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Channel: Des oiseaux sur ma route
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À la recherche de Ti-coune...

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Je sais, de la façon dont il est formulé, mon titre peut porter à de multiples interprétations aussi je vous demanderais de ne pas tirer de conclusion trop vite tout au long de ce billet. Comme dans tout bon "thriller", je vous demande d'attendre à la toute fin.

Cette semaine, une de mes sources d'information les plus sûres m'apprend qu'il y a eu du nouveau du côté du Saguenay (à moins que ce soit du Lac-Saint-Jean...je n'ai jamais rien compris à leur histoire). Un évènement difficile à prévoir, car tout à fait inattendu et plutôt impressionnant.

Mais avant d'aller plus loin, je crois qu'il convient de rappeler que les oiseaux (car, vous vous en doutez un peu, il s'agira d'un billet sur les oiseaux), comme bien d'autres êtres vivants, adoptent des niches écologiques bien spécifiques afin d'assurer la pérennité de leurs espèces respectives. Je ne sais pas pour vous, mais moi je n'ai jamais observé en pleine forêt des espèces inféodées à des milieux ouverts telles les Sturnelles després / Eastern Meadowlark, les Maubèches des champs / Upland Sandpiper ou les Goglus des prés / Bobolink. Ceci reste vrai pour l'inverse, soient une Grive des bois / Wood Thrush ou un Tangara écarlate / Scarlet Tanager nichant dans un arbre ou un arbuste en plein champs. Si c'est vrai pour les habitats, c'est également vrai pour les aires de distribution. La plupart des espèces ne dépassent pas certaines limites géographiques à cause des conditions climatiques, des habitats non propices à leur survie ou de la compétition trop vive qu'elles subiraient dans d'autres secteurs.

Ceci fait que des espèces bien présentes dans la partie la plus peuplée du Québec méridional voient leurs effectifs fondre à mesure que l'on se dirige vers le nord ou vers l'est de la province. Hier, j'ai photographié au Marais Provancher, à Neuville, mon premier Viréo mélodieux / Warbling Vireo de l'année 2013. Je l'avais entendu la veille au Cap Tourmente, sans réussir à mettre la jumelle dessus. Cette espèce à la robe sobre possède un chant qu'elle ne se gêne pas de répéter sans cesse, à la façon des autres membres de la famille. C'est une phrase mélodique, bégayée superbement, émise sur une tonalité qui me fait penser à celle des deux roselins ou du Cardinal à poitrine rose / Rose-breasted Grosbeak. Ceci étant naturellement une évocation toute personnelle.


Son chant anime et enjolive nos forêts québécoises, mais pas toutes. Ce viréonidé privilégie des régions où l'on trouve une mosaïque de forêts feuillues et d'espaces ouverts, ce qui offrent de nombreux milieux propices à la nidification de l'espèce*. Les travaux du premier Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec, effectués entre les années 1984 et1989, ont permis de confirmer ces informations. Et ces faits ressortent encore à partir des données amassées durant les trois premières années du deuxième Atlas qui a débuté en 2010 et qui devrait se terminer en 2015. Notre vedette donne bien peu de représentations dans l'est du Québec, ne se présentant tout simplement pas sur la rive sud à partir de Sainte-Anne-des-Monts vers l'est, et sur la rive nord à partir de Charlevoix vers l'est***. La région du Lac-Saint-Jean (à moins que ce soit du Saguenay...je n'ai jamais rien compris à leur histoire) n'est pas sur le circuit non plus.

Mais le Viréo mélodieux n'est pas le seul à jouer à la vedette. Une autre espèce abondante dans la région la plus peuplée du Québec méridional possède une aire de distribution similaire et même un peu plus restreinte que celle du viréo. Elle fréquente les forêts de feuillus de même que les boisés dans les parcs et elle est une assidue aux mangeoires des résidences que ce soit à la ville ou à la campagne. Sur le terrain, elle se reconnaît facilement aux notes monotones, répétitives et nasillardes qu'elle émet. Elle joue de souplesse acrobatique avec les mésanges et elle s'acoquine bien souvent avec elles en hiver. Et oui, vous l'avez reconnue, la Sittelle à poitrine blanche / White-breated Nuthatch.


Voici donc une autre espèce qui anime nos forêts et elle le fait toute l'année. Malheureusement, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean (bon, je ne me tromperai plus), entourée comme elle est de forêts de conifères à perte de vue, n'a pas la chance d'accueillir cette espèce. C'est sa cousine, la diminutive Sittelle à poitrine rousse / Red-breasted Nuthatch qui prend la relève. Pour les ornithologues Saguenay-Lac-Saint-Jeannois ( à moins que ce ne soit Lac-Saint-Jean-Saguenois ???) il s'agit d'une rareté digne de mention. 

Et c'est justement ce qui est arrivé, toujours selon mes sources, à une résidence de Saint-Fulgence le 2 mai dernier. Voilà que cette rareté se présente sans invitation et sans s'annoncer aux mangeoires de Claudette Cormier et de Germain Savard. Déjà que cette apparition non sollicitée, mais grandement espérée, relève du phantasme, mais, en plus, il s'agit de la 224ième espèce observée par le couple à partir des limites de leur terrain. Une réalisation tout à fait exceptionnelle. Ils occupent cette maison depuis le 3 août 2003 et, dès la première année, ils avaient contacté 178 espèces. Ce couple est très impliqué dans les inventaires aviaires dans leur région et ils sont bien placés pour apprécier toute la valeur de cette observation.

Maintenant pour continuer mon propos (et finalement aboutir à Ti-coune, mais attendez jusqu'à la fin), ces jours-ci, une espèce européenne est présente dans le marais de Hope, en Gaspésie, soit dans la partie est du Québec. Il s'agit du Vanneau huppé / Northern Lapwing. Selon la Liste commentée des oiseaux du Québec, par Normand David **, il s'agirait de la 5ième observation de l'espèce au Québec. Cette liste date de 1996, mais je n'ai pas eu connaissance d'une autre apparition de cette méga rareté au Québec depuis sa publication. Des découvertes comme celle-là font courir les ornithologues de toute provenance et je les comprends très bien. J'avoue même avoir été du nombre pendant plusieurs années. J'en ai fait des allers-retours nécessitant neuf heures de conduite pour me rendre à destination et autant pour en revenir. Tout ceci pour passer environ une heure ou deux sur le site de l'observation. Je me croise les doigts, mais ces déplacements d'aussi longue distance ont toujours porté fruit. Je ne peux cependant pas en dire autant de toutes mes tentatives. Mon pourcentage d'efficacité n'est pas très élevé.

La dernière espèce à m'avoir fait disjoncter est le Tyran gris / Gray Kingbird qui avait été découvert aux alentours du 6 novembre 2006. C'était une première pour le Québec. Il avait été repéré à L'Anse-à-Beaufils, petit village situé en Gaspésie et à seulement dix kilomètres à l'ouest de Percé. En fait, je m'y suis rendu douze jours plus tard, soit le 18 novembre 2006. À partir de la maison, Anne et moi avions 747 kilomètres à parcourir et le temps de conduite estimé était de 9 heures. Suivant la procédure coutumière lors d'un déplacement de cette importance, nous avons quitté Québec tôt dans la nuit pour arriver vers les 10h00-10h30. Ce que nous avons réalisé sans trop de problème. Heureusement pour nous, nous avons rencontré à destination Pierre Poulin, l'un des meilleurs observateurs de la Gaspésie (c'est d'ailleurs lui qui a trouvé le Vanneau huppé). Il nous a grandement aidé à trouver le tyran. Il était accompagné de Ginette Roy.

Ce Tyran grisétait une première pour le Québec. Prise le 18 novembre 2006 à l'Anse-à-Beaufils, Percé. Photo prise en digiscopie.
Nous étions ravis. Nous avons quitté vers 12h00 pour le retour à la maison. Vers 21h00, nous étions assis dans le salon. De retour au bureau le lundi matin suivant, mes collègues me demandent ce que j'ai fait en fin de semaine. Je leur raconte notre périple et l'un d'eux me demande le plus naturellement du monde ce que cet oiseau faisait là, à des milliers de kilomètres au nord de son aire de distribution normale.

Je lui explique alors que les migrations des oiseaux peuvent se faire sur de longue distance selon l'espèce et que des situations hors de leur contrôle peuvent alors survenir. Les oiseaux peuvent se faire déporter sur de longues distances par un ouragan et aboutir à des endroits très inattendus. Il peut arriver aussi qu'un oiseau soit désorienté pour une raison ou pour un autre et qu'il se dirige vers le nord alors qu'il devrait aller vers le sud. Et mon compagnon de travail de commenter le plus sérieusement du monde "Comme ça tu es en train de me dire que tu as parcouru un millage de fou pour aller observer le plus mal pris, le plus inadapté, en fin de compte, le Ti-coune des oiseaux de son espèce." Je l'ai ri pas à peu près. Ce que j'ai aimé de cette analyse vite faite, c'est que ça ne se voulait pas méprisant, c'était juste bien envoyé.

Il y a plusieurs façons de pratiquer l'ornithologie et je respecte toutes ces façons, en autant qu'elles ne me briment pas dans ma liberté de la pratiquer comme je désire le faire moi-même. De très bons observateurs vont mettre tous leurs efforts pour explorer et documenter l'environnement immédiat où ils vivent. D'autres vont se dédier à la quête du plus grand nombre d'espèces observées au Québec. Pour d'autres, le terrain de jeu sera le monde. Et pour certains, il n'existera jamais de liste. Quelle est la différence ? Dans mon esprit, il n'y en a pas. Le dénominateur commun est la passion qui anime tous ces gens. Je n'ai pas toujours pensé comme ça. J'ai connu une période un peu pédante où je croyais tout-savoir-et-tout-bien-faire, où la façon de pratiquer l'ornithologie des autres me semblait inappropriée. 

Et, un jour, un ami m'a parlé d'un certain Ti-coune... oui, je vous l'assure, je l'ai bien ri.


Bibliographie consultée




*     Gauthier J. et Y. Aubry (sous la direction de) 1995. Les Oiseaux nicheurs du Québec: Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional. Association québécoise des groupes d'ornithologues, Société québécoise de protection des oiseaux, Service canadien de la faune, Environnement Canada, région du Québec, Montréal, xviii + 1295 p.

**   David, Normand. (1996). Liste commentée des oiseaux du Québec. Association québécoise des groupes d'ornithologues.

*** Site web de l'Atlas des Oiseaux nicheurs du Québec méridional:  
       http://www.atlas-oiseaux.qc.ca/.



         



Bueng Boraphet, un sanctuaire d'oiseaux thaïlandais exceptionnel.

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Anne et moi sommes d'accord sur ce point, nous avons vécu en cette avant-midi du 13 février 2013 une expérience tout à fait inoubliable. Et j'ai bien le goût aujourd'hui de la partager avec vous. En prémisse, je dois mentionner que, pour moi, un voyage ornithologique n'incluant pas une balade en bateau n'est pas complet. Que ce soit une sortie en chaloupe en empruntant des canaux plus ou moins étroits (comme cette photo prise le 25 novembre 2008 sur le Rio Ajies, situé dans le parc national de Turuepano, au Venezuela),



une sortie en mer au large des côtes sur un bateau nolisé pour ces genres de sortie (comme ici en Afrique du sud, au large du Cap-de-Bonne-Espérance, le 2 novembre 2007, photo par Nicolas Barden),



ou une autre en ponton dans une zone marécageuse calme (comme ici à Bueng Boraphet).


Tous ces moyens et ces lieux amènent une façon différente d'observer les oiseaux. Et c'est une façon que j'ai appris à aimer et à apprécier à force d'en faire. Alors que l'embarcation glisse sur la surface liquide, tous nos sens sont mis à contribution pour profiter de cette occasion unique. On dirait que tout est amplifié: les sons qui portent loin sur l'eau, la brise qui caresse le visage, la beauté des fleurs aquatiques, les odeurs particulières émanant de la végétation et cette sensation de quiétude et de paix qui nous envahit. Nous ressentions tout ça en ce matin magique.

Malgré un premier voyage en 2004, je ne connaissais pas ce haut-lieu de rassemblement de la sauvagine en Thaïlande qu'est le lac Bueng Boraphet.

Le Bueng Boraphet est la plus grande zone humide au centre de la Thaïlande, avec une superficie de 224 kilomètres carrés. C'est un ensemble lacustre et marécageux situé à l'est de la ville de Nakhon Sawan, juste au sud de la Nan, tout près de son confluent avec la Ping, pour former la Chao Phraya.

C'est le seul site connu pour le Pseudolangrayen d'Asie / White-eyed River Martin, une hirondelle qui hivernait sur place, mais qui n'a pas été aperçue depuis 1980 et est peut-être éteinte.

106 kilomètres carrés du lac ont été classés comme zone interdite de chasse en 1975. En 2000, l'ensemble a aussi été déclaré "zone humide d'importance nationale" par le gouvernement thaïlandais.

Il est environ 8h00 lorsque nous empruntons l'un des deux pontons qui ont été réservés par nos guides. Nous sommes très bien installés pour l'observation avec cette embarcation à fond plat, très stable et munie de bancs chaque côté et d'une table centrale où nous pouvons déposer nos guides d'identification et nos équipements photographiques. Notre guide peut même installer un télescope à l'avant du ponton.

Nous naviguons lentement à travers une végétation lacustre de nymphéas roses foncés et de lotus.

 
Nous sommes littéralement entourés d'Hirondelles rustiques, race rustica avec le ventre blanc.


Cette grande zone marécageuse abrite des espèces spectaculaires, comme les mignonnes Anserelles de Coromandel / Cotton Pygmy-Goose,


le Busard d'Orient / Eastern Marsh Harrier,


le Jacana à longue queue / Pheasant-tailed Jacana,
 

le Jacana bronzé / Bronze-winged Jacana,


une centaine de Sarcelles d'été / Garganeys,


des milliers de Dendrocygnes siffleurs / Lesser Whistling-Ducks,


quelques Fuligules nyrocas / Ferruginous Ducks et une vingtaine de Fuligules morillons / Tufted Ducks,


le Héron intermédiaire / Intermediate Egret,


le Cormoran de Vieillot / Little Cormorant,


le Crabier chinois / Chinese Pond Heron,


le Bec-ouvert indien / Asian Openbill,


le Vanneau indien / Red-wattled Lapwing,


la Talève sultane / Purple Swamphen,


le Grèbe castagneux / Little Grebe,


et pour finir, une espèce peu souvent observée en Thaïlande, soit un mâle de Busard tchoug / Pied Harrier.


Pendant trois belles heures, nous nous sommes vraiment régalés de ces espèces spectaculaires et de leur habitat bien particulier.

Si jamais vous vous rendez en Thaïlande et que vous avez la possibilité de vous rendre à cet endroit, vous vivrez une expérience que vous n'oublierez jamais.

À bientôt...





Hommage à Marcel Gauthier

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Envoles toi, bel oiseau bleu ....




Je sais qu'on se reverra...


Adieu, cher Marcel.


 

Nouvelle espèce d'oiseau découverte au Cambodge...

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À mon retour de mon séjour de 6 semaines en forêt boréale, j'ai trouvé dans mes courriels en attente un message provenant de Penny Hale, une Britannique vivant en Espagne et que j'ai connue lors d'un voyage au Pérou. Elle attirait mon attention sur un article paru sur internet et mentionnant la découverte d'une espèce d'oiseau non connue de la science. Je m'attendais à lire que cette découverte étonnante s'était faite dans une région éloignée du Brésil, du Pérou et en Malaisie. Mais non, cette découverte a eut lieu dans une ville et pas n'importe laquelle.

Voici l'oiseau:


Et voici l'information divulguée dans l'article daté du 26 juin 2013.





Une nouvelle espèce d’oiseau affublée d’une touffe de plumes rouges orangées sur sa tête a été confirmée récemment dans la plus populeuse des villes du Cambodge, Phnom Penh.

Cette remarquable découverte du Cambodian Tailorbird, Orthotomus chaktomuk, dans la capitale cambodgienne comptant 1.5 millions d’habitants a laissé estomaqués bien des experts en conservation. Des recherches subséquentes ont même permis de retrouver l’espèce dans plusieurs autres endroits, incluant même un site en construction.
  
Simon Mahood, du Wildlife Conservation Society, commente « La découverte moderne d’une espèce non décrite encore par la science et ce, dans les limites d’une ville aussi grande et populeuse, est tout simplement extraordinaire. C’est très surprenant. Ceci indique qu’un nouvelle espèce peut être trouvée dans un site familier, dans un lieu où on ne le croirait pas possible.»

Ce petit oiseau furtif, à la gorge ornée de plumes noirs et de la dimension d’un troglodyte, vit dans les arbustes épais des basses terres à Phnom Penh et sur d’autres sites dans la plaine inondable jouxtant la grande ville. Cet écosystème a joué un rôle important dans le fait que l’oiseau ait échappé aussi longtemps à l’attention des scientifiques.
  
C’est son plumage distinctif et son cri puissant qui l’ont fait découvrir par les scientifiques de Wildlife Conservation Society et de BirdLife International. La nouvelle espèce a été nommée d’après un secteur de Phnom Penh appelé « chaktomuk » et qui est à la conjonction de trois rivières.

Dans l'article en question, Simon Mahood révèle que les scientifiques ont commencé les recherches sur cet oiseau en juin 2012 et il ajoute que l’espèce n’est pas considérée comme une espèce menacée en dépit de son habitat situé dans une ville de 1.5 millions d’habitants. Mais la WCS recommande de la classifier comme presque menacée dans la liste rouge de l’IUCN (International Union for Conservation of Nature) à cause de la détérioration de son habitat au profit de l’agriculture et de l’expansion urbaine.

Pour Hong Chamnan, un forestier Cambodgien qui a travaillé avec l’équipe de chercheurs, cette découverte est source d'une grande fierté pour le pays. Il croit que l’espèce peut se retrouver également ailleurs dans le pays. Cependant, plus d’études sont nécessaires afin de bien comprendre la distribution et l’écologie de cette excitante nouvelle espèce, ceci afin de déterminer les mesures à prendre pour assurer sa conservation.

La fascinante planète bleue réserve encore des surprises. À quand la découverte d'une nouvelle espèce au Québec ???  Ne riez pas, on ne sait jamais.

Bye et au plaisir.



De retour de boréalie...

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Me voici de retour d'un quatrième exode spatio-temporel en forêt boréale en quatre ans. Dans le cadre du   projet de l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec, j'ai l'immense bonheur d'être embauché pour aller inventorier les espèces qui nichent au nord du 49ième parallèle. Cette année, c'est en compagnie de Xavier Francoeur, un jeune biologiste de 26 ans, que j'ai vécu un super bel été.

Xavier Francoeur vérifie l'attache de sa bicyclette de montagne installée sur le véhicule tout terrain. Photo prise le 3 juin 2013 au camp forestier Wendigo.

À l'instar d'une autre équipe qui se trouvait plus à l'ouest, mais à la même latitude, nous avons pu éviter les pluies présentes plus au sud et les feux de forêt plus au nord. Pour un participant à l'atlas, il est essentiel que les matins soient sans vent et sans pluie s'il veut optimiser les 15 points d'écoute qui doivent être faits dans chacune des parcelles à couvrir. Heureusement pour nous, les matins se succédaient presque tous plus beaux les uns que les  autres. La belle température nous permettait ensuite de noter les indices de nidification dévoilés quelquefois parcimonieusement par les différentes espèces d'oiseaux rencontrées chemin faisant.

C'est ainsi que nous avons pu passer un minimum de 20 heures dans chacune des  24 parcelles de 10km X 10km qui nous avaient été attribuées par l'administration de l'atlas. À part une seule parcelle qui se trouvait près des monts Vallin au nord du Lac-Saint-Jean, notre terrain de jeu avait comme limite septentrionale le nord du Réservoir Gouin (à la latitude d'Obedjiwan) et il s'étendait jusqu'à Chibougamau au nord est et jusqu'à Waswanipi au nord ouest. J'étais heureux de retourner dans cette région, car je l'avais parcourue à une plus petite échelle lors de l'été 2011 avec François Gagnon. Nous y avions fait de très belles observations dont une rencontre mémorable, le 27 juin 2011, avec un groupe de 6 Tétras à queue fine / Sharp-tailed Grouse alors que nous traversions la parcelle 18WV07. Pour François et pour moi-même, c'était une première observation à vie de cette superbe et rare espèce.

Cette femelle de Tétras à queue fine / Sharp-tailed Grouse a été rencontrée sur un chemin forestier près de Matagami le 2 juillet 2012.


C'est toujours intéressant de reconnaître des lieux déjà visités même si ce n'est qu'en passant, car nous avons tellement de terrain à couvrir qu'il n'est pas question d'investir du temps dans des parcelles déjà couvertes au cours d'une année antérieure. C'est ainsi que les 6 semaines de l'atlas en régions éloignées, cru 2013, ont passé comme un coup de vent... léger, chaud, agréable et bénéfique.

Ouf !  Ça, c'est dont on se souvient ou plutôt c'est ce dont on veut se souvenir i.e. QUE des bons côtés. Mais il y a aussi quelques côtés moins agréables dont les pannes de batterie du véhicule principal, les enlisements dans la boue, les froids matinaux, les chaleurs excessives d'après-midi et nos amis omniprésents que sont les insectes... piqueurs !!! Ici, en forêt boréale, nous atteignons l'azimut dans cette catégorie: brûlots, mouches noires, moustiques, mouches à chevreuil et frappe-à-bord de tout acabit. Cette présence indésirable est cependant essentielle pour maintenir l'écologie du milieu. Ici, c'est le paradis des moucherolles, des parulines et de tous les autres passereaux insectivores. En fait, ce lieu est idéal pour toutes variétés d'oiseaux. Même les oiseaux essentiellement frugivores, nectarivores ou granivores, nourrissent leurs oisillons d'insectes qui fournissent un apport calorique optimal et assurent un développement rapide. Car, au nord du 49ième parallèle, la présence des oiseaux migrateurs est courte. C'est à partir du début juin que l'arrivée massive a lieu et que les oiseaux revendiquent un territoire de nidification. Huit semaines plus tard, les lieux ont retrouvé leur silence. Quelques espèces s'occupent encore d'une deuxième nichée, mais la majorité d'entre elles a déjà accompli la tâche et leur présence s'avère alors très difficile à déceler. Cette brièveté temporelle a été particulièrement apparente en 2013. Les oiseaux ont mis du temps à arriver en forêt boréale, mais leurs chants se sont faits entendre aussitôt et ils se sont mis au travail de nidification sans délai.

