoquée par les températures froides qui ont persisté plus longtemps que d'habitude, sous l'effet très peu dissuasif de rayons de soleil blafards. Mais "patience et longueur de temps" finissant toujours par l'emporter, les oiseaux ont regagné fidèlement leurs territoires de reproduction et ils n'ont pas tardé à remplir les lieux de leurs chants et de leurs activités effrénées. Car le temps presse et chaque jour compte. C'est souvent surprenant de constater la rapidité avec laquelle les différentes espèces s'installent dans un territoire, y trouvent l'âme soeur et commencent la nidification.


Parvenus sous nos latitudes au début d'avril, les merles, quiscales, étourneaux, tourterelles et autres sont déjà prêts à passer à une seconde nichée dès que juin se pointe le nez. Cette deuxième nichée est bien annoncée par la virtuosité des mâles qui recommencent les vocalises qu'ils avaient délaissées après l'établissement de la première nichée.



Voici quelques photos de mon printemps. Il ressemble probablement au vôtre.



Pour moi, s'il existait une icône du printemps, elle ressemblerait à s'y méprendre au très abondant Carouge à épaulettes / Agelaius phoeniceus phoeniceus / Red-winged Blackbird. J'aime cet oiseau qui est l'une des premières espèces migratrices à nous revenir en mars. C'est un oiseau très territorial dont l'agressivité est bien connue. Aucune corneille ou autre prédateur potentiel ne passent dans les limites du carouge sans être sermonné, poursuivi et reconduit manu militari hors des dites limites. Nos ancêtres avaient d'ailleurs affublé notre carouge du nom vernaculaire de "commandeur" en raison des épaulettes colorées qui leur rappelaient les décorations que les officiers militaires portaient avec fierté à leur costume . Photo prise le 8 juin 2014 au domaine de Maizerets, ville de Québec.


Voici un mâle faisant la démonstration de tous ses atouts, autant au niveau du chant que de l'habit, envers une ou plusieurs femelles des environs. Même si le carouge peut se retrouver en milieu ouvert et dans divers types d'habitats, les marais à quenouilles sont ses préférés et c'est toujours là que je les ai retrouvés plus au nord en forêt boréale. Photo prise le 3 mai 2014 au marais Léon Provancher de Neuville.



C'est le 10 mai qu'Anne et moi faisons une virée dans la région du Bas-Saint-Laurent afin d'aller ajouter à notre liste annuelle des espèces moins fréquentes au niveau de la ville de Québec. C'est ainsi que nous découvrons près du quai de L'Isle Verte unmâle de Harelde Kakawi / Clangula hyemalis / Long-tailed Duck en plumage d'hiver. Ce magnifique canard plongeur est observable près de Québec, mais seulement dans un court laps de temps lors des migrations. Comme bien d'autres espèces d'oiseaux, il porte le nom de Kakawi à cause du cri qu'il émet. Son nom anglais réfère bien évidemment à la longue queue qui est l'apanage du mâle. Cette photo montre bien cet attribut ici. L'ancien nom anglais était "Oldsquaw", mais il a été changé récemment.


Voici une espèce qui ne s'observe pas à toutes les années au Québec. Il s'agit de la sous-espèce nominale de Anas crecca soit Anas crecca crecca . Au Québec, nous avons la Sarcelle d'hiver / Anas crecca carolinensis / Green-winged Teal.  Notre sous-espèce est reconnaissable ici par la ligne blanche verticale qui jouxte l'arrière de la poitrine alors que cette ligne blanche est absente chez Anas crecca crecca, mais se retrouve plutôt horizontalement au bas des ailes repliées. Photo prise le 11 mai, près du quai de Pointe-au-Père, ville de Rimouski.


Le Grand Héron / Ardea herodias herodias / Great Blue Heron se retrouve partout au Québec. À moins de demeurer près d'une héronnière, cette espèce est plutôt rare en saison de nidification. Cependant, les migrations printanière et automnale sont les meilleurs moments pour en observer en bonne quantité tout le long du fleuve Saint-Laurent. D'un caractère plutôt furtif, il arrive que nous rencontrions des individus plus confiants et c'est ce qui s'est produit en ce 11 mai 2014, au parc national du Bic, près de Rimouski.


À partir du milieu du mois de mai, de plus en plus en plus d'oiseaux colorés envahissent nos parcs, nos boisés et nos jardins. Ils sont facilement repérables dans les essences feuillues encore dépourvues de leurs feuilles. Ça fait du bien de voir enfin de la couleur et les parulines ne manquent pas de nous émerveiller. Cette Paruline jaune / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler a été captée le 16 mai  au domaine de Maizerets, ville de Québec.


En cette même journée, peu d'espèces différentes font leur apparition au domaine, aussi cette très active Paruline à joues grises / Vermivora ruficapilla ruficapilla / Nashville Warbler n'échappe pas à mon attention. Lorsque les migrateurs touchent terre après de longues heures et même des journées consécutives de déplacement, leur grande priorité est de recharger leur batterie d'énergie en se nourrissant dès et autant qu'ils le peuvent. C'est ce qui explique leur grande mobilité qui complique tant la prise de photo et même la simple observation. Les parulines ne restent au repos que quelques secondes et il faut être rapide pour les pixelliser


Le 17 mai nous réserve à Anne et à moi une bonne surprise alors que nous confirmons la présence d'un rare Bruant des plaines / Spizella pallida / Clay-colored Sparrow à seulement quelques minutes de marche de la maison. Anne a d'abord entendu un chant qu'elle n'arrivait pas à associer à un oiseau qu'elle connaissait bien, soit un "bizzz-bizzz-bizzz". Après avoir soulevé l'hypothèse du Bruant des plaines , nous avons trouvé cet oiseau et, en date du 13 juin,  il est toujours au même endroit. Cette espèce rare peut à l'occasion s'hybrider avec le plus commun Bruant familier / Spizella passerina passerina / Chipping Sparrow.


Les grives fascinent par leurs chants qui ne laissent personne indifférent. Lorsque j'entends le son fluté et roulé de la Grive fauve / Catharus fuscescens fuscescens / Veery, j'ai toujours l'impression que l'oiseau le fait à partir de l'intérieur d'un tuyau, tellement ce chant se fait l'écho de lui-même. Photo prise le 19 mai dans la réserve faunique du Cap Tourmente.


Et que dire de ce lilliputien de la gente ailée qu'est le Troglodyte des forêts / Troglodytes hiemalis hiemalis / Winter Wren. Un oiseau fascinant non par le manteau très sobre qu'il porte, mais plutôt par son chant dynamique et émis avec une force tout à fait exceptionnelle pour un oiseau de si petite taille. Alors qu'il émet souvent son chant bien juché dans la partie supérieure d'un grand conifère, c'est au sol qu'il se nourrit le plus et il est difficile à localiser dans le sous-bois. Photo prise le 19 mai dans la réserve faunique du Cap Tourmente.


Reconnaître une paruline seulement par son chant peut s'avérer un beau défi, car le répertoire de plusieurs espèces débordent largement de leur chant typique. On sait que la Paruline jaune possède une dizaine de chants bien différents de son "tire tire tire la bibite" si caractéristique. Notre belle Paruline flamboyante / Setophaga ruticilla / American Redstart n'a rien à lui envier au nouveau de la variabilité des sons qu'un mâle peut produire. Tout ça pour dire que l'identification à l'oreille peut cacher bien des surprises et qu'il vaut mieux toujours essayer de confirmer visuellement ce que le son nous propose. Photo prise le 19 mai dans la réserve faunique du Cap Tourmente.


Le 29 mai, alors que je déambule lentement au domaine de Maizerets, j'aperçois six canetons âgés d'à peine quelques jours qui ne savent plus où donner de la tête tellement ils sont excités de découvrir autant de nouvelles choses. Animés par la fougue et l'insouciance de la jeunesse, ils fouinent partout et ils touchent du bec tous les éléments qui se présentent devant eux. 


Mais la mère n'est jamais très loin et elle devient le point de ralliement lorsqu'une situation un peu trop perturbante survient. Cette femelle de Canard colvert / Anas platyrhynchos platyrhynchos / Mallard  ne laisse pas ses canetons s'éparpiller à la grandeur du plan d'eau. Quelques cancanements bien placés ramènent les petits inconscients à l'ordre.


Le Quiscale bronzé / Quiscalus quiscula versicolor / Common Grackle fait partie du groupe des mal aimés, des "oiseaux noirs". Et pourtant, lorsqu'on y regarde de plus près, l'iridescence de son plumage est fascinante lorsque les rayons de lumière frappe l'oiseau sous le bon angle. Il en est ainsi de plusieurs autres espèces d'oiseaux qui semblent bien moches lorsque vues à l'ombre et qui s'illuminent littéralement en pleine lumière. Photo prise le 29 mai, au domaine de Maizerets.


L'élégante et effilée Tourterelle triste / Zenaida macroura carolinensis / Mourning Dove est d'une grande beauté quand on s'attarde à son plumage. Ses couleurs douces et son chant feutré et, disons-le, triste procurent  un certain apaisement dans une vie trop souvent trépidante. Photo prise le 31 mai dans le jardin de ma fille Anne-Marie à Laval, près de Montréal.


Et c'est dans ma cour à Sillery que MA Tourterelle triste recommence à faire la belle dans le but de débuter une deuxième nichée. Nous sommes le 7 juin. Le mâle gonfle sa gorge avant d'émettre son "ou..OU...ou..ou..ou". Ce faisant, il fait apparaître une zone dorée entre sa gorge dilatée et l'arrière de son cou. C'est la première fois de ma vie que j'observe ceci en 50 années d'observation. Et pourtant, j'ai "jasé" avec au moins une centaine de tourterelles, mais je me rends compte que je n'étais pas à son niveau. L'oiseau était toujours plus haut et il était impossible pour moi de voir cette partie de son plumage. Dans le cas présent, l'oiseau est sur le toit d'un cabanon et je suis presque à sa hauteur. La plage dorée n'est pas si évidente que ça sur cette photo, mais elle était éclatante à mon oeil. L'absence de soleil fait que la photo est plutôt sombre.


Et le voici ce Bruant familier / Spizella passerina passerina / Chipping Sparrow qui s'hybride quelques fois avec le Bruant des plaines. Très commun, son trille ténu égaie les rues des villes et villages, les parcs et les boisés aussi loin qu'en forêt boréale. Photo prise à Saint-Pierre, Île d'Orléans, le 8 juin 2014.


Ce même jour et au même endroit, une magnifique femelle de Pic flamboyant / Colaptes auratus luteus / Northern Flicker est bien occupée à se nourrir de fourmis au sol quand, sans prévenir, elle vient se percher à quelques mètres de moi comme pour me saluer avant de de continuer sa route. Quel bel oiseau !




@ bientôt.






 

Que c'est beau... la beauté des oiseaux d'hiver !

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Et oui, l'hiver. La seule saison au Québec qui ne peut se permettre d'empiéter sur la saison qui la précède ou qui la succède sans provoquer l'apparition de certaines humeurs négatives. En effet, alors que nous acceptons volontiers une température trop douce pour une saison donnée, c'est bien différent lorsque nous devons affronter une température en dessous de la normale. 

Et, comme basse température inhabituelle, nous y avons goûté en cet hiver 2014-2015. Nous avons battu des records de froid datant de plusieurs décennies et il semble encore, en ce 19 mars 2015, que le printemps hésite encore à s'affirmer. Un tapis de neige recouvre encore les champs, même ceux en bordure du grand fleuve Saint-Laurent.


Je me souviens très bien de mon premier 19 mars en temps qu'ornithologue en devenir (c'était en 1963) alors que, à partir de la fenêtre de ma chambre, j'observais pour la première fois de ma vie un groupe d'une dizaine de Carouges à épaulettes perchés dans un arbre à l'arrière de la maison familiale. C'est un souvenir qui restera graver à jamais dans ma mémoire. C'est une espèce que j'avais identifiée par moi-même en consultant le guide de Roger Tory Peterson, le seul et unique guide d'oiseaux disponible à ce moment-là. La photo suivante illustre l'espèce, mais dans un environnement où il adore nicher.



Carouge à épaulettes (mâle) / Agelaius phoeniceus phoeniceus / Red-winged Blackbird (male). Photo réalisée au marais Léon Provancher, Neuville, Québec.


Bon, je m'écarte du sujet. Même si je préfère les tropiques à notre saison hivernale, je dois avouer que cette période froide nous permet d'observer des espèces boréales qui se déplacent plus au sud lorsque la source de nourriture devient moins accessible dans la zone de distribution où ils vivent habituellement durant toute l'année. Ce qu'il y a de particulier avec ces oiseaux nordiques, c'est que leur présence n'est jamais assurée d'une année à l'autre.


En cet hiver 2014-2015, les tarins, les sizerins et les durbecs sont abondants. Il en est de même pour les jaseurs. Les gros-becs sont fidèles à eux-mêmes i.e. observés en petits nombres et dans leurs endroits habituels comme la Réserve Nationale du Cap Tourmente, près de Québec. Du côté des strigidés, les harfangs sont rapportés un peu partout alors que d'autres années, c'est l'absence presque totale. Les chouettes lapone et épervière sont présentes depuis le début de l'hiver. Malgré les froids intenses, elles sont demeurées fidèles aux sites où elles ont d'abord été trouvées. C'est plus tranquille du côté des nyctales. La petite est la seule rapportée. La boréale brille par son absence.


  
Le Jaseur boréal / Bombycilla garrulus pallidiceps / Bohemian Waxwing est un oiseau d'une grande beauté et il est spectaculaire à observer lorsqu'il est en mode "gavage de petits fruits". À ce moment-là, il est tellement obnubilé par sa tâche qu'il nous ignore complètement. En étant patient et respectueux, il devient possible de s'approcher de l'oiseau pour l'étudier de plus près. Photo prise en bordure d'une rue très fréquentée de Sillery, ville de Québec, Québec.


L'espèce se tient en groupes de quelques dizaines à quelques centaines d'individus et ils se nourrissent souvent dans un même arbre fruitier. Ce qui apporte souvent des frictions bien compréhensibles alors que deux individus reluquent la même baie rouge.


À l'aide de son bec long et très effilé, le Tarin des pins / Spinus pinus pinus / Pine Siskin peut facilement fouiller les bourgeons, les cônes des conifères ou les interstices de l'écorce du tronc ou des branches afin d'y prélever les graines ou les insectes qui s'y cachent. Ils mangent même les dits bourgeons et des feuilles tendres. En hiver, il se tient habituellement en petites bandes et il est un visiteur assidu aux postes d'alimentation. Photo réalisée à la Réserve Nationale du Cap Tourmente, près de Québec, Québec.


Voici une autre splendeur qui contribue à ensoleiller (dans nos coeurs tout au moins)  les journées les plus sombres et les plus ternes de l'hiver. Le Gros-bec errant / Coccothraustes vespertinus vespertinus / Evening Grosbeak apprécie la Réserve Nationale du Cap Tourmente puisqu'il y est présent PRESQUE à chaque saison froide. Oui, PRESQUE, car ses déplacements sont pour le moins très erratiques. D'où son nom.