Ce Viréo à tête bleue / Blue-headed Vireo vient d'arracher un morceau d'écorce de Bouleau à papier pour décorer son nid. Photo prise le 8 juin 2013 dans la Zec de la Boiteuse, près des monts Vallin, Lac-Saint-Jean.

J'ai surpris ce Moucherolle tchébec / Least Flycatcher le 28 juin 2012. Lui aussi avait orné son nid d'écorce de bouleau. Des fils d'araignées servaient à lier tous les matériaux.

Petite famille de Garrot à oeil d'or / Common Goldeneye surprise dans la parcelle 18WV27 le 27 juin 2013.

Voici trois autres canetons faisant partie de la même petite famille. Ils s'étaient éloignés de leur mère, mais ils l'ont rejointe quelques minutes plus tard.

Cette Bernache du Canada / Canada Goose est apparue devant moi alors que j'arrivais près d'un étang à castor. Le mâle n'était pas très loin et il a tenté d'attirer mon attention afin de m'éloigner de la famille.

Je termine ce billet en vous présentant trois fleurons de la forêt boréale. Des espèces que j'aime retrouver d'année en année. 

Voici un magnifique mâle de Tétras du Canada / Spruce Grouse en pariade devant une femelle que je ne voyais pas. Prise dans la parcelle 18XU07 le 4 juin 2013.

Le Moucherolle à côtés olive / Olive-sided Flycatcher est abondant en forêt boréale. Il peut occuper différents habitats, mais il est souvent associé aux milieux humides: tourbières, rivières forestières, lacs, étangs de castor... Photo prise le 30 juin 2013 dans la parcelle 18WA81.

Cet Engoulevent d'Amérique / Common Nighthawk est sur le point de regagner le sol afin de couver ou de nourrir un jeune. Malgré que le lieu d'atterrissage a été noté, il a été impossible de retrouver un nid ou un oisillon par terre. Photo prise le 25 juin 2013 dans la parcelle 18VU33.

À bientôt ...



Des Hirondelles noires dans Lotbinière.

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La colonie d'Hirondelles noires / Progne subis / Purple Martins présente à Sainte-Croix-de-Lotbinière depuis plusieurs décennies tient encore bon malgré la disparition de deux autres colonies sur la rive sud du grand fleuve. À mes débuts en ornithologie, il y a 50 ans cette année, il existait une autre colonie dans la région de Lévis. Celle de Sainte-Croix est venue plus tard et je sais que, à la fin des années 1990, il y en avait une autre à Leclercville. Il était alors possible de les observer à l'embouchure de la rivière Duchêne qui vient se jeter dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de ce village. Un ami biologiste qui vit à Saint-Antoine-de-Tilly a essayé sans succès d'attirer l'espèce en lui présentant les nichoirs qu'elle préfère i.e.ces grosses cabanes style condos qui peuvent abriter une vingtaine de couples. Malheureusement, ça n'a pas fonctionné.

Le 16 juillet dernier, je me suis rendu à Sainte-Croix avec Pierre Fradette et son coéquipier de l'Atlas, Jesse, car ils désiraient observer cette espèce sur le site de nidification reconnu comme étant celui le plus à l'est au Québec. Pour Jesse, il s'agissait même d'une première observation à vie de cette espèce. Les oiseaux étaient au rendez-vous et les grosses hirondelles étaient en plein activité de nourrissage. Voici quelques photos que j'ai prises à cette occasion.

Le mâle est tout noir avec des reflets surtout bleutés. Notez la largeur du bec à sa base. Les insectivores ont souvent ces becs plats et très larges à la base.


 La femelle a les dessous plus pâles et la nuque grisâtre.


 
Lors de notre visite, ce sont surtout les femelles qui semblaient occupées au nourrissage des jeunes. Comme celle-ci alors qu'elle apporte une libellule bien juteuse à la nichée. Les libellules étaient la cible préférée cette journée là. Je trouvais cela un peu navrant car les libellules étaient nos alliées lorsque les insectes piqueurs venaient nous tourner autour de la tête en forêt boréale. Dès que les libellules apparaissaient, les indésirables disparaissaient.


Une fois que la proie avait disparu dans la gorge d'un oisillon, il arrivait que la femelle prenne quelques secondes de répit en se perchant dans un arbre feuillu tout près du condo.



À cause de sa grosseur et de son poids, il lui arrivait de réaliser quelques acrobaties en arrivant sur la branche. 




Et c'est finalement sous son oeil bienveillant que nous nous sommes éloignés, contents, ravis et enchantés de notre rencontre avec une espèce qui persiste à revenir depuis des décades à cet endroit privilégié.



Le propriétaire des lieux, Benoît Garneau, est le grand responsable de l'attachement des oiseaux à sa cour. Depuis plusieurs décades, il ne cesse de les accueillir à chaque année avec des cabanes propres et surtout disponibles. Il prend bien soin de fermer tous les trous avec du ruban gommé qu'il n'enlève qu'au retour des hirondelles en mai. Les Moineaux domestiques et les Étourneaux sansonnets ne sont pas migrateurs et si les entrées étaient béantes, ils s'empresseraient d'occuper les cavités avant l'arrivée des hirondelles.

Des six espèces d'hirondelles présentes au Québec, l'Hirondelle noire est la plus grosse et la plus rare. Et comme pour tous les insectivores qui côtoient l'homme, elle a connu une baisse significative de sa population. Alors que j'ai observé toutes les autres espèces d'hirondelles jusqu'en Amérique Centrale, l'Hirondelle noire m'a toujours échappé en dehors du Québec. Son chant grave et liquide, ses voltiges aériennes et la beauté de son plumage en font une espèce unique. Je vous souhaite d'en rencontrer bientôt et, qui sait ?, d'en abriter un jour dans votre cour.

À bientôt.



Nouvelle espèce de mammifère découverte dans les Andes...

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Voici l'Olinguito, la dernière trouvaille dans le Nouveau Monde, et ceci depuis les dernières 35 années, d'une espèce de mammifères non encore décrite par la science.


Des scientifiques américains de la Smithsonian Institute disent qu'il ressemble à un croisement entre un chat et un ourson en peluche, mais qu'il est en fait un membre de la famille des Procyonidés qui comprennent les Raton laveur, Coati, Kinkajou et Olingo.

Ce mammifère carnivore d'un kilo arbore un manteau de fourrure laineuse et orange brunâtre et il vit dans les forêts nuageuses de Colombie et d'Équateur. Il est surnommé "neblina" par les locaux, un mot espagnol désignant la "brume".

Cet animal est plus actif la nuit. Il se nourrit principalement de fruits qu'il cueille dans les arbres, mais il est aussi carnivore quand l'occasion se présente. Il descend rarement au sol et il a une portée de seulement un petit à la fois.

Cette adorable créature a été mal identifiée pendant 100 ans, ceci en dépit du fait  qu'elle a été observée en nature, naturalisée dans des collections de musées et même exhibée dans des jardins zoologiques pendant une couple de décennies. Mais aujourd'hui, elle a été confirmée comme espèce distincte et elle constitue une incroyable et rare découverte dans ce 21ième siècle.

La méprise sur sa réelle identité provient du fait qu'il ressemble beaucoup à son cousin plus gros qu'est l'Olingo


Cependant, un examen du crâne, des dents et de la fourrure fait sur des spécimens de musée ont confirmé qu'il s'agit bel et bien d'une espèce distincte. Le crâne et les dents sont plus petits et ils sont formés différemment. La fourrure est plus dense et les poils sont plus longs chez l'Olinguito.

C'est donc à partir de spécimens naturalisés que les chercheurs ont entrepris des expéditions dans la partie nord des Andes afin de constater si l'espèce subsistait encore dans ces régions. Les rapports ont vite confirmé que la créature vivait en haute altitude dans les montagnes, entre 1 500 et 2 750 mètres au dessus du niveau de la mer. Une première vidéo de qualité médiocre a quand même été produite et elle montrait l'animal en pleine activité.

Son nom scientifique est Bassaricyon neblina.

Bassaricyon désigne un genre dévolu à des carnivores arboricoles et il inclue plusieurs autres espèces. Neblina, tel que mentionné antérieurement, veut dire "brume" en espagnol et il dépeint bien l'habitat où cet animal vit, soit la forêt nuageuse.

"La découverte de l'Oliguinto démontre une fois de plus que le monde n'a pas encore fini d'être complètement exploré et que ses secrets ne sont pas encore tous dévoilés " nous dit le Dr Kristofer Helgen, curateur et spécialiste des mammifères au Musée National d'Histoire Naturelle de la Smithsonian, " Si des nouveaux carnivores peuvent encore être découverts, quelle autre surprise nous attend ? Il y a sûrement d'autres espèces à l'échelle planétaire qui ne sont pas encore connues de la science moderne. Documenter leur existence s'avère le premier pas menant à la compréhension de la richesse et de la diversité de la vie sur notre Terre."



Des scientifiques ont mentionné dans la revue ZooKeys que l'habitat de l'Olinguito est menacé par l'activité humaine. Ils estiment qu'environ 42% du territoire sont déjà soit urbanisés, soit dévolus à l'agriculture. Les chercheurs ont découvert aussi qu'un Olinguito en provenance de Colombie a été exhibé dans des zoos américains dans les années 1960 et 1970. Cette espèce est donc venue bien près d'être démasquée au cours du siècle dernier.

En 1920, un zoologiste de New-York a même suggéré que le spécimen de musée qu'il avait entre les mains était assez inhabituel pour être considéré comme une espèce distincte. Mais il n'a jamais poussé l'idée plus loin.

Et le Dr Helgen d'ajouter " Les forêts nuageuses des Andes forment un monde en elles-mêmes, remplies d'espèces trouvées nulle part ailleurs dans le monde, la plupart étant menacées ou en danger d'extinction. Nous espérons que l'Olinguito pourra servir d'espèce phare afin d'attirer l'attention du monde sur ces habitats au statut précaire. C'est un animal magnifique, mais dont nous ne connaissons que peu de choses. Dans combien d'autres pays se rencontre-t-il ? Que pouvons nous apprendre de plus sur son comportement ? Que pouvons nous faire pour assurer sa conservation."

Et, pour finir, voici une photo d'un bébé Olinguito prise par Luis Mazariegos à la réserve La Mesenia en Colombie.



Encore un autre exemple prouvant que notre planète bleue regorge de richesses encore insoupçonnées.

À bientôt !

NB  L'information et les photos ont été glanées sur le web.




Les parulines boréales (partie 1)

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Oui, je sais, j'écris plus de billets sur la forêt boréale que sur d'autres sujets. Au cours des quatre dernières années, j'ai passé une moyenne de six semaines par année dans cette belle forêt. Ceci représente tout de même six mois de ma vie d'ornithologue amateur. Je suis tombé en amour avec cette belle nature et, même si elle est moins riche en diversité animale ou végétale que bien d'autres forêts, c'est toujours avec beaucoup de bonheur que je la retrouve. Aujourd'hui, j'aurais le goût de vous présenter la première partie de mes belles rencontres de parulines faites durant l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec.

Les parulines du Nouveau Monde appartiennent à la famille des parulidés qui comptent 116 espèces et 323 taxons (incluant espèces et sous-espèces). La Paruline jaune / Setophaga petechia / Yellow Warbler a vraisemblablement la plus grande distribution avec 43 sous-espèces.

La Paruline jaune / Setophaga petechia / Yellow Warbler

À 15 cm, la Paruline à gorge grise / Oporornis agilis / Connecticut Warbler était, selon l'ancienne taxinomie, la plus grande des quatre espèces du genre Oporornis. Elle est maintenant considérée comme la seule représentante de ce genre, les trois autres espèces ayant été placées dans le genre Geothlypis. Un individu capturé juste avant son départ migratoire, et qui avait donc accumulé des réserves de graisse en vue du long et exigeant périple, pesait 26.8 grammes. Ce qui en faisait l'un des plus pesants représentants de la famille jamais enregistrés, second seulement derrière la plus grosse Paruline polyglotte / Icteria virens / Yellow-breasted Chat. La Paruline à gorge grise diffère aussi de ses congénères par son mode de locomotion au sol: elle marche plutôt qu'elle ne saute et ses pattes sont longues et fortes. Elle est extrêmement furtive et difficile à suivre dans ses déplacements, car elle ne reste que quelques secondes au même endroit. Ça prend une patience d'ange pour la repérer à travers l'épaisse végétation où elle se cache et ça prend autant de chance si on veut la pixelliser. Et le manque de lumière dans le sous-bois ajoute au défi d'obtenir une photo précise. Son habitat préféré est la pinière de Pin gris, mais elle ne dédaigne pas la pessière d'Épinettes noires.


Paruline à gorge grise / Oporornis agilis / Connecticut Warbler

Il en est autrement de la très belle Paruline triste / Geothlypis philadelphia / Mourning Warbler qui se laisse plus facilement observer. Son chant émit avec force trahit sa présence à coup sûr. 

Paruline triste / Geothlypis philadelphia / Mourning Warbler

En plus de lancer son chant singulier lorsque perchée,  la Paruline du Canada / Cardellina canadensis / Canada Warbler émet un chant similaire en vol, quoique légèrement plus long. Un rapport récent d'une Paruline du Canada au plumage de type femelle en train de chanter vient étayer d'autres observations antérieures concernant le même comportement chez deux autres espèces classifiées à un moment donné sous le même genre Wilsonia soient la Paruline à calotte noire / Cardellina pusilla / Wilson's Warbler et la Paruline à capuchon / Setophaga citrina / Hooded Warbler. Les trois espèces nichent dans des habitats où l'on retrouve une végétation près du sol dense et intacte et où elles sont difficiles à repérer. Alors qu'il y a peu d'exemples documentés de femelles vocalisant en zone tempérée, les femelles de plusieurs espèces vivant en zone tropicale chantent fréquemment et vont même jusqu'à former des duos avec leurs partenaires.

Paruline du Canada / Cardellina canadensis / Canada Warbler

Paruline à calotte noire / Cardellina pusilla / Wilson's Warbler
Des espèces étroitement apparentées peuvent avoir des diètes bien différentes. Alors que la Paruline à jouesgrises / Oreothlypis ruficapilla / Nashville Warbler est presque exclusivement insectivore, la Paruline obscure / Oreothlypis peregrina / Tennessee Warbler exploite la nourriture qui abonde selon la saison. Ce sont principalement des insectes en été, sur son terrain de nidification, et une grande proportion de fruits et de nectar sur son terrain d'hivernage. La répartition nordique de la Tordeuse du bourgeon de l'épinette / Choristoneura fumiferana / Spruce Budworm va probablement s'étendre encore plus au nord à cause du réchauffement planétaire et les distributions des parulines qui s'en nourrissent devraient suivre cette tendance. On a déjà noté que la latitude moyenne de la présence de la Paruline tigrée / Setophaga citrina / Cape May Warbler et de la Paruline à poitrine baie / Setophaga castanea / Bay-breasted Warbler est plus au nord et quelques hypothèses indiquent que ces deux espèces, et la Paruline obscure, pourraient disparaître au sud du 50ième parallèle.

Paruline à jouesgrises / Oreothlypis ruficapilla / Nashville Warbler

Paruline obscure / Oreothlypis peregrina / Tennessee Warbler

Paruline à poitrine baie / Setophaga castanea / Bay-breasted Warbler
Paruline tigrée / Setophaga citrina / Cape May Warbler
 La Paruline à tête cendrée / Setophaga magnolia / Magnolia Warbler se nourrit d'un grand nombre de chenilles au printemps et à l'été, principalement en fouillant la végétation, mais aussi en faisant du surplace pour attraper ses proies sur les feuilles. Elle se sustente beaucoup des larves de la Tordeuse du bourgeon de l'épinette durant les invasions de cet insecte. Cependant, contrairement à ses congénères, la Paruline à poitrine baie et la Paruline tigrée, elle semble incapable d'accroître sa portée d'oisillons en vue de profiter de cette abondance de nourriture.

Paruline à tête cendrée / Setophaga magnolia / Magnolia Warbler

Rarement trouvée loin de l'eau, la Paruline des ruisseaux / Parkesia noveboracensis / Northern Waterthrush se déplace sur des morceaux de bois submergés pour l'aider à rejoindre des proies lorsque le niveau d'eau est trop haut. À partir de ce perchoir, elle peut soit s'étirer pour capturer les arthropodes qui flottent sur l'eau, soit plonger son bec pour saisir des mollusques, des petits crustacés, des larves d'insectes (comme celles des éphémères) et d'autres petits invertébrés. Elle fouille minutieusement parmi les feuilles mortes à la recherche de proies potentielles. Comme les autres parulidés, elle scrute les feuilles et les brindilles, quelquefois volant sur place, et elle n'hésite pas à partir en vol à la poursuite de mouches.

Paruline des ruisseaux / Parkesia noveboracensis / Northern Waterthrush



À suivre dans la 2ième partie, les parulines suivantes: couronnée, flamboyante, à flancs marron, verdâtre, à collier, bleue, à gorge noire, à croupion jaune, à gorge orangée, à couronne rousse, des pins et masquée.

À bientôt !


Les parulines boréales (partie 2)

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La Paruline à couronne rousse / Setophaga palmarum / Palm Warbler est un oiseau des tourbières sous nos latitudes, mais elle se rencontre dans différents types de milieux ouverts en forêts boréales. Tout terrain en régénérescence devient un milieu propice pour elle. Le trille faible qu'elle émet se mêle facilement à celui du Junco ardoisé, mais dès que nous distinguons les deux, nous sommes plus en mesure de constater sa  grande distribution dans l'ensemble du territoire visé par nos recherches. Un mâle occupe jusqu'à 40% de son temps à chanter pour maintenir son territoire alors que la femelle incube les oeufs. Cette paruline est l'une de celles qui protège une zone de nourriture lorsqu'elle est sur son aire d'hivernage. Lors d'une étude faite aux Bahamas, des Parulines à couronne rousse défendaient des bourgeons de plantes riches en nectar (Agave braceana) en chassant les autres espèces de parulines ou les colibris. Dans la plupart des cas, le coût en énergie dépassait largement les bénéfices. Tout près du site, une Paruline tigrée passait même jusqu'à 90% de son temps soit à surveiller les intrus soit à les poursuivre.


Paruline à couronne rousse / Setophaga palmarum / Palm Warbler

Chaque mâle de la Paruline masquée / Geothlypis trichas / Common Yellowthroat  possède sa propre version immuable du "witchity-witchity-witchity-witch", habituellement différente de celle de ses voisins immédiats. À l'intérieur de la végétation dense et typique de son habitat, il est plus facile d'entendre que de voir. Le mâle défendant son territoire aurait de la difficulté à voir un intrus et il passe également beaucoup de temps hors de la vue de sa partenaire. Posséder un chant personnalisé permet à chaque individu de se reconnaître mutuellement. Des études ont démontré qu'un mâle donné répond beaucoup plus agressivement à un chant différent de ceux émis par ses voisins. En ne réagissant qu'à un chant différent de ceux entendus habituellement, il sauve du temps et de l'énergie. Par contre si on fait jouer le chant connu d'un voisin immédiat non à partir des limites communes du territoire, mais au milieu du territoire, le propriétaire réagit fortement à cette intrusion dans son fief. Il appert que la femelle reconnait le chant de son mâle. La Paruline masquée chante également en vol et son chant est alors plus varié plus mélodieux, mais il se termine de la même façon que le chant émis à partir de sa perche. Le mâle continue à exécuter ce chant en vol même après que la pariade soit terminée. Des chercheurs suggèrent, parmi d'autres fonctions, que ce comportement pourrait servir à avertir sa compagne de la présence d'un prédateur et à attirer l'attention de l'indésirable vers le mâle, protégeant ainsi la femelle et la nichée.


Paruline masquée / Geothlypis trichas / Common Yellowthroat

Les parulidés de la zone tempérée adoptent presque toutes le même patron d'activité tout au long de la journée. Elles commencent à chanter un peu avant l'aube alors que la lumière n'est pas encore suffisante pour la recherche efficace de nourriture. Au début de la saison de reproduction, elles vocalisent jusque vers les 9h00. Elles demeurent ensuite plus discrètes jusqu'à la fin de la journée où un regain est noté avant le crépuscule. Plus la saison avance et plus la période de chant du matin raccourcit. Une étude détaillée sur la Paruline àgorge noire / Setophaga virens / Black-throated Green Warbler sur son aire de nidification a démontré un pareil scénario. Les mâles de cette espèce passent les périodes de l'aube et du crépuscule à chanter à partir d'un perchoir. Après l'aube, ils continuent à chanter pendant quelques heures, mais la recherche de nourriture devient prédominante à mesure que l'avant-midi se passe. En mi-journée, suivent des périodes d'inactivité où les oiseaux en profitent pour entretenir leur plumage. Dès l'éclosion des oeufs, la recherche de nourriture prend toute la place. Lors de l'incubation, la femelle passe jusqu'à 80% de son temps assise sur les oeufs. Elle se nourrit tôt en journée et aux deux à trois heures par la suite.


Paruline àgorge noire / Setophaga virens / Black-throated Green Warbler


Une étude similaire faite sur la Paruline à gorge orangée / Setophaga fusca / Blackburnian Warbler, aussi en période de nidification, révèle que les deux sexes occupent leur temps de la même façon que la Paruline àgorge noire. La femelle incube 77% de son temps et, dès que les oeufs éclosent, elle s'occupe du nourrissage des oisillons à temps plein.


Paruline à gorge orangée / Setophaga fusca / Blackburnian Warbler


Il découle d'une étude faite sur la Paruline bleue / Setophaga caerulescens / Black-throated Blue Warbler , toujours sur leur terrain de reproduction et avant l'éclosion des oeufs, que le mâle investit de 17% à 40% de la journée à chanter sur un perchoir, de 30% à 32% à se nourrir, de 19% à 22% à combiner le chant et la recherche de nourriture, de 3% à 7% à entretenir son plumage (preening), de 0.4% à 0.9% à interagir avec des intrus et 1.9% à l'inactivité. Pendant ce temps, la femelle passe 75.1% de son temps à incuber et 21.5% à se nourrir. Sur leur territoire d'hivernage, les deux sexes passent tout leur temps à se nourrir. La Parulinebleue est reconnue pour faire deux nichées par année, particulièrement quand le mâle est âgé et plus expérimenté. Lors d'une étude de quatre ans sur une population vivant dans un habitat non fragmenté dans les White Mountains au centre du New Hampshire (USA), des femelles ont été rapportées pondre une moyenne de 6.6 oeufs par saison, desquels 5.2 parvenaient à l'éclosion et 4.3 produisaient des oisillons qui quittaient le nid. Ce haut succès était partiellement dû au fait de l'absence de parasitisme par le Vacher à tête brune / Molothrus ater / Brown-headed Cowbird qui est absent des forêts étendues. 35% des femelles marquées ont mené à terme avec succès deux nichées dans une saison et une femelle en a même fait trois. Ces parulines sont rencontrées en plus grande abondance dans des forêts avec un sous-bois dense et les oiseaux dans ce genre d'habitat quittent le nid plus tôt que ceux qui se retrouvent dans une végétation plus clairsemée. Une autre étude de six années impliquant 239 nids démontrèrent que la femelle de ce parulidé a moins contribué au nourrissage de la première portée que de la seconde. Le mâle portait la même attention aux deux portées. Les chercheurs en ont conclu que la contribution du mâle soulageait la femelle du travail énergiquement très demandant de s'occuper de la première portée, ce qui rendait possible pour elle d'entreprendre une deuxième portée.


Paruline bleue / Setophaga caerulescens / Black-throated Blue Warbler

La Paruline verdâtre / Oreothlypis celata / Orange-crowned Warbler est presque exclusivement insectivore durant la saison de reproduction, mais elle va se sustenter régulièrement de baies et de fruits durant les mois d'hiver, alors qu'elle peut être attirée aux mangeoires contenant du suif, du beurre d'arachide et même des beignets. À l'instar d'autre membre de la famille, ce parulidé visitera à l'occasion les multiples puits de sève creusés par le Pic maculé afin de boire le précieux nectar qui s'y est accumulé. Dans l'ouest de l'Amérique, c'est le Pic à nuque rouge qui remplace l'espèce de l'est et la sous-espèce de l'ouest de la Paruline verdâtre se comporte de la même façon que sa cousine de l'est.


Paruline verdâtre / Oreothlypis celata / Orange-crowned Warbler

La Paruline couronnée / Seiurus aurocapilla / Ovenbird  effectue majoritairement sa recherche de nourriture au sol. Sa méthode préférée consiste à scruter le dessous de chaque feuille morte tombée sur le sol, ou le sol même, afin d'y recueillir les insectes, les arthropodes et les invertébrés qu'y peuvent y vivre. Son chant est émis avec une force surprenante pour sa grosseur. Elle est très agressive lorsque vient le temps de protéger son territoire. Sa période de nidification est remarquablement courte pour un passériforme. Le jeune peut quitter le nid avant la septième journée, spécialement s'il est dérangé. Une étude a permis de voir les jeunes quitter après 6 jours dans 9 des 17 nids inventoriés. L'abondance de nourriture peut être un facteur qui les amène à quitter hâtivement le nid. De plus, dans certaines régions, les nids connaissent un haut degré de prédation et c'est donc une bonne chose que les jeunes puissent quitter tôt.


Paruline couronnée / Seiurus aurocapilla / Ovenbird


La capture d'insectes en vol (flycatching) est sans aucun doute la méthode la plus facile à observer pour l'ornithologue. Bien installé sur son perchoir, l'oiseau surveille les alentours et dès qu'un insecte passe à portée de bec, il le pourchasse et il le capte dans les airs. La Paruline flamboyante / Setophaga ruticilla  / American Redstart l'utilise à profusion et ses pattes faibles, la base de son bec large et la présence de rictales reflètent bien cette spécialisation. Cependant, il faut préciser qu'elle a apporté quelques modifications. Au lieu d'utiliser un perchoir et d'attendre patiemment qu'un insecte se présente, elle utilise les marques jaunes et oranges ornant ses ailes et sa queue afin d'effrayer les insectes présents dans le feuillage ou sur les branches. Tout en se déplaçant, elle ouvre nerveusement les ailes et elle écarte les plumes de sa queue. Cette action fait décoller les insectes et la paruline les capture aussitôt en plein vol. 


Paruline flamboyante / Setophaga ruticilla  / American Redstart
Si on désire observer la Paruline à collier / Setophaga americana / Northern Parula, il faut la chercher dans les grands feuillus et dans la partie la plus haute de la canopée. C'est plus souvent qu'autrement par son chant qu'on la repère. Un trille ascendant plutôt faible, mais bien audible. Elle niche dans une variété de boisés et de forêts, presque toujours associés à l'Usnée (Usnea) dans le nord de son aire distribution et à la Mousse espagnole (Tillandsia) dans le sud. Elle se nourrit principalement d'insectes et d'autres invertébrés comme les araignées. En hiver, elle ingurgite des baies, des graines et du nectar. Elle se nourrit haut dans la canopée en scrutant les feuilles et les brindilles, souvent la tête en bas pour investiguer chaque recoin du feuillage. Il lui arrive aussi d'attraper des insectes en vol ou de voleter sur place pour saisir les insectes accrochés sur les feuilles. À l'automne, elle se tient davantage tout près du niveau du sol, dans la végétation basse.


Paruline à collier / Setophaga americana / Northern Parula

La Paruline à flancs marron / Setophaga pensylvanica / Chestnut-sided Warbler peut jouer bien des tours à l'ornithologue qui compte sur les chants pour la reconnaître. À l'instar d'autres parulidés comme la Paruline jaune, la Paruline flamboyante ou la Paruline à tête cendrée, la Paruline à flancs marron possède un répertoire de chants qui peut devenir mélangeant. Son chant distinctif, qu'on pourrait classer comme de type 1, peut se traduire par un " pleased pleased pleased to meecha", mais la Paruline jaune est bien capable de l'imiter aussi . Son chant de type 2 est plus varié et ne se termine pas nécessairement par le "meecha", mais il peut alors être similaire à un autre chant de la Paruline jaune et de la Paruline flamboyante. Pas facile le métier d'atlasseur qui doit se fier énormément sur les chants pour identifier les oiseaux présents. Cette paruline migre sur de longues distances et elle est très abondante en hiver au Costa Rica où son plumage internuptial trompe bien des nord-américains qui ne sont pas habitués à l'observer dans ce type de plumage.

Paruline à flancs marron / Setophaga pensylvanica / Chestnut-sided Warbler
Je termine avec l'espèce qui est peut-être la plus connue, car elle est très commune partout lors des migrations printanière et automnale. À ces moments-là, on l'observe aussi bien en ville qu'en campagne, dans divers habitats et elle s'approche des habitations plus que les autres parulidés. Elle est l'une des premières parulines à atteindre notre altitude au printemps et elle est l'une des dernières à nous quitter à l'automne. La Paruline à croupion jaune / Setophaga coronata coronata / Yellow-rumped Warbler (Myrtle) a quelquefois deux portées dans la même année. Ceci est plus commun pour la race de l'ouest de l'Amérique du Nord que pour celle de l'est. Cette paruline niche dans les conifères, les forêts mixtes et les boisés dans la zone boréale. À l'instar de plusieurs de ses congénères, elle se nourrit principalement d'insectes et d'arthropodes en été et de baies et de fruits en hiver. 

Paruline à croupion jaune / Setophaga coronata coronata / Yellow-rumped Warbler (Myrtle)

Voici donc les parulidés qui m'ont accompagné lors de mes recherches dans la zone boréale du Québec. J'espère bien y retourner pour la cinquième et dernière année de l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec en 2014.

À bientôt !


Bibliographie consultée

del Hoyo, J., Elliott, A.& Christie, D.A. eds. (2010). Handbook of the Birds of the World. Vol. 15. Weavers to New World Warblers. Lynx Edicions, Barcelona.



Des animaux rencontrés en boréalie

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La forêt boréale est la zone forestière la plus septentrionale et la plus froide de l'hémisphère Nord. Elle forme, du nord au sud, une ceinture continue de 1000 km de largeur qui s'étend en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il s'agit de la plus vaste zone de végétation du Canada, et elle couvre de grandes étendues dans chacune des provinces et territoires. Au Canada, la forêt boréale et ses boisés sont généralement peuplés de conifères, dont l'épinette noire, l'épinette blanche, le pin gris, le pin de Murray et le sapin baumier, et de mélèzes ou d'essences à petites feuilles caduques, comme le bouleau, le tremble et le peuplier baumier.*





Au cours de mes balades en forêt boréale québécoise, j'ai eu l'occasion de rencontrer, en plus des oiseaux, des animaux fascinants pour lesquels j'éprouve le plus grand des respects. On a beau dire que tous ces animaux sont bien équipés pour faire face à la rigueur de la température très changeante en forêt boréale, je ne peux tout de même m'empêcher de penser à tout ce qu'ils doivent endurer pour survivre et se reproduire. L'adulte de l'Élan d'Amérique ou Orignal (Alces alces) peut perdre 15 à 17 % de son poids net chaque hiver, voire plus lors d’hivers difficiles.***

La saison froide dure très longtemps comparativement à celle vécue aux alentours du 49ième parallèle.Au début juin, il n'est pas rare que la gelée couvre le sol avant le lever du jour. Les nuits peuvent être de froides à très froides, la température pouvant descendre en bas du point de congélation. Dès que les rayons du soleil apportent une chaleur réconfortante, ce sont les insectes piqueurs qui apparaissent. D'abord les maringouins (culicidés), puis les mouches noires (simulies), les mouches à chevreuil (tabanidés) et les brûlots (cératopogonidés). Il faut passer toute la journée (et quelques fois, une partie de la nuit) en compagnie de ces insectes pour mesurer tout le stress qu'ils peuvent occasionner aux êtres vivants qui les entourent.

Les moustiques piqueurs sortent surtout au coucher et au lever du soleil, lorsque les vents sont faibles, la température chaude et le niveau d’humidité élevé. Les principaux facteurs susceptibles de les exciter sont le mouvement, la chaleur que nous dégageons, les vêtements sombres, les odeurs corporelles et le gaz carbonique que nous produisons.**

Si j'étais un Orignal ou un Ours noir, je commencerais à m'inquiéter, car je correspondrais assez bien au portrait ci-avant décrit. Il est donc peu surprenant de constater que les orignaux et les ours circulent tôt le matin en bordure des chemins forestiers. Ces endroits plus ouverts sont pour eux une façon de fuir les insectes indésirables.

J'ai surpris cet Ours noir / Ursus americanus / American Black Bear  alors qu'il déambulait lentement le long d'un chemin forestier. Cet animal aime bien se nourrir des feuilles tendres des jeunes arbres qui repeuplent les bordures de route. Lorsqu'il vente, les mammifères profitent de ces milieux ouverts afin de se débarrasser des insectes piqueurs.

Il n'y a pas une seule parcelle de 100 km² en forêt boréale où je n'ai pas vu des traces d'orignaux le long des chemins construits pour atteindre les points de coupe forestière ou les mines. Par contre, mes rencontres avec le plus gros des cervidés du monde se comptent sur les doigts d'une seule main.

Un Orignal mâle quitte la route et regagne la végétation dense dès qu'il m'aperçoit.


Les mâles pèsent entre 500 kg et 700 kg, et les femelles pèsent entre 350 kg et 580 kg. Les petits pèsent environ 15 kgà la naissance mais grandissent rapidement. La hauteur à l’épaule peut dépasser deux mètres. Seuls les mâles possèdent des bois, qui peuvent dépasser 1,60 m de largeur et 20 kg ; ils sont larges et plats avec de petites pointes. Un élan découvert en Alaska en 1897 détient le record du plus grand cervidé connu : ce mâle atteignait 2,34 mà l’épaule, pour 816 kg. L’envergure de sa ramure était de 1,99 m

Malgré sa taille imposante et ses déplacements fréquents, il est très difficile à localiser. Sa vue n'est pas bonne, mais il peut compter sur son ouïe et son odorat pour repérer des sources de danger. L’Orignal supporte très bien le froid, mais souffre de la chaleur. Durant l’été, surtout en pleine saison des moustiques, il peut passer plusieurs heures par jour dans l’eau. L’Orignal est très à l’aise dans l’eau. Il plonge parfois à 5,5 m ou plus pour extirper des plantes au fond d’un lac ou d’un étang, et il peut nager sur 19 km. De tous les cervidés nord-américains, seul le Caribou / Rangifer taranduscaribou / Caribou est un nageur plus puissant. Très tôt, le petit de l'Orignal est capable de suivre sa mère à la nage sur une grande distance, posant à l’occasion son museau sur le dos maternel pour y prendre appui.

L'Orignal n'est pas un animal agressif, sa première réaction est d'éviter la confrontation. Mais une femelle accompagnée d'un veau peut attaquer un intrus qui s'approcherait en dedans d'une 20aine de mètres de distance. Quand j'ai aperçu cette mère Orignal, j'étais à au moins 50 mètres. La femelle s'est arrêtée dans le chemin, est restée une 30aine de secondes sans bouger et elle a décidé de rebrousser chemin, suivie de son veau.
Une belle surprise pour moi a été mes quelques rencontres avec ce chat surdimensionné qu'est le Lynx du Canada / Lynx canadensis / Canada Lynx. Nos ancêtres l'ont affublé du surnom de Loup-cervier. Comme le loup n'a jamais eu bonne presse auprès des hommes, il est fort à parier que sa présence n'était pas souhaitée et appréciée près des habitations humaines.

Ma première rencontre a lieu le 14 juin 2011 au nord de la réserve atikamekw d'Obedjiwan (au nord du réservoir Gouin en Haute Mauricie). J'en suis à ma deuxième participation à l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec et mon coéquipier est François Gagnon. Alors que ce dernier monte sa tente près d'un cours d'eau, je décide de m'éloigner et de me diriger vers un barrage de castors. Caméra en bandoulière, je tiens à profiter de toutes les occasions données afin de capter des images de cette belle nature. Après un quart d'heure, je décide de retourner vers le site de camping quand un gros chat sort de la végétation devant moi et il commence à marcher lentement dans la même direction que moi. Il est bien clair qu'il ne m'a jamais vu, ni senti car une légère brise caresse mon visage, indiquant un vent de face. Je suis tellement surpris par cette apparition que j'en oublie de vérifier les ajustements de ma caméra. Dès les premiers clics de la caméra, le félin s'arrête, pivote sur 270° et il me jette un regard au-dessus de son épaule droite. Il semble tout aussi surpris que moi. Il reste sur place à peine une couple de secondes et il s'enfonce dans la végétation... pour sortir à quelques mètres seulement de François et de sa tente. Et j'entends aussitôt François crier  "Laval, viens vite, il y a un lynx juste devant moi". "Je sais", lui dis-je, "c'est moi qui te l'ai envoyé". Voici la piètre photo qui a résulté de mon manque de sang-froid.


Par la suite, j'ai expérimenté cinq autres rencontres avec ce bel animal. Alors que pour quatre d'entre elles, l'animal était loin et trop peureux pour s'approcher, ma rencontre de l'an passé restera gravée à jamais dans ma mémoire.

On est le 10 juillet 2012 dans la parcelle 17PQ67, en Abitibi. Je suis occupé à observer un Viréo à tête bleue très en voix et également très agité (un beau code A), lorsque je tourne la tête et j'aperçois un lynx en plein milieu du sentier à environ cinquante mètres de distance. Il est arrêté et il me fixe. Je me dis qu'il a dû être attiré par l'agitation du viréonidé et qu'il vient constater la raison du brouhaha. Je me dirige vers le camion afin de saisir ma caméra. Je vais lentement, car je ne veux pas faire fuir l'animal. Il ne bouge pas. Je m'installe à l'extérieur du 4X4, accoté sur la porte du côté passager, la lentille de mon appareil bien appuyée sur le miroir du véhicule. Je ne bouge pas d'un poil et j'attends. Je prends des clichés de loin, car je suis certain que le lynx va faire comme d'habitude et qu'il va s'enfuir. Mais non, il me regarde et il se dirige vers moi très lentement.

Sa couleur, sa grosseur, les pattes arrières immenses faisant office de raquettes dans la neige, l'abondance de poils entre ses doigts, les longs poils fins ornant la pointe de ses oreilles et ceux pendant sous sa gorge indiquent bien qu'il s'agit du Lynx du Canada / Lynx canadensis.


Il est maintenant à vingt cinq mètres et il s'assied sans arrêter de me fixer. Il est tout à fait semblable à mon chat Phébi dont il partage la robe, les rayures et la même indifférence dans le regard. Ah ! ces félidés !

Remarquer la grosseur de ses "pantoufles".
 
Et il recommence à marcher, toujours dans ma direction. Il est maintenant à environ quatre mètres de moi et je m'avance devant le camion, car je vais le perdre de vue. Il s'arrête encore, me jette un regard un peu plus intéressé, mais dépourvu de toute agressivité.Quelle belle bête !


Je regarde ces photos et j'en suis encore ému. Un très grand moment et un très beau cadeau de cette belle nature.

Et voici maintenant la proie préférée de notre ami le lynx: le Lièvre d'Amérique / Lepus americanus / Snowshoe Hare.

Photo prise le 9 juillet 2012 dans la parcelle 17PQ75 en Abitibi.
Il est également une proie très recherchée par l'Aigle royal / Aquila chrysaetos, le Grand-duc d'Amérique / Bubo virginianus et l'Autour / Accipiter gentilis. Le Renard roux / Vulpes vulpes, le Coyote / Canis latrans et le Loup gris / Canis lupus sont également de bons consommateurs. Avec autant de prédateurs, il n'est pas surprenant de constater l'abondance de ce léporidé. 

Le Lièvre d’Amérique est l’un des herbivores dominants et une importante espèce-proie de la forêt boréale; à ce titre, il contribue à la diversité de cet écosystème. Puisqu’ils servent souvent de proie, les lièvres sont essentiels au maintien du réseau alimentaire de nos forêts. En fait, des recherches menées au Yukon ont montré que cet animal pourrait être une espèce clé ou centrale. L’exploitation forestière, les incendies de forêt, la conversion de l’habitat et le réchauffement de la planète modifient la répartition et la qualité des habitats forestiers. Le cycle de 10 ans du Lièvre d’Amérique et de ses prédateurs est un modèle unique, dominant et à grande portée dans les forêts canadiennes, et nous ne savons pas jusqu’à quel point la modification de l’habitat influera sur ce modèle.****

Une autre belle rencontre, et toujours surprenante, est celle faite avec un animal unique sous de multiples facettes: le Porc-épic d'Amérique du nord /Erethizon dorsatum / North American Porcupine. Comme l'Ours noir, il est plantigrade i.e. qu'il marche avec la plante du pied fermement posée sur le sol. Ce qui lui donne une démarche lourdaude et hésitante. Myope et très lent dans ses déplacements, il décampe, allant même jusqu'à galoper très maladroitement, dès qu'il s'aperçoit d'un danger potentiel.

Muni de milliers de piquants, le Porc-épic est bien protégé de ses prédateurs. Contrairement à la pensée populaire, l'animal ne peut lancer ces piquants vers un intrus. Il faut que l'agresseur touche le piquant pour que celui-ci s'incruste dans sa peau. Ces piquants sont remplis d'air à l'intérieur. Pour les enlever, il est recommandé de couper l'extrémité externe afin de faire sortir l'air.

Le Porc-épic se nourrit de végétation (feuilles, brindilles, écorces) et il n'est pas rare de le surprendre bien installé dans un feuillu. On peut alors l'approcher sans problème.
La chair de cet animal peut être manger crue, ce qui le rend très utile pour une personne qui serait perdue en forêt, sans nourriture et sans possibilité de se faire un feu. Comme pour bien d'autres animaux, il suffit de le frapper fermement sur le museau pour le tuer.

Un autre rongeur beaucoup plus commun que le porc-épic est le Castor du Canada / Castor canadensis / North American Beaver. Même s'il fait rager des gens qui, comme nous les Atlaseurs, doivent emprunter des chemins forestiers trop souvent endommagés ou littéralement mis hors d'usage par leurs barrages, il faut rendre à César ce qui revient à César. Les castors jouent un rôle très important en forêt, car ils aident à maintenir une plus grande biodiversité en créant des milieux humides qui attirent des espèces animales et végétales qui y sont inféodées. À chaque jour, cette évidence nous sautait au visage et nous faisions de longues haltes dans ces habitats.

Le castor m'a plusieurs fois surpris alors que j'écoutais religieusement tous les sons émis par les oiseaux aux alentours d'un barrage. Il a comme habitude d'aviser les environs d'un danger en frappant la surface de l'eau d'un coup sec de sa queue plate et musclée. En fait, il le fait en projetant son corps vers l'avant et en plongeant. Le bruit ainsi produit est puissant et il fait penser à un coup de feu.  De quoi provoquer tout un soubresaut !