Son gros bec est un puissant outil qui lui permet de briser facilement l'enveloppe pourtant coriace protégeant la graine des samares des différentes espèces d'érables poussant en Amérique du nord. C'est cette espèce qui attiré particulièrement mon attention alors que je n'avais que 12 ans. Et, 51 ans plus tard, voilà que je photographie un beau mâle dans le même contexte où je l'avais remarqué une première fois un demi-siècle précédemment.


Une autre espèce boréale vient apporter de la couleur à la blancheur de la froidure québécoise, le Durbec des sapins / Pinicola enucleator leucura / Pine Grosbeak. Cet hiver, nous entendions souvent ses doux sifflements avant de le voir. Sans être le plus loquace des fringillidés, il émet des cris de contacts qui trahissent sa présence. Photo réalisée à la forêt Montmorency, Parc des Laurentides, Québec.



Malgré que son bec soit moins impressionnant que celui du Gros-bec errant, il permet au durbec de broyer l'écorce des graines de tournesol déposées dans les différentes mangeoires. Une partie d'écale est encore accrochée au bec de l'oiseau alors qu'il s'empiffre sans vergogne. Photo réalisée à la Réserve Nationale du Cap Tourmente, près de Québec, Québec.


 Affublé de son béret rouge, voici le très nerveux et très dynamique Sizerin flammé / Acanthis flammea flammea / Common Redpoll. Son ancien nom de Sizerin à tête rouge lui allait d'ailleurs comme un gant. Comme tous ses cousins appartenant aux fringillidés, il se tient en groupes en saison hivernale. Encore là, le nombre total d'individus peut atteindre des chiffres assez impressionnants. Toute personne entretenant des postes d'alimentation souhaite en accueillir à ses mangeoires. Le comportement hyperactif de cette espèce amène énormément de vie dans une cour.


Et, parfois, avec un peu de chance, voilà que nous pouvons discerner un individu plus blanchâtre, moins strié et plus "bouboule" que tous ses congénères. Il s'agit bien souvent de son cousin le Sizerin blanchâtre / Acanthis hornemanni hornemanni / Hoary Redpoll. Même si cette photo date de 2013, nous avons eu la chance, Anne et moi, d'en observer cette année au même endroit où cette photo a été prise soit à Saint-Antoine-de-Tilly, comté de Lotbinière, Québec.


Une autre espèce qu'il fait plaisir à accueillir à notre mangeoire est le Roselin pourpré / Carpodacus purpureus purpureus / Purple Finch. Plus forestier que son cousin le Roselin familier, il visite les mangeoires des villes en période migratoire ou certains hivers. Ça fait dix ans que j'habite à Sillery et cette espèce ne s'est présentée dans notre cour que durant les quatre dernières années. Et c'était en période migratoire.  Cette année, deux individus nous ont visité quelques jours en février. Photo réalisée à la Réserve Nationale du Cap Tourmente, près de Québec, Québec.



Icône de nos durs hivers québécois, le Harfang des neiges (immature) / Bubo scandiacus / Snowy Owl compte parmi les espèces que nous ne voulons pas rater d'une saison froide à l'autre. L'hiver 2014-2015 a été généreux à cet égard.



La Chouette épervière / Surnia ulula caparoch / Northern Hawk Owl nous a également gratifié de sa présence à Montmagny, Québec. Elle y est toujours présente en mars 2015 alors qu'elle a été découverte dans les environs à la fin de 2014.



La Chouette lapone / Strix nebulosa nebulosa / Great Gray Owl est également très recherchée en territoire québécois. Cet individu, sans doute une femelle a cause de sa très grande taille, est demeuré longtemps dans le secteur de Beauport, ville de Québec, permettant ainsi à plusieurs observateurs de réaliser des moments de pure contemplation.


La Chouette rayée / Strix varia varia / Barred Owl est résidente dans la région et elle n'effectue pas les mêmes migrations que les espèces plus boréales. Cependant, elle est plus facile à repérer en hiver alors qu'elle se déplace davantage en plein jour en quête de nourriture. J'ai croisé cette dernière au Domaine Maizerets, ville de Québec, Québec.


Un autre icône de l'hiver québécois est le Plectrophane des neiges / Plectrophenax nivalis nivalis / Snow Bunting. Il arrive à la fin de l'automne comme poussé par les premières bordées de neige. D'ailleurs, les immenses groupes qu'il forme ressemblent étrangement, lorsqu'ils sont en vol, à de la poudrerie de neige soufflée par des vents violents.


Oui, c'est certain que nos hivers québécois recèlent de beaux trésors, mais, après six mois, il commence à être grand temps de retrouver nos immensités vertes.


@ bientôt,







Juin 2014

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C'est la première fois, depuis 2010, que je passe le mois de juin à la maison. J'ai bien l'intention d'en profiter pour faire quelques sorties dans les environs afin d'observer les oiseaux nicheurs. En ce mois de juin 2014, la température est plutôt fraîche, quelques degrés en bas de la normale. La pluie et les vents semblent plus présents que d'habitude et je ne peux m'empêcher, à tous les matins, d'avoir une pensée pour mes confrères de l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec qui s'activent dans les régions nordiques de la province.


Je vous invite à m'accompagner dans certaines des sorties effectuées à partir de la mi-juin.



Le 16 juin, je me rends dans le comté de Lotbinière afin de compiler des informations pour l'Atlas.




Dans un chemin forestier en bordure de rivière, cette Paruline à flancs marron / Setophaga pensylvanica / Chestnut-sided Warbler me gratifie de son beau chant. Comme elle niche dans le coin, elle est très territoriale et mon seul passage suffit à l'agiter.


Je marche lentement et j'entends le sifflement caractéristique du Tyran huppé / Myiarchus crinitus / Great Crested Flycatcher. J'émets un sifflement similaire et il répond aussitôt. Quelques minutes plus tard, il passe en vol et je réalise ce cliché. L'oiseau se perche trop loin pour une autre photo. Mais son attitude agressive démontre bien que je suis sur son territoire de nidification. Les tyrannidés sont très agressifs lorsqu'ils nichent. À travers mes années d'observation, j'ai été attaqué par plusieurs espèces appartenant à cette famille. Saviez-vous que le Tyran huppé aime apporter une mue de serpent dans son nid ? Il niche dans les anciens nids de pics ou dans des cavités naturelles présentes dans les arbres. Il adopte volontiers un nichoir mis à sa disposition.


Nous sommes peu enclins à chercher l'Alouette hausse-col / Eremophila alpestris alpestris / Horned Lark au début de l'été alors que les champs cultivés commencent à voir sortir la végétation provenant des semis. Et pourtant, l'alouette est toujours là. Elle niche très tôt au printemps, même lorsque la neige est encore présente au sol. Pendant cette période, elle pointe les deux cornes qui lui ont valu son ancien nom d'Alouette cornue. En ce matin de mon passage, elles étaient trois, bien excitées, toutes en voix et les cornes déployées. Elles se pourchassaient. Drôle de comportements pour une espèce qui aurait finit de nicher. Une deuxième nichée en vue ???




Le 23 juin, ma généreuse cour me réserve encore de beaux moments.




L'Étourneau sansonnet / Sturnus vulgaris vulgaris / European Starling a été importé d'Europe et 60 individus ont été introduits en 1890 à Central Park, ville de New York. 40 autres ont suivi en 1891. Ils se sont mis à nicher immédiatement puisque le premier nid fut trouvé à l'été 1890 sous les corniches du Musée d'Histoire Naturelle d'Amérique, tout près du célèbre parc. 50 ans plus tard, ils nichaient en Californie. L'adulte au bec jaune amène un juvénile pour se désaltérer et se baigner dans un bassin mis à leur disposition.


Dès qu'ils apparaissent durant l'été, les juvéniles de plusieurs espèces communes deviennent de réels casse-têtes pour les ornithologues débutants. Les couleurs sont fades et le manteau général est souvent fortement strié ou tacheté alors que le plumage de l'adulte ne possède pas ces critères. De là l'importance de continuer l'observation assidue des oiseaux même en été.



Et voici une espèce qui me réconcilie avec la grisaille du plumage d'autres espèces. Ce magnifique mâle de Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal est un visiteur régulier à nos mangeoires. Il nous avise de son arrivée par des "tick, tick" très sonores. Bientôt il reviendra avec ses jeunes pour nous les présenter.




Le 24 juin, Anne et moi nous nous dirigeons vers Baie-du-Febvre.



Baie-du-Febvre constitue notre rendez-vous annuel pour observer l'élégante Guifette noire / Chlidonias niger surinamensis / Black Tern. Même si je l'ai déjà observée en période migratoire aussi à l'est que Saint-Vallier, c'est à partir de Trois-Rivières qu'elle devient de plus en plus abondante vers l'ouest. Elle est super abondante et nicheuse dans le grand marécage au nord des deux bassins d'eau sur la route Janelle.


La très gracieuse Hirondelle bicolore / Tachycineta bicolor / Tree Swallow niche dans les nombreux nichoirs mis à sa disposition autour des plans d'eau de la route Janelle.



Mais nous sommes si habitués à les voir occuper des nichoirs que c'est toujours une surprise de les voir disparaître dans des cavités naturelles. Pour Anne, il s'agissait d'une première. Deux oisillons attendent l'arrivée des parents avant de se présenter dans l'ouverture. Photo prise plus près du fleuve.



À peine 50 mètres de la bicolore, c'est un couple d'Hirondelle rustique / Hirundo rustica erythrogaster / Barn Swallow qui nourrit fébrilement une nichée très exigeante. Le mâle, à droite, est nettement plus coloré que sa femelle.



La femelle vient tout juste de déposer dans le bec grand ouvert d'un oisillon de succulents insectes ailés. Il ne reste maintenant qu'à retourner en chercher d'autres. Le nid, en forme de quart de sphère, est fait de boulettes de boue projetées et collées les unes aux autres. Il est placé de façon à être protégé de la pluie sur des poutres ou des dessus de porte ou de fenêtre.





Les 28 et 29 juin, nous faisons une tournée en Montérégie. Le 28, nous nous rendons directement au croisement des routes 202 et Montée Clinton près de Franklin. Nous couvrirons la distance en deux heures trente minutes.




Voici l'oiseau le plus convoité lors de cette escapade en Montérégie. Le Dickcissel d'Amérique / Spiza americana / Dickcissel est peu commun au Québec. Sa rare présence, en période migratoire, est le plus souvent détectée grâce à son cri de vol entendu lors d'écoutes nocturnes ou  lors de ses déplacements diurnes. Il aime fréquenter les postes d'alimentation et c'est là qu'il est habituellement observé.

Exceptionnellement, cet individu est bien campé au croisement de deux routes passantes depuis déjà quelques semaines et il ne cesse de s'époumoner pour attirer une possible partenaire.



Et voilà que seulement quelques jours avant notre passage, une autre rareté est trouvée exactement au même endroit que le dickcissel. Il s'agit d'un jeune mâle de Guiraca bleu / Passerina caerulea ssp. / Blue Grosbeak. C'est quand même extraordinaire d'avoir deux oiseaux égarés sur le même site et en même temps. À l'instar du dickcissel, le guiraca est très vocal, mais il ne restera finalement que quelques jours. En date du 11 juillet, le dickcissel est toujours là.



Sur le chemin Gowan, un beau bruant au bec rose nous surprend par son chant typique. Non pas qu'ils soit rare, mais il est peu commun à l'est des Bois-Francs. Le Bruant des champs / Spizella pusilla pusilla / Field Sparrow est petit et furtif. Il se cache très bien dans la végétation et il passerait inaperçu si ce n'était de son chant.



Toujours sur ce même chemin, cette femelle de Cardinal à poitrine rose / Pheucticus ludovicianus / Rose-breasted Grosbeak vient tout près de nous, histoire de savoir ce qui peut attirer deux humains dans son boisé.




En fin d'après-midi, nous nous rendons au gîte du passant que nous avons réservé avant de quitter la maison. Le Gîte chez Mimi est judicieusement situé sur le chemin Ridge. Des cabanes d'oiseaux, des mangeoires et des abreuvoirs sont installés pour les oiseaux. Un couple de Moineau domestique / Passer domesticus / House Sparrow niche dans une cabane, mais il a le malheur d'avoir un voisin très agressif, soit le diminutif Troglodyte familier / Troglodytes aedon aedon / House Wren. La femelle nourrit ses petits, mais le petit diable ne cesse de la contrarier en passant très près. Le troglodyte ne niche pas dans la cavité en bas de celle du moineau, mais plutôt dans une autre cabane placée en dessous de celle que l'on voit sur la photo. Disons que ce n'est jamais une bonne idée de placer des cabanes trop près les unes des autres.



Même si cette photo s'apparente plus à des ombres chinoises, vous n'aurez sûrement pas trop de difficulté à identifier l'oiseau. Il s'agit d'un Étourneau sansonnet qui est contrarié par notre présence sur la galerie au deuxième étage. Il niche en effet en dessous de la corniche, à environ deux mètres où nous nous tenons, et sa marmaille ne cesse de réclamer son retour.



Le 29 juin, nous retournons sur la montée Biggar afin de trouver la Paruline à ailes dorées / Golden-winged Warbler entendue la veille par Alain Daigle de Victoriaville. Nous finissons par en entendre une, mais l'auteur du chant est en fait une Paruline de Brewster / Brewster's Warbler, une espèce hybride provenant de l'accouplement entre une Paruline à ailes dorées et une Paruline à ailes bleues. L'individu hybride découlant de cette union peut alors chanter comme l'un ou l'autre des parents, ce qui nous oblige à voir l'oiseau pour nous assurer de faire une bonne identification. Un peu plus loin sur le même chemin nous rencontrons un petit groupe familial de Paruline à ailes dorées alors qu'une femelle adulte nourrit au moins deux oiseaux qui se déplacent continuellement. Un quatrième individu, que nous soupçonnons être le mâle selon ce qu'un rapide coup d'oeil nous a permis de décortiquer, s'envole et s'éloigne trop rapidement pour une confirmation absolue. 

Ces deux parulines sont très rapides et elles se tiennent dans un feuillage épais ce qui a rendu la prise de photo impossible.

Nous nous dirigeons ensuite vers Dundee et la Réserve nationale de faune du Lac Saint-François. Il s'agit pour Anne et moi d'une première visite à vie. Nous sommes subjugués par la belle nature omniprésente et les beaux paysages. Enfin, nous arpentons la fameuse "digue aux aigrettes" dont nous entendons de plus en plus parler. C'est un endroit magnifique.



Nous sommes accueillis dès nos premiers pas dans le sentier par une grosse Chélydre serpentine / Chelydra serpentina serpentina /  Common snapping Turtle. Nous la connaissons aussi sous le nom de Tortue serpentine. Elle est reconnue pour son agressivité et la pointe de sa mandibule supérieure nous aide à comprendre toute la douleur que l'on doit ressentir à la suite d'une morsure. C'est la première que je rencontre à l'état sauvage et c'est très impressionnant.




Et voici une autre espèce plutôt rare à l'est du centre du Québec, mais plus commune vers l'ouest: le Moucherolle des saules / Empidonax traillii traillii / Willow Flycatcher.  Il fait partie du complexe bien connu par les Nord-Américains soit celui du genre "Empidonax" où peuvent se retrouver au Québec 5 espèces bien distinctes. Ces moucherolles sont tous très similaires en apparence: petits oiseaux gris (teintés d'olive, de brun ou de jaune) avec deux barres alaires et un cercle oculaire. Leurs caractères spécifiques sont si subtils qu'il y a quelquefois autant de variation entre deux individus d'une même espèce qu'entre deux individus d'espèces différentes. Même des spécimens de musée sont difficiles à confirmer. La meilleure façon de les identifier avec certitude est de les entendre chanter ou émettre leur cri de contact. Celui sur la photo nous a gratifié de son "Fitz-biou" ou l'emphase est mise sur la première syllabe. Nous en avons entendu au moins trois sur le site.



Notre coup de coeur en ce mois de Juin 2014 a sans aucun doute été notre visite de deux jours en Montérégie. Quel merveilleux territoire à parcourir ! C'est tellement différent des autres endroits visités au Québec et la nature y est particulièrement généreuse. Ce périple s'inscrira maintenant dans nos randonnées annuelles récurrentes.


@ bientôt.






Que c'est beau... la beauté du début du printemps 2015 !

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Comme chacun de nous possède sa façon de voir les choses, j'imagine que chacun vit ses saisons "à sa façon" et c'est ce qui rend notre propre vie aussi intéressante. Aussi, le printemps que je vais vous présenter est le mien et il peut être complètement différent du vôtre. Une chose certaine, il n'est ni meilleur ni pire. Voici donc quelques espèces d'oiseaux ou d'animaux qui ont croisé ma route depuis le début de mars 2015. Peut-être y reconnaîtrez-vous quelques unes qui ont également fait "votre" printemps ?

Ma première vedette est couverte de poils plutôt que de plumes. Elle est reconnue dans le nord-est des États-Unis et au Québec pour nous annoncer l'arrivée du printemps. Traditionnellement, c'est au début du mois de février qu'elle se montre le nez hors de son terrier. Si elle voit son ombre, elle angoisse et elle regagne sa cache pour une période supplémentaire de six semaines. Le cas échéant, le printemps sera tardif (ce qu'il est TOUJOURS à tout de fin pratique au Québec). Si, par contre, elle ne voit pas cette ombre et qu'elle s'aventure plus avant, alors le printemps sera précoce i.e.que l'on peut l'attendre au début du mois de mars. À bien y penser, cela équivaut à une différence de deux semaines.



Une Marmotte d'Amérique / Marmota monax / Groundhog à l'entrée de son terrier où elle a possiblement passé l'hiver. Photo réalisée le 29 mars 2015 le long du chemin Aubin, secteur St-Nicolas, ville de Lévis.


Le printemps est la saison idéale pour observer les rapaces qui suivent les oiseaux dans leur migration. Ce début de printemps 2015 est très bon à ce propos. Le 6 avril, c'est à Saint-Édouard de Lotbinière que nous rencontrons un Faucon émerillon / Falco columbarius columbarius / Merlin alors qu'il s'est perché sur un fil électrique afin de déguster une Mésange à tête noire / Poecile atricapillus atricapillus / Black-capped Chickadee. Une autre mésange, apparemment en plein désarroi, se tient dans un arbuste tout près et elle n'arrête pas d'enguirlander le rapace qui vient vraisemblablement de lui enlever sa compagne de vie. L'émerillon est un chasseur véloce et implacable pour les petits oiseaux.







Un peu plus loin, à Lotbinière, un Urubu à tête rouge / Cathartes aura septentrionalis / Turkey Vulture est perché dans un arbre en bordure de la route. C'est un nouvel arrivant dans un secteur que nous couvrons d'une façon régulière.







La présence d'un deuxième individu nous fait même envisager la possibilité d'un couple qui viendrait de regagner son aire de nidification.







Ce deuxième individu part en vol et il va rejoindre son complice qui est maintenant perché sur le toit d'un hangar tout près.







Le lendemain matin, 7 avril, je me rends au parc linéaire de Beauport, ville de Québec, où un couple d'Éperviers de Cooper / Accipiter cooperii / Cooper's Hawk est en train de se construire un nid douillet. Dès mon arrivée, j'aperçois le couple. Chez les accipitridés, même si le plumage des adultes est identique, il est possible de distinguer facilement les sexes. La femelle est plus grande et plus costaude que le mâle. Ceci s'explique notamment par le fait qu'elle couve les oeufs et qu'elle doit être en mesure de bien protéger les oisillons contre d'éventuels prédateurs. Ce dimorphisme joue également un rôle dans la diversité des proies apportées aux jeunes. La femelle peut capturer des proies plus grosses que celles rapportées par le mâle.


Pendant que la femelle fait un brin de toilettage







Le mâle s'occupe à apporter des brindilles pour aménager le nid






Lors de mon passage, c'est le mâle seul qui s'occupe de la construction du nid.







Le 16 avril, au Domaine de Maizerets à Québec, une magnifique femelle de Sittelle à poitrine blanche / Sitta carolinensis carolinensis / White-breasted Nuthatch me procure de belles occasions de photographie.












Le printemps est vraiment dans l'air et un couple de Goélands à bec cerclé / Larus delawarensis /  Ring-billed Gull le prouve bien.






 Le 19 avril, nous nous rendons à Baie-du-Febvre pour y observer des milliers d'oies, de bernaches et anatidés qui s'y rassemblent à chaque printemps. Nous ne sommes pas déçus. Parmi les 57 espèces différentes d'oiseaux répertoriées en quelques heures, nous comptons une Oie rieuse, une Bernache de Hutchins, deux Oies de Ross et un Canard siffleur. Et parmi les sept espèces de rapaces, voici les deux buses les plus communes en période migratoire.



Cette Buse pattue / Buteo lagopus sanctijohannis / Rough-legged Hawk de forme claire a été photographiée au-dessus de la route Lacerte près de Baie-du-Febvre. Regardez attentivement et vous verrez que son jabot est gonflé,signifiant qu'elle a récemment capturé et avalé une proie.




Cette Buse à queue rousse / Buteo jamaicensis borealis / Red-tailed Hawk est escortée par un escadron de Corneilles d'Amérique. Aucune buse ne peut traverser le territoire d'une corneille sans être houspillée et conduite manu militari en dehors des  limites de ce territoire.



Oiseau mélomane par excellence, ce Bruant chanteur / Melospiza melodia melodia / Song Sparrow semble bien accroché à une portée musicale.


Les parulines n'ont pas encore atteint la région de la ville de Québec, mais cela ne saurait trop tarder. En attendant, une petite saucette en Floride ne sera pas de refus pour Anne et moi. Après un hiver aussi froid, un peu de chaleur sera la bienvenue. Et nous allons en profiter pour pousser les parulines migratrices retardataires plus au nord.


@ bientôt.






La beauté des oiseaux de la Floride au début mai 2015 (partie 1)

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Quand j'ai suggéré à Anne d'aller faire un tour en Floride au début de mai 2015, je pouvais compter sur une première expérience vieille de 20 ans alors que je m'y étais rendu au début de janvier 1995. Ce premier voyage en était un familial, ce qui fait que j'en avais profité pour observer les oiseaux le long de la route, mais sans préparation spéciale destinée à trouver les spécialités locales. Je voulais naturellement faire différent en 2015 en prévoyant un circuit qui favoriserait la visite de parcs nationaux ou municipaux, de réserves et d'autres lieux riches en faune.


Comme nous étions en période touristique plus basse, il n'aurait pas été nécessaire de réserver nos chambres d'hôtel à l'avance. Mais ça ne me tentait pas de perdre du temps dans la journée pour me préoccuper de trouver l'hôtel à venir lorsque nous changions de région. Nous désirions tous les deux un 12 jours dévoués aux oiseaux et non au stress. C'est ainsi que j'ai réservé tous les hôtels (excepté celui de la veille du départ) via le site internet Hotels.com . Je me suis également servi d'internet pour réserver un Jeep Patriot auprès de la compagnie de location Enterprise, présente à l'aéroport de Miami. C'est tellement facile à faire et surtout très fiable. Aucun endroit ne nous a déçus.Tout s'est déroulé à merveille. Et nous pouvions aussi compter sur un 3ième participant inestimable soit Julie, notre GPS que nous avions acheté au Québec en avril. Nous l'avons appelé Julie, car c'était le nom qui lui était attribuée dans la paperasse d'information. Sa présence a été indispensable pour traverser les villes ou trouver les petites rues où se retrouvaient quelques sites d'observation très intéressants.


Anne a accompli un véritable travail de moine en fouillant Ebird, soir après soir, afin de bonifier davantage les visites du lendemain. Son acharnement a permis de visiter des sites non répertoriés dans le guide dont je m'étais servi pour établir la boucle de base, soit le "Birding Florida, more than 200 prime birding sites" de Brian Rapoza, aux éditions Falcon Guide. En fait, Ebird est un "must" alors que nous obtenons en temps réel la liste des espèces présentes à un moment donné. Parmi les espèces que Ebird nous a permis de voir et que nous aurions très bien pu manquer figurent les Bruantsauterelle (sous-espèce floridienne), Pluvier neigeux et Pic à face blanche. À Merritt Island, c'est au centre d'interprétation que nous avons appris la présence d'un rare Bécasseau cocorli. Nous nous sommes rendus immédiatement sur les lieux et nous avons pu l'observer.


Voici la boucle parcourue et qui nous a permis de cocher 158 espèces en 11 jours complets d'observation.

Miami - Florida city - les Keys - Bonita Springs - St. Petersburg - Kissimmee - Titusville - Miami



Si c'était à refaire, je planifierais de me rendre au début avril et non au début mai, car les vagues de migrateurs et les hivernants étaient partis pour la grande majorité. Nous avons pu lister quelques retardaires, mais il était trop tard pour une espèce comme la Buse à queue courte.


Voici maintenant des oiseaux d'une grande beauté qui ont enjolivé notre route.


La partie sud de la Floride est une région très plate où aucune dénivellation naturelle n'est visible. L'eau surgit dès que l'on creuse à un mètre de la surface du sol. C'est littéralement le paradis des oiseaux d'eau: ibis, hérons, aigrettes, canards, râles, gallinules...



Cet adulte d'Ibis blanc / Eudocimus albus / White Ibis est photographié sur la plage de San Carlos près de Naples, sur la côte ouest de la Floride. Nous sommes le 4 mai 2015.


Pas très loin de là, c'est un immature de la même espèce qui se nourrit fébrilement.



La Gallinule d'Amérique / Gallinula galeatacachinnans / Common Gallinule est une espèce omniprésente dans les marais de toutes tailles en Floride. Lors de notre visite, elle était très occupée à nourrir ces petites boules de plumes hirsutes... Photo prise le 6 mai 2015 au Boyd Hill Nature Park, Floride



Nous avons eu la chance d'observer des jeunes gallinules à différentes étapes de croissance. Celle-ci est adorable.



Cette espèce d'une grande beauté a pour nom Talève violacée / Porphyrio martinicus / Purple Gallinule. Elle n'est observée que très rarement au Québec. À ma connaissance, la dernière mention relève de la mi-septembre 2011 au marais Carbonneau à Sherbrooke. Habituellement, il s'agit d'un individu immature qui s'égare hors de son site qui l'a vu naître. Photo prise le 11 mai 2015 au Green Cay Wetlands & Nature Center, près de Kissimmee, Floride.


 
Et que dire de cette autre espèce qui, à vrai dire, ne devrait même pas être observée dans le Nouveau Monde puisqu'elle provient de l'Ancien Monde. Il s'agit d'une espèce introduite qui s'est facilement acclimatée et qui est maintenant "cochable" en sol américain. La Talève sultane / Porphyrio porphyrio porphyrio / Purple Swamphen est cependant très localisée et c'est également au Green Cay Wetlands & Nature Center que nous avons pu nous gâter à la vue de cette beauté

 

À l'instar des autres espèces du genre Porphyrio, cette talève est munie d'une plaque frontale cornée qui permet à sa boîte crânienne de subir sans problème des chocs inévitables découlant de sa recherche de nourriture dans des endroits sombres.



Cet échassier aux allures intrigantes est un Courlan brun / Aramus guarauna pictus / Limpkin observé également au Green Cay Wetlands & Nature Center, près de Kissimmee, Floride. En Amérique du Sud, il fréquente les champs inondables et les marécages. Son cri particulier hante les milieux humides surtout la nuit. C'est de toute beauté à entendre... et il est de toute beauté à voir.




Alors qu'il n'est que sporadiquement observé au Québec, l'Ibis falcinelle / Plegadis falcinellus / Glossy Ibis est commun en Floride. Son observation est pratiquement quotidienne et ceci m'a permis de faire cette photo expliquant son épithète de "Glossy". Vue sous un angle "normal", cet ibis semble très foncé, mais lorsque la source de lumière est idoine, voici ce qu'on peut voir...




Je n'avais jamais observé autant d'iridescence dans le plumage de cet ibis. Ça me fait plaisir de vous la présenter.




Et que dire de cette autre merveille qu'est la Spatule rosée / Platalea ajaja / Roseate Spoonbill, une autre espèce facilement observable en Floride.




Cette espèce au bec très spécialisé et aux couleurs attrayantes allie beauté et exotisme. Et c'est au Bird Sanctuary, près de Long Key que j'ai la chance de capter cette image.



Et voici pour la première partie de notre escapade en Floride. J'ai beaucoup d'autres beautés à vous faire découvrir. Stay tuned.




@ bientôt.





Mes rencontres avec l'oiseau-serpent.

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L'oiseau-serpent ?  Oui, je comprends que ce nom puisse bien faire sourciller quelques uns d'entre vous. Et c'est bien compréhensible car cette espèce ne se retrouve pas sous nos climats nordiques. Quel caractère morphologique ou physiologique peut nous amener à associer un oiseau à un serpent ?  De prime abord, je serais porté à y aller avec les écailles. Alors qu'elles recouvrent entièrement le corps du reptile, elles se retrouvent également sur les pattes ou, du moins, sur les doigts des oiseaux. Comme le montre bien ce dessin d'une patte de corneille.






D'accord, bon point, mais les 10 000 espèces d'oiseaux connues possèdent cette caractéristique et je parle ici d'un genre en particulier. Un genre qui comprend seulement 4 espèces et 2 sous-espèces.



Il faut donc chercher ailleurs. Un serpent est un animal longiligne, effilé et dépourvu de pattes. Quelle partie d'un oiseau peut correspondre à ça ?  Le cou, peut-être ? Bien évidemment ! Après tout, ce ne sont pas toutes les espèces d'oiseau qui ont un cou assez long pour que l'on fasse le rapprochement avec un serpent. Ouais, c'est bien beau, mais dès que nous partons du bec en nous dirigeant vers l'autre extrémité du cou, nous aboutissons inévitablement à un corps plumeux, pourvu de pattes. Vraiment pas facile à éclaircir cette énigme !  Et, après réflexion, des oiseaux au long cou, il y a des tonnes et ils appartiennent à plusieurs genres. Pas à seulement UN genre.


Bon, si vous ne l'avez pas encore découvert, je vous le donne en mille. Il s'agit d'une espèce que j'ai observée et photographiée en Floride. En fait, il me manquait l'espèce vivant en Amérique. J'avais déjà eu la chance de rencontrer et de photographier les 3 autres différentes espèces vivant soit en Australie, en Asie ou en Afrique.

L‘Anhinga d'Amérique / Anhinga anhinga leucogaster  / Anhinga est une espèce d'oiseau aquatique de la famille des Anhingidés et vivant dans les zones les plus chaudes du continent américain. Le nom d' Anhinga vient de la langue Tupi du Brésil et veut dire « oiseau-diable » ou « oiseau-serpent ». Voici deux photos vous montrant sans équivoque l'analogie de l'oiseau avec un serpent.