Je n'ai croisé la Mouffette rayée / Mephitis mephitis / Striped Skunk qu'à deux reprises en quatre ans. On peut expliquer cet état de fait par ses habitudes de vie nocturne. Ce mustélidé vit aussi bien dans les zones boisées que dans les terres cultivées ou les zones urbaines. La présence de la Mouffette rayée est souvent dévoilée par son odeur caractéristique. Les glandes anales sont bien développées et peuvent projeter une sorte de musc d'une odeur nauséabonde et tenace lorsque la mouffette se sent menacée. Elle est capable de projeter son musc à près de 6 m de distance. La mouffette est connue sous le nom de bête puante par les francophones du Canada.*****

Quand j'ai pris cette photo la mouffette venait juste de se rendre compte de ma présence. L'effet de surprise s'est traduit par cette pose assez caractéristique. Elle se tient presque sur le bout de ses doigts, prête à orienter son postérieur vers moi. Devant mon immobilisme, elle va se détendre peu à peu pour continuer à fouiller le sable à la recherche d'insectes ou d'autres invertébrés.

Pour finir ce billet, voici maintenant un petit acrobate roux présent en forêt boréale: l'Écureuil roux d'AmériqueTamiasciurus hudsonicus / American Red Squirrel. Ce petit rongeur mue deux fois par année. En été, ses flancs ainsi que son dos prennent une teinte olive foncée et sont séparés de sa gorge ainsi que de son ventre de couleur blanche, par un mince trait noir. Sa tête, son postérieur et ses pattes sont colorés de divers tons de brun. En hiver, la couleur fauve de la queue atteint le dos et les traits noirs disparaissent. La tête, le postérieur et les pattes prennent des teintes plus pâles allant du brun très clair au marron. Le ventre se colore d'une teinte grise argentée.****** 

Ce petit démon roux n'endure aucun autre animal sur son territoire. Malgré son intelligence et sa grande persévérance, sa confiance excessive, son arrogance et sa grande curiosité lui coûtent souvent la vie. Il n'a pas l'avantage non plus lors d'un feu de forêt puisque son instinct lui dicte de grimper le plus haut dans les arbres au lieu de s'enfuir.


Sa nourriture préférée sont les cônes et elle y trouve son compte en forêt boréale. La grandeur du territoire d'un Écureuil roux est de 0.75 hectare. Un hectare équivaut à un quadrilatère de 100 m X 100 m (10 000 m²). Il est bruyant, peu sociable et très territoriale. Dès que nous pénétrons à l'intérieur des limites de son territoire, il nous le fait savoir en émettant des "chips chips" nerveux et insistants. À l'instar du lièvre, l'écureuil semble avoir été mis sur la terre pour servir de nourriture aux autres. Ses principaux prédateurs ailés sont l'Épervier brun / Accipiter striatus, l'Autour / Accipiter gentilis et la Crécerelle d'Amérique / Falcosparverius. Du côté mammifères, ce sont la Martre / Martes americana, le Visond'Amérique / Neovison vison, le Lynx d'Amérique / Lynx canadensis et le Lynx roux / Lynx rufus.


J'ai également eu l'occasion de croiser deux fois un Loup gris, le Renard roux à plusieurs reprises et quelques Visons d'Amérique. Mais le tout s'est fait tellement vite que je n'ai pu prendre de photos.

J'espère profiter de la cinquième saison de l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec pour remédier à ces manques.

À bientôt.
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Bibliographie consultée

*  http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/foret-boreale
**  http://synapse.uqac.ca/2011/face-aux-moustiques-soyez-fine-mouche/
***  http://www.hww.ca/fr/especes/mammiferes/l-orignal.html
****  http://www.hww.ca/fr/especes/mammiferes/le-lievre-d-amerique.html
***** http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouffette_ray%C3%A9e
****** http://educ.csmv.qc.ca/mgrparent/vieanimale/mam/ecureuilroux/ecureuilroux.htm

Île-aux-Basques: du 30 août au 2 septembre 2013

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30 août 2013

Il est 05h45 lorsque nous quittons notre demeure de Sillery pour un voyage d'une durée de deux heures trente minutes vers Trois-Pistoles. Nous sommes vendredi matin. Les prévisions météorologiques ne sont pas très prometteuses pour les jours à venir et nous partons résignés à passer plus de temps que souhaité à l'intérieur du chalet Provancher, sur l'Île-aux-Basques. "Bah!", qu'on se dit, "nous serons sur l'île et là, tout peut arriver". Nous quittons le quai de Trois-Pistoles vers les 9h15 et le bateau passe d'abord par les chalets Meredith et Matte afin de déposer des gens. Vient ensuite notre tour et nous sommes prêts à commencer l'exploration dès 10h15. Il fait soleil et nous nous disons qu'il faut profiter de cette belle température, car il est supposé pleuvoir une bonne partie de la journée du samedi.

Nous nous dirigeons donc vers la pointe est de l'île dans l'espoir d'y observer quelques limicoles et autres migrateurs. La température est superbe, le vent de très léger à inexistant et les oiseaux sont présents. Deux  vagues successives de passereaux nous permettent de cocher: les Paruline à tête cendrée, Paruline àcollier, Paruline obscure, Paruline à joues grises, Paruline à croupion jaune, Paruline à gorge noire et Paruline flamboyante.

Paruline à gorge noire mâle / Setophaga virens / Black-throated Green Warbler

Les oiseaux marins ne sont pas légion dans la région du gros quai de pierres. Cependant, nous pouvons y ajouter les Eider à duvet, Harle huppé, Plongeon huard, Fou de Bassan, Cormoran à aigrettes, Pluvier semipalmé, Chevalier grivelé, Goéland marin, Goéland à bec cerclé, Goéland argenté,



Goéland argenté / Larus argentatus / Herring Gull

Mouette tridactyle, Guillemot à miroir et Grand Héron.
En après-midi, entre 15h00 et 18h00, nous explorons la partie ouest de l'île pour aboutir en fin de journée à la pointe où les limicoles ont l'habitude de s'attrouper en plus grand nombre. Chemin faisant, notre route croise différentes nouvelles espèces: Faucon pèlerin, Pic mineur, Viréo aux yeux rouges, Corneille d'Amérique, Grand Corbeau, Sittelle à poitrine rousse, Troglodyte mignon, Roitelet à couronne dorée, Merle d'Amérique, Moqueur chat, Jaseur d'Amérique,



Photo prise près du chalet Meredith le 1er septembre



Paruline à croupion jaune, Paruline à poitrine baie, Paruline rayée, Bruant fauve,
  

Le Bruant fauve est toujours difficile à saisir sur son terrain de nidification. Il est furtif et il ne reste bien à vue que quelques secondes. Photographié le 31 août à l'Anse d'en Bas (partie est de l'île).

Cet individu s'est montré plus coopératif. Photographié près du quai à l'ouest de l'île le 1er septembre.
 
Bruant chanteur, Junco ardoisé et Quiscale bronzé.

Dès notre arrivée à la pointe, nous repérons les limicoles suivants:

Tournepierre à collier

Tournepierre à collier / Arenaria interpres / Ruddy Turnstone

Bécasseau semipalmé et Bécasseau sanderling.


Bécasseau semipalmé / Calidris pusilla / Semipalmated Sandpiper

Nous terminons la journée avec les espèces suivantes: Macreuse à front blanc, Macreuse noire (à becjaune), Garrot à oeil d'or et Pluvier argenté (entendu seulement). Pour un total de 44 espèces pour ces 5 heures d'ornithologie. Ça promet, quoique la température annoncée est inquiétante.

31 août 2013

Le cadran sonne à 6h30 et je vais vérifier tout de suite à l'extérieur pour voir s'il pleut ou non. Pas de pluie, mais un brouillard à couper au couteau. Je ne vois même pas le quai à 30 mètres du chalet. Comme le plan initial était de nous diriger vers la pointe est pour l'observation des oiseaux pélagiques au large, nous décidons de profiter de quelques minutes supplémentaires de sommeil. Une trentaine de minutes plus tard, il nous semble que le soleil est bien présent derrière la brume et que la journée s'annonce plus ensoleillée que prévue. Et c'est le cas. Même si nous partons avec une heure de retard sur l'horaire prévu, nous sommes très heureux, car le beau temps sera de la partie et ça s'annonce pour toute la durée de la journée. Alors que j'attends Anne sur la galerie du chalet, voilà qu'une femelle de Colibri à gorge rubis vient faire son tour à quelques mètres devant moi. Et j'ai même la chance d'entendre la ritournelle printanière du Grimpereau brun avant qu'Anne apparaisse. Les absents ont toujours tort, comme on dit (non, je me suis bien gardé de lui dire ça).

Dès notre arrivée à la pointe pierreuse, nous observons: Canard noir, Sarcelle d'hiver, Macreuse brune et un Épervier brun vient se poser sur une grosse roche en face de nous. Anne repère une Mouette de Bonaparte parmi les laridés présents sur les rochers.




Une Mouette de Bonaparte survole un Goéland à bec cerclé alors qu'ils sont occupés à saisir des insectes en vol. Prise le 1er septembre du côté sud ouest de l'île



En après-midi, nous retournons du côté ouest et nous y ajoutons d'abord un Bécasseau minuscule. Mais nous ne sommes pas au bout de notre surprise. Notre recherche du Bécasseau violet est vaine. Probablement trop tôt en saison. C'est partie remise pour octobre. Pendant que je m'amuse à photographier les limicoles, voilà que je repère l'espèce-vedette du voyage: le Bécasseau roussâtre. Il est loin. Très loin. Trop loin à mon goût. Vais-je avoir la patience de l'attendre ?  Oh! que oui ! D'ailleurs, je n'ai que ça à faire. Ne sachant pas s'il va s'approcher ou non, je ne prends pas de chance et je clique au fur et à mesure qu'il se dirige dans ma direction. Je cliquerai 210 fois, jusqu'à ce qu'il se retrouve à environ cinq mètres. Quel beau limicole élancé et tout en grâce. Il a vraiment du panache. Constatez par vous-mêmes.



 

Et ce qui est merveilleux dans son cas, c'est que je l'avais photographié le 2 septembre 2012 au même endroit, soit presque une année passée jour pour jour. La seule différence c'est qu'ils étaient alors deux individus, arborant d'ailleurs le même plumage juvénile que celui de cette année. Anne et moi nous nous sentions réellement au paradis des ornithologues. 

Avant de quitter, nous entendons une bande de sternes venant du large et nous identifions sept Sternes arctiques qui passent en vol. En quittant la pointe ouest, j'aperçois un Pygargue à tête blanche de 1ère année et Anne a le temps de le mettre dans ses jumelles. Son frère Yves en avait également observé un en juillet et j'espérais vraiment pouvoir l'imiter. C'est la première fois que j'en observe un à l'île en plusieurs visites. Même chose pour Anne qui dépasse maintenant les cinquante séjours à cet endroit. Près du B-20, je repère un Bruant de Lincoln très furtif qui ne se laisse pas observer bien longtemps. Juste assez pour une identification assurée. Revenus sur la galerie de notre chalet, nous entendons un Grand Chevalier sans cependant parvenir à le voir.

1er septembre 2013

Lever à 06h30. Il a plu une bonne partie de la nuit, souvent avec intensité. Avec un peu d'appréhension, je regarde par la fenêtre pour constater que le brouillard ne se limite qu'à tout près de la côte. Il vente un peu et, selon les dires de notre capitaine Jean-Pierre, ce dimanche devait être très venteux. Le ciel est bleu en grande partie. J'en parle à Anne et nous décidons de ne rien changer à nos plans. Après un frugal déjeuner, nous nous dirigeons avec nos télescopes dans l'espoir d'ajouter des oiseaux plus pélagiques à notre liste. En fin de compte, il fait beau et notre passage à l'Anse-d'en-bas est très excitant. Une petite vague migratrice nous apporte comme nouvelles espèces ce matin un Moucherolle tchébec et deux Parulines noir et blanc. Et dire que je n'avais pas réussi à voir cette paruline durant mon séjour de six semaines en forêt boréale !!! Non pas qu'elle y était absente, car mon partenaire Xavier Francoeur l'a observée à quelques reprises. Non, bien souvent le fait de rencontrer une espèce précise n'est qu'une question de chance. Certaines espèces éludent nos recherches. Le passage d'un voilier d'une trentaine de Bernaches du Canada en provenance de la rive nord nous comble. D'autant plus que le groupe est complètement silencieux. Un peu plus et il passait tout simplement inaperçu.





Notre sortie d'après-midi nous réserve encore quelques surprises. En passant au Lac salé, près du quai du chalet Meredith, voilà que nous surprenons nos premiers Courlis corlieu. Une vague de passereaux dans la région de la source, nous procure notre seul Viréo de Philadelphie du voyage. Il est accompagné d'une couple de Viréos aux yeux rouges, du Moucherolle tchébec et de différentes espèces de parulines déjà toutes observées antérieurement. Ensuite, c'est une femelle de Canard Colvert qui s'envole à notre arrivée à la pointe ouest. Je passe du temps à photographier la dizaine de Pluviers semipalmés qui se nourrissent dans la vasière et le varech. Ils sont très actifs et plusieurs sortent des petits vers qu'ils étirent afin de les extirper de la boue.


Sur cette photo, nous voyons bien la semi palmure entre les 2 doigts externes de l'oiseau qui lui valent son nom.

Sur le chemin du retour, c'est une femelle de Paruline tigrée qui nous ravit alors qu'elle vient se percher quelques secondes dans une Épinette noire en arrière du chalet Meredith.

2 septembre 2013

Nous ne changeons rien à notre routine en nous levant à 6h30. C'est notre dernière journée sur l'île et nous devons prendre le bateau à 12h00. Ce matin, le ciel est couvert, mais il ne vente que légèrement. Nous savons bien que nous devrions ajouter encore quelques espèces à notre liste cumulative et ça ne manque pas. En raison du manque de temps, nous ne planifions qu'une sortie sur la pointe est de l'île.

Notre longue et patiente observation au large ne nous permet, hélas, que d'ajouter une seule espèce soit le Grèbe jougris, trouvé qu'en un seul exemplaire. Mais c'est une première pour nous en 2013. Malgré que nous savons que notre prochain séjour à l'île en octobre nous permettra de voir cette espèce en plusieurs copies, nous sommes quand même excités par la découverte. Apparaît ensuite, comme par magie, un Faucon émerillon bien perché sur l'un des seuls perchoirs disponibles près du quai de pierre. Nous ne l'avons jamais vu arriver, mais c'est bien différent lorsqu'il décolle, alertant par le fait même une dizaine de limicoles cachés en arrière des gros rochers.

Nous en sommes à 69 espèces sur notre liste de ce séjour à l'île. Nous sommes super satisfaits et c'est sous le regard de deux Phoques communs, les espions de Jean-Pierre Rioux (notre capitaine) comme je les appelle, que nous quittons à regret ce lieu magique.Mais ce n'est que partie remise puisque nous revenons dans un mois avec les membres du C.O.Q. (Club des Ornithologues de Québec).


Phoque commun / Phoca vitulina / Harbor Seal  aka  "les espions de Jean-Pierre"


À bientôt !



Le magnifique branchu.

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Il est de ces sorties en nature qui nous réservent des plaisirs incommensurables. Comme celle d'hier alors qu' Anne et moi décidons d'aller faire une petite marche de santé du côté de la Base de Plein air de Sainte-Foy, située dans la partie ouest de la belle ville de Québec. Un beau parc urbain qui a survécu tant bien que mal à différents maires à travers le temps. Il a perdu quelques plumes (pour ne pas dire quelques feuilles) sous la férule de feue la mairesse Andrée Boucher et il pourrait en perdre encore avec les projets de Régis Labeaume. Non, je n'embarquerai pas sur le plan politique, il y a trop d'autres belles choses à parler.

Sous un ciel incertain, nous entreprenons notre marche en nous dirigeant vers les petits points d'eau s'étendant à l'est du parc. À un détour de sentier, alors qu'un plan d'eau apparaît sur notre droite, Anne braque ses jumelles aussitôt dans cette direction à la recherche d'un possible Héron vert et elle me dit: "Wow, regarde ce magnifique branchu tout en couleurs !". Je lève mes jumelles à mon tour et je ne peux que partager son extase. En effet comment ne pas s'exclamer devant une telle beauté. À mon point de vue, la famille des anatidés recèle des espèces parmi les plus colorées de la gente ailée. Et comme une image vaut mille mots, je vous présente quelques photos réalisées à ce moment là.

Puisque le mâle Canard branchu / Aix sponsa / Wood Duck ne participe aucunement à la couvaison, son plumage n'est pas sujet aux même prérogatives de protection que l'est celui de sa femelle. Son manteau est brillamment coloré avec plusieurs reflets métalliques.
La femelle est plus brune et la zone colorée se situe souvent au niveau des ailes. Au repos ou lorsqu'elle est assise sur son nid, elle passe plus facilement inaperçue. Un caractère important à sa survie et à celle de la nichée.


Même un canard très coloré peut changer son aspect selon l'angle qu'il adopte lorsqu'il se présente devant un intrus ou une femelle. Le plumage légèrement gonflé amplifie des rondeurs qui sont elles-mêmes accentuées par des lignes blanches ou colorées. Le tout donne à ce mâle un aspect plus agressif. S'il ne défend pas un site de nidification à proprement parlé, il en est tout autrement pour la femelle élue. Un mâle va se battre bec et ongles contre tout autre mâle trop entreprenant qui aurait des visées particulières envers SA femelle.

En général, les canards barboteurs préfèrent des plans d'eau peu profonds. Ils privilégient des étendues d'eau entourées de végétations où ils peuvent trouver abri et lieu de nidification.

Le Canard branchu tire son nom de l'habitude qu'il a de se percher sur les branches des gros arbres pour s'y reposer. Il niche dans les cavités arboricoles naturelles ou celles creusées par le Grand Pic / Pileated Woodpecker  ou d'autres picidés de bonnes dimensions. Les premiers oeufs sont enfouis dans la litière accumulée au fond de la cavité et c'est à partir du quatrième oeuf que la femelle ajoute graduellement de son duvet. La couvée consiste habituellement de 9 à 14 oeufs blancs ivoire mesurant 51 X 39 mm.  Il s'accommode des nichoirs mis à leur disposition, comme ça pourrait bien être le cas à la Base de Plein Air de Sainte-Foy où des cabanes ont été installées depuis quelques années.

Le Canard branchu retourne habituellement au même endroit pour nicher. L'incubation des oeufs, d'une durée de 31 à 35 jours, se fait par la femelle uniquement. Le mâle accompagne la femelle lorsqu'elle quitte le nid pour se nourrir et il la suit jusqu'au nid lorsqu'elle y retourne, mais il s'éloigne aussitôt pour regagner l'endroit de guet habituel.


Même moins colorée que le mâle, la femelle du Canard branchu demeure spectaculaire par les dessins qui ornent son manteau. Son maquillage est excessivement bien réussi et on comprend facilement le mâle de succomber à un tel charme.

Le Canard branchu est reconnu pour sa beauté et il se situe bon deuxième dans mon livre après le Canard mandarin, une espèce malheureusement absente sous le soleil québécois.

Avant de quitter le site, Anne me fait remarquer qu'une bernache bizarre se tient parmi un groupe d'une cinquantaine de Bernaches du Canada / Branta canadensis / Canada Goose. Même si c'est très loin, je prends quelques photos et voici ce que ça donne:

Des cas d'hybridation d'espèces différentes d'oiseaux se retrouvent souvent dans la famille des anatidés. Ici, nous pourrions être devant un rejeton provenant de l'accouplement d'une Bernache du Canada avec une Oie cendrée / Anser anser anser / Greylag Goose ou avec une Oie cygnoïde / Anser cygnoides / Swan Goose.

Comme je ne suis pas tellement ferré dans les hybrides, je pense d'abord faussement qu'il doit s'agir d'un hybride Bernache du Canada X Oie rieuse. J'envoie le tout à Louise Simard qui s'occupe du site des oiseaux rares et elle transfère la photo à Michel Gosselin au Musée d'Histoire naturelle à Ottawa. Ce dernier pose le pronostic suivant:

"Effectivement, le blanc à la gorge, au flanc et aux primaires indique un x oie domestique (cendrée ou cygnoïde).

Même chose pour la grande taille, le cou épais et le croupion relevé, qui pointent dans le même sens."

Je remercie Louise et Michel pour leur aide à résoudre cette énigme.

 À bientôt !

Bibliographie
Handbook of the Birds of the World. Lynx Edicions, 1992. Volume 1.
Wildfowl of the World. Blandford Press Ltd,1988.

Ornitho-photo dans le Bas Saint-Laurent: 28 et 29 septembre 2013

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28 septembre 2013

La température s'annonce extraordinaire pour la fin de semaine qui s'amorce. C'est donc avec beaucoup de fébrilité qu'Anne et moi quittons Québec vers les 7h30 en ce samedi matin pour nous diriger vers une région du Québec que nous adorons, soit le Bas-Saint-Laurent. Anne a connu des ennuis de santé le printemps dernier, ce qui l'a empêché de passer autant de temps qu'elle l'aurait souhaité dehors à observer les oiseaux. Elle se sent en déficit d'observations en nature et cette escapade de deux jours promet de pallier à ce manque.

Un premier arrêt se fait au quai de Rivière-Ouelle, le fief de Jean-François Rousseau, de Claude Auchu et de Christiane Girard. Nous arrivons au quai à 9h00 et nous croisons justement Christiane et Claude qui sortent du site. Rien à signaler de leur côté. Nous nous installons quand même pour les trente minutes qui suivent. Le ciel est rempli des cris de vol des Pipits d'Amérique / Anthus rubescens rubescens / American Pipit, des Alouettes hausse-col / Eremophila alpestris alpestris / Horned Lark et de différents passereaux en migration. Un voilier d'une trentaine d'Oies de neiges / Chen caerulescens atlantica / Snow Goose passent un vol en faisant entendre leur habituel babillage.