Cet individu immature d'Anhinga d'Amérique ne laisse paraître que son cou hors de l'eau alors qu'il est posé sur l'eau. Pourquoi ?  Photo réalisée le 11 mai 2015 au Green Cay Wetlands and Nature Center, Floride, USA.


Non loin de là, sur le même plan d'eau, un adulte fait de même. Mais pourquoi ? 



Il ressemble à un cormoran avec une longueur moyenne du corps de 85 cm, une envergure de 117 cm et un poids de 1350 g. C'est un oiseau piscivore au plumage sombre avec un cou très long qui nage souvent avec seulement le cou au-dessus de l'eau. Lorsqu'il nage ainsi, on comprend aisément son nom d'oiseau-serpent, puisque seul son cou coloré apparaît au-dessus de l'eau et qu'il ressemble à un serpent prêt à frapper.

Contrairement aux anatidés, l'anhinga n'est pas en mesure d'imperméabiliser ses plumes en utilisant de l'huile produite par la glande uropygienne. Par conséquent, les plumes deviennent vite saturées d'eau, rendant l'oiseau à peine capable de flotter. Toutefois, cela lui permet de plonger facilement et de rechercher ses proies sous l'eau, tels que poissons et amphibiens. Il peut rester en plongée pendant des durées importantes.

Si nécessaire, l'anhinga va sécher ses ailes et ses plumes. Il va se tenir perché pendant de longues périodes avec ses ailes déployées pour se sécher, tout comme les cormorans.



Cet adulte a passé une bonne quinzaine de minutes avec ses ailes bien étendues pour les faire sécher. Il faut ajouter qu'avec des températures aux environs de 30° C, le séchage se fait assez rapidement. Photo réalisée le 09 mai 2015 à Merritt Island, Floride, USA.



S'il tente de s'envoler et que ses ailes sont humides, il a beaucoup de peine à sortir de l'eau et il s'envole en battant vigoureusement des ailes tout en « courant » sur l'eau.



L'Anhinga d'Amérique est étroitement liéà trois autres espèces appartenant au même genre, soient



à l'Anhinga rouxAnhinga melanogaster / Oriental Darter



C'est le 20 novembre 2014 que je capte en photo cet adulte d'Anhinga roux qui transporte des matériaux pour construire son nid. Cela se passe le 20 novembre 2014 au Tissa Tank, près de Udawalawe, Sri Lanka.



à l'Anhinga d'AfriqueAnhinga rufavulsini / African Darter



Cette photo de l'Anhinga d'Afrique a été réalisée le 25 octobre 2012 à Madagascar, plus précisément au Lac Ravelobe, près du parc Ankarafantsika.


et à l'Anhinga d'AustralieAnhinga novaehollandiae novaehollandiae / Australasian Darter



C'est au Hastie's Swamp, en Australie, que j'ai la chance de capter cette autre d'espèce d'anhinga. Nous sommes le 24 octobre 2011. 


Avez-vous remarqué le nom anglais des espèces de l'Ancien Monde ? Et oui, Darter. Ce nom rend hommage à leur bec effilé, aussi fin et pointu qu'un dard, et ils s'en servent pour littéralement transpercer le poisson. Lorsqu'ils reviennent à la surface, ils libèrent leur proie adroitement en la projetant quelque peu dans les airs. Ils la captent ensuite entre leurs mandibules et l'avalent tout rond, en prenant bien soin de l'introduire dans le gosier la tête première d'abord. C'est beaucoup plus facile à avaler quand les épines dorsales sont dans le sens où elles ne peuvent s'ouvrir pour empêcher l'opération de se faire.


Le monde des oiseaux ne cessera jamais de nous étonner et c'est ce qui rend notre quête d'en connaître davantage encore plus excitante.


@ bientôt.







La beauté cachée des marécages.

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S'il existe un habitat sous-estimé par bien des gens et ceci, tout autour de la belle planète bleue, c'est bien celui des habitats humides. Pourquoi inspire-t-il aussi peu la sympathie de "monsieur tout le monde" ?  Serait-ce à cause de leur aspect peu invitant inspiré par une végétation plutôt monochrome ou par un sol rendu précaire parce qu'imbibé d'eau, rendant difficile de s'y aventurer sans crainte ? Serait-ce à cause des odeurs émanant de la décomposition de matières mortes, qu'elles soient d'origine végétales ou autres ?  Serait-ce à cause des sons continuels émis par les batraciens, les oiseaux ou les animaux qui peuvent s'y retrouver ? Alors que les passionnés de nature ne s'en lassent jamais, il n'y a rien de gracieux dans tout ça pour les autres.

Pour le naturaliste, l'occasion de découvrir un nouveau milieu humide est toujours excitant. Excitant parce que cet habitat recèle des secrets qui ne se dévoilent qu'à celui qui a la persévérance et la connaissance pour les repérer. Si les êtres qui y habitent sont vocaux, ils sont plutôt furtifs et ils se camouflent à merveille dans un milieu souvent impénétrable. L'observateur doit acquérir une certaine expérience de terrain  afin de connaître leur comportement et prévoir la façon dont ils vont se présenter devant lui. Et tout ceci ne s'acquiert qu'avec le temps... et la persévérance.


Je veux vous présenter aujourd'hui une espèce d'une extrême beauté. Elle ne s'observe au Québec que très sporadiquement et, lorsqu'elle le fait, nous ne la retrouvons que dans son plumage immature qui n'a rien à voir avec celui de l'adulte. Voici donc un individu immature que j'ai eu la chance de capter en image le 18 septembre 2011 au marais Carbonneau, près de Sherbrooke, Québec.






La Talève violacée / Porphyrio martinicus / Purple Gallinule est rarement observée au Québec. Une seule mention par année et il peut se passer une ou plusieurs décennies entre les observations. Il s'agit en très grande majorité d'individus immatures qui se présentent sous nos cieux à l'automne. Probablement à la suite de la dispersion qui suit la fin de la nidification. L'individu photographié a passé deux semaines à ce très beau marais.


Cette talève est reconnue dans la famille des rallidés pour sa tendance à s'égarer quelques fois très loin de son aire de distribution normale. Elle niche dans le sud est des États-Unis jusqu'en Amérique du sud et les populations les plus au nord et les plus au sud sont migratrices. Cette espèce est régulièrement rapportée sur l'île de Tristan da Cunha à quelques 3 800 km de la côte sud américaine. Elle s'est déjà égarée sur l'île Sainte-Hélène, à environ 6 400 km de l'Amérique du sud et elle fait des apparitions annuelles dans le sud ouest de  la Province du Cap, en Afrique du Sud. Des 21 cas répertoriés au Cap, la plupart se situe entre fin avril et début juillet et implique des individus immatures. Ceci suggère que les adultes sont peu portés à l'errance. Il apparaît que les individus migrant vers le nord en partance de la province de Buenos Aires, en Argentine, ou de l'Uruguay sont contraints de dévier de leurs corridors migratoires normaux par des forts vents en provenance de l'ouest qui les font traverser l'Atlantique,  pour finalement s'échouer sur les côtes de l'Afrique du sud, totalement épuisés et émaciés.  



Je dois attendre près de quatre ans avant de photographier à nouveau cette espèce alors que je me rends en Floride avec Anne au début mai 2015. Et, en 12 jours de balade entre les différents parcs et réserves, nous ne la rencontrons qu'à trois endroits soient au Lower Green Swamp Nature Preserve près de Plant City, à Merritt Island près de Titusville et au Green Cay Wetlands & Nature Center près de Boynton Beach.La plus belle rencontre se fait au dernier endroit mentionné. Et là, j'ai la chance d'avoir devant nous un adulte arborant ses plus beaux atours.



Alors que ses doigts démesurés font office de raquette lui permettant de se promener sur la végétation flottante des plans d'eau, c'est autre chose lorsque la talève grimpe sur les longues tiges pour aller bouffer les graines au bout des phragmites.



Tel un funambule, l'oiseau doit assurer son équilibre en étendant les ailes d'un côté ou de l'autre...



ou simultanément.


L'oiseau est tellement occupé à se nourrir qu'il ne se préoccupe aucunement de notre présence. Ce qui me permet une prise rapprochée de son cou et de sa tête.






Des lieux moins attrayants peuvent souvent cacher des êtres d'une grande beauté. Suffit d'ouvrir l'oeil et d'être attentif à leur présence pas toujours évidente.


Je vous souhaite de les découvrir à votre tour.


@ bientôt.




May day ! Étourneau sansonnet en péril.

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Même si j'ai l'impression de me répéter ad nauseam, je ressens le besoin de le faire encore aujourd'hui. Chaque sortie en nature peut nous réserver des aventures inattendues et même spectaculaires. Et ce samedi matin du 20 juin 2015 n'y échappe pas. Comme des centaines d'autres ornithologues amateurs du Québec, Anne et moi aimons essayer d'observer annuellement le plus grand nombre possible d'espèces au niveau provincial. Cette activité énergisante ne nous permet pas seulement de lister pour le simple plaisir de lister, mais elle permet également de revisiter des lieux connus(et moins connus) afin de vérifier la constance et l'abondance des oiseaux dans les différents sites. En partageant ensuite l'information ainsi colligée sur des plate-formes électroniques comme Ebird, chacun apporte son humble contribution à une banque imposante de données. Ces données ne permettent pas seulement le constat de la santé des oiseaux, mais aussi celle des habitats. Car c'est un constat bien alarmant tout autour de la belle planète bleue, l'Homme détruit les habitats sans réfléchir sur l'impact négatif que ces pertes auront sur la vie animale et végétale. Lorsque le tableau qui se trouve sous nos yeux est trop large, nous ne sommes pas portés à en voir tous les détails. Et pourtant, c'est la somme des détails qui contribue à la beauté et à l'unicité du tableau.


En ce beau samedi matin ensoleillé, nous nous retrouvons près d'un... cimetière, dans la coquette municipalité d'Issoudun, dans le beau comté de Lotbinière. Oui, je sais, un drôle d'endroit pour commencer une tournée célébrant la vie, mais les ornithologues en herbe que nous sommes n'en sont pas à leur première drôlerie. Un Bruant des plaines bien en voix a été antérieurement noté par Guy Poisson et Jean Piuze à cet endroit. Alors, nous avons bien l'intention de le trouver et, si possible, de l'immortaliser sous forme de pixels pour le montrer à ceux qui n'auront pas la chance de se déplacer pour le voir. Le voici donc





Et nous constations avec grand plaisir qu'il y a même deux individus sur le site, permettant de croire à une possible nidification en 2015. Ce bruant est de plus en plus rapporté au Québec et ce serait un ajout important à la liste officielle du Québec. Qui sait ? 


Juste avant de quitter les lieux, un cri discordant attire mon attention. Même si ce n'est pas un son caractéristique à l'espèce, je devine entendre un Étourneau sansonnet. En inspectant à la jumelle la végétation d'où ce cri semble provenir, je vois bouger un Quiscale bronzé et une Mésange à tête noire très excitée. Je pense alors qu'il s'agit peut-être d'un quiscale qui essaie d'attraper une jeune mésange et qu'il est houspillé par le parent en panique. Je m'approche donc et je suis vraiment chamboulé par ce que je vois. Un étourneau se débat, la tête en bas, comme s'il avait une patte accrochée à une branche. Et c'est bien le cas, saut que la patte est retenue par une ficelle qui, elle, entoure et la patte de l'oiseau et la branche de l'arbre. Il est impossible pour le pauvre oiseau de se libérer de cette fâcheuse position. Mon sang ne fait qu'un tour.






Il me faut corriger cette situation. Une rapide investigation des lieux me fait découvrir l'impossibilité de rejoindre cette branche. De plus, l'oiseau se trouve juste au-dessus d'un fossé rempli d'eau. Je ne sais pas comment cet hurluberlu a fait pour l'attacher là, mais à moi maintenant de remédier à la situation. En regardant tout autour, j'aperçois trois hommes en train d'inspecter une pelouse tout près. Je les rejoins et leur demande s'ils n'auraient pas une grande perche, genre râteau ou bêche, qui me permettrait d'accrocher la branche afin de l'approcher de moi et de secourir l'oiseau. Et voilà que l'un des trois va chercher l'outil parfait. C'est ainsi que je peux m'approcher de l'oiseau.






Ainsi armé, je peux rejoindre facilement la branche.







L'oiseau se débat et nous pouvons le voir juste au-dessus du toit de la grange, au centre de la photo, un peu décentré vers la gauche.







En faisant bien attention de ne pas couper la branche alors que l'oiseau se retrouve au-dessus de l'eau, je l'attire vers moi... et l'oiseau se retrouve bientôt en sécurité tout près de moi.







 L'oiseau se débat bien évidemment, mais il le fait sans trop de force, car qui sait depuis combien de temps il se trouve dans cette position stressante et exténuante pour lui. J'essaie tant bien que mal de dégager la ficelle qui emprisonne sa patte meurtrie.







Mais mes gros doigts malhabiles d'homme ne me permettent pas de le faire. Je demande à Anne de le faire à ma place. Je tiens l'oiseau dans ma main et Anne s'exécute avec plus de doigté et de minutie. Et voilà, enfin, l'oiseau libéré de toute attache. Sa patte saigne, mais nous n'avons rien pour désinfecter sa plaie. Après avoir ouvert la main, il s'envole sans demander son reste.






Je retourne l'outil à son propriétaire, mais il n'est plus là, alors je le range avec soin dans son atelier et nous repartons.


J'ai été traumatisé tout le reste de la journée par cette expérience. Je trouve dommage que la vie des oiseaux pèsent si peu pour certaines personnes. Mais je ne jette la pierre à personne. J'ai moi-même, alors que j'étais adolescent, blessé à mort un bécasseau à l'aide d'un tire-pierre. C'est certain que j'étais peu fier de moi lorsque j'ai tenu dans ma main l'oiseau inerte. J'ai réalisé alors combien nous pouvions être stupide en posant des gestes irréfléchis. Je venais de briser une vie pour un simple moment d'égoïsme pur. Il faut que l'on soit éduqué à apprécier et à respecter les êtres qui nous entourent. Il n'y aura jamais assez d'ornithologues et d'amants de la nature pour aider à propager ce respect.


@ bientôt.





Le bonheur de nourrir les oiseaux toute l'année.

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Le nourrissage des oiseaux, par le biais des mangeoires à graines que nous installons dans nos cours  ou dans les parcs urbains, éveille souvent une polémique sur le bien fondé de cette action. Faisons nous bien d'agir de la sorte ? N'y a-t-il pas un danger de changer le comportement des oiseaux en établissant une dépendance entre eux et nous ? Est-ce que nous pouvons même induire quelques individus à renoncer à la migration vers le sud en leur offrant de la nourriture ? Répondre à ces questions n'est pas simple et les réponses évoquées peuvent relever autant sinon plus de la subjectivité que de l'objectivité. Chacun y va avec ses pour et ses contre. Et notre souci altruiste de leur fournir de la bouffe peut cacher un désir bien égoïste de se les approprier un peu. Et bien oui, je l'avoue, je suis l'un de ces altruistes égoïstes, un homme rempli de contradictions, mais surtout mené par une passion pour la nature. Dès que j'ai possédé une maison, j'ai aménagé graduellement le terrain en vue d'attirer les oiseaux en plantant des arbres fruitiers, des arbustes et des fleurs qui plairaient aux frugivores, aux insectivores, aux granivores et aux nectarivores. Naturellement, les mangeoires, l'abreuvoir à colibri, les nichoirs à hirondelles ainsi qu'un petit bain d'oiseaux sur pied sont venus compléter le tout.