Les balayages incessants de lunettes d'approche vers le large nous permettent de localiser quelques Plongeons catmarin / Podiceps grisegena grisegena / Red-necked Grebe. Pour nous deux, il s'agit d'une première observation de cette espèce en 2013 et nous sommes très heureux.

Notre deuxième arrêt se fait dans le village de Kamouraska, plus précisément au bout de la rue Saint-Louis. Il s'agit d'un cul-de-sac qui donne sur le stationnement d'un petit parc aménagé. À partir de cet endroit, nous pouvons emprunter un sentier pour une marche en bordure du fleuve ou dans un boisé. Nous avons également une vue sur la zone intertidale et c'est cette zone qui nous attire ce matin. Depuis quelques semaines, ce site héberge plusieurs espèces de limicoles dont la Barge hudsonienne / Limosa haemastica / Hudsonian Godwit, un oiseau spectaculaire, observable seulement durant les périodes migratoires. À notre arrivée, la marée est passablement haute et nous voyons des photographes qui sont accroupis près de grosses roches. Un coup de lunette me permet de repérer une barge, posée à quelques mètres seulement des observateurs. Nous décidons alors de nous approcher lentement et avec beaucoup de précaution.

Environ une soixantaine de limicoles se tiennent sur les roches. Les oiseaux ne sont pas nerveux du tout. Je m'accroupis un peu en retrait des quatre personnes présentes et je profite des moments incroyables que nous offrent les Bécasseau variable / Calidris alpina hudsonia / Dunlin, Bécasseau maubèche / Calidriscanutus rufa / Red Knot , Bécasseau semipalmé / Calidris pusilla / Semipalmated Sandpiper, Bécasseau sanderling / Calidris alba / Sanderling,  Tournepierre à collier / Arenaria interpres interpres / Ruddy Turnstone et Pluvier argenté / Pluvialis squatarola / Black-bellied (Gray) Plover. Nous passons une bonne heure à partager la vie de nos amis emplumés. Ils sont occupés à deux tâches bien précises; soit qu'ils se reposent, le bec bien enfoui sous les plumes du dos, soit qu'ils font le ménage de leur plumage. Deux activités essentielles pour des oiseaux en migration. Et puis, sans raison apparente, tout le groupe s'envole en même temps.


C'est entourée de Bécasseaux maubèches et de Bécasseaux variables que la Barge hudsonienne s'envole en toute hâte.


Nous nous regardons tous pour savoir lequel d'entre nous a fait un faux mouvement qui aurait causé la fuite des volatiles. Et non, il ne s'agit pas de nous, mais de ce point dans le ciel qui vient en notre direction à toute vitesse.


Le Faucon émerillon / Falco columbarius columbarius / Merlin est régulièrement observé sur les rivages des plans d'eau lors des migrations printanières et automnales. En fait, il suit les passereaux et les limicoles dans leur migration de masse. C'est un véritable bolide qui provoque toute une frénésie dans les rangs des petits oiseaux qui le voient arriver.

Durant l'heure où je suis là, le faucon passe à trois reprises et son passage a le même effet sur la bande d'oiseaux: c'est la débandade générale.

Les limicoles se comportent la majeure partie du temps de la même façon. Ils passent et repassent devant l'endroit où ils décident finalement de s'arrêter. Il s'agit d'un modus operandi observable partout. Ça fait 50 ans que j'observe les limicoles et c'est toujours aussi fascinant de voir leur agissement. Ici la barge est facilement reconnaissable à sa taille plus grande et au motif bicolore du dessous des ailes.

Dès que le groupe atterrit, les oiseaux reprennent leurs activités comme si rien ne s'était passé. Cependant, certaines interactions se produisent entre oiseaux de même espèce ou d'espèces différentes.


À un moment donné, la barge déploie ses ailes, étire le cou et émet quelques cris. Quelques secondes plus tard, elle reprend sa pose de repos, entourée d'un Pluvier argenté et de deux Bécasseaux maubèches.


Le Bécasseau variable est l'espèce la plus active parmi ce groupe de limicoles.





Il porte bien son nom. Certains individus arborent un manteau où le gris prédomine.




 Pour d'autres, c'est le brun ou le roux...




ou un mélange de toutes ces couleurs.




En plumage juvénile, le Bécasseau sanderling est toujours aussi éclatant de blancheur. Ses yeux, bec et pattes sont d'un noir d'encre qui tranche sur le blanc presque immaculé des parties inférieures.




Les plumages des juvéniles du Pluvier argenté peuvent également être variables au niveau de la couleur. Certains individus peuvent être très jaunâtres aux parties supérieures lorsque le plumage est frais, mais cette couleur s'affadit et disparaît complètement avec l'usure des plumes.



Même si le plumage juvénile du Bécasseau maubèche semble terne comparativement à celui en période nuptiale, il n'en reste pas moins qu'il est très beau avec les plumes bien marginées de son dos.




Le seul oiseau en quête de nourriture est ce Tournepierre à collier qui circule lentement entre les roches.




Pendant tout le temps où nous avons été sur le site, je n'ai jamais senti de tension que les photographes présents aurait pu exercer sur les oiseaux. Tout s'est fait dans le respect et j'étais bien content de l'expérience vécue.

Après un arrêt rapide à Cacouna, nous faisons une escale le long de la rivière Trois-Pistoles, dans le village du même nom. Ici, une bande d'Oies des neiges est posée dans la zone intertidale et une brève recherche nous permet de repérer une Oie de Ross. Un peu plus loin, c'est un autre prédateur des grèves que nous trouvons. Un magnifique Faucon pèlerin / Falco peregrinus anatum / Peregrine Falcon quitte une grosse roche où il était perché et il se dirige vers nous. Sur la photo, la masse sombre à la droite est la tête de Anne.




Il est 16h00 lorsque nous arrivons à la Pointe-au-père, le secteur le plus à l'est de la ville de Rimouski. Avant de regagner le motel Bienvenue, situé en arrière du musée de l'Empress of Ireland, nous empruntons la vieille route qui longe les rives du fleuve Saint-Laurent. Après l'ajout de quelques nouvelles espèces, nous déclarons la journée terminée. Notre liste cumulative contient près de 60 espèces. Considérant le peu de passereaux observés, nous sommes bien contents de ce résultat.

29 septembre 2013 

Lever à 6h30 et départ aux environs de 7h15. Nous nous rendons à Sainte-Luce, à environ dix minutes en auto du motel. La température est extraordinaire et les oiseaux volent beaucoup au large. Deux Courlis corlieux / Numenius phaeopus hudsonicus / Whimbrel déambulent le long de la grande plage située dans la région la plus touristique du village. Ce secteur est encore en plein travaux de rénovation suite aux grandes marées d'il y a quelques années.

Quelques milliers d'Oies des neiges squattent les battures à l'ouest du sous-marin musée Onondaga .




La dernière nouvelle espèce de cette escapade se matérialise en un passereau qui quittera bientôt le ciel québécois pour se retrouver peut-être aussi loin que le sud du Mexique, dans la province de Oaxaca, où nous serons Anne et moi en février prochain. Qui sait ? Peut-être le retrouverons nous ?


Bruant des prés / Passerculus sandwichensis / Savannah Sparrow

Et maintenant un dernier coup d'oeil sur notre oiseau-vedette.






 À bientôt !





Île-aux-Basques: du 11 au 14 octobre 2013

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11 octobre 2013

Il est 03h45 en ce vendredi matin. La sonnerie du cadran nous signale qu'il est l'heure de quitter le lit douillet. Nous regrettons encore l'heure tardive du coucher de la veille. Mais, que voulez-vous, c'est toujours comme ça. La fébrilité de retrouver NOTRE île nous fait coucher tard, mal dormir et la levée du corps en est d'autant plus affectée. Une heure plus tard nous traversons le pont Pierre Laporte, direction le Bas-Saint-Laurent.

Contrairement à notre visite en septembre, les prévisions météorologiques sont tout simplement fantastiques. Du soleil, du soleil et du soleil jusqu'à lundi. La dernière fois, on nous annonçait de la pluie et nous avions eu du très beau temps. Impossible quand même que ce soit encore le contraire qui arrive !  Et bien, oui. Le soleil tant annoncé se fera très timide et il s'amusera à jouer à cache-cache en arrière des nuages. Le manque de lumière rend les observations plus difficiles et je ne parle pas de la prise de photo qui s'avère beaucoup plus problématique. Mais qu'à cela ne tienne, on en a vu d'autres.

C'est en compagnie de 16 autres personnes, toutes membres du Club des Ornithologues de Québec (C.O.Q.), que nous entreprenons un autre séjour sur notre île magique. En mettant le pied sur l'île, nous jasons avec d'autres personnes qui la quittent après un séjour de quelques jours. Nous apprenons que c'est plutôt tranquille autant en nombre d'espèces qu'en nombre d'individus. Cependant, la nuit dernière a apporté une vague de migrateurs et c'est plus visible ce matin.

Dès 08h30, Anne et moi accrochons la paire de jumelles à notre cou et c'est parti vers la partie ouest de l'île. Notre première journée appartient aux centaines de Roitelets à couronne dorée / Golden-crowned Kinglet que nous rencontrons autant en milieu forestier qu'en milieu ouvert. Même si habituellement ils se tiennent haut dans le faîte des conifères, ils se présentent maintenant à hauteur des yeux et même tout près du sol.


Le Roitelet à couronne dorée / Regulus satrapa satrapa / Golden-crowned Kinglet est parmi les plus petits des passereaux, identifiable souvent par la taille seulement. Cette petitesse est adaptative, car elle lui permet d'exploiter les ressources alimentaires se trouvant en périphérie des conifères. Leur taille lilliputienne est avantageuse parce qu'elle leur permet de manoeuvrer dans les espaces réduits entre les aiguilles des conifères ou de se percher sur ces mêmes aiguilles *.
 
À l'automne, les oiseaux ne défendent plus un territoire de nidification spécifique. Par contre, lorsque le nombre d'individus est important sur un même lieu d'alimentation, les altercations se font plus fréquentes. On ne se tolère pas lorsque la promiscuité est trop grande. Ici un mâle, à droite, chasse un individu qui s'est trop approché.

Dans le secteur dit "de la source", Anne repère un oiseau immobile, accroché au tronc d'un petit feuillu, et visible entre les branches d'une épinette. Une observation rapide permet d'identifier un Pic maculé / Sphyrapicus varius / Yellow-bellied Sapsucker. Un coup d'oeil plus approfondi nous fait réaliser que cet individu n'est pas normal. Il est affublé d'un bec aux mandibules trop longues et trop étroites qui se croisent aux deux tiers de leur longueur. Bien maladroitement, il essaie de picosser le tronc, mais ça ne fonctionne pas. Il part en vol et il se perche dans un sorbier rempli de fruits rouges.

Ce type de déformation du bec est nommé "trouble de la kératine aviaire". La kératine est une protéine essentielle à la formation du bec, semblable à celle qui compose les ongles et cheveux humains. Ce trouble consiste en un surdéveloppement anormal de la couche de kératine du bec, ce qui a pour effet de rendre les becs trop longs ou croisés - parfois les deux ensembles - chez les oiseaux infectés. Occasionnellement, certains oiseaux ont été aperçus avec des pattes, des serres, ou des plumes anormales **.

Tant bien que mal, il réussit à en saisir un et à l'avaler tout rond.


Ces déformations ont souvent un impact important sur les oiseaux, car elles les gênent pour chasser et se nourrir correctement. La forme du bec d’un oiseau étant directement liée à son régime alimentaire, un bec déformé implique des changements de comportements dans la collecte de nourriture. Par exemple, il est courant qu’un oiseau déformé doive incliner la tête pour attraper la nourriture. Dans certains cas, ces oiseaux ne pouvant plus récolter la nourriture par eux-mêmes, ils deviennent alors dépendants des sources humaines (mangeoires, poubelles...). Dans tous les cas, ces modifications de comportement entraînent une dépense accrue d’énergie pour la collecte de la nourriture, et donc une plus grande vulnérabilité aux prédateurs et aux maladies. Une déformation du bec peut également empêcher les oiseaux de lisser leurs plumes, action indispensable pour maintenir leur isolation thermique et survivre au froid. Pour toutes ces raisons, un bec déformé entraîne une mortalité accrue pour les oiseaux. Enfin, il apparaît que les déformations modifient aussi le comportement sexuel des oiseaux et impacte sur leur capacité à se reproduire et à élever leurs petits, peut-être autant à cause d’un dérèglement hormonal qu’une impossibilité physique **.

Je doute très fortement que cet individu pourra survivre à l'hiver qui s'en vient. C'est toujours triste à voir, mais ça fait partie de la vie où la maladie et les difformités peuvent survenir et frapper certains individus.

Le petit matin a vu apparaître sur l'île une vague de turdidés parmi lesquels le Merle d'Amérique / Turdus migratorius migratorius / American Robin, la Grive solitaire / Catharus guttatus faxoni / Hermit Thrush et la Grive à joues grises / Catharus minimus minimus / Gray-cheeked Thrush. Ils se nourrissent goulûment dans les sorbiers bien chargés de fruits rouges dans la région de la source. Le manque de lumière m'empêche de prendre des photos, mais je me reprendrai plus tard.

De retour près du chalet Matte, où nous sommes hébergés, un petit elfe emplumé se matérialise devant moi et je ne peux m'empêcher d'essayer de le pixelliser.


Voici une petite boule d'énergie sans pareille, le Troglodyte des forêts / Troglodytes hiemalis hiemalis / Winter Wren. Une visite à l'île ne se fait jamais sans rencontrer cette espèce. Cependant, l'automne est le meilleur temps pour l'observer de près et avec une plus grande facilité. Le printemps, il se tient bien haut à la cime des grands conifères et on l'entend beaucoup plus qu'on ne le voit. Il est le membre de la famille des troglodytidés ayant la distribution la plus vaste mondialement et il est le seul présent dans le vieux monde où il est connu sous le nom de Troglodyte mignon / Troglodytes troglodytes / Eurasian Wren. C'est un oiseau commun fréquentant divers habitats et quelques individus migrent plus au sud lorsque l'hiver est trop sévère. Sa propension à se disperser sur différents continents, et à atteindre des îles lointaines, a conduit à la description de 44 races distinctes, faisant de cette espèce la plus polytypique du monde ***.

En après-midi, nous couvrons la partie est et la partie ouest de l'île, à la recherche surtout des laridés et des limicoles. C'est aussi tranquille de ce côté et nous finissons la journée avec une liste de 46 espèces pour la première journée.


12 octobre 2013


Il est 07h30 lorsque nous pointons nos télescopes vers le large à partir de la pointe ouest de l'île. Ce matin, pas de soleil, mais une belle vision sur l'eau étale. Ça bouge terriblement en dedans d'un kilomètre de la côte. Nous nous délectons des trois espèces de macreuses, des deux espèces de garrots et des centaines de Harles huppés / Mergus serrator / Red-breasted Mergansers et d'Eiders à duvet / Somateria mollissima dresseri / Common Eiders.


À l'automne, l'Eider à duvet arbore un plumage varié et variable à mesure qu'il vieillit. Ce mâle en devenir en est une preuve éclatante. Lors de ma première visite à l'île, au début des années 1970 (ça fait quand même plus de 40 ans), ce canard de mer était beaucoup plus nombreux. Je me souviens avoir vu des dizaines de femelles assises sur leur nid.
 

Un Grèbe jougris, deux Plongeons huard / Gavia immer / Common Loon et une douzaine de magnifiques Hareldes kakawi / Clangula hyemalis / Long-tailed Ducks nous procurent de très beaux moments. Nous observons au moins 350 Mouettes tridactyles / Rissa tridactyla tridactyla / Black-legged Kittiwakes parmi une grosse bande de laridés. Aucun labbe. Ce n'est que partie remise.

En revenant au chalet, c'est encore Anne qui repère une nouvelle espèce en vol, un magnifique Faucon pèlerin / Falco perigrinus anatum / Peregrine Falcon qui fait s'envoler un groupe d'une centaine de limicoles, toujours à la pointe ouest.

C'est en après-midi que nous retournons toujours dans la partie ouest de l'île. Nous y demeurons entre 15h00 et 17h30. Nous observons les limicoles suivants: Pluvier argenté / Pluvialus squatarola / Black-bellied Plover, Bécasseau sanderling / Calidris alba / Sanderling, Bécasseau semipalmé / Calidris pusilla / Semipalmated Sandpiper, Bécasseau variable / Calidris alpina hudsonia / Dunlin et Bécasseau à croupion blanc / Calidris fuscicollis / White-rumped Sandpiper. Juste avant de quitter, voilà que nous sommes confrontés avec la dure réalité que l'hiver n'est pas si loin alors qu'un Plectrophane des neiges / Plectrophenax nivalis nivalis / Snow Bunting se promène sur les immenses roches plates présentes sur la partie nord de l'île.

Notre premier Plectrophane des neiges / Plectrophenax nivalis nivalis / Snow Bunting de l'automne 2013.

Cette deuxième journée complète sur l'île se termine avec 50 espèces observées par le groupe.

13 octobre 2013
 
Ce matin, nous nous rendons à la pointe est de l'île avec l'espoir que quelques nouveautés vont profiter des premiers rayons chauds du soleil pour s'animer dans les rosiers qui bordent l'Anse-d'en-Bas. Pour ce faire, nous empruntons le sentier des Basques qui s'étirent sur toute la longueur de l'île. La marche en forêt démontre que ça risque d'être très tranquille aujourd'hui.En aboutissant à l'anse, voilà qu'une surprise nous attend. Une Bernache du Canada / Branta canadensis / Canada Goose marche lentement sur la rive. Elle semble en parfaite condition, mais elle est peu farouche. Elle passe à environ six mètres de nous en nous jetant un oeil. Comme nous ne bougeons pas, elle n'est pas effarouchée par notre présence. J'ai l'impression que cette bernache est tout simplement épuisée et qu'elle se nourrit et s'hydrate pour pouvoir continuer.
 

Le plumage de cette bernache est en parfaite condition et sa démarche démontre qu'elle n'est pas blessée.

La bernache broute i.e. qu'elle mange la végétation en surface et non les racines comme le fait l'Oie des neiges. Les mandibules de son bec sont frangées de petites saillies en pointe qui font office de dents et qui l'aident à bien saisir la végétation afin de l'arracher.

 Nous nous rendons ensuite au quai de pierres où se dresse le phare. La marée est fine basse et je me rends jusqu'à ce phare. De là, malgré le peu de lumière, je prends quelques photos.

Les trois espèces communes de goélands se reposent sur cet îlot rocheux près de la pointe de roches à l'est de l'île.

Un Goéland argenté passe en vol en transportant un oursin dans son bec. Selon son habitude, il devrait le laisser tomber sur les roches afin qu'il se brise et qu'il puisse manger l'intérieur. Je n'ai pas eu la chance d'assister à ce comportement.

Alors que le ciel de l'avant-midi est plutôt ennuagé, voilà que le tout se dissipe en après-midi et nous avons droit alors à une belle lumière. J'en profite pour aller prendre des photos des turdidés qui se nourrissent dans les sorbiers.
 

Mais où sont les fruits ?  semble se demander cette magnifique Grive solitaire.

Tout comme pour les roitelets, les grives ne sont pas enclines à partager les victuailles avec leurs congénères. Ici, deux des trois Grives solitaires présentes s'affrontent afin de savoir qui va profiter des beaux fruits rouges du sorbier.


Les Merles d'Amérique sont plus généreux à partager la manne et je n'ai vu aucune interaction entre eux durant les longues minutes où je suis resté à les observer tout au long de la fin de semaine.

Nous continuons ensuite jusqu'à la pointe où je saisis d'autres photos de nos amis ailés.

Un superbe Bécasseau variable fait des ronds dans l'eau tout en me montrant les plumes de ses ailes.

Ce Junco ardoisé / Junco hyemalis hyemalis / Dark-eyed Junco profite des rayons du soleil de fin d'après-midi.

14 octobre 2013
 
 
En ce dernier matin, nous ne disposons que de deux heures d'observation avant de vaquer aux préparatifs de départ. Nous décidons donc de faire un dernier essai à la pointe ouest afin de trouver des nouveautés au large. En nous y rendant, nous faisons une autre belle découverte qui nous fait encore réaliser à quelle saison de l'année nous sommes rendus. C'est encore Anne qui pointe un oiseau perchétout en haut d'un conifère. Le voici.
 
Une autre espèce qui nous suggère fortement que l'hiver est à nos portes: la Pie-grièche grise / Lanius excubitor borealis / Northern Shrike.
 
Et au large deux belles nouveautés nous ravissent. Un Labbe parasite / Stercorarius parasiticus / Parasitic Jaeger harcèle tellement bien une Mouette tridactyle que cette dernière finit par lâcher le poisson. Le labbe le récupère à la surface de l'eau où il reste posé pendant de longues minutes. Ensuite, ce sont trois Plongeons catmarins / Gavia stellata / Red-throated Loon qui finissent enfin par se montrer. Un peu plus et nous repartions sans en observer un seul.

Nous terminons notre séjour avec 63 espèces, ce qui est peu si on les compare aux 106 espèces de l'édition automnale de 2010 (du 8 au 11 octobre). Mais qu'importe les nombres et les statistiques. Ce séjour a encore été mémorable et nous avons tellement hâte d'y retourner au printemps 2014.


À bientôt !


Bibliographie consultée


*      del Hoyo, J., Elliott, A. & Christie, D.A. eds (2006). Handbook of the Birds of the World. Vol 11.  Old World Flycatchers to Old World Warblers. Lynx Edicions, Barcelona.
 
**     http://recherchespolaires.inist.fr/?La-mysterieuse-augmentation-des
 
***   del Hoyo, J., Elliott, A. & Christie, D.A. eds (2005). Handbook of the Birds of the World. Vol 10.  Cuckoo-shrikes to Thrushes. Lynx Edicions, Barcelona.






Une rencontre inespérée avec une légende vivante.

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Nous sommes le 6 novembre 2005. Nous venons de prendre le vol en transit qui nous amène de Newark NJ à Quito EC. Au bout d'une heure, je décide de prendre mon guide "The Birds of Ecuador de Robert S. Ridgely" afin de me remémorer les oiseaux que nous verrons dès le lendemain alors que nous serons en Amazonie.

À un moment donné, l'homme qui est assis à ma droite tend sa main gauche vers moi et il prend mon guide, le retourne et, en pointant la photo à l'endos du livre, il me chuchote:"That's me !". Je regarde la photo, la compare avec l'homme et je constate que c'est bien lui. De plus, son billet d'avion excède la poche de son veston et je lis Robert S. Ridgely. Je n'en reviens tout simplement pas. J'ai à côté de moi un homme qui a consacré sa vie à l'étude des oiseaux d'Amérique du Sud et qui a écrit de nombreux articles ainsi que des livres qui ont permis à des milliers d'ornithologues à travers le monde d'en connaître plus sur la richesse aviaire de cette partie de la planète bleue. Je connaissais Robert à travers ses écrits et surtout en étudiant son guide "A Field Guide to the Birds of Panama with Costa Rica, Nicaragua and Honduras". Lors de mon premier voyage au Costa Rica, en mars 1989, c'est le livre que j'avais utilisé (i.e. la première édition de ce livre), car celui de Alexander Skutch devait paraître plus tard la même année. J'en avais également entendu parler par l'entremise d'un ami commun, Martin H. Edwards, de Kingston ON. Ce dernier avait fait partie du premier voyage de groupe que j'avais organisé à Cuba en mars 1988. Martin, un professeur de physique au collège militaire de Kingston ON, est un grand voyageur qui a été le premier ornithologue au monde à voir un représentant de chacune des familles d'oiseaux. Il avait déjà établi son record en 1988, lors du voyage à Cuba. Je me souviendrai toujours que j'étais à ses côtés, lors de ce voyage, alors qu'il avait coché sa 4,600ième à vie, un Hibou maître-bois / Asio stygius siguapa / Stygian Owl.

Toujours est-il qu'après Cuba, il s'était rendu en Équateur où il avait coché près de 800 espèces en cinq semaines alors qu'il accompagnait Robert Ridgely. Martin m'avait écrit pour me raconter ses péripéties et il n'en revenait tout simplement pas de la connaissance extraordinaire de Robert concernant les chants d'oiseau. Comme il me l'écrivait: "...he knows every chip, every call of all the birds". Dans mes rêves les plus fous, je n'aurais jamais cru que je serais assis un jour à côté de Robert Ridgely et que je pourrais m'entretenir avec lui. 


Robert S. Ridgely et Laval Roy. 6 novembre 2005



Cet homme est d'une amabilité et d'une simplicité peu communes. Il me raconte qu'il se rend à Quito pour aller superviser des études de terrain et qu'il se retrouvera même près du Sacha Lodge lorsque nous y serons. Nous parlons de nos connaissances communes. De Martin H. Edwards, de Jane Lyons, de Francisco "Pancho" Sornoza et finalement de Ted Parker III. J'ai toujours été un fan achevé de Ted Parker III et quand nous en avons parlé, j'ai vu dans ses yeux passer une ombre de tristesse facilement compréhensible. Ted et Robert ont travaillé longtemps de concert lors de leurs expéditions scientifiques.


Un nouvelle espèce de grallaire a été découverte en 1997 et décrite scientifiquement en 1999. Elle a été nommée en l'honneur de Robert Ridgely, la Grallaire de Ridgely / Grallaria ridgelyi / Jocotoco Antpitta.


Grallaire de RidgelyC'est donc en 1997 que Robert Ridgely découvrit cette nouvelle espèce tout à fait par hasard. Il était alors accompagné par un guide local, Lelis Navarette, et ils déambulaient dans un sentier pas très loin d'une route supportant un trafic commercial. Quand Robert entendit un "hoot" distant, mais fort, différent de celui d'un strigidé, il s'arrêta net. Il n'arrivait pas à associer le son à un oiseau qu'il connaissait. Quelques minutes plus tard, un oiseau d'assez bonne dimension sortit brusquement de la végétation et Robert ne parvenait pas à l'identifier. Il avait devant lui un oiseau inconnu de la science, une nouvelle et très distincte espèce de grallaire qu'il baptisa peu après "Jocotoco", d'après le son qu'elle émettait. Ainsi Robert Ridgely ajoutait une autre espèce au livre qu'il était en train d'écrire. En son honneur, on lui attribua le nom latin de Grallaria ridgelyi et le nom français de Grallaire de Ridgely. C'était bien mérité par un homme qui a tant contribué à faire connaître les oiseaux de l'Amérique centrale et du nord de l'Amérique du Sud. Au moins une douzaine de paires de Grallaires de Ridgely sont réputées vivre dans la réserve de Cerro Tapichalaca entre 2200 et 2700 mètres d'altitude. Tout de suite après la découverte de l'espèce, Robert Ridgely a mis sur pied la Fondation Jocotoco afin d'amasser des fonds pour acheter cette forêt et la soustraire à tout projet futur de déforestation. La réserve de Tapichalaca a donc constitué le premier projet d'investissement de la fondation dès 1998. Plusieurs autres sites ont été achetés depuis lors, garantissant la pérennité d'un grand nombre d'êtres vivants. 

J'ai eu le bonheur d'observer cette grallaire cinq ans après notre rencontre, soit le 4 décembre 2010, au même endroit où Robert l'avait d'abord découverte en 1997. J'étais accompagné de Anne, Jean-Jacques Gozard et Richard Yank alors que nous participions à un voyage de groupe dont le but était d'observer le plus d'espèces de grallaires possibles dans un périple qui nous menait du nord du Pérou jusqu'à Quito, la capitale de l'Équateur. Nous visions 15 espèces et nous avons terminé avec 19 espèces. Il y aurait bien d'autres billets à écrire sur ce voyage extraordinaire. 


Grallaire de Ridgely. Photo Trevor Feltham.
L'endémique Grallaire de Ridgely / Jocotoco Antpitta / Grallaria ridgelyi.  Photo de Trevor Feltham  prise le 4 décembre 2010 à la réserve de Tapichalaca,  dans le sud de l'Équateur, près de la frontière avec le Pérou, à 2460 mètres d'altitude.


  
À bientôt !







Une marée de crabes.

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Nous sommes le 6 avril 2008. Je suis accompagné de Anne et de 14 autres Québécois(es) lors d'un voyage organisé par moi et guidé par Jean Jacques Gozard de Amazilia Tours. Nous nous trouvons près sur la côte sud de Cuba entre Playa Larga et Soplillar. Nous sommes alors témoins d'un phénomène inusité. Une marée de crabes déferle sur la route devant notre véhicule. J'en suis à mon troisième voyage à Cuba, mais c'est la première fois que je m'y retrouve au début d'avril, soit tout près du début de la saison des pluies.


Gecarcinus ruricola est une espèce de crabe terrestre. Il est le plus terrestre des crabes se trouvant dans les caraïbes. Il est présent dans la partie ouest de Cuba, à travers les Antilles et aussi loin que la Barbade vers l'est. Les noms anglais communs incluent: purple land crab,black land crab,red land crab et zombie crab.



Chaque printemps, des millions de crabes terrestres rougeâtres émergent des forêts humides jouxtant la Baie des cochons, au sud-ouest de l’île de Cuba, afin d’aller déposer leurs œufs dans la mer toute proche. Cette « migration massive » cache les véritables origines de ces crabes considérés aujourd’hui comme « terrestres », mais qui ne l’ont pas toujours été.


Cette espèce de crabe possède quatre formes de couleur: noire, rouge, jaune et verte. La carapace de Gecarcinus ruricola croît d'environ 25 mm (1 pouce) par année. Il atteint sa maturité après 5 ans et il vit environ 10 ans.**


Il faut reculer de quatre millions d’années pour retrouver les ancêtres de ces crabes, connus des scientifiques comme appartenant à la famille des Gécarcoidés et qui vivaient en mer. Lentement, comme le commande l’évolution des espèces, ils ont évolué pour survivre dans un endroit diamétralement opposé soit à l’air libre, dans les sous-bois sombres de la forêt tropicale humide. Humide parce que les crabes terrestres, à l’instar des crabes marins, respirent à travers des branchies qui doivent demeurer… humides. Pour assurer cette humidité continue, ils creusent des terriers et y demeurent lors des grandes chaleurs. Aussi, sont-ils plus nocturnes que diurnes. Ils profitent d’ailleurs de la saison humide, avec les pluies fréquentes qui y sont associées, pour se reproduire. Quelques semaines plus tard, les crabes femelles gonflées d’œufs transportés dans une poche interne, une étude a établi le nombre d'oeufs moyen à 85 000 par femelle *, se dirigent vers la mer toute proche. Ce périple, pouvant s’étendre sur une dizaine de kilomètres, peut prendre des jours à se réaliser. Et ce ne sont pas les obstacles qui manquent. Il faut traverser les routes et contourner les aménagements humains. Au cours des journées ensoleillées et chaudes, les crabes recherchent l’ombre, car ils peuvent se déshydrater et mourir.


Daniel Barrette, Jean Dubé et Jean Jacques Gozard marchent parmi les crabes sur la route. Les crabes ne sont aucunement agressifs, ils poursuivent leur route vers la mer toute proche.



Ceux qui atteignent la mer se retrouvent devant un dernier défi soit celui de pondre leurs oeufs tout en évitant d’être emportés par les vagues qui viennent lécher le rivage. Ces crabes sont maintenant des créatures terrestres à part entière et ils ne sauraient survivre dans la mer. Alors qu’ils sont sur le point d’éclore, les œufs sont déposés dans l’eau où ils libèrent presque immédiatement leur contenu. Après quelques semaines, les bébés crabes regagnent la terre et ils se dirigent vers la forêt pour commencer le cycle de vie qui les fera revenir un jour en tant qu’adultes. 

 
Ces invasions annuelles qui durent quelques semaines perturbent la vie normale des habitants de cette région de l’île. Les routes se recouvrent rapidement de milliers de cadavres écrasés de crabe qui les rendent glissantes et nauséabondes. Plusieurs véhicules, surtout les motocyclettes, connaissent de nombreuses crevaisons dues au comportement inné des crabes. Ces derniers, à l’approche du danger, s’appuient sur leurs pattes postérieures en dirigeant leurs pinces de façon bien ostentatoire vers l’intrus qui se présente devant eux. Lorsque l’angle d’impact est parfait, la carapace est assez dure et pointue pour pénétrer dans les pneus. Tous ces cadavres et leurs œufs servent de nourriture pour les oiseaux et les animaux qui profitent de la manne. Cependant, les locaux n’ingurgitent pas ces crabes parce qu’ils contiendraient une toxine néfaste pour l’homme.
Cuba n’est pas la seule île à expérimenter ces invasions de crabes. D’autres espèces apparentées de crabes sont distribuées à travers d’autres îles des caraïbes.





Une espèce similaire se retrouve aussi sur Christmas Island dans l’océan indien chaque automne. À cet endroit, on estime à plus de 100 millions le nombre de crabes rouges qui envahissent les plages pour une petite romance. Le mâle part le bal et il prend plusieurs semaines avant d’atteindre la mer. Lorsqu’il y arrive, il se bat avec ténacité afin de réserver le meilleur territoire pour la reproduction. Les femelles suivent pour s’accoupler avec les mâles et, quelques semaines plus tard, elles sont gonflées d’œufs. Comme à Cuba, les œufs éclosent dès qu’ils sont en contact avec l’eau et les bébés crabes prennent le chemin du retour vers la forêt quelques semaines plus tard.  


Sur les deux îles, les autorités font des efforts pour protéger les crabes en fermant des routes ou des trottoirs pour créer des « traverses de crabes ». En partie parce que ces grandes migrations sont devenues des attraits touristiques intéressants. Pour certains, la vue d’un millier de crabes se déplaçant en rangs serrés sur le sol peut représenter l’évènement d’une vie.


Si jamais vous vous rendez sur l'île de Cuba au début avril, n'hésitez pas à vous rendre dans la région du marais du Zapata (Playa Giron ou Playa Larga). En plus de vous donner l'occasion de voir plusieurs endémiques de l'île, vous pourrez assister à un phénomène naturel des plus extraordinaires. 


À bientôt ! 

 


Bibliographie consultée

* Richard G. Hartnoll, Mark S. P. Baine, Arne Britton, Yolima Grandas, Jennifer James, Alejandro Velasco & Michael G. Richmond (2007). "Reproduction of the black land crab, Gecarcinus ruricola, in the San Andres Archipelago, Western Caribbean". Journal of Crustacean Biology 27 (3): 425–436. doi:10.1651/S-2772.1 

** "Why do we see Crabs in the Quill?". St Eustatius: National and Marine Parks and Botanical Gardens Newsletter: 5. 2009.


 


L'autre zoo.

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Après six semaines passées en forêt boréale, du nord du réservoir Gouin jusqu'à Chapais à l'est et jusqu'à Waswanipi à l'ouest, quoi de mieux pour Xavier Francoeur et pour moi même que de nous changer les idées en allant visiter un zoo qui se consacre à la nature boréale. Question de voir de plus près ce que nous avons observé lors de nos recherches ou de voir ce que nous avons manqué. C'est donc le 6 juillet 2013 que nous décidons de passer une journée de relâche au Zoo de Saint-Félicien situé au nord ouest du Lac-Saint-Jean. Je passe au moins une fois annuellement devant cet endroit et je me promettais depuis longtemps de m'y arrêter. Xavier et moi avons été ravis de cette visite. Nous avons aimé l'approche adoptée par ce zoo d'un autre genre. Le concept de zoo ne rencontre pas l'approbation de tous. Et il me laisse moi-même quelque peu perplexe. Bien sûr, tous les animaux devraient être libres de vivre leur vie animale et on a trop souvent en tête ces cages exiguës où l'animal peut à peine bouger, où il a été totalement coupé de son habitat naturel. Je dois avouer ne pas avoir visité plusieurs jardins zoologiques. J'ai visité le défunt Jardin Zoologique de Québec à quelques reprises seulement et je suis bien content qu'il soit fermé. Les infrastructures étaient vieilles et mal adaptées pour assurer un environnement idéal pour les animaux en général. J'ai encore en tête l'image de ce pauvre Ours polaire qui répétait le même vas-et-vient pendant des heures.

J'ai visité également le Jardin Zoologique de San Diego, situé dans le Balboa Park en Californie et j'avais été beaucoup plus impressionné. Les enclos étaient plus grands, plus aménagés et, surtout, plus adaptés à l'animal qu'ils encadraient. Avec ses 4 000 animaux (800 espèces) hébergées dans un espace boisé de 40 hectares, c'est l'un des plus importants zoos du monde. C'est l'un des leaders en matière de bien-être animal et de protection des espèces menacées. L'une des priorités est la mise en place d'infrastructures les plus naturelles possibles tant pour les animaux que les visiteurs. On y trouve notamment des tigres, des pandas, des ours et des gorilles, une importante collection d'oiseaux et de reptiles, ainsi qu'un arboretum contenant des essences rares. Le zoo a sa propre plantation de bambous pour nourrir les pandas et d'eucalyptus pour les koalas. Mais voilà que notre visite à Saint-Félicien nous a fait écarquiller les yeux.

Le Cygne trompette / Cygnus buccinator /Trumpeter Swan est le plus pesant des oiseaux natifs d'Amérique du Nord et il est, en moyenne, l'espèce de sauvagine la plus grande sur terre. C'est la contrepartie nord américaine du Cygnechanteur / Cygnus cygnus / Whooper Swan et ils ont même déjà été considérés par certaines autorités comme étant la même espèce.
  
Cette belle espèce fait d'ailleurs courir bien des ornithologues de partout au Québec alors qu'un individu se retrouve présentement parmi des milliers de Bernaches du Canadaà Saint-Jean-sur-Richelieu.


Le Zoo sauvage de Saint-Félicien, un vaste complexe animalier de 485 hectares, offre à ses visiteurs un contact privilégié avec  plus de 1 000 animaux, dont 75 espèces indigènes et exotiques, comme les Macaques japonais, les Tigres de l’Amour et les Chameaux de Bactriane. Le Parc des sentiers de la nature, sillonné par un train, balade les visiteurs sur un parcours de sept kilomètres où cohabitent les grands mammifères nord-américains en liberté dans le parc. Et même si le train n'arrête pas, il est quand même possible d'observer les animaux en liberté et nous pouvons même espérer prendre des photos tout en essayant d'éviter les têtes des autres touristes bien installés dans le véhicule tout comme nous.

Le gros mammifère qui m'a le plus impressionné est le Bison d'Amérique / Bison bisonbison / American Bison. Il est en fait le plus gros mammifère terrestre des trois Amériques.


Le parc abrite plusieurs dizaines de ces bovidés et nous pouvons en observer de différents âges dont des jeunes de l'année ou leurs aînés d'un an ou deux.


Les pauvres bêtes n'arrivent pas à se débarrasser tout à fait des mouches qui les harcèlent constamment.

Dans la même grande prairie où se retrouvent les énormes bisons, nous pouvons observer des petits mammifères terrestres qui sont inféodés au même type d'habitat. On se croirait dans les prairies de l'ouest canadien.

Le Chien de prairie à queue noire / Cynomys ludovicianus / Black-tailed Prairie Dog est un rongeur qui se nourrit d'insectes et de plantes herbacées. C'est un animal grégaire, en d'autres termes, il vit en groupe, et ne semble véritablement s'épanouir qu'au contact de ses congénères.  Ils creusent de vastes galeries souterraines organisées. L'entrée est munie d'un petit dôme afin de permettre une meilleure visibilité, ces chiens de prairie étant d'excellents sentinelles prêtes à déclencher l'alerte au moindre danger.

Un autre bovidé emblématique de la boréalie, le Boeuf musqué / Ovibos moschatus / Muskox se retrouve beaucoup plus au nord où il se nourrit de plantes herbacées, de mousses, de lichens, de feuilles et de ramilles. Son nom provient de la forte odeur que le mâle émet lors de la période d'accouplement. Nous l'observons en petits groupes à Saint-Félicien.


Le Bœuf musqué est un animal massif protégé par une longue toison très isolante. Sa laine, appelée qiviut, est plus fine que le cachemire. Il est appelé omingmak par les Inuits, ce qui signifie « l’animal dont la fourrure est comme une barbe ».

Un peu plus loin voilà que ce sont les ursidés qui sont en vedette. Nous repérons d'abord un Ours grizzli / Ursus arctos horribilis / Grizzly Bear qui déambule nonchalamment à moins de 100 mètres du train. Bien content de ne pas être placé à découvert à une telle distance de ce grand prédateur. Même s'il n'est pas un prédateur reconnu de l'homme, ce gros nounours est plutôt imprévisible et mieux vaut se tenir à une bonne distance.


L'Oursgrizzli est un mammifère omnivore de la famille des ursidés, considéré comme une sous-espèce de l'Ours brun, commune au nord des États-Unis et au Canada. À l'état sauvage il existe entre 30 000 et 45 000 individus. Cette espèce est absente de nos forêts nordiques québécoises.

Et voilà qu'un ursidé plus commun pour nous, un gros Ours noir / Ursus americanus/ Black Bear, apparaît après une grande courbe de la route. Il est plus près de nous que ne l'était son gros cousin, mais il évoque chez nous moins de crainte. D'ailleurs, bon an mal an, c'est une moyenne d'environ sept ours par année que j'ai rencontrés lors de mes quatre étés passés en forêt boréale.


Omnivore, l'Ours noir se nourrit principalement de végétaux, de baies, de larves, d'insectes, de petits mammifères, de poissons, d'animaux morts, de déchets et parfois d'oiseaux. Il est très craintif de l'homme et on observe plus souvent son arrière-train que son museau.

Comme nous nous déplaçons en pleine nature, dans des habitats idéaux pour les animaux, nous devons ouvrir l'oeil, car ils peuvent se cacher à notre vue tout comme ils le feraient envers leurs prédateurs naturels. C'est ainsi que j'ai pu prendre des clichés d'un couple de Cerfs de Virginie / Odocoileus virginianus/ White-tailed Deer.

Cette femelle Cerf de Virginie se tient debout dans une végétation très haute et elle ne laisse voir que sa tête. Lorsqu'elle se tient immobile, elle n'est pas évidente à repérer.  La seule partie qui trahit sa présence se situe au niveau du pavillon de son oreille qui change continuellement de position à la recherche d'un bruit suspect.


Ce mâle Cerf de Virginie est observé plus loin et parmi une végétation bien différente et plus fournie que la femelle. Aux États-Unis, on estime que suite à une gestion de contrôle des populations, la population américaine de Cerf de Virginie est passée d'environ 300 000 individus vers 1930 à 30 millions aujourd'hui, soit une multiplication par 100, ce qui a notamment pu profiter aux tiques, lesquelles diffusent la maladie de Lyme.

Le dernier des cervidés présent sur le site est le Caribou des bois / Rangifer tarandus caribou / Woodland Caribou. À l'instar du Boeuf musqué, on le trouve plus au nord où il se nourrit de lichens, de mousses, d'herbes, d'écorces, de feuilles et de ramilles. À cause de la chaleur et de la présence des insectes piqueurs lors de notre visite, beaucoup d'individus se tiennent dans l'eau et trop loin pour une photo. Finalement, une femelle s'approche, accompagnée bien sûr de ses petits amis ailés.