Je sais que la très grande majorité des propriétaires de poste d'alimentation commencent à nourrir tard à l'automne et ferment boutique à la fin du printemps. Personnellement, je n'ai jamais fait ça. Au contraire, mes mangeoires sont remplies à l'année. Malgré l'étalement sur quatre décennies, je n'ai jamais retenu chez moi une espèce migratrice. Je les accueille dans ma cour au printemps et à l'automne, sans plus.Tout comme les êtres vivant en nature, les oiseaux se doivent d'être opportunistes pour garantir leur survie. À ceux qui craignent de vouer les oiseaux à une mort certaine s'ils arrêtent de les nourrir pendant quelque temps, même en période très froide, je leur dis que les oiseaux sauront bien suppléer au manque de graines en s'alimentant de ce qu'ils trouveraient normalement s'il n'y avait pas de mangeoires. Et leur donner un coup de main en leur procurant une nourriture "facile" lors des grands froids est une aide qu'ils apprécient grandement.

Mon intention dans ce billet n'est pas de fournir des photos des espèces hivernantes habituelles, mais bien de vous montrer des espèces nicheuses en été ou de passage en migration qui apprécient le buffet que nous installons dans notre cour.


En Avril et en Mai


En migration, les granivores que sont les bruants et les juncos ne sautent jamais une année pour nous visiter, même si notre cour est en ville, à quinze minutes à pied des centres d'achats et du trafic intense du boulevard Laurier, à Québec.


Le sifflement du Bruant à gorge blanche est un bon indice que les vagues migratrices sont bel et bien amorcées.


Il est souvent accompagné du Bruant fauve et c'est toute une joie lorsqu'il fait entendre sa jolie ritournelle.



Le Bruant chanteur n'est pas que de passage, il niche toujours dans le voisinage.



Le Bruant à couronne blanche est moins présent que les précédents et son chant trahit sa présence.



Le Bruant familier est un assidu à notre cour et il niche aux alentours à chaque année.






Le Junco ardoisé arrive en petits groupes et il anime notre cour de ses trilles pendant plus d'une semaine.


Tous sont granivores et les graines qui tombent des plateaux n'échappent pas à leurs recherches. De plus, mon expérience me fait croire que les oiseaux sont attirés par le cri de leurs congénères ou par celui d'autres espèces. L'activité attire l'activité et il n'est pas rare de voir cinq ou six espèces différentes en même temps autour et dans les mangeoires.



En Juin, Juillet et Août


Rien n'est plus réjouissant pour celui qui accueille les oiseaux dans sa cour que de voir les parents accompagner leurs jeunes au poste d'alimentation.


Ici, une femelle adulte de Pic chevelu amène son jeune, identifiable à sa couronne colorée, au poste d'alimentation sur la rue Higgins à Chateauguay. Quelques jours plus tard, j'observais la même chose dans ma cour à Sillery, ville de Québec.

 

Un adulte de Quiscale bronzé fait de même en offrant cette graine de tournesol noir à son rejeton. Dès le lendemain, j'ai vu ce dernier revenir seul pour cueillir d'autres graines par terre. Ça n'a duré que quelques jours et il n'y avait plus de quiscale dans ma cour. Ceci démontre bien l'opportunisme des oiseaux qui ne s'attardent pas lorsque l'instinct leur commande de passer à autre chose.


Nous savons que les jeunes des passereaux, même s'ils ne sont pas insectivores, sont d'abord nourris d'insectes, car ils sont plus riches en calories et ça leur permet de grossir plus vite. Le Bruant chanteur, à l'instar de bien d'autres espèces, commencent d'abord par les nourrir d'insectes et d'arthropodes lorsque ces derniers sont au nid.



Des petits cris stridents et insistants me font savoir que c'est maintenant notre fidèle Bruant familier qui vient nourrir ses jeunes aux mangeoires. Cette activité nous permet d'observer les différentes espèces dans leur livrée juvénile qui est souvent différente de celle adulte. Les jeunes ont souvent les parties inférieures du corps striées alors qu'elles sont unies lorsque l'oiseau acquiert sont plumage adulte.


La Mésange à tête noire est une espèce qui fréquente nos mangeoires TOUTE L'ANNÉE. Tellement qu'elle a niché à au moins une reprise juste en haut du poste d'alimentation. Elle aussi amène ses rejetons. J'en ai été témoin à deux reprises cette année.


Non, je ne veux absolument pas convaincre quiconque de la pertinence de maintenir un poste d'alimentation ouvert à l'année. Mais le bonheur que vous retirerez en vaudra peut-être la chandelle..


@ bientôt.






Ces habitués des conditions extrêmes.

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La semaine dernière, une courte escapade de quatre jours en Gaspésie nous a encore fait réaliser combien certaines espèces d'oiseaux sont vouées à des vies où les conditions météorologiques adverses sont monnaie courante. J'ai toujours été fasciné par ces animaux qui doivent survivre dans des conditions où nous, pauvres humains laissés à nous mêmes, ne tiendrons pas très longtemps. Le fait qu'ils soient encore là dénote nécessairement qu'ils ont su s'acclimater à ces conditions sinon ils n'existeraient plus.

Dans mon échelle d'évaluation de la tolérance aux intempéries, les oiseaux marins occupent le sommet. Comment des êtres comptant sur de simples plumes comme moyen de protection peuvent-ils survivre à des écarts de température intenses, aux eaux froides, à des vents violents et à des mers déchaînées qui prévalent dans l'immensité des océans ???  Et que dire de leurs conditions de nidification alors qu'ils doivent accrocher leurs nids littéralement à des murs rocheux vertigineux. Chaque cavité ou chaque saillie du rocher offrant un espace assez grand est occupé par un couple nicheur. Et voici un exemple probant où le parent qui couve n'a d'autre vision que le mur grimpant à 90° tout au bout de son bec.



Passeriez-vous de 23 à 32 jours (le temps normal de la couvaison) à regarder un mur rocheux vertical, sous la pluie, sous un soleil ardent ou aux prises à des vents violents ? Et bien c'est pourtant le karma de cet adulte de Mouette tridactyle. Photo prise à l'Île Bonaventure le 5 juillet 2015.

Et comme si ce n'était pas assez, chaque site de nidification doit être chèrement défendu puisque ces espèces nichent habituellement en colonies très denses. Chaque centimètre de terrain est important et les parents veillent méticuleusement à ce que les limites territoriales soient respectées par les voisins. Comment chaque individu fait-il pour s'y retrouver dans tout ce brouhaha demeure un mystère, pour moi du moins.



Un Fou de Bassan atterrit à l'emplacement que le couple a choisi. Choisi est peut-être un bien grand mot vu la grosseur de la colonie. Les matériaux utilisés pour la confection du nid sont des algues, de l'herbe ou toute matière végétale disponible près du site. 




Alors que la photo du haut montre un fou apportant des algues, celui-ci arrache de l'herbe qui pousse en périphérie de l'emplacement de la colonie. Il ne fera que quelques pas pour la laisser choir au sol. Et voilà que la confection du nid est entreprise.



Cet oisillon n'a que quelques heures de vie. On peut voir la "dent" claire au bout du bec qui lui permet de briser la coquille de l'oeuf. L'adulte le garde au chaud entre la paillasse et les plumes de son ventre.


 
Environ une semaine plus tard, son corps a quintuplé et il est couvert d'un duvet blanc.


Et s'il ne manque pas de nourriture, s'il évite les prédateurs et s'il survit aux embûches qui l'attendent lors de ses premiers vols, il pourra aspirer à devenir l'un des oiseaux de mer les plus élégants qui soit.






Car des embûches, il y en a plus d'un à éviter sur l'Île Bonaventure. Selon les dires de la guide biologiste en service, le prédateur terrestre le plus efficace est le Renard roux. Il est friand des oeufs et il ne dédaigne pas s'occuper des jeunes oiseaux mal en point. Anne et moi n'en avons pas vu lors de notre visite de quelques heures, mais il est bien présent sur l'île. Par contre, un Faucon pèlerin est venu se percher sur un grand poteau avec dans ses serres un oisillon d'un laridé (goéland ou mouette) qu'il a déplumé allégrement devant nos yeux. Ça se passait dans le village de Percé, mais ceci aurait tout aussi bien pu se produire sur l'île même. Par contre, deux gros prédateurs ont été aperçus à partir du bateau lorsque nous avons fait le tour de l'île. Deux beaux Pygargues à tête blanche.

 

Un pygargue, un immature d'environ quatre ans, regarde passer un fou le long de la falaise du côté nord de l'île. S'il ne s'attaque pas à un adulte en pleine forme, le prédateur pourrait très bien s'occuper d'un jeune laissé sans surveillance. Pas très loin de là, un autre pygargue d'environ trois ans fait le guet.



Parmi les autres prédateurs, il ne faut pas oublier le Grand Corbeau et le Goéland marin, deux espèces qui nichent à proximité des colonies et qui ne dédaignent pas non plus les oeufs et les jeunes oisillons.



Nous avons dénombré quatre Grands Corbeaux lors de notre visite, répartis autour de l'île.

 
Le Goéland marin est le plus gros des laridés présents au Québec et il est un prédateur omniprésent dans les colonies d'oiseaux marins sur la côte où il se nourrit d'oeufs et d'oisillons.


En contre-bas, une dizaine de Phoques gris se reposent sur les rochers. Ils se nourrissent des mêmes poissons dont le fou raffole et ils sont des compétiteurs directs.Plusieurs personnes croient qu'ils sont la cause de la diminution drastique des maquereaux dans le secteur, mais ceci reste à prouver. Chose certaine, les Fous de Bassan doivent maintenant parcourir de grandes distances afin de se sustenter eux-mêmes et de ramener de la nourriture aux rejetons. 

 

Le mâle du Phoque gris est gris foncé, presque noir, et la femelle est plus ou moins gris pâle.


Dernièrement, via le forum Ornitho-Québec, l'ami Raymond Belhumeur a attiré notre attention sur un article du journal Le Devoir relatant la baisse impressionnante des effectifs des Fous de Bassan et d'autres populations d'oiseaux de mer. Il s'agit du nombre astronomique de 69.7% depuis 60 ans, soit la période s'étalant de 1950 à 2010. Possiblement en raison du réchauffement des eaux du golfe du Saint-Laurent, leur proie favorite, le maquereau, se serait déplacée davantage au nord. Or, les plus grands trajets désormais nécessaires pour retrouver des maquereaux sont épuisants pour les oiseaux, qui doivent nourrir leur progéniture. En plus d’affecter les adultes, le phénomène nuit aux poussins, laissés souvent trop longtemps seuls dans le nid. La naturaliste du parc de l'Île Bonaventure nous a dit qu'ils estimaient actuellement la population de l'île à 51 000 couples nicheurs. Ceci constitue la plus grande colonie en terre d'Amérique.


 Je ne voudrais pas terminer ce billet sans vous présenter d'autres espèces facilement observables près de Percé et de l'Île Bonaventure.



Le petit Guillemot à miroir s'observe en bonne quantité dans la région. Il niche dans les cavités rocheuses qui les protègent des prédateurs. J'ai photographié cet individu en bordure de la 138, près de Gros Morne. Il est facilement observable à Percé même, à partir du quai et tout autour de l'Île Bonaventure.




Le Petit Pingouin est abondant à Percé où il niche également dans les cavités rocheuses.



Le Guillemot marmette est un autre alcidé très abondant à Percé. En vol et à distance, nous pouvons le confondre avec le Petit Pingouin, mais son bec effilé et sa couleur brunâtre permettent de le différencier assez facilement. Il niche en compagnie des pingouins dans les nombreuses cavités.



L'Arlequin plongeur est l'espèce d'anatidé que nous voulons toujours avoir la chance d'observer lors d'une tournée de la Gaspésie. Ces deux individus immatures ont été captés tout près du quai de Percé. Nous avons été très chanceux de les trouver puisqu'ils n'avaient pas été rapportés depuis quelques jours.


 
S'il n'est pas nécessaire de se rendre en Gaspésie pour être en présence d'une crèche d'Eiders à duvet, avouez que le spectacle vaut le coup d'oeil. Image captée près de l'Île plate où le Grand Cormoran niche également. Ce dernier niche aussi en bon nombre sur le fameux Rocher percé.


 Et pour finir, une photo de la très élégante et acrobatique Mouette tridactyle.







Un tour de la Gaspésie est un incontournable au Québec pour un passionné de nature et de photographie. Il y a tant à voir et à apprécier. Allez-y et vous m'en reparlerez.


@ bientôt.



Août 2014

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03 août 2014


Les mois de juillet et août sont merveilleux pour observer les jeunes oiseaux et leurs parents nourriciers. Ceux qui, comme nous, entretiennent pendant toute l'année leur poste d'alimentation, ont alors la chance de voir arriver les petites familles autour des points de nourrissage. Pendant que les jeunes attendent avec plus ou moins de patience leur retour, les parents viennent picorer quelques graines pour les offrir à leur ado en pleine croissance. Ou du moins viennent-ils se nourrir eux-mêmes en vitesse, car tout le temps qu'ils ont est dévolu à trouver des insectes pour tenter de calmer l'appétit sans fond de leur progéniture. 2014 a vu défiler différentes familles dans notre cour soient celles des Mésange à tête noire, Cardinal rouge et Bruant familier.


S'il est vrai que les bruants posent souvent des problèmes d'identification pour les débutants même si ceux-ci rencontrent des adultes des différentes espèces, imaginez lorsqu'ils doivent négocier avec des immatures. À l'instar de quelques autres espèces de bruants, les oiseaux immatures du Bruant familier / Spizella passerina passerina / Chipping Sparrow arborent des rayures sur la poitrine et le ventre, rayures qui disparaîtront à mesure que le plumage adulte apparaît. 






Voici de quoi aura l'air, le printemps prochain, le jeune oiseau rayé de la photo précédente.



Une façon simple de reconnaître un immature est d'observer la commissure du bec qui est toujours colorée chez un jeune oiseau. Il est normal pour un oiseau d'avoir l'intérieur du bec et de la gorge très coloré. Il est plus facile pour le parent d'y introduire la nourriture. Ça doit se faire vite et sans trop de bavure. Pas de temps à perdre. Ici, il s'agit d'un jeune Moineau domestique / Passer domesticus domesticus / House Sparrow


09 août 2014


En scrutant notre liste des espèces observées en 2014, nous réalisons qu'une visite dans la région des Escoumins nous permettrait d'ajouter des laridés, genre mouettes, à notre bilan annuel. C'est donc dans cet esprit que nous couvrons les 260 kilomètres (4h30 de route) qui nous séparent de ce merveilleux site qu'est le village de Les Escoumins. C'est toujours une fête de s'y rendre autant pour les excellentes possibilités d'observer des espèces différentes que pour savourer les beaux paysages qui fleurissent le long du parcours. Cette année, il y a énormément de Mouettes de Bonaparte dans la petite baie jouxtant le village sur presque toute sa longueur. Il y en a en fait des milliers. Nous passons de longues heures à scruter les environs avec la lunette. La température est juste incroyable et nous jasons avec les autres observateurs présents. Très agréable... mais aucune des espèces de laridés espérées n'est présente. Oups ! Un Goéland brun vient sauver l'honneur de la famille. Merci à Germain Savard et à Jacques Ibarzabal pour nous l'avoir presque présenté bien cuit dans une assiette. Ce sont des pros et ce n'est pas toujours évident de repérer cette espèce-là à travers des centaines de goélands. 

Après le lunch, nous pensons au retour. J'offre à Anne de le faire en prenant la traverse d'Essipit vers Trois-Pistoles. Anne ne l'a jamais prise et ce serait une occasion de revenir chez nous par la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Elle accepte et nous patientons une couple d'heures avant de prendre le bateau qui nous mènera donc jusqu'à Trois-Pistoles. La traverse dure environ 1h30 et l'eau est étale. Plutôt rare pour ce coin de pays. Nous passons tout le temps sur la passerelle du navire, à l'affût de toute ce qui bouge.



C'est en attendant le traversier et du bout du quai d'Essipit que je photographie ce Cormoran à aigrettes / Phalacrocorax auritus auritus / Double-crested Cormorant  qui passe très près.
 

La plus grosse colonie de Fou de Bassan / Morus bassanus / Northern Gannet en Amérique du nord se retrouve à l'Île Bonaventure avec 24 000 couples. Le Fou de Bassan se nourrit de harengs, de maquereaux, de capelans, de lançons et de calmars. Il peut parcourir de très longues distances quotidiennement pour trouver la nourriture pour lui et pour sa nichée. Même s'il niche dans le golfe, il est commun de le voir aussi à l'est que dans les parages de Trois-Pistoles.


Au Québec, en août, il est toujours intéressant de prendre une traverse entre les 2 rives du Saint-Laurent, dans l'espoir d'observer des espèces d'oiseaux dites pélagiques. Ce sont des espèces qui vivent la majorité du temps en haute mer. Il faut donc s'éloigner du rivage pour avoir une chance de bien les observer. Malgré une température presque trop clémente, nous avons la chance de croiser la route d'un Labbe parasite / Stercorarius parasiticus /  Parasitic Jaeger. Cet individu est un adulte en plumage inter nuptial intermédiaire, un manteau qu'il porte entre mars et novembre. C'est la première fois que j'ai la chance d'en observer un dans ce plumage. L'oiseau était excessivement loin du traversier.


Pour repérer l'espèce qui se présente ensuite, il faut chercher les barres de courant i.e. le lieu où des courants de différentes origines se rencontrent et font que la végétation flottante se rassemble et forme des tapis flottants où les phalaropes viennent se nourrir. Ici un petit groupe de Phalarope à bec étroit / Phalaropus lobatus / Red-necked Phalarope s'envole à l'arrivée du bateau et se pose sur l'eau un peu plus loin.


Petite mouette trapue, au cou épais et au bec d'un jaune immaculé, la Mouette tridactyle / Rissa tridactyla tridactyla / Black-legged Kittiwake semble très bien pourvue pour affronter les vents violents et les autres intempéries qui sévissent en haute mer. Elle niche sur les flancs des murs rocheux qui bordent les îles ou certaines rives le long du grand fleuve. Remarquez le bout des primaires totalement noir, c'est bien une mouette.


15 août 2014


Nous sommes le 15 août depuis à peine quelques minutes lorsque nous observons une espèce très inusitée en cette date de l'année et sous un climat aussi tempéré. Nous revenons d'une fête chez un ami de Neuville lorsque nous arrivons à la hauteur de la sortie Duplessis sud. Nous sommes sur l'autoroute 40 en direction est. Anne me fait penser qu'un oiseau spécial a été observé dernièrement bien assis sur une pancarte de signalisation. En me disant cela, elle se penche et me dit presque normalement : "et bien oui, il est là !".  Nous arrêtons en trombe et nous voyons bien à l'oeil qu'il s'agit de ce qui a été rapporté. Vite à la maison pour prendre jumelles et caméra et nous revoilà sur le site une quinzaine de minutes plus tard.



Et oui, même ma caméra n'en croyait pas sa lentille, un Harfang des neiges / Bubo scandiacus / Snowy Owl trônant sur le panneau de signalisation annonçant l'autoroute Duplessis sud à partir de l'autoroute 40 ouest. D'après la grosseur et les fines rayures, j'irais pour une femelle, mais il y a place à l'erreur dans cette tentative de confirmer un sexe à cet oiseau. Que fait-il en plein été beaucoup plus au sud que son territoire de nidification habituel ? Peut-être était-il blessé ou malade lorsque le temps fut venu pour migrer plus au nord ?  L'hiver 2013-2014 a été prolifique pour la présence des harfangs dans la région et un peu partout au Québec. Il est juste normal qu'un certain pourcentage ne puisse retourner vers le nord à la suite de fatalité, de maladie ou de blessure. Ça me rappelle l'observation d'une Chouette laponeà Pointe-Platon en août 2005. Comme le harfang de cette année, elle semblait en parfaite forme.



17 août 2014


Nous débutons notre fin de semaine dans la région de Montmagny dans le but d'ajouter quelques espèces de limicoles. Malheureusement pour nous, les heures de marées sont tout à fait affreuses en cette belle fin de semaine. Si vous désirez profiter le plus possible des meilleures heures pour observer les limicoles, vous devez le faire de deux à trois heures avant la marée haute ou être présents lorsque la marée redescend. L'eau qui monte pousse les oiseaux de rivages de plus en plus près de la grève et les fait se rassembler aux endroits les plus propices à l'alimentation. La marée fine haute les fera se diriger vers les points d'eau dans les champs, les bassins de rétention, les marécages ou le long des rivières. De même, lorsque l'eau se retire à la faveur de la marée baissant, les plages de boue qui apparaissent attirent à nouveau les oiseaux. Et comme les heures de marées hautes retardent d'une heure à tous les jours, nous pouvons espérer des conditions optimales une fin de semaine sur deux. 

C'est donc avec peu d'attente que nous entamons notre sortie. Et c'est mieux ainsi, car la récolte des nouvelles espèces n'a pas lieu. Mais, la sortie en vaut la chandelle, car nous vivons de beaux moments en plein air... et je ramène une couple de photos.



C'est à l'embouchure de la Rivière Boyer, près de Saint-Vallier, que nous rencontrons un immature de Pluvier kildir / Charadrius vociferus vociferus / Killdeer. Je repère d'abord un adulte qui semble agité par notre présence. Il est très nerveux comme s'il y avait un rejeton dans les parages. Et voilà qu'apparaît cet individu: à la bande beige qui colore l'espace entre ses deux colliers et son plumage quelque peu hirsute, il est facile de deviner qu'il n'est pas très âgé. Comme ce pluvier niche tôt en saison, cet ado n'est sûrement pas le produit d'une première nichée en 2014.



C'est aux bassins de rétention de La Durantaye que nous observons un Celery Looper / Anagrapha falcifera qui se nourrit sur une fleur de luzerne. Si quelqu'un pouvait me fournir le nom français de ce papillon, ce serait très apprécié.



23 août 2014


Une semaine plus tard, nous revoilà sur la rive sud du fleuve nous rendant même jusqu'à Kamouraska. Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles espèces de limicoles pour l'année. Mais c'est sur le chemin du retour, à Montmagny, que nous faisons les plus belles observations. Non, pas de limicoles nouveaux, mais de deux juvéniles de Faucon pèlerin / Falco peregrinus anatum / Peregrine Falcon qui nous offrent un spectacle vraiment exceptionnel. Non pas que je veuille faire de l'anthropomorphisme, mais je trouve l'attitude des immatures des oiseaux souvent très semblable à celles des humains. Je m'explique. L'oiseau inexpérimenté va souvent être trop insouciant du danger pour éviter de s'exposer à des situations précaires pour sa sécurité. Alors que l'adulte suspecte et suppute toute situation nouvelle, l'immature s'expose davantage. Près du quai Boulanger, les deux ados vont même jusqu'à se percher sur un fil électrique installé dans la cour arrière d'une maison. Ceci constitue une occasion tout à fait exceptionnelle pour moi de croquer des images inédites et difficiles à réaliser en temps normal.



Avouez que pouvoir photographier un Faucon pèlerin d'aussi près relève du pur fantasme !!! Et ce n'est pas tout...


Non seulement permet-il une photo "gros plan", mais en plus les deux ados exécutent devant nos yeux ébahis des manoeuvres dignes d'un pilote de F-18...


ils s'agacent et s'amusent littéralement entre eux, semblant comparer leur maîtrise de vol. Ces exercices sont essentiels à des oiseaux de proie dont le succès de chasse réside dans leur aptitude à confronter des situations différentes à toutes les occasions.


Et voilà même que, lors de l'un des multiples passages devant nous, un des faucons me lorgne d'une façon plutôt impressionnante. Heureusement pour moi, j'excède de loin la taille d'un limicole ou même d'un canard... ou d'une oie bien gavée.



24 août 2014



Le lendemain, nous nous rendons dans le beau comté de Lotbinière, toujours prometteur de belles observations. Chaque visite nous réserve des rencontres inattendues et souvent surprenantes. Nous nous rendons à Sainte-Croix-de-Lotbinière.  Malgré que j'aie passé ma tendre enfance, mon adolescence et quelques années de ma vie d'adulte à cet endroit, chaque visite revêt un cachet de découverte. La végétation n'est plus la même (normal après quelques décades) et la présence animale a également changé. Selon la tendance normale ou ma connaissance plus grande des oiseaux (du point de vue chant, comportement ou habitat), je reconnais une baisse dans l'effectif de certaines populations et une hausse dans d'autres cas.

En cette fin août, j'amène Anne à cet endroit avec l'espérance d'y observer la Grande Aigrette / Ardea alba alba / Great Egret.  Sa présence à cet endroit n'est pas si commune que cela. Du moins ne l'était-elle pas avant le tournant du siècle dernier ! Aujourd'hui, en cette année 2014, j'observe le plus grand nombre jamais observé par moi-même, ce qui est quand même digne de mention, en ce lieu.


Trois Grandes Aigrettes partagent un rocher avec quatre Grands Hérons bleus au bout du quai accessible par la côte à Mogène à Sainte-Croix-de Lotbinière.  C'est un rassemblement peu observé dans la région et qui témoigne très bien des changements qui s'opèrent depuis quelques années. La Grande Aigrette devient de plus en plus commune et qui s'en plaindrait !!!


À l'âge de 18 ans, je travaillais comme appariteur de biologie à la Polyvalente Pamphile Lemay de Sainte-Croix-de-Lotbinière. Je me souviens très bien d'avoir trouvé une photographie dans une revue et qui représentait vraiment à mes yeux ce qu'était un ornithologue. Un biologiste déambulait avec un télescope à l'épaule dans un environnement montrant un marais en arrière plan. Cette image est restée gravée dans ma mémoire comme si c'était hier. Je me souviens d'avoir découpé cette photographie, de l'avoir exposé ostensiblement au département de biologie de l'école et d'avoir inscrit à la main au bas de l'image " Voici ce qui représente pour moi un vrai ornithologue".  Et voilà que, 30 ans plus tard, je photographie la compagne de ma vie qui longe la rivière Du chêne à Leclercville et qui se rend vers moi pour me rendre compte de ses observations. Difficile pour moi de ne pas faire le lien, de ne pas boucler la boucle. 


L'amour et la passion des oiseaux peut envahir le coeur de tout être vivant qui est sensible à ce qui l'entoure. Anne est architecte de profession, elle est une fille née et élevée en ville, pourtant elle est habitée par cet amour de la nature qui la mène toujours et en tout temps à vouloir parfaire ses connaissances de cette extraordinaire nature qui l'entoure. En sa compagnie, j'ai le bonheur de voyager à travers le monde et de parfaire nos connaissances mutuelles de cette nature qui nous obnubile et qui nous surprendra, heureusement et je le devine, jusqu'à la fin de nos jours.



30 août 2014


Nous terminons nos excursions de ce mois en un endroit que vous ne devinerez jamais. Et oui, je vous le donne en mille, le quai Boulanger à Montmagny.  Un choix normal puisque nous n'avons toujours pas observé ces espèces de limicoles qui manquent à notre liste annuelle et qui y sont pourtant rapportées à répétition au cours des derniers jours. Mais nous sommes faits forts et nous savons très bien que jamais rien n'est assuré en ornitho. Nous devons vraiment adopter l'attitude zen et profiter de ce qui passe... point à la ligne. À vrai dire, nous sommes devenus, à longueur de temps, devenus des pros en cette matière.



Ce Petit Chevalier / Tringa flavipes / Lesser Yellowlegs est l'espèce de limicole la plus présente en cette journée. Je profite des quelques minutes d'ensoleillement en ce début d'avant midi pour capter cette image. Et oui, comme il arrive souvent, il faut être au bon endroit, au bon moment.



Merci de nous suivre dans nos sorties. Nous nous dirigeons maintenant et résolument vers le mois de septembre.



@ bientôt.








Le fou de l'île.

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Quand le grand oiseau blanc s'envole et pourfend l'air de sa plume, comme Félix Leclerc l'a si bien fait dans le ciel bleu du Québec d'antan, aucun mot ne peut rendre grâce à la vie qui s'en dégage. Quand la plume sert à la survie, non à la polémique, le mot n'a plus d'orthographe et il se lit dans toutes les langues du monde. Vole mon bel oiseau blanc et ébahit notre âme. L'homme a besoin de beauté et d'émerveillement pour continuer à rêver et à évoluer.











































@ bientôt.







Juillet 2014

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Nos incursions ornithologiques, à Anne et moi, commencent dès le premier jour de juillet alors que nous nous rendons dans la région de Manseau et de Villeroy, dans le comté de Lotbinière, dans l'espoir de retrouver une espèce de plus en plus rare et très recherchée au Québec soit le Troglodyte à bec court / Cistothorus platensis stellaris / Sedge Wren qui a été rapporté quelques jours plus tôt dans cette région. Il n'a pas été vu, mais plutôt entendu par quelques ornithologues Québécois dont la compétence ne saurait être contestée. Anne et moi avons fait au moins deux visites dans cette région avant le début de juillet sans avoir réussi à seulement entendre l'oiseau. Cette dernière visite ne s'avèrera pas plus fructueuse. Mais j'en profiterai par rapporter cette photo d'une espèce vraiment abondante au Québec en été, soit la Paruline masquée / Geothlypis trichas trichas / Common Yellowthroat.


Ce beau mâle bien coloré se montre ostensiblement sans aucune provocation de ma part. Il faut dire que je suis en pleine période de nidification et qu'il doit être préoccupé de ma présence aussi près de sa progéniture. Et je n'ai pas à attendre trop longtemps avant de voir apparaitre sa compagne...




le bec bien rempli de succulents insectes qui permettront à ses oisillons d'acquérir l'apport calorique suffisant pour connaitre une croissance normale i.e., dans le cas des animaux, très rapide comparée à celle des humains.