Le Caribou des bois vit en faible densité (d'un à trois individus par 100 km2)dans toute son aire de répartition, laquelle se situe généralement entre le 49e et le 52e parallèles, dans l’est du Canada. Il constitue une proie avantageuse pour le loup en termes de temps de manipulation et de risques (blessures ou de mortalité) associés à la capture, ce qui pourrait expliquer ses faibles densités en milieu forestier, particulièrement en présence de l’orignal, cette espèce soutenant les populations de loups.

Après une heure de balade en train sur une distance de sept kilomètres, nous revenons dans la partie du parc ressemblant davantage à un jardin zoologique traditionnel. Différentes espèces sont dans des enclos, mais érigés avec un souci de reproduire le plus possible leur habitat naturel.

Les deux bovidés qui suivent ne se rencontrent pas au Québec. Pour espérer les observer, il faut se rendre dans l'ouest canadien. Ce sont des herbivores qui affectionnent les endroits rocheux où ils se déplacent à une vitesse remarquable et avec une agilité incroyable. Le mouflon peut grimper à une vitesse de 50 km/hre.


Le Mouflon canadien / Ovis canadensis / Bighorn Sheep constitue l'une des deux sous-espèces de mouflons nord-américains. Son pelage peut aller du gris-brun clair au gris-brun foncé voire brun chocolat. Les mâles ont des grandes cornes incurvées, alors que celles de la femelle sont courtes et à peine incurvées.

La Chèvre des montagnes Rocheuses / Oreamnos americanus / Mountain Goat est un caprin (i.e. de la sous-famille des caprinés) qui habite les montagnes nord-américaines. Elle possède une robe blanche, une barbe, une courte queue et de fines cornes noires. Malgré son apparence trapue, elle est très habile dans les rochers.

L'Ours grizzli / Ursus arctos horribilis / Grizzly Bear possède une force phénoménale. Il est le roi des prédateurs en boréalie. On l'a ainsi observé chasser des bœufs musqué adultes, des bisons, jeunes ou adultes, s'attaquer à des ours noirs et les tuer. Il n'hésite absolument pas à aller disputer aux loups leurs proies. D'une manière générale, les grands grizzly mâles adultes arrivent à dominer une meute complète de loups. Ainsi, dans le parc de Yellowstone on a observé un grizzly prendre le contrôle d'une carcasse où 14 loups se trouvaient. 


L'Ours blanc / Ursus maritimus / Polar Bear et l'Ours grizzli ont divergé génétiquement il y a 200 000 ans, mais peuvent encore s'hybrider pour donner un animal connu dans les pays anglophones sous le nom degrolar ou de pizzly, « ours polaire » se disant « polar bear » en anglais. Il est un grand mammifère carnivore originaire des régions arctiques. C'est, avec l'Ours kodiak, le plus grand des carnivores terrestres et il figure au sommet de sa pyramide alimentaire. Pourvu d'une courte queue et de petites oreilles, il possède une tête relativement petite et fuselée ainsi qu'un corps allongé, caractéristiques de son adaptation à la natation. L'ours blanc est un mammifère marin semi-aquatique, dont la survie dépend essentiellement de la banquise et de la productivité marine. Il chasse aussi bien sur terre que dans l'eau. Son espérance de vie est de 20-25 ans.


Garder un oiseau de proie en captivité est soumis à autorisation. Seules les institutions publiques à vocation éducative sont autorisées à posséder cet oiseau. Elles montrent des animaux qui ont été blessés et qui ne peuvent survivre dans le milieu naturel.


Le Pygargue à tête blanche / Haliaeetus leucocephalus washingtoniensis / Bald Eagle, malgré son nom anglais et son nom vernaculaire d'Aigle à tête blanche, n'est pas un aigle du genre Aquila mais d'un pygargue du genre Haliaeetus : il s'en distingue par son régime alimentaire, essentiellement composé de poissons, mais aussi par son bec massif et par le fait que ses pattes ne sont pas recouvertes de plumes jusqu'aux serres, l'un des caractères propres aux vrais aigles. Alors que l'aigle vit dans les massifs forestiers et les montagnes, le pygargue préfère les lacs, les rivières et les zones côtières où il peut trouver sa nourriture..


La Buse rouilleuse / Buteo regalis / Ferruginous Hawk est le plus gros représentant des rapaces nord-américains du genre Buteo. Parmi les 36 représentants de ce genre au niveau mondial, seule la Buse de Chine / Buteo hemilasius / Upland Buzzard d'Asie peut atteindre des dimensions comparables. Les adultes possèdent des ailes longues et larges et une queue grise, rouille ou blanche. À l'instar de la Buse pattue / Buteo lagopus / Broad-winged Hawk, les pattes sont emplumées jusqu'aux serres. Son plumage possède également deux formes de coloris. 


Dans la chaîne alimentaire de la toundra, le Harfang des neiges / Bubo scandiacus / Snowy Owl occupe avec le renard la place la plus élevée : celle du prédateur. Cependant, dans ce système vivant très simplifié, ces carnivores spécialisés sont aussi très vulnérables ; très efficaces lorsque les lemmings sont abondants, ils sont voués à la famine ou à l'exil quand se raréfie ce gibier qui constitue l'essentiel de leur menu. Si le père harfang disparaît pendant la période de croissance des jeunes, jamais la mère ne pourra les alimenter seule.

Le volet éducatif est un élément important lorsqu'on pense à un jardin zoologique, de facture traditionnelle ou non. En plus d'avoir la chance d'observer des animaux nord-américains, la pensée de pouvoir voir évoluer des animaux de régions éloignées, qu'on ne visitera probablement jamais, est un facteur qui porte bien des gens à visiter les différents zoos. De ce point de vue, le zoo de Saint-Félicien a bien fait ses devoirs. À titre d'exemple, je vous présente deux animaux d'une grande beauté dont la survie n'est pas assurée à très long terme.

La population mondiale estimée de la Grue du Japon / Grus japonensis /  Red-crowned Crane est de seulement 2 750 à l'état sauvage, incluant environ 1 000 individus constituant la population résidente du Japon. De la population migratrice, environ 1 000 hivernent en Chine et le reste en Corée. On a accordé le statut d'espèce en danger le 2 juin, 1970. C'est l'une des plus grandes et des plus rares espèces de gruidés. Partout où elles s'observent, elle est un symbole de chance, de longévité et de fidélité. Tout ce qu'on peut dire aujourd'hui c'est que, par ses actions destructrices, l'homme est loin de lui être fidèle et qu'il lui donne vraiment peu de chance de connaître la longévité.


Le Tigre de l'Amour / Panthera tigris altaica / Siberian Tiger se trouve au bord de l'extinction dans les années 1930 avec une estimation des individus sauvages comprise entre 20 et 30 individus. Dans les années 1980, on compte 250 à 430 individus et l'ouverture de chasse sportive est même proposée afin de réguler la population qui s'attaque au bétail car elle n'aurait pas assez de gibier pour survivre. De plus, le braconnage, la déforestation et l'exploitation minière sauvage accroissent la pression humaine sur le félidé. Entre 1992 et 1994, quarante à soixante tigres sont braconnés chaque année pour leur peau et leurs os, à destination du marché chinois. En 1994, la population mondiale retombe entre 150 et 200 individus. En 2010, l'UICN considère qu'il reste entre 18 et 22 tigres de Sibérie en Chine, 331 à 393 tigres en Russie (tigres adultes et subadultes, la population fertile approcherait 250 individus) et qu'il est possible que des tigres survivent en Corée du Nord. Fin 2009, on estime à 500 le nombre de tigres vivant à l'état sauvage en Corée du Sud, tandis que 421 sont élevés en captivité.

Le Tigre de Sibérie ou Tigre de l'Amour est la plus grande sous-espèce du tigre. Il est le troisième plus gros prédateur terrestre derrière l'Ours kodiak et l'Ours blanc. L'Amour est un fleuve d'Asie qui s'étend sur 4 354 km depuis la source de l'Argoun, ce qui en fait le premier fleuve de Sibérie et le quatrième d'Asie pour la longueur de son cours. La province du Heilongjiang en Chine où il s'écoule doit son nom au nom chinois de l'Amour.


Xavier et moi-même avons découvert d'autres espèces durant cette courte visite d'environ quatre heures, mais je crois vous en avoir assez montré pour vous donner le goût d'aller y faire un tour.


À bientôt !









De ma fenêtre.

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Lorsque nous demeurons en ville, nous avons tendance à croire qu'il faut sortir de chez soi et parcourir plusieurs kilomètres afin de nous retrouver dans un milieu plus propice pour pouvoir observer une bonne variété d'oiseaux. Mais ce n'est pas tout à fait le cas. Pour peu que notre cour soit entourée d'arbres, d'arbustes ou de haies arbustives, et que nous ayons mis des graines dans des mangeoires à l'usage des oiseaux, nous pouvons espérer observer de quelques à plusieurs espèces selon la saison. Même si nos visiteurs réguliers ou occasionnels ne nichent pas directement dans notre cour, celle-ci peut leur servir de point d'arrêt pour s'abreuver, se nourrir, se reposer ou s'abriter. Grâce à leur capacité de vol, les oiseaux se déplacent plus rapidement et sur de plus longues distances que nous et nous pouvons les observer bien souvent dans des lieux où on ne les attendrait normalement pas. Et c'est d'autant plus vrai en période migratoire alors que des espèces nichant plus au nord, à l'est ou à l'ouest peuvent visiter nos cours lors des migrations printanière et automnale.

Anne et moi vivons ensemble depuis 2005 et notre maison se situe dans la ville de Québec, dans l'arrondissement de Sillery. Nous avons la chance d'habiter un quartier où il y a des arbres assez vieux. C'est calme et il y a des oiseaux. Nous avons installé un bain d'oiseau sur pied et trois mangeoires remplies uniquement de graines de tournesol noires. L'hiver, il nous arrive d'ajouter du gras (suif) dans une petite cage faite expressément pour ça ou de badigeonner une bûchette de bois avec du beurre d'arachide et nous la suspendons pour les pics, geais, mésanges et sittelles. Et c'est à partir de l'intérieur de la maison que je prends la majorité de mes photos. Il est bien évident que la distance et l'intensité de la lumière peuvent devenir des points négatifs en m'empêchant d'obtenir le maximum d'efficacité, mais c'est toujours un plaisir que de voler des instants de vie à toutes ces créatures que nous aimons voir s'activer si près de nous.

J'ai pensé vouer ce billet à ces oiseaux et ces animaux qui animent ma cour. Toutes les photos ont été prises à partir de l'intérieur de la maison.

Je commence par un oiseau de ville qui ne passe jamais inaperçu avec sa voix rauque. C'est un omnivore qui bouffe à peu près tout ce qui tombe sous son bec.

J'ai été très surpris, lors de mon arrivée en ville en 2005, de constater que la Corneille d'Amérique / Corvus brachyrhynchos brachyrhynchos / American Crow était si abondante en milieu citadin. Elle niche depuis quelques années dans des grandes épinettes sur le terrain de mes voisins et elle vient boire dans le bain d'oiseaux sur pied dans ma cour. Elle mange également les graines de tournesol noir tombées au sol. Photo prise à partir de la fenêtre de la cuisine.
À la campagne, l'espèce suivante est beaucoup plus commune, car elle se tient dans les bâtiments de ferme, autour des animaux. En ville, sa population a périclité lorsque l'usage des chevaux dans les rues a disparu.
Le Moineau domestique  / Passer domesticus domesticus / House Sparrow est très localisé en ville. J'en accueille à l'occasion dans ma cour, mais il est loin d'être régulier. Par contre, lorsqu'on en trouve, il se tient souvent en petits groupes pouvant compter une vingtaine d'individus. Il s'abrite alors dans des haies de cèdres ou des grands conifères afin de contrer les intempéries et les prédateurs comme les faucons, éperviers, pie-grièches et chats. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

La Tourterelle triste / Zenaida macroura carolinensis / Mourning Dove n'est pas très régulière non plus. Elle a de plus en plus envahi le Québec à partir de 1970 en provenance des USA. À l'instar d'autres espèces comme le Cardinal rouge, la tourterelle a su tirer profit de la mode toujours grandissante des mangeoires d'oiseaux pour agrandir son aire de distribution vers le nord. C'est toujours un plaisir de la voir atterrir dans mon gazon à la recherche des graines tombées par terre. Et la joie est encore plus amplifiée lorsqu'elle nous gratifie de son roucoulement doux et mélancolique qui lui a valu son nom. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.


Le Roselin familier / Carpodacus mexicanus frontalis / House Finch a connu une expansion plus au nord quelques décennies après la tourterelle, mais pour la même raison. Je me souviens qu'Yves Aubry, au Service Canadien de la Faune, m'avais annoncé autour des années 1990 que le premier nid de ce roselin venait d'être confirmé à Québec. C'était toute une fête lorsqu'un individu était observé à ce moment-là. Maintenant, c'est un oiseau commun en ville et il visite quotidiennement nos mangeoires. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

Année après année, le Bruant chanteur / Melospiza melodia melodia / Song Sparrow nous fait l'honneur de venir égayer notre cour par sa présence et surtout par son chant mélodieux. Granivore, il vient se nourrir au sol des graines de tournesol et du maïs concassé que je mets à la disposition des bruants. Photo prise à partir de la fenêtre du salon.

J'ai toujours adoré cet oiseau. Le Junco ardoisé / Junco hyemalis hyemalis / Dark-eyed Junco passe dans notre cour lors des migrations annuelles. Il reste une dizaine de jours, autant au printemps qu'à l'automne. Son trille doux retentit tôt le matin et les interactions entre les individus de cette espèce sont nombreuses. C'est un oiseau actif et énergique qui ne passe jamais inaperçu. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

Et voici notre "petit Frédéric", le Bruant à gorge blanche / Zonotrichia albicollis / White-throated Sparrow. Qu'il est beau avec ses belles rayures noires et blanches sur la tête et cette tache jaune entre l'oeil et le bec. Dès l'instant de son arrivée dans la cour, il trahit sa présence avec son cri de contact court et aigu. Il s'agit alors de fouiller attentivement les lieux pour le surprendre au sol, en train de gratter les feuilles mortes à la recherche de nourriture. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

En voici un qui passe plutôt furtivement dans plusieurs cours sans se faire repérer. Le Bruant fauve / Passerella iliacailiaca / Fox Sparrow est très timide et il ne se montre en milieu ouvert qu'avec circonspection. Nous avons eu la chance d'en avoir deux dans notre cour lors de la migration automnale. Nous le voyons habituellement lors des deux migrations, mais il ne demeure pas longtemps. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

Voici probablement l'espèce la plus convoitée par toutes les cours du Québec. Le Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal. Cet oiseau apporte beaucoup de couleur et d'animation dans une cour. Super timide, on ne le voit souvent qu'à l'aube et qu'au crépuscule. Cependant, dès qu'il niche dans le secteur, on a la chance d'entendre ses sifflements caractéristiques à toute heure du jour. Il annonce toujours son arrivée par un "tchic" métallique. C'est d'ailleurs grâce à ce son que nous pouvons estimer plus facilement le nombre de cardinaux dans notre entourage. Une petite marche dans les environs permet d'avoir une bonne idée de sa présence. Nous avons la chance d'avoir au moins deux couples tout près de chez nous. Photo prise à partir de la fenêtre de la cuisine.

La Mésange à tête noire / Poecile atricapillus atricapillus / Black-capped Chickadee est sans doute l'espèce la plus répandue en ville. Elle est commune et toute cour offrant des graines est assurée d'en attirer. Il est très difficile de connaître le nombre exact de mésanges visitant notre cour. On dirait que ce sont toujours les mêmes, mais c'est trompeur. J'ai lu qu'un ornithologue amateur croyait d'abord avoir cinq ou six individus à ses mangeoires avant qu'il ne commence à les baguer. Il en a finalement bagué plus d'une trentaine. L'an dernier, nous avions une mésange avec toutes les plumes de la queue blanche. Il était alors facile de la différencier des autres. Cette année, voici une autre mésange avec un plumage anormal. Les plumes de sa queue sont blanches. Les primaires et les secondaires sont blanches, ainsi qu'une partie des grandes couvertures alaires. Elle a le corps plutôt beige et sa calotte est brune au lieu d'être noire. Je dois avouer que ça lui donne un air exotique plutôt intéressant. Elle vient irrégulièrement et j'ai été très chanceux de pouvoir prendre cette photo à partir de la fenêtre de la cuisine. Heureusement, il faisait soleil ce jour-là.

Aucune paruline ne visite notre cour en dehors des périodes migratoires. Nous en observons plus au printemps alors qu'elles sont en plumage nuptial. C'est par une journée froide et pluvieuse, le 22 mai dernier, que cette belle Paruline tigrée / Setophaga tigrina / Cape May Warbler est venue fouiller sous les feuilles d'un érable à quelques mètres seulement de la fenêtre de notre salon. J'ai été chanceux de pouvoir réaliser ce cliché. 

Notre liste de cour contient maintenant 105 espèces différentes d'oiseaux et je ne peux tous vous les présenter dans cet article. Cependant, avant de terminer, voici deux chapardeurs professionnels qui ne cessent de vider les mangeoires de NOS oiseaux. Je les ai pris en flagrant délit cet après-midi même.

Le premier est petit, roux, agressif et d'une vitesse désarmante. Il garde jalousement sa provision de nourriture et il chasse tout autre sciuridé qui songerait seulement à s'approcher. Heureusement, il passe de longues minutes loin de la mangeoire alors qu'il chasse les intrus et les oiseaux ont amplement le temps d'en profiter pour se nourrir.

Et voilà mon ami l'Ecureuil roux nord-américain / Tamiasciurus hudsonicus / North American Red Squirrel en train de se nourrir à une mangeoire dite "anti écureuils". Il ne semble pas savoir qu'il ne peut s'y nourrir. Photo prise à partir de la fenêtre de la cuisine.
   

Et voilà son gros cousin l'Écureuil gris / Sciurus carolinensis / Eastern Gray Squirrel qui ne ménage pas les efforts, lui non plus, pour vider une mangeoire dans un temps record. Photo prise à partir de la fenêtre de la cuisine.

Rien ne les arrête quand vient le temps d'aller chercher la nourriture. Nous voyons son tour d'oeil dans l'ouverture du haut de la mangeoire.

Mais l'oiseau le plus bizarre à être venu à cette mangeoire est celui-ci.




Selon la littérature consultée, il s'agirait d'une sous-espèce du Chardonneret jaune qui aurait un long coup de girafe: le Chardonneret jaune à cou de girafe / Giraffe-necked American Goldfinch. Je  ne l'ai jamais vu arriver à la mangeoire et je ne l'ai pas vu repartir non plus. Avouez que c'est intriguant. Je me demande bien quelle allure il peut avoir en vol ? Gardez l'oeil ouvert, on ne sait jamais.


À bientôt !






Pourquoi les oiseaux tropicaux semblent-ils plus colorés que les nôtres ?

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Cette question m’a encore été posée dernièrement et je me souviens qu'à l'époque de mes voyages organisés vers l'Amérique centrale, j'avais dû y répondre à quelques reprises. Après nos balades dans la forêt tropicale, où nous venions d'observer une bonne variété d'oiseaux plus colorés les uns que les autres, cette question était bien légitime. J'ai pensé dédier un billet à ce sujet. Je connais bien quelques bribes de la réponse, mais par crainte d’être trop évasif ou superficiel, j’ai préféré consulter à nouveaules ouvrages de Steven Hilty, auteur prolifique des livres « A guide of the Birds of Columbia » et « Birds of Tropical America ». J’adore sa façon d’écrire si descriptive. On se croirait sur le terrain, à côté de lui. Son écriture est imagée et fluide. Toujours est-il que, aujourd’hui,  je vais m’inspirer de lui pour tenter de répondre à cette si belle et si intrigante question.



Quand on voit des publicités sur les destinations au soleil, les mêmes éléments reviennent continuellement : des plages au sable blanc bordées de palmiers, des filles aux formes généreuses qui se camouflent très mal dans des bikinis minuscules et un perroquet ou deux qui semblent faire partie du décors. Voir les deux premiers éléments est assez facile en fin de compte, le deuxième se retrouvant dans l’environnement du premier. Mais rares sont les vacanciers de plage qui ont la chance d’observer beaucoup d’espèces d’oiseaux très colorées. Je me rappellerai toujours cette fois où, alors que je me baignais dans la piscine de l’Estrellamar, à Jaco Beach (Costa Rica), arrivent deux Québécoises qui, m’ayant vu précédemment avec mes jumelles au cou , me demandent : « Mais où sont donc les oiseaux qu’on nous promettait dans les brochures ! ». Je les regarde avec un petit sourire et je leur réponds : « Si ça vous intéresse de vous joindre à nous, nous nous rendons à l’embouchure de la rivière Tarcoles dans une heure et vous verrez alors des oiseaux assez beaux merci ! ». Même sous les tropiques, où les espèces sont si diversifiées,  il n’est pas évident que l’observateur un peu distrait en verra une tonne. Surtout sans l’aide de jumelles ou de lunette d’approche.



La première vraie question à se poser est d’abord celle-ci : les oiseaux vivant sous les tropiques sont-ils vraiment plus colorés que ceux vivant sous les zones tempérées ? Alors que nous sommes enclins à répondre tout de go dans l'affirmative, il faut bien considérer certains facteurs. La biologiste Mary Wilsonet le peintre naturaliste Robert von Neumann de l’Université de l’Illinois ont été les premiers à aborder sérieusement cette problématique. Ils ont d’abord listé les espèces selon le critère du plumage, les colorés et les ternes. Il en a résulté une plus grande proportion d'oiseaux colorés que ce qui s'observe en Amérique du Nord et en Europe. Ils ont aussi conclu que le manque de couleurs n’était pas associé à des habitats particuliers et que des oiseaux colorés se retrouvaient autant en milieux ouverts qu’en forêt.