Le 5 Juillet 2014, nos efforts se portent vers le Cap Tourmente où nous espérons bien ajouter le Bruant de Nelson / Ammodramus nelsoni subvirgatus / Nelson's Sparrow à notre liste annuelle. Il vente très fort ce matin au cap alors qu'il ne ventait pas du tout lorsque nous sommes partis de Québec. Nous sommes très déçus, car il sera difficile de repérer le chant ténu de ce bruant avec tout ce bruit engendré par les rafales de vent qui s'engouffrent à travers la végétation. Malgré tout, nous finissons par en entendre un et nous le voyons alors qu'il quitte son perchoir pour s'éloigner.



Autrefois appelé Bruant à queue aigüe, le Bruant de Nelson a cédé ce nom à une autre espèce qui se rencontre dans les marais salés de la côte est des États-Unis.


Voici d'ailleurs l'actuel Bruant à queue aigüe / Ammodramus caudacutus caudacutus / Saltmarsh Sparrow que j'ai pixellisé le 27 Juillet 2014 au Scarborough Marsh dans le Maine.


Il faut dire que les deux espèces se ressemblent beaucoup au niveau du plumage et qu'elles peuvent même se rencontrer dans le même habitat comme c'est le cas ici au Scarborough Marsh. Voici les principaux points à retenir afin de les différencier sur le terrain.

Le Bruant de Nelson  a 
  • des rayures très faibles sur la poitrine
  • un bec plus court et bleuté
  • un dos gris
  • un chant plus fort qui s'entend d'assez loin
  • des plages orange pâles à la tête
  • des traits malaires plus larges et moins distinctes
  • une légère rondeur de la tête vers le bec
  • un vol en parabole ( pas toujours vrai du côté du Bruant à queue aigüe)


Le Bruant à queue aigüe a
  • des rayures nettes à la poitrine
  • un bec plus long et jaunâtre
  • la tête s'aplatit vers le bec
  • un dos rayé et brunâtre
  • des plages orange brillant à la tête
  • des traits malaires minces et nettes
  • un chant faible et pas évident à entendre même de près
  • un vol quelquefois parallèle au sol.


C'est chez nous, à Sillery que, le 9 juillet, je suis témoin d'un nourrissage de deux jeunes Cardinaux rouges par un parent. C'est maintenant la coutume de voir le Cardinal rouge dans notre cour, mais c'est toujours spécial de voir la petite famille en action. La succession semble bien assurée.



Le jeune Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal arbore la huppe de l'adulte, mais le bec est tout noir.


Le 11 Juillet, je me rends à la Base de Plein Air de Sainte-Foy avec l'idée de réaliser des photos. Je n'ai pas de but précis et je ne recherche rien en particulier. Juste profiter d'une température estivale dans un lieu riche en découvertes de toutes sortes. Comme je m'intéresse de plus en plus aux insectes et aux plantes, je suis ravi de cette belle rencontre.


Sous des apparences trompeuses, cet insecte n'est pas piqueur. Il s'agit d'une simple "mouche à fleur" ou syrphe. Ne me demandez pas une identification assurée de celle-ci, car plus de 2 000 espèces de syrphes se répartissent dans 200 genres différents, tous appartenant à la famille des syrphidés. Les syrphes sont communs à travers le monde et présents sur tous les continents, excepté l'Antarctique. En dépit de leur ressemblance avec les plus dangereuses guêpes ou abeilles, ils sont inoffensifs. Par contre, la fleur hôtesse est un Millepertuis commun / Hypericum perforatum / Common St. John's-wort


Mon beau-frère Yves Déry s'intéresse beaucoup aux batraciens. Très bon photographe, il aime croquer des scènes de nature autour de chez lui ou à son chalet. Il m'a transmis son intérêt et je n'ai pu résister à l'envie de pixelliser le plus gros des batraciens du Québec, le Ouaouaron / Lithobates catesbeianus / American Bullfrog. 





Le 13 juillet, nous nous dirigeons vers Cacouna et ses vastes étendues herbeuses où s'observent régulièrement le Râle jaune. Il est d'ailleurs rapporté sur Ebird depuis quelques jours et nous calculons avoir pas mal de chances de l'entendre. Ce site est aussi l'endroit idéal pour trouver le Bruant de Nelson. Il était facile d'en entendre au moins 4 sur le site. Et là, j'ai été plus chanceux pour une photo de plus près.






Mais aucune chance du côté du Râle jaune qui reste silencieux lors de notre visite.

Le 19 juillet, direction Rivière Ouelle où un surprenant Bec-en-ciseaux noir / Rynchops niger niger / Black Skimmer a été trouvé la veille. 




Pour cette espèce appartenant à la famille des laridés, il s'agit d'une deuxième visite reconnue dans l'histoire de la province de Québec. Selon la liste commentée de Normand David, un spécimen a été récolté à Nicolet le 26 octobre 1938. Aucun autre individu n'avait été rapporté avant 2014. On peut dire avec justesse que c'est de la visite plutôt rare et que son observation valait le déplacement.

Galvanisés par une telle observation, nous décidons de nous diriger ENCORE vers Cacouna avec en tête, et oui, l'idée d'ENFIN entendre le Râle jaune. Mais nous passons d'abord par le quai de Rivière Ouelle qui est tout proche. Nous arrivons un peu après 08h00 et nous repartons vers 09h00. C'est tranquille au bout du quai, mais je capte un immature de Cormoran à aigrettes / Phalacrocorax auritus auritus / Double-crested Cormorant qui passe en vol.




À Cacouna, le Bruant de Nelson est tout aussi actif et très vocal. Nous passons une bonne heure à imiter le cri du râle en frappant deux pierres l'une contre l'autre. Aucune réponse. Nous décidons alors de nous donner encore plus de chances en nous rendant plus à l'est, i.e. vers Trois-Pistoles, pour y observer quelques limicoles. Au retour, nous arrêterons de nouveau à Cacouna et il sera plus tard dans la journée. Il faut dire que le soleil tape dure et qu'il fait très chaud. Être un râle, je resterais probablement bien tapi et silencieux sous la végétation en attendant que la chaleur s'estompe à la faveur de la fin du jour.

Notre escale à Trois-Pistoles s'avère aussi tranquille que les deux précédentes. Aucun limicole nouveau à la rivière Trois-Pistoles et rien de spectaculaire au quai du village. Je prends quelques photos dont celle-ci d'un Pigeon biset / Columba livia livia / Rock Pigeon qui s'approche de nous, probablement curieux de voir deux humains debout sans bouger et sans parler pendant de longues minutes.





Nous revenons à Cacouna vers les 15h00 et nous y demeurons jusqu'à 17h00. Mais aucun râle. Pourtant il a été rapporté tout récemment et il le sera dès le lendemain de notre visite. Je me défoule avec ma caméra et je vous offre cette photo d'un superbe papillon, le Bronzé / Lycaena hyllus / Bronze Copper. Il s'agit d'une femelle.






Et celle-ci d'un Croissant nordique / Phyciodes cocyta / Northern Crescent.






Le lendemain, 20 juillet, nous nous rendons au Bois-de-Coulonge où se trouve une nichée d'Épervierde Cooper / Accipiter cooperii / Cooper's Hawk. Nous ne tardons pas à repérer trois oiseaux immatures qui sont capables de voler, mais qui sont encore nourris par leurs parents. Ils sont très bruyants et leurs cris aident à les localiser.



Un superbe Épervier de Cooper immature se tient bien droit, à la façon typique des éperviers, et il semble insensible aux gens qui circulent dans un parc urbain quelques fois bien achalandé.



En voici un autre qui vient de se faire livrer une femelle ou un immature de Moineau domestique / Passer domesticus / House Sparrow par l'un de ses parents.




Alors qu'il tient sa proie bien fermement entre ses talons, il émet des cris perçants. Je ne comprends pas le sens de ces cris, mais ils trouvent rapidement écho auprès de ses frère et/ou soeur.



Et voilà qu'il se met à déplumer le moineau. L'une des premières plumes projetées dans les airs redescend lentement comme retenue par un fil invisible. Le rapace suit des yeux cette plume et nous pouvons voir toute la concentration déployée par un oiseau de proie afin de déceler tout mouvement suspect. Non, je ne voudrais pas être un moineau en présence d'un Épervier de Cooper.


Du 26 juillet au 2 août, nous nous rendons sur la côte est des États Unis et un prochain billet vous racontera nos découvertes.


@ bientôt.






Un limicole rare au Québec.

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Même s'ils ne sont pas toujours faciles à identifier sur le terrain, j'aime beaucoup les limicoles, ces oiseaux qui ne semblent heureux que lorsqu'ils se retrouvent les orteils bien plantées dans la boue ou dans les milieux humides. Je sais les bains de boue gagnent de plus en plus de faveur auprès de la gent féminine, mais ce ne sont pas pour les mêmes raisons :-) que ces oiseaux ont adopté ces habitats.

Limicole vient du latin limus qui peut se traduire par limon ou boue et cole emprunté au suffixe du latin cola, issu du verbe colere (« cultiver », « habiter », « rendre un culte »). Et il n'y a rien d'esthétique dans ce choix d'habitat

La règle numéro UN dans la nature étant la survie, la majorité des espèces dites limicoles consomment des petits invertébrés vivant dans la vase ou l'humus. Mais il n'en est pas ainsi pour TOUS les limicoles. Une espèce Québécoise préfère nettement les zones plus sèches sur les plages et son manteau le démontre clairement. Il s'agit du très beau et rare Pluvier siffleur / Charadrius melodus / Piping Plover.  Son manteau très pâle épouse bien la couleur du sable sec où il niche et où il se nourrit tout aussi bien. L'adulte ici photographié n'est pas en train de couver des oeufs, il se repose tout simplement. Avouez qu'il a su s'accroupir à un endroit lui permettant une communion parfaite avec son environnement. Il est très difficile à repérer à l'oeil humain et, grand bien lui en fasse, probablement aussi à celui d'un prédateur. Même le noir de son bec, de ses yeux et des lignes au-dessus de l'épaule et sur son front l'aide à se confondre avec le noir des plantes qui poussent dans le sable.
 




Je vous invite à comparer son manteau avec celui d'un Pluvier semipalmé / Charadrius semipalmatus / Semipalmated Plover qui partage souvent la même plage lors des migrations, mais qui se tient dans une zone où le sable est plus humide, correspondant étonnamment  à son manteau.






Non, il n'y a rien de laisser au hasard dans la nature. La couleur plus sombre du manteau du Pluvier semipalmé lui aide sûrement à échapper aux attaques des prédateurs comme le fait celui plus pâle du Pluvier siffleur.

La présence du Pluvier siffleur au Québec est très localisée puisqu'il ne niche qu'aux Îles-de-la-Madeleine où il n'occupe qu'environ 5% des 130 km de plage (Shaffer et Laporte,1989). En 1991, la population mondiale de Pluviers siffleurs se chiffrait à 5 482 individus (Haig et Plissner,1993). En 1994, une centaine d'individus (50 couples) ont été répertoriés comme nicheurs aux Îles-de-la-Madeleine (Attention Frag'Îles, données inédites).

Historiquement, le Pluvier siffleur a déjà niché en Gaspésie et sur la Basse-Côte-Nord, mais lors d'un inventaire complet effectuée en 1988 dans les sites potentiels de ces deux régions, aucun pluvier de cette espèce n'a été découvert (Demers et Laporte,1988). Lors d'un inventaire international organisé en 1991 dans l'ensemble de l'aire de reproduction et d'hivernage de l'espèce en Amérique du Nord, au cours duquel tous les sites potentiels connus ont été visités, on n'a trouvé nulle part au Québec le Pluvier siffleur en dehors des Îles-de-la-Madeleine (Laporte et Shaffer, 1994). Sa population totale est actuellement estimée à environ 6 410 individus en 2003 dont 3 350 sur la côte atlantique à elle seule, soit 52 % du total. La population est en augmentation depuis 1991.

Il fut un temps où cette espèce était constituée des deux sous-espèces suivantes :
  • Charadrius melodus circumcinctus (Ridgway) 1874 ; présente dans l'ouest de l'Amérique du Nord.
  • Charadrius melodus melodus Ord 1824 ; présente à l'est de l'Amérique du Nord.

Ces sous-espèces étaient reconnues sur la base des différences de largeur de la bande pectorale, mais cette subdivision s'est avérée rapidement insatisfaisante à cause de la variabilité considérable selon les individus et la saison. Cette espèce est maintenant reconnue comme monotypique et le nom latin reconnu est Charadrius melodus.

C'est à la fin de juin 1996 que je me rends aux Îles-de-la-Madeleine en compagnie de mon bon ami Normand David. Ce dernier y a passé quelques temps dans le cadre de ses travaux et il connaît bien le biologiste Pierre Laporte (celui mentionné dans les rapports ci-haut présentés) qui est encore présent sur l'île. Le 22 juin a lieu ma première rencontre avec le fameux pluvier et voici ce que j'écris dans mes notes de terrain

"à l'Île d'Entrée, Bassin aux Huîtres. 4 nids. Les jeunes ne sont plus au nid et ils courent dans le sable. Des petites boules de duvet d'une exceptionnelle beauté."

Ne prenant pas de photo à cette époque, je ne ramène que des images dans ma tête, mais elles sont encore bien vivaces, même 18 années plus tard. Cette année, je sens qu'il est temps de renouer avec ce splendide oiseau et nous nous dirigeons, Anne et moi, sur la côte est des États-Unis, à seulement 6 heures de route de la ville de Québec. Nous quittons le 26 juillet à 5h00 du matin et nous arrivons à Pine Point (Maine) vers les 11h00. Pine Point est situé un peu au nord de Old Orchard. Un instant de répit en arrivant et nous sommes sur la plage vers les 13h00. 

Les pluviers sont bien au rendez-vous. Même si les plages sont utilisées par les vacanciers et les gens locaux, des zones sont bien délimitées tout autour des nids afin que les gens ne gênent pas la nidification des pluviers. Et ça marche. Anne et moi avons couvert du terrain, jusqu'au Massachusetts, et c'est la même réalité partout. Un grand respect est accordé aux oiseaux et ces derniers le rendent bien en déambulant tout à fait sans crainte sur la plage, souvent à quelques mètres des plaisanciers. Voici donc des photographies faites avec la collaboration de six Pluviers siffleurs bien curieux à leurs heures.




Il est très difficile de déterminer avec certitude le sexe d'un adulte de Pluvier siffleur. Ici, je serais tenté d'y aller  avec un mâle, la femelle portant des traits plus gris que noirs (voir The Crossley Guide, page 153).




Le Pluvier siffleur défend un territoire durant toute la saison de reproduction. La superficie de ce territoire varie de 0,05 ha à 0.8 ha (Cairns, 1982) et les deux membres du couple participent à sa défense; bien que le mâle soit le plus actif. Pour défendre son territoire, l'oiseau adopte une posture horizontale, cou tendu vers l'avant, plumes du cou et du dos hérissées. Il pourchasse ainsi l'intrus en courant et au vol. Cette attitude n'est pas propre qu'à cette espèce puisque le Pluvier semipalmé démontre également ce comportement lorsqu'il est de passage en période migratoire.




Migrateur, le Pluvier siffleur hiverne le long de la côte est de l'Amérique du nord, du Maine jusqu'en Floride, ainsi que sur les côtes du golfe du Mexique. On le rencontre même parfois dans certaines îles des Antilles (Haig et Plissner, 1993). Le suivi d'un oiseau bagué a révélé que le trajet entre les Îles-de-la-Madeleine et la côte ouest de la Floride prend environ un mois, à l'aller comme au retour (Shaffer et Laporte, 1992a).



Les jeunes sont précoces et quittent le nid quelques heures à peine après l'éclosion. Dès lors, ils prélèvent eux-mêmes leur nourriture, constituée de vers marins, de crustacés, de mollusques et d'insectes (Tyler, 1929a; Cairns,1977), dont de nombreux diptères et coléoptères, principalement les Staphylinidés et Curculionidés (Shaffer et Laporte, 1994).



À l'instar de beaucoup d'autres espèces de limicoles, le statut du Pluvier siffleur demeure préoccupant. Les habitats recherchés par ces oiseaux sont soumis à bien des pressions et ils disparaissent beaucoup trop vite au profit de domaines hôteliers ou autres projets immobiliers. Mais de voir comment les gens se préoccupent de protéger les zones de reproduction le long de la côte est des États-Unis constitue un baume et permet d'espérer un avenir meilleur pour ce rare limicole au Québec.


@ bientôt.


Bibliographie
del Hoyo, J., Elliott, A. & Sargatal, J. eds (1996). Handbook of the Birds of the World. Vol. 3. Hoatzin to Auks. Lynx Edicions, Barcelona.
Shaffer, F., Laporte, P. 1995. Pluvier siffleur, p. 462-465 dans Gauthier, J. et Y. Aubry (sous la direction de). Les Oiseaux nicheurs du Québec: Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional. Association québécoise des groupes d'ornithologues, Société québécoise de protection des oiseaux, Service canadien de la faune, Environnement Canada, région de Québec, Montréal, xviii + 1295p.



Le plus aristocrate de nos limicoles...

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Je l'observe pour la première fois le 8 août 1989. Ça se passe sur la rive sud du grand fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Sainte-Croix, dans le beau comté de Lotbinière. La zone côtière est sujette aux mouvements des marées et l'espèce vedette se présente à marée basse alors qu'elle envahit la zone intertidale en compagnie d'un petit groupe de Pluvier kildir / Charadrius vociferus vociferus / Killdeer.



Le Pluvier kildir ne cesse de nous démontrer pourquoi les taxonomistes ont judicieusement ajouté à son nom générique scientifique l'épithète latin "vociferus".



L'individu a été repéré la veille par Denis Talbot, un ami ornithologue du COQ (Club des Ornithologues de Québec). Comme j'habite Sainte-Croix à l'époque, je peux presque dire que c'est dans ma cour et je ne me fais pas prier pour m'y rendre à la bonne heure.

Arrivé sur les lieux, je commence par repérer les pluviers, ce qui se fait très rapidement. Suffit d'écouter et d'évaluer d'où proviennent les cris incessants du Charadrius vociferus. Une inspection minutieuse à la lunette d'approche permet de localiser l'espèce tant souhaitée. Un oiseau élégant, à la démarche précieuse et d'une grande beauté. Lors de ses déplacements, il se tient bien droit, élancé, racé. Lorsqu'il se penche, il semble le faire avec retenue, voire douceur et légèreté. Son manteau est beige, sa couronne est striée de lignes étroites et délicates, les plumes de son dos sont bien marginées. Son bec est court, droit et fin. Son oeil noir et bien dégagé nous fixe avec curiosité plus qu'avec appréhension. Je vous le présente maintenant sans tarder, il s'agit du Bécasseau roussâtre / Tryngites subruficollis / Buff-breasted Sandpiper.



 


C'est un limicole qui n'éprouve aucune crainte lorsque ses pas croisent ceux d'un homme. C'est du moins son comportement lorsqu'il n'est pas accompagné de ces criards perpétuels que sont les pluviers et qu'il côtoie justement aujourd'hui. En effet, aussitôt que les pluviers partent en vol, avec ou sans raison, le bécasseau les suit. Heureusement, après une petite virée, ils reviennent se poser au sol... jusqu'à la prochaine fausse alerte. Et oui, malgré ce que je peux laisser paraître dans les dernières lignes, j'aime également beaucoup le Pluvier kildir. C'est juste que son babillage continuel ajoute un stress supplémentaire aux oiseaux présents. 






Il est normal de rencontrer le pluvier et le bécasseau ensemble puisqu'ils partagent les mêmes habitats lorsque le bécasseau passe en migration, soient: les milieux ouverts à herbe courte (terrains de golf ou d'aéroport, terres agricoles labourées), les plages et les vasières (quoiqu'il préfère les lieux plutôt secs). Le Bécasseau roussâtre niche dans la toundra dans les archipels arctiques canadiens, de même que dans le nord de l'Alaska et dans les Territoires du Nord-Ouest. Il hiverne au sud de l'Amérique du Sud. La plupart des individus utilisent les routes migratoires qui passent par le milieu du contient nord-américain au printemps et à l'automne; d'autres empruntent les corridors Atlantique ou Pacifique à l'automne. Ce sont virtuellement tous des juvéniles et ce sont justement ces oiseaux que nous avons la chance de trouver sur notre route.



Muni d'un bec court et droit, le Bécasseau roussâtre trouve sa nourriture à la surface du sol. Il se déplace rapidement, en bougeant la tête d'avant en arrière comme un gallinacé. Il peut agir à l'occasion comme un pluvier, soit en s'arrêtant et en surveillant tout autour pour finalement courir après une proie.




En septembre 2012 et 2013, Anne et moi avons eu la chance d'observer cette espèce lors d'un séjour d'une fin de semaine à l'île-aux-Basques, à environ 5 km au large de Trois-Pistoles, dans le Bas-Saint-Laurent. Même qu'ils étaient 3 en 2012. Les deux séjours ont eu lieu au début septembre de chaque année. La période la plus propice pour espérer trouver ce limicole se situe grosso modo de la fin août jusqu'à la mi-septembre. Comme le prouve la date de ma première observation à vie de cette espèce, il peut y avoir un flottement avant ou après la période estimée.


La famille des scolopacidés, à laquelle appartient le Bécasseau roussâtre et le Pluvier Kildir, rassemble des espèces qui démontrent une grande variété de comportements au niveau de l'accouplement. Ceci peut inclure un mâle qui s'accouple avec plusieurs femelles (polygénie), une femelle qui pond des oeufs pour plusieurs mâles (polyandrie) ou une monogamie normale. Quelques espèces utilisent un système d'arène (lek) où les mâles se pavanent dans leurs plus atours afin d'attirer l'attention d'une femelle qui choisira le plus attrayant pour s'accoupler. Il en est ainsi pour notre bécasseau vedette. Au lieu d'affrontements physiques, les mâles ouvrent les ailes et les pointent vers le ciel tout en basculant le haut du corps légèrement vers l'arrière. Cette position permet à la femelle de contempler les dessins du dessous des ailes et ce doit être passablement attirant puisqu'elle succombera à l'un des mâles présents dans l'arène (lek).


Le Bécasseau roussâtre appartient au genre Tryngites et il est monotypique, i.e. qu'il constitue la seule espèce du genre. Selon un estimé fait en 1996, la population totale mondiale était évaluée à environ 25 000 individus. Ce bécasseau est venu près de l'extinction dans les années 1920 en raison d'une chasse excessive, principalement au tournant du siècle alors que la population pouvait compter des millions d'individus. Durant les années 1980, des chercheurs ont constaté des baisses de 65% à 100% sur des sites de nourrissage au centre nord du Texas. Des constatations semblables ont été faites sur certains sites au Canada. La détérioration des sites de repos disséminés le long des corridors migratoires et sur les terrains d'hivernage dans les trois Amériques explique également cette diminution drastique dans le cheptel de l'espèce. Considérant les distances migratoires considérables devant être couvertes, un arrêt stratégique devrait être fait dans le nord de l'Amérique du Sud, mais l'endroit n'est pas encore connu.


Voici donc une autre espèce que nous nous devons de découvrir et d'observer avant qu'il ne soit trop tard. Le Bécasseau roussâtre est un véritable joyau, le seul représentant d'un genre qui s'éteindrait en même temps que l'espèce elle-même. La belle Planète bleue se dépouille de ses espèces à un rythme effréné et inquiétant. Il y a de plus en plus urgence à profiter de toutes ces beautés.


@ bientôt.


Bibliographie

del Hoyo, J., Elliott, A. & Sargatal, J. eds (1996). Handbook of the Birds of the World. Vol. 3. Hoatzin to Auks. Lynx Edicions, Barcelona.

Paulson, D. 2005.  Shorebirds of North America The Photographic Guide. Princeton University Press, New Jersey.

O'Brien, M., Crossley, R. & Karlson, K. 2006. The Shorebird Guide. Houghton Mifflin Company, New York.






Escapade estivale dans le Maine.

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J'ai évoqué dans un récent billet que je vous entretiendrais d'un séjour d'une semaine que Anne et moi avons fait du 26 juillet au 2 août 2014 sur la côte est des États-Unis. C'est quand même intéressant de penser que, après seulement six heures de route, nous pouvons atteindre des lieux où des espèces rarement rencontrées au Québec sont à toute fin pratique plutôt communes à ces endroits.

En comparaison, j'ai dû me rendre aux Îles-de-la-Madeleine à la fin juin 1996 pour observer le Pluvier siffleur  / Charadrius melodus / Piping Plover pour la première fois de ma vie. C'est un endroit que j'ai adoré découvrir surtout en compagnie de mon cher ami Normand David et de mon frère Clodin, un peintre animalier vivant à St-Simon, dans le Bas-Saint-Laurent. Les paysages sont époustouflants et les gens sont très chaleureux et vrais. Nous avons adoré tous les trois l'expérience. Il demeure cependant que les coûts et le temps pour s'y rendre sont bien loin d'un simple six heures. C'est à l'île Grand Bahamas, dans les Grandes Antilles (West Indies), que je rencontre la Petite Sterne / Sternula antillarum antillarum / Least Tern pour la première et seule fois. C'est en avril 1980 lors de mon baptême de l'air. Pourtant elle peut nicher sur la même plage où vous trouverez le pluvier sur la côte est des États-Unis. Et il est facile de nommer d'autres espèces qui vous feront saliver à souhait (attention à votre clavier d'ordinateur): Chevalier semipalmé, Mouette atricille, Huitrier d'Amérique, Ibis falcinelle, Aigrette tricolore, Aigrette bleue, Sterne de Dougall, Moqueur polyglotte, Mésange bicolore, Gobemoucheron gris-bleu, Bruant de Nelson, Bruant à queue aigüe...


Il y a beaucoup d'oiseaux au quai de Pine Point et les centaines des Sternes pierregarins présentes ne cessent de virevolter en tous sens en émettant leur cri strident. Comme les jeunes sont encore au nid, les parents effectuent des va-et-vient incessants.



C'est donc à 05h00 du matin que nous quittons Québec en direction de Jackman où nous traversons la frontière. Il fait beau et la route défile en nous offrons de beaux paysages. Dans le Maine, nous observons même une femelle Orignal et son veau qui boivent dans un marais et deux Dindons sauvages aux abords d'une forêt. Nous arrivons vers 11h00 à la maison louée à Pine Point où nous attendent les deux soeurs de Anne, Lise et Hélène, ainsi que le mari de Lise, Gilles Vigneault. Voici une carte aérienne obtenue via Google Earth et sur laquelle j'ai placé des points de repère qui montrent les principaux points d'intérêt autour de la maison.





  1. Petit centre d'interprétation où l'on peut obtenir de l'information sur les espèces présentes.
  2. La Eastern Trail qui s'avance dans le Scarborough Marsh et que l'on parcourt à pied. Stationnement au début du sentier. C'est à partir de cet endroit que j'ai fait une bonne partie de mes observations et pris mes photos.
  3. La maison louée dont l'arrière-cour longeait le Scarborough Marsh.
  4. La plage où nous nous rendions à pied à partir de la maison et où nichait le Pluvier siffleur.
  5. Le port de Pine Point où s'observent les limicoles, les laridés et les autres. À 3 minutes à pied de la maison.

Fidèle à mon habitude, c'est par des images que je vous donne un aperçu des possibilités de nombreuses et belles observations. D'abord le port en point 5.


Un Bécassin roux / Limnodromus griseus griseus / Short-billed Dowitcher vient se poser dans la zone intertidale la plus près de la rive à la faveur de la marée montante. Ça se passe au port de Pine Point (point # 5 sur la carte).
 

Il est bientôt imité par un Bécasseau semipalmé / Calidris pusilla / Semipalmated Sandpiper qui peut admirer en même temps et son image dans l'eau et son ombre. Voilà peut-être l'explication de la sainte Trinité ??? Qui sait ???


Et voici le Chevalier semipalmé / Tringa semipalmata semipalmata / Willet. Un gros limicole difficile à manquer. Ses larges plages blanches sur les ailes et son croupion blanc attirent l'attention.


Et il se retrouve en bonne quantité. Ici, deux chevaliers convoitent le crabe que vient d'attraper un troisième individu. Tout ceci se passe à environ dix mètres de distance. Tout à fait exceptionnel, non ?


Après le bécasseau et le chevalier, voici la troisième espèce semipalmée, soit le Pluvier semipalmé / Charadrius semipalmatus / Semipalmated Plover. La "semi palmure" semble décidément à la mode cette année.

Et maintenant l'Eastern Trail en point 2. Il s'agit d'une ancienne voie ferrée transformée, comme dans bien des endroits, en sentier pédestre où bicyclettes et marcheurs s'activent et partagent la route.


Et il n'y a pas que des oiseaux sur l'Eastern Trail. Ce sentier est bordé de plantes et de fleurs comme cette Coronille bigarrée / Coronilla varia / Crown Vetch ou


cette Chicorée sauvage / Cichorium intybus / Chicory visitée par une mouche dorée.


L'Ibis falcinelle / Plegadis falcinellus / Glossy Ibis est toujours un oiseau fascinant à rencontrer et à observer. Peu abondant, nous l'observions quand même à tous les jours.


Et voici l'espèce vedette de l'endroit, le Bruant à queue aigüe / Ammodramus caudacutus caudacutus / Saltmarsh Sparrow. Pas évident à différencier du plus commun Bruant de Nelson, car il est beaucoup plus furtif et son chant faible est difficile à entendre. Quant au Bruant maritime / Seaside Sparrow qui est censé se retrouver dans le marais, je me suis fait confirmer par un membre du personnel au centre d'interprétation que c'était un mythe. Il se retrouverait plus au sud.


Et il ne faut pas négliger la présence de presque toutes les espèces d'aigrettes. Je dis presque car il manque l'Aigrette roussâtreà la liste. Ici c'est l'élégante Aigrette neigeuse / Egretta thula brewsteri / Snowy Egret qui pose pour le photographe. 



Alors que nous étions logés dans une maison, il est possible de vivre l'expérience en camping. En 2012, c'est ce mode que nous avions adopté, Anne et moi. Et j'avais beaucoup aimé. 


Vous me connaissez maintenant, j'ai la bougeotte et j'avais beaucoup envie d'explorer un peu plus au sud, toujours le long de la côte. C'est pourquoi nous avons décidé d'investir une journée de notre semaine à environ une heure trente minutes de route. En fouillant sur Ebird, Anne a trouvé que le Bruant maritime avait été rapporté dans le Massachusetts, plus spécifiquement à Plum Island.


Je vous y amène dans mon prochain billet.


@ bientôt donc.







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