Dans une analyse plus détaillée de la variation des couleurs de plumage selon les différentes strates en forêts soient le sol, le sous-bois, la strate inférieure, la strate médiane et la strate supérieure des grands arbres, Stephen Bailey, de l’Université de Californie à Berkeley, arrive à d’autres conclusions. Il a noté qu’il y a plus d’oiseaux colorés sous les tropiques parce qu’il y a plus d’espèces en présence. La proportion des oiseaux colorés dans chaque région est semblable et les oiseaux aux couleurs ternes prédominent partout. Les naturalistes qui ont essayé d’identifier les moucherolles du genre Empidonax et les bruants d’Amérique du Nord ou les hordes de fourniers (furnariidé), de fourmiliers, de conophages (formicariidé) ou de moucherolles de tout acabit seront, sans aucun doute, enclins à dire que les oiseaux au plumage terne dominent partout. 
 

Conure de Vieillot / Maroon-bellied Parakeet
Alors que la diversité de couleurs se retrouvent plus en élévation ou chez des espèces fréquentant la strate supérieure (faîte) des arbres, les forêts des basses-terres abritent aussi leur part d’oiseaux colorés et ce sont ces oiseaux qui sont les plus susceptibles d’être observés par Monsieur tout-le-monde. Quelques uns des oiseaux les plus colorés et les plus fréquemment observés sont des oiseaux non-passereaux comme les perroquets, les colibris, les trogons, les toucans, les barbus ou barbicans, les jacamars et les momots. Comme les forêts tropicales sont vertes à l’année, il n’est pas surprenant de rencontrer plusieurs individus arborant cette couleur, par souci de mimétisme sans doute. Il faut avoir vu un groupe de perroquets ou de perruches disparaître complètement alors qu’elles  arrivent en vol et se perchent dans le feuillage. Même le très coloré Quetzal resplendissant disparaît aussitôt qu’il se perche sur une branche moussue.




Sous les latitudes tempérées, on note une augmentation similaire, mais dans les tons de bruns et de gris. Ceci semble être une conséquence directe de la plus grande abondance de ces couleurs dans les habitats tempérés, spécialement lors des mois où le feuillage est absent. Les habitats tropicaux ont eux aussi leur part d’oiseaux bruns et gris, mais ces derniers sont concentrés soit dans les strates inférieures de la forêt où le niveau de lumière est bas ou dans les forêts tropicales sèches, les étendues herbeuses et les déserts.



Grimpar des plateaux / Planalto Woodcreeper
Les colibris des genres Glaucis, Threnetes et Phaethornis(tous des Ermites), sont des habitants des strates inférieures des forêts tropicales et, contrairement à leurs congénères qui exhibent leurs plumages rutilants aux faîtes des arbres, ils portent des habits sobres de gris, de brun et de vert terne, dépourvus de couleurs iridescentes. De cette façon, les Ermites attirent peu l’attention sur eux. Les autres habitants des strates inférieures sont aussi très conservateurs dans les couleurs qu’ils arborent. Les grimpars, les fourniers, les fourmiliers et les troglodytes se confondent avec les feuilles surou près du sol, ou sur les troncs. Occasionnellement, un éclair de couleur viendra égayer les sous-bois, mais c’est toujours très éphémère. Les manakins viennent à l’occasion éblouir les yeux de l’observateur. Mais ces petits volatiles, toujours en mouvement, sont difficiles à localiser et donc, par le fait même, difficiles à attraper. Les manakins les plus colorés font leurs pariades dans des  « leks » , genre d’arènes où les mâles exhibitionnistes montrent à des femelles indifférentes (ou du moins, font-elles semblant de l’être !) leur panoplie de talents de danseurs accomplis en plus d’émettre des sons bizarroïdes, contenant sans nul doute des messages non équivoques. Ces « leks » peuvent réunir deux ou trois individus, mais leur nombre peut atteindre des douzaines en certains cas. Plusieurs yeux qui scrutent tout mouvement suspect sont alors mis à contribution pour prévenir le groupe de l’arrivée toujours possible d’un prédateur.



Les niveaux inférieurs de la forêt tropicale appartiennent donc aux oiseaux timides,  affublés d’un plumage terne et cryptique. En fait, certains fourmiliers ont tellement confiance dans leur habit de camouflage qu’ils n’hésiteront pas à émettre leurs chants sifflés ou leurs trilles alors qu’ils sont assis sur leurs nids. Plusieurs espèces d’oiseaux des sous-bois sombres ont également les yeux rouges, des cercles orbitaux, des becs et des pattes très colorés. Plusieurs fourmiliers ont les yeux entourés de peau, dépourvus de plume, et de couleur bleue ou blanche. Ce qui leur donne une allure masquée. On ne retrouve ces caractéristiques que très rarement sur les oiseaux se retrouvant au nord du Mexique. On ne peut définir avec précision le rôle de ces ornements , mais ils servent probablement de signaux bien compréhensibles par les autres habitants de ces lieux ténébreux.



Pour observer les oiseaux vraiment colorés, il faut les chercher dans la strate supérieure des grands arbres. Mais ce qui nous surprend d’abord, c’est de voir que,  pour camoufler les oiseaux à notre vue, les couleurs n’ont pas besoin d’être ternes. Tous ceux qui ont tenté de trouver un trogon, un quetzal ou un araçari perché à 30 mètres et plus de hauteur, savent très bien comment des couleurs éclatantes peuvent contribuer à « briser » la forme de l’oiseau. La faîte des arbres est un lieu de contrastes des lumières. Alors que la pupille de l’œil s’ouvre pour laisser pénétrer plus de lumière, nous perdons de l’acuité visuelle. De plus, nos rétines ne répondent pas immédiatement au changement drastique d’intensité lumineuse quand nous passons de la lumière vive à l’obscurité, de sorte que pour un moment, nos rétines demeurent stimulées et elles nous font perdre l’oiseau. Ces variations extrêmes de luminosité, quand l’oiseau quitte l’ombre pour la lumière vive et revient dans l’ombre, font la vie dure aux prédateurs qui essaieraient de localiser leurs proies avec précision.



Ce Colibri rubis-émeraude semble bien terne, mais ...


Bien que ce soit moins connu, plusieurs oiseaux tropicaux, en plus des colibris, ont des plumages iridescents. L’iridescence, qui est rendu possible non par la pigmentation mais par la structure particulière des plumes, est responsable des reflets vert bouteille des trogons, des reflets dorés et cuivrés des jacamars et des myriades de couleurs sur certains tangaras. Les couleurs iridescentes ne sont observables qu’à partir d’angles très restreints. En d’autres mots, l’observateur doit être le plus possible au même niveau que la source de lumière afin de profiter pleinement de l’effet.   

dès qu'il tourne la tête, de splendides couleurs apparaissent.


Comme conséquence de cette propriété, les oiseaux au plumage hautement iridescent vont paraître noirs et seulement une petite partie de l’oiseau va laisser échapper des rayons de couleurs. Nous n’avons qu’à penser au diamant qui ne nous renvoie que la lumière qui frappe certaines parties de sa surface composée de centaines de plans différents. Cette propriété cachera donc la vraie forme de l’oiseau et servira à le soustraire de la vue d’un prédateur. Lors de la pariade,  l’iridescence permet d’envoyer un message beaucoup plus direct et localisé que ne le ferait une coloration due à la pigmentation. 

 

Stephen Baileynote que l’iridescence est bien adaptée aux grandes variations lumineuses dans les forêts tropicales parce que l’ombre et  le feuillage épais réduisent les risques que la pariade pourraient attirer un prédateur potentiel. Par contraste, plusieurs habitats des zones tempérées sont plus ouverts, au moins selon les saisons, et la possibilité qu’un reflet iridescent pourrait être capté de plus loin par un prédateur est toujours plus présent. De plus, l’angle du soleil plus bas dans les zones tempérées, spécialement en hiver, aurait pour effet d’accentuer l’iridescence, ce qui rendrait l’oiseau encore plus vulnérable. Si les théories de Bailey s’avèrent exactes, les forêts tropicales peuvent vraiment procurer un environnement plus sécuritaire pour l’usage de couleurs iridescentes parce que la combinaison «  milieux plus ouverts et angles de rayons solaires plus bas »  ne prévaut pas sous les tropiques. L’iridescence disparaît presque complètement du plumage des colibris fréquentant les sous-bois et les seules tangaras avec des plumages iridescents sont ceux qui habitent les strates médianes et supérieures des forêts pluvieuses.


Cette photo extraordinaire du Colibri circé / Cynanthus latirostris / Broad-billed Hummingbird nous montre toute larichesse de couleurs que l'on peut retrouver sur un si petit oiseau. Ces couleurs sont avivées par pas moins de 6 flash électroniques qui éclairent le sujet en même temps et font ressortir tous les détails. Sans l'utilisation de flash, nous ne verrions scintiller que la partie du plumage qui serait éclairée par la lumière naturelle provenant de derrière nous. Photo prise le 25 avril à Patagonia, Arizona, US. Je remercie Paul Nadeau de m'avoir permis d'utiliser cette photo.



Plusieurs espèces de jacamars vivent dans les zones de forêts en basses-terres et peuvent sembler constituer des exceptions à première vue, mais ces oiseaux demeurent habituellement perchés, sans bouger, pendant de longues périodes de temps et souvent à l’ombre. Ce qui revient à dire que l’iridescence chez les oiseaux est associé à des espèces  qui sont relativement immunisées contre la prédation, comme le sont les colibris, ou à des espèces qui habitent des habitats où se côtoient la lumière vive et l’ombre. L’iridescence permet aux oiseaux vivant dans ces habitats d’utiliser des couleurs très vives pour envoyer des signaux sexuels ou sociaux alors que, simultanément, ils apparaissent foncés et demeurent invisibles la plupart du temps pour les autres créatures .



Quiscale bronzé / Common Grackle
Un petit nombre d’espèces des zones tempérées, tels les quiscales, les étourneaux et les hirondelles, arborent des plumages iridescents. Ces oiseaux peuvent compenser l’attraction apportée par leur plumage par le fait qu’ils se tiennent souvent en groupes et, dans le cas des hirondelles, par la maîtrise de leur vol rapide. À l’exception de quelques espèces sociales comme les manakins et les espèces acrobatiques et difficiles-à-capturer que sont les jacamars, les oiseaux colorés se tiennent majoritairement dans les strates supérieures des forêts pluvieuses. Quelques espèces, comme les toucans et les aras, peuvent se permettre le port de couleurs éclatantes, en partie à cause de leur grande taille qui limite le nombre de prédateurs capables de les attaquer et de les tuer. Pour la vaste majorité des oiseaux, cependant, ceci n’est pas vrai. Steven Hilty suspecte que les oiseaux peuvent se tirer d’affaires malgré leurs couleurs éclatantes à cause de leurs aptitudes à déceler les dangers de prédation et à leur comportement en recherche de nourriture. Ils se tiennent toujours en « feeding flocks » , ces regroupements de dizaines d’espèces différentes qui sont en maraude continuelle dans les strates médianes et supérieures des forêts, en quête de proies à débusquer. Le nombre d’yeux qui surveillent continuellement est un gage d’efficacité pour échapper aux prédateurs embusqués. Les mâles et les femelles des oiseaux tropicaux résidents, qu’ils soient colorés ou non, sont plus souvent similaires en apparence que le sont les espèces des zones tempérées ou les espèces qui migrent entre les zones tempérées et tropicales.  Ceci est encore plus observable quand les espèces migratrices « zones tempérées-zones tropicales » sont considérées. Les mâles sont souvent plus brillamment colorés que les femelles sous les latitudes tempérées, et dans quelques cas, les mâles  arborent un plumage plus terne lorsqu’ils sont sous les tropiques. À travers la sélection sexuelle, les mâles peuvent développer des plumages plus colorés ou des pariades amoureuses plus élaborées qui ne feront qu’accroître ses habiletés à attirer les femelles ou à décourager les rivaux. Si le mâle ne participe pas à la confection du nid et à l’incubation, ses talents acquis lui permettront de gagner le cœur de plus d’une femelle et d’augmenter ses succès de reproducteur. Le plumage brillant, qui est un indicateur de vigueur et de santé physique, est de première importance pour le mâle, car il doit compter dessus pour ré-établir sa dominance sur un territoire et  sur une ou des femelles à la prochaine saison des amours.



Les femelles des perroquets, des toucans, des momots, des tamatias et de plusieurs tangaras sont virtuellement identiques à leur partenaire. Ceci, selon les biologistes, résulte d’un processus de sélection plus sociale que sexuelle. Ceci est très évident chez les toucans. Ils ont les mêmes couleurs entourant les yeux et les mêmes marques sur le bec. Quoique le mâle a le bec souvent plus long. Les femelles qui sont autant colorées que leurs mâles vivent habituellement sur des territoires permanents et sont accouplées pour la vie. Elles assistent le mâle dans la défense du territoire et leurs couleurs brillantes est aussi une indication de leur agressivité et de leur niveau de compétitivité.



Calliste à tête verte / Green-headed Tanager
Les espèces d’oiseaux tropicaux les plus colorées sont habituellement celles qui se nourrissent essentiellement de fruits ou de nectar. Elles sont suivies par celles qui se nourrissent partiellement de fruits, alors que les légions d’espèces aux couleurs ternes se retrouvent dans les rangs des insectivores. Qu’est-ce qui explique tout ceci ?  David Snow, un ornithologue britannique de renom, a travaillé plusieurs années au fameux Asa Wright Nature Center de Trinidad. Dans son livre « The Web of adaptation », il dévoile que parce que les fruits sont si faciles à trouver, comparés aux insectes, les femelles des espèces frugivores peuvent se passer de l’aide de leur partenaire pour les soins du nid. Ceci accorde plus de temps aux mâles pour parfaire leurs pariades amoureuses. Ce qui amène une plus grande compétitivité sexuelle entre les mâles pour gagner les faveurs des femelles. Le mâle le plus performant, le plus en santé, obtiendra les faveurs des femelles et ses gênes de gagnant se perpétueront au travers sa progéniture. Et voilà la théorie de Darwin qui nous revient en plein visage. L’image évoquée par David Snow, i.e. celle de mâles dépensant  leur temps et leur énergie dans des groupes de célibataires qui attendent le passage d’une belle femelle pour étaler leurs talents de séducteurs, forme un réel contraste avec celle des insectivores qui doivent dépenser beaucoup d'énergie à épier leurs proies juste pour arriver à se sustenter eux-mêmes. Le surplus de temps que les insectivores passent à chercher leur proies, ajouté à la concentration qu’ils doivent y mettent, les rendent plus vulnérables à la prédation.




Ce qui nous impressionne le plus dans les régions tropicales est la très grande diversité des oiseaux. Et, au retour à la maison, c’est peut-être de l’assortiment incroyable des espèces colorées dans cette diversité que notre subconscient veut le plus se souvenir.



Nous ne pouvons vraisemblablement pas résoudre toutes les questions relatives aux coloris des  oiseaux qui vivent dans les zones tempérées et tropicales, mais nous avons la chance de comprendre certains aspects générant ces couleurs. Et qui oserait  nier qu’une grande partie du bonheur ressenti lors de l’observation des oiseaux  provient de leurs couleurs et des dessins qu’ils arborent ?

Nos anatidés arborent des plumages avec des zones iridescentes. Celles-ci se retrouvent souvent au niveau du miroir des ailes ou dans la région de la tête. Cette superbe Sarcelle d'hiver / Anas crecca carolinensis / Green-winged Teal a été photographiée par Paul Nadeau le 13 janvier 2012 à Tucson, Arizona, EU. Je le remercie de m'avoir permis d'utiliser cette photo.



À bientôt...






Une pensée pour la planète des oiseaux

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Notre belle planète bleue est vaste et elle porte en elle tout ce qu'il faut pour que la vie y règne en maîtresse absolue. Les couches atmosphériques qui nous protègent des rayons potentiellement néfastes du soleil en plus d'assurer une température constante et viable, l’air respirable indispensable à la vie telle qu’on la connaît, l’eau potable et les différents habitats forment toutes des conditions gagnantes qui permettent l’éclosion d’une variété infinie d’êtres vivants. Depuis des millénaires, la terre effectue des rotations sur elle-même et autour du soleil. Elle provoque les saisons en s'inclinant légèrement et en offrant un angle différent aux rayons du soleil. Les êtres vivants qui l'habitent ont appris à s'adapter aux éléments adverses, car ces éléments habituellement cycliques, ont induit par leur prévisibilité des comportements qui se sont inscrits dans leurs gênes. Dans des parties très arides du monde, soumises à des périodes de sécheresse pouvant s'étendre sur quelques années, les graines de certains végétaux peuvent entrer dans une léthargie d'où elles ne sortiront qu'après la première pluie. De l’endroit où tout semblait mort quelques minutes auparavant, et depuis même des années dans certains cas, une fleur surgit, s’épanouit et assure la pérennité de l'espèce en produisant à son tour une graine qui perpétuera la vie. Une fois desséchée, elle contribuera par sa mort à nourrir d'autres êtres vivants.


Que ce soit en Afrique ou en Amérique, des millions de mammifères entreprennent à tous les ans des migrations au cours desquelles ils couvriront des distances énormes et affronteront mille dangers. Comme la petite plante du désert, ils obéissent à un rituel immémorial. Ils ne se posent pas la question à savoir si ce qu'ils font est bien ou non, ils agissent par instinct de survie.

De la même façon, les oiseaux transmettent via leurs gênes des comportements qui obéissent à leur besoin de survie. Les migrations printanières et automnales ont lieu à cause des saisons bien sûr, mais c'est le manque de nourriture qui dicte la loi et non seulement les conditions climatiques. Il arrive à l'occasion qu'un individu d'une espèce habituellement migratrice passe l'hiver au Québec malgré les dures conditions hivernales. Il réussira à le faire à condition de trouver la nourriture nécessaire et ce, avec le moins de dépenses caloriques possible. De tous les êtres vivants affublés de poumons, les oiseaux sont ceux qui parcourent les plus grandes distances entre leurs lieux de reproduction et leurs lieux d'hivernage. Plus le trajet est long et plus il y a nécessité pour l'oiseau de faire des arrêts stratégiques pour refaire le plein d'énergie.

Femme surveillant son troupeau  près de Saraguro, Équateur, 05/12/2010
Le problème majeur rencontré par les oiseaux réside dans le fait que les habitats sont de plus en plus détruits autour de la planète pour faire place à la monoculture, à l'élevage d'animaux pour la boucherie ou au développement domiciliaire. Là où se trouvait depuis des siècles un marécage accueillant pour les migrateurs, s'érigent maintenant une série de condominiums ultramodernes. Là où s'élevaient des grandes forêts pour abriter et nourrir les oiseaux dans leurs lieux d'hivernage, s’étendent maintenant des champs où on cultive le café, la canne à sucre ou tout autre produit pour la consommation humaine. Les palétuviers sont détruits pour étirer les plages des complexes touristiques. En Jamaïque, on exploite des mines de bauxite dans le Cockpit Country, une zone qui abrite plusieurs endémiques. Au Kenya, il faut se rendre dans la région de Kakamega, au nord est du Lac Victoria, si on veut retrouver une zone de forêt tropicale humide dans ce pays africain. Cette forêt est en fait le prolongement de celle de l’Uganda. En Afrique du Sud, des centaines de kilomètres séparent les quelques forêts originales qui restent. Les autres forêts sont des plantations mono typiques constituées d'eucalyptus ou de conifères. Sur la côte atlantique du Brésil, il ne subsiste que 7% de la superficie de la forêt originale. En Thaïlande, depuis les 40 dernières années, ce sont 70% des forêts qui ont disparu, toujours à cause des mêmes raisons qui prévalent sur les autres continents. L’homme crée des déserts écologiques partout sur le globe.

 

La planète des oiseaux se dépouille lentement des habitats essentiels à ces derniers pour se nourrir et pour se reproduire. Rien de surprenant d’apprendre que les effectifs de population chez certaines espèces d’oiseaux ont chuté de 50% à 90% au cours des 40 dernières années.


La forêt boréale au nord du Québec est un haut lieu de reproduction pour plusieurs espèces de parulines nord-américaines et pour d'autres espèces d'oiseaux. Photo prise en juin 2011 au nord du réservoir Gouin.
 
Dès que l'on quitte les routes principales et que l'on pénètre dans l'arrière-pays, nous découvrons des habitats détruits qui prendront de longues décennies à s'en remettre. Photo prise en juin 2011 au nord du réservoir Gouin.


Quand comprendrons-nous que la planète se meurt et que tous les êtres vivants qui l'habitent, l'homme y compris, sont en sursis ?  Les dernières décennies ont vu se détériorer et même disparaître des habitats indispensables au maintien d'un équilibre écologique obtenu après des millénaires d'adaptation. Des populations animales et végétales font face à un avenir très précaire et les prochaines décennies n'augurent pas très bien. Il est temps plus que jamais d'agripper nos jumelles, notre carnet de notes, notre caméra et de sortir dehors pour savourer toutes ces couleurs, tous ces sons et toute cette vie que ces petites boules emplumées apportent à la nature.


Pierre Bannon photographie un Fou à pattes bleues / Sula nebouxii excisa / Blue-footed Booby sur son nid. Photo prise sur l'Île de Genovesa, aux Galapagos, le 8 août 2000 par Laval Roy.

 



 Je pense à ma petite-fille Éloïse qui n’a que deux ans et je m’attriste pour elle en pensant qu’elle ne connaîtra jamais une nature aussi riche et aussi variée que celle que sa mère, Anne Marie, a eu la chance de connaître toute jeune lorsqu’elle nous accompagnait lors de nos voyages d’exploration dans les trois Amériques et en Espagne. Je lui dédie ce coucher de soleil pris à partir de la plage de Nosy Ve, à Madagascar.




Dans quelques jours, je pars pour la Thaïlande où je passerai le reste du mois de février. Je ne manquerai pas de vous en reparler en mars.

À bientôt...




